Test : Luigi’s Mansion 3 (Switch), aspirez-les tous !
Pour une fois qu’un homme fait le ménage, pourquoi diable est-ce à moi, une femme, de le contrôler ? C’est un complot sexiste, on vous dit.
Une trilogie ? C’est la folie ! Quel plaisir d’accueillir ce troisième opus de la saga Luigi’s Mansion qu’on imaginait, il y a encore quelques années, cantonnée à la GameCube et la basse définition. Après avoir fait fi de l’ergonomique manette violette pour l’archaïsme de la 3DS et le dégoûtant mais réactif aspirateur Arcade (lavez-vous les mains, s’il vous plaît), Mario Vert utilise de nouveau deux vrais sticks pour nous proposer une pléiade d’idées originales et jouissives. Je ne pouvais pas résister à une invitation de telle qualité, je suis définitivement venue.
Mario ?
Plus intelligent que jamais, notre héros moustachu répond encore à une invitation mystérieuse qui lui propose des vacances dans un hôtel luxueux. La surprise est totale quand on découvre que l’endroit est infesté de fantômