Test : Resident Evil 2 Remake (Xbox One)

Pour en célébrer les 20 ans, Capcom offre un gros lifting à Resident Evil 2 et propose au public de découvrir ou redécouvrir ce titre mythique qui a fait les belles heures de la PlayStation première du nom.
N’écoutant que mon courage, je me suis donc replongé dans l’affaire de Racoon City.

C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes, mais parfois changer de pot pour en prendre un tout beau tout neuf n’est pas mal non plus. Le remake, fort galvaudé et souvent confondu avec le principe du remaster, prend tout son sens avec Resident Evil 2. Plus qu’un simple portage HD, il s’agit d’une refonte complète, d’un jeu en décors fixes avec des personnages 3D, on passe à un TPS quasi photoréaliste. Colossal travail de reconstruction, reprendre toute la structure du titre d’origine et le transposer suivant un modèle plus actuel est un tour de force de la part de Capcom. Une idée qui présente de gros avantages, mais entraîne malheureusement un certains nombre de défauts également.

Ceci n’est pas une histoire de Raton laveur

Juste deux mois après les événements s’étant déroulés dans les montagnes d’Arklay, c’est au tour de la toute proche Racoon City d’être touchée par l’épidémie Zombie. Claire Redfield, venue chercher son frère Chris, héros de Resident Evil premier du nom, rencontre en chemin Leon Kennedy, nouvelle recrue de la police locale ; tous deux vont se retrouver plongés au cœur du chaos. En son temps, Resident Evil 2 reprenait de façon identique le gameplay de son prédécesseur en y ajoutant une particularité, le fait de pouvoir jouer les scénarios du point de vue de Claire ou Leon, puis d’inverser les rôles en seconde partie. Une idée extrêmement originale qui permettait de vivre quatre histoires différentes ou presque. Ce remake, s’il retape complètement le visuel et le gameplay, conserve toute la trame narrative ainsi que le système des scénarios A et B. Vous voilà donc à nouveau devant un choix, commencer avec Leon ou Claire et affronter les mystères de Racoon City.

 

Kamoulox

Reprenant donc le game system du titre d’origine, l’aventure se présente sous la forme d’une longue séquence d’exploration en milieu hostile, ou plutôt un jeu d’action et d’énigmes. Si on retient souvent l’image des monstres emblématiques de la saga, ce sont les puzzles qui sont au centre du gameplay. La principale préoccupation du joueur sera de trouver l’objet A qui permet d’accéder à la clé B qui ouvre une porte donnant accès à l’objet C ouvrant la voie vers la pièce D et ainsi de suite. Un système qui oblige le joueur à réaliser un certain nombre d’allers-retours et lui demandera donc d’optimiser ces derniers afin d’éviter des combats inutiles et coûteux en munitions.
C’est d’ailleurs très certainement ce qui différencie le joueur expérimenté du novice, ce dernier tenté de nettoyer les zones avant d’avancer et d’en subir les conséquences. Resident Evil 2 remake recycle une bonne partie de ses puzzles et en ajoute de nouveaux, pas toujours plus cohérents que les anciens, mais d’aucuns diront que ça fait le charme de la série. Si le nombre des énigmes semble avoir été revu à la hausse, les développeurs ont eu l’excellente idée d’ajouter des aides visuelles sur la carte, faisant apparaître objet et lieux clés. Un apport qui rappelle qu’en 20 ans, les interfaces ont évolué dans le sens du confort de jeu et c’est une bonne chose.
Capcom s’est même offert le luxe d’ajouter des séquences aux mécaniques un peu plus originales (pour la licence), histoire de surprendre les habitués sans dénaturer l’expérience.
Jamais bloquants ni tirés par les cheveux, les puzzles orientent l’exploration et permettent aussi de contrôler le parcours du joueur et l’empêcher d’explorer certaines zones trop tôt. Un game system devenu culte, mais pas nécessairement dans le bon sens, car largement moqué et parodié depuis des années, tant le principe est incongru. Un effet de ridicule dans cet enchaînement d’énigmes accentué par un parti pris réaliste de ce remake. Passer d’un objet à l’autre pendant 30 minutes pour ouvrir une simple porte de bureau est encore plus décalé qu’à l’époque.

