Queer : tu ne le sais pas, mais tu es déjà méchant (et mort)

Avez-vous déjà remarqué le diabolisme inné des hommes efféminés de chez Disney ou l’intolérance de Claire Redfield concernant le travestissement ? Parce que nous si. Nous et Kotaku.

Il suffit parfois d’une journée pour qu’une vision que vous avez d’un aspect de la vie change du tout au tout. Une courte conversation avec un proche m’amena par exemple vers cet article anglophone pointant du doigt avec justesse la manière dont Mickey&cie traite le monde Queer (ou LGBT+) et plus précisément les hommes homosexuels ou adoptant des gestuelles socialement codées féminines. C’est simple, si t’es homo ou à moitié une gonzesse, t’es diabolique.

J’ai beaucoup ri quand on a abordé le sujet, rejetant d’un revers de main ces idées saugrenues. Ma foi, en voilà des sornettes ! J’ai néanmoins déchanté en regardant avec un œil nouveau Scar du Roi Lion ou Ratcliffe de Pocahontas. Les deux ont une base très similaire : maquillés, maniérés et machiavéliques à souhait. L’homosexualité masculine y est caricaturée, visible au premier coup d’œil et associée à un manque de virilité. Ceci va donc de paire avec un peu de peinture sur la figure, la marque de fabrique des gays issue de l’imaginaire homophobe. Que dire d’Ursula de La Petite Sirène directement inspirée de la drag queen Divine ? Peut-on y voir là l’échec d’un homme à s’approprier La Féminité au point de vouloir voler la douce voix d’une femme cisgenre ? Une constante apparaît dans tous les cas : un homme n’assumant pas sa masculinité (ce qui inclut aimer les femmes ou ne pas aimer le maquillage) est malade et néfaste, et un congénère cisgenre hétérosexuel doit en venir à bout. J’avoue, il est possible qu’il y ait une testicule de femme transgenre dans le pâté.

Kotaku me confirme, par hasard dans la même journée, que c’est carrément le service trois pièces de madame qui se trouve dans mon assiette. La chaîne YouTube Feminist Frequency a produit quelques vidéos sur la vision du monde LGBT par notre média préféré, intitulées Queer Tropes in Video Games (Les Clichés Queer dans les Jeux Vidéo) et le résultat est édifiant. Il s’agit là d’une règle centenaire touchant l’intégralité du monde culturel, à commencer, certes par le cinéma, mais touchant également le virtuel. Un guide datant du début des années 1930 stipulait clairement que l’homosexualité ne pouvait pas être représentée sur grand écran et bien qu’elle soit désormais caduque, elle reste partie intégrante de la construction de nos œuvres préférées
L’exemple mis en avant dans cette vidéo est celui de Ghirahim de Skyward Sword et à raison. Il est le cas d’école typique du sujet. L’autrice avance, avec justesse, que le problème n’est pas qu’un antagoniste soit queer, mais que le queer soit la raison de son antagonisme. La féminité est dépeinte comme un trait évident, ridicule et néfaste de l’homme homosexuel. Il a un comportement dérangé et se frotte à vous ou aux lampadaires (Crime Fighters 2), il faut donc l’insulter (Resident Evil: Code Veronica) avant qu’il ne se féminise totalement de manière monstrueuse (Resident Evil: Dead Aim) ou vous agresse sexuellement pendant votre mort (Castlevania: Curse of Darkness). La solution la plus radicale et potentiellement inhumaine : les brûler vifs avec un briquet (Police Quest: Open Season), qu’importe que vous soyez un policier lambda. Rassurez-vous amies lesbiennes, Dead Rising 1 ne nous a pas oubliées ! Nous y sommes prêtes à violer tout ce qui bouge, matraque phallique à la main (si jamais on a pas de zigounette, vous savez… la pénétration étant synonyme de véritable crime sexuel). Les extraits parlent d’eux-mêmes :

Que reste-t-il alors du côté des héros et héroïnes ? Personne ou presque. Max, Chloe et Rachel de Life is Strange peuvent enchaîner les relations homosexuelles, on est libres de nos faits dans la trilogie Mass Effect, mais il n’existe aucun exemple canonique et obligatoire où les caractéristiques LGBT d’un protagoniste font d’elle ou de lui quelqu’un de fort et de bon.

On a encore du chemin à faire.

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