Test : Super Mario Maker 2 (Switch), maqué avec la marquise du maquis ?
Revenu d’entre les morts après un petit passage sur 3DS, Mario Maker débarque sur Nintendo Switch ! On espère que vous aimez passer du temps avec le plombier, parce qu’avec ce contenu, on est pas loin du mariage arrangé.
Bien que je me sois jetée sur le pack collector de l’original en 2015 accompagné de son amiibo sacrément rétro, je n’y ai que peu barboté : le charme n’opérait pas. L’absence d’un semblant de mode histoire y était probablement pour quelque chose, mais c’était la qualité plus que dissonante des créations des autres joueurs qui avait eu raison de l’intérêt que j’aurais pu avoir. Ce n’est pas comme si j’étais capable de faire mon propre remake de 1-1 ou de créer un de ces parcours de supplice, même avec les outils en main. Je ne suis pas très douée, ni même créative, je pense. Me revoici donc en 2019 avec une mise à jour nommée « suite », je suis venue pour souffrir, mais cette fois, je ne suis pas seule !
It’s-ah-me, cashgrab!
L’histoire raconte que Masahiro Sakurai ne souhaitait pas travailler sur Smash Bros. for Wii U and 3DS. Que feu Satoru Iwata l’a convaincu en une discussion de quelques minutes, en aparté. Qu’il lui a fait une offre qu’il ne pouvait pas refuser. J’aime croire que l’un des arguments était qu’il s’agirait du dernier gros Smash sur lequel il travaillerait de zéro. Passer à la HD fut une entreprise monumentale pour un résultat financier moindre, la Wii U était loin d’être populaire. Sakurai et son équipe ont donc mis tout leur cœur, leur temps, mais surtout leur santé, pour mettre en place ce qui deviendra, après quelques mises à jour majeures, Super Smash Bros. Ultimate.
Beaucoup de titres de la défunte Nintendo ont suivi ce parcours : New Super Mario Bros., Mario Kart 8, Splatoon 2… Sans compter le jeu de combat Pokémon par les créateurs de Tekken. La quasi-intégralité du catalogue du développeur/constructeur s’est retrouvée en version améliorée sur l’un de ses appareils les plus populaires de tous les temps. Tout pointe alors vers une direction : Nintendo avait mis ce plan en place dès qu’ils ont compris que la Wii U ne décollerait pas. Arrive donc Mario Maker 2, le dernier en date d’une série qui ne laisse aucun doute sur ses fondations.
Un petit paquet de nouvelles possibilités de construction, un mode solo sommaire ayant pour seul but dans la vie de présenter ces dernières et l’inclusion de Mario 3D World en 2D en plus de Mario Bros., Mario Bros. 3, Super Mario World et New Super Mario Bros. Bien que tous ces skins, possédant chacun leurs physiques et spécificités, soient changeables à la volée, le dernier venu ne l’est pas. Il est à part, incompatible avec le reste, comme une nouvelle épaisseur sur un gâteau déjà bien consolidé. J’ai vraiment envie de gâteaux, en ce moment.
Mario Maker 2 n’apporte donc pas grand-chose de nouveau si on s’est déjà adonné à son prédécesseur. L’objectif officiel reste toujours de construire à la place de Nintendo des niveaux de la licence mythique, avant de s’apercevoir de notre manque de talent. On finit alors sur une espèce de promenade ennuyeuse dont on est étonnamment fier. Les menus sont toujours aussi simples et intuitifs, et cette fois, il n’y a plus besoin de jouer pour débloquer toutes les options de construction. Si votre rêve est de construire le plus grand toboggan du monde à peine le soft démarré, amusez-vous ! Le titre est avant tout une mise à jour à peine déguisée du premier, qui apporte donc avec lui de lourds défauts uniquement masqués par le nom Mario.
Cachez-moi ce Mario que je ne saurais voir
En fait, le tout est tellement similaire à l’original que le déjà vu s’est emparé de moi, plus qu’un chat de mon assiette. L’ergonomie sans faille du premier épisode est de retour, à peine retouchée et l’espace d’échange de niveaux entre joueurs est toujours rempli de créations masochistes, vous êtes fous d’aimer ça, toujours dans l’esprit de la mascotte.