 

Quand le flashball ne suffit plus

Heureusement, le parcours est envahi de zombies ou autres créatures à dessouder entre deux clés à trouver. Une nouvelle fois, Resident Evil 2 reste attaché à son modèle et conserve cette tension permanente liée au manque de munitions. Ajouté à un nombre d’emplacements d’inventaire limités, il faut constamment jongler entre les armes, les objets clés, se demander à chaque arrêt au coffre si on prend un kit de soin en plus ou si on garde un emplacement. Ça fonctionne toujours aussi bien et le sentiment de fragilité malgré un armement puissant est vraiment présent. Il est cependant possible de crafter des munitions suivant le même système de combinaison qu’avec les herbes de soin, donnant la possibilité de privilégier une arme plus qu’une autre. Il est cependant préférable de privilégier les armes les plus puissantes, car les balles sont toujours d’une inefficacité frustrante. C’est peut-être là encore un défaut hérité de l’original qui saute aux yeux dans ce remake, la résistance des zombies. À la limite, dans le jeu de 1998, la vue en fausse 3D empêchant une visée correcte, il était compréhensible de devoir parfois vider un chargeur dans un mort-vivant avant de le voir s’effondrer définitivement, mais maintenant, avec la vue TPS, comment justifier de devoir cramer 10 balles dans une tête sans le moindre effet ? C’est d’autant plus étrange que la localisation des dégâts a été extrêmement bien travaillée, au point de pouvoir entièrement démembrer un adversaire et le rendre (presque) inoffensif. Le soucis est qu’il y a une sorte de calcul aléatoire des dégâts faisant qu’un headshot sera parfois fatal au premier coup, alors que d’autres fois il vous faudra vider un ou deux chargeurs pour arriver à ce résultat. Alors que la mode du zombie est devenue quelque chose de très codifié, un nouveau joueur risque de ne pas comprendre pourquoi cette méthode s’avère aussi peu efficace. La maniabilité au pad étant assez déroutante, cette problématique peut vite s’avérer frustrante et il n’est pas rare de se retrouver à pester devant une situation qui a un arrière-goût d’injustice.
Maintenant, il est possible de viser les membres inférieurs pour faire tomber les zombies, puis slalomer entre les gueules ouvertes, une nouveauté vraiment intéressante, pour le coup.

 

Walking meh

Au final, la vraie question à se poser est : « À qui est destiné ce remake ? ». Si ceux qui ont goûté à la trilogie originale retrouveront immédiatement leurs marques, admirant la plastique du titre ainsi que les petites nouveautés apportées à l’histoire, il n’est pas sûr que le néophyte sera aussi enthousiaste. L’idée de conserver la rigidité du jeu d’origine est certes un parti pris intéressant, mais de nombreux TPS sont passés par là et certaines choix de gameplay peuvent sembler être des défauts aujourd’hui. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, cette lenteur et les approximations du personnage étaient essentiellement dues aux limitations techniques de la machine. Autre problème hérité de Resident Evil 2 original, l’incohérence des deux fils narratifs. Devoir ré-ouvrir une porte ou refaire le même puzzle que le personnage précédent, tuer un ennemi dans le scénario A, mais devoir le tuer à nouveau dans le scénario B, ça n’a aucun sens. Il est dommage que ce remake n’ait pas donné l’occasion à Capcom de raccrocher les wagons plutôt que de se contenter de faire une face B avec plus de monstres et encore moins de munitions.
Je dépeins un tableau assez sombre, mais je trouve important de mettre en avant ces défauts qui pourraient être de nature à énerver les joueurs. Maintenant, ne nous y trompons pas, le jeu reste une belle réussite, une vraie bonne relecture et malgré les petites frustrations, il est toujours aussi passionnant de s’enfoncer dans les entrailles de Racoon City. Mention spéciale pour les nouveaux PNJ, rencontrés brièvement, qui apportent un brin d’émotion en plus à l’histoire. Ajoutons que, techniquement, sans être le plus beau jeu de l’année, Resident Evil 2 Remake offre des environnements parfois vraiment magnifiques et le travail sur le sound design est de très haut niveau, immersif au possible.
Même si la version testée ici est celle de la Xbox One, un petit mot de la mouture PC que j’ai pu également essayer. Capcom n’étant toujours pas au point niveau optimisation, il vous faudra une machine très solide pour faire tourner le jeu au maximum, mais il y a suffisamment de finesse dans les réglages pour obtenir une version très belle sans perte de fluidité. Si vous avez le choix, j’aurais peut-être tendance à vous conseiller cette version qui permet un jeu plus vif et précis grâce au duo souris/clavier.
En tout cas, c’est un nouveau pot pour une soupe qui mérite largement d’être dégustée.

Ominae

Points forts :

  • La refonte totale vraiment réussie
  • Les petits ajouts de l’histoire
  • L’ambiance incroyable
  • Le mélange puzzle/action efficace

Point faibles :

  • Les incohérences du scénario
  • La résistance des ennemis
  • Gameplay un peu aride pour les nouveaux joueurs

La note : 16/20

Développeur : Capcom
Éditeur :
Capcom
Genre :
Survival Horror, TPS
Support :
PC, Xbox One, Playstation 4
Date de sortie :
25 janvier 2019

  • Jude18/03/2019 à 08:27Permalink
    « Resident Evil 2 » était un classique sur PS2 et je trouve que cette version remastérisée est vraiment intéressante. Il y a eu beaucoup d’améliorations et de nouvelles scènes d’action.

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