L’objectif est, après tout, de créer son propre Mario, un rêve devenu réalité, mais qui, avec le recul, semble bien maigre face à ce que propose la concurrence. La preuve en est, quelques jours après la sortie de ce dernier opus, un fan a recréé plutôt fidèlement un des skins de Mario Maker 2, menus et tout, à l’intérieur de LittleBigPlanet 3. En fait, la série de Media Molecule propose tellement plus de possibilités que de ne pouvoir jouer qu’à des niveaux aléatoires du charpentier semble être un repas bien maigre, comme après le passage du dit chat.
Project Spark, Minecraft ou même le récent Dreams, tous promettent de monter de toutes pièces son propre titre sans limitation. On pourra aisément critiquer la physique toute flottante des LBP ou les menus un chouïa plus complexes de Dreams, mais les résultats parlent d’eux-mêmes. Plateforme, RPG, FPS… le tout jouable en ligne, sans lag, les possibilités sont sans fin et enivrantes. Ici, on ne nous sert que du Mario.
Comment alors encenser un jeu qui propose moins pour le même prix ? Où les moindres nouveautés sont amputées de problèmes que Nintendo refuse de régler ? Nous pensons bien sûr à Mario 3D World qui n’en a au final que le nom, le soft se jouant techniquement sur une aire ouvertement 3D et non 2D et sans combinaisons de touches un peu maladroites. L’ajout de karts, du chat, de grilles et de ses musiques épiques ne changent rien à la ségrégation de ce mode. J’avoue souffrir du syndrome de Stockholm avec cet épisode en particulier, plus de 200 h de multijoueur avec un enfant à tendance à aider. J’aime et j’adore malgré moi l’ajout de ce titre, on ne peut qu’être déçu de cette implémentation en demi-teinte.
Vient alors le problème du mode multijoueur en ligne et local, ou plutôt de la barrière Nintendo Switch Online. Il est impossible de se faire le mode histoire avec des amis, soit, rabattons-nous sur les mondes créés par nos compères humanoïdes. Sauf que voilà, pour accéder tout court au « magasin », un abonnement est indispensable, même si on ne compte pas s’amuser sur les internets. L’essence même du titre, qui est la création et l’échange, se retrouve calfeutrée derrière une barrière monétaire dont on se serait bien passé. Si vous pratiquez la Switch solo, attendez-vous à ne pouvoir jouer en multijoueur local que sur vos propres niveaux. Vos amis vous attendent au tournant, on ne vous met pas la pression.
Quand bien même vous dépenseriez vos petits euros pour obtenir l’autorisation de Nintendo pour jouer en peer2peer sans aucun serveur, vous aurez la chance de retrouver notre vieil ami le lag de la MUERTE. J’avoue avoir espéré un peu plus que ça, qu’on avait passé l’époque Super Smash Bros. Brawl. Mais non, on en est toujours aux freezes aussi constants qu’inconsistants, aux blocages et disparitions aléatoires de joueurs, un bazar injouable quoique jouissif, si on est branché SM (Super Mario, évidemment). Notons le retour des Mii pour lesquels on débloquera des costumes au fur et à mesure de nos parties, c’est le petit plaisir bonus !
Frustrée est le sentiment principal que je retire de Super Mario Maker 2, notamment parce que la concurrence fait plus. Ma fille ne s’y est pas trompée, trop occupée à tester tout ce qui est possible et inimaginable dans LittleBigPlanet sur PlayStation 4. Il faut néanmoins juger un produit pour ce qu’il est, et à ce titre, le soft de Nintendo ne remplit son contrat que partiellement. Nous pouvons, en effet, construire avec facilité nos aventures issues de la saga Mario… avec 3D World et toutes options en ligne compartimentées. L’absence des costumes amiibo se fait sentir, tout comme l’esthétique de classiques, tels que la duologie Mario Land ou le nébuleux Mario Bros. 2. Peut-être pour un troisième épisode ?
Marynou
Points forts :
– C’est Mario
– Cinq univers différents
– Ergonomique et intuitif
– Nouvelles pistes de Koji Kondo
– Modes en ligne complet
Points faibles :
– C’est QUE Mario
– Mario 3D World à part
– Peu de nouveautés
– Nintendo Switch Online techniquement obligatoire
– Lag terrifiant
– Pas de chat en ligne
– Peach, Daisy, Harmonie non jouables
LA NOTE : 15/20
LA NOTE : 15/20
Développeur / Éditeur : Nintendo / Nintendo
Genre : Plateforme, création
Support : Switch
Date de sortie : 28 juin 2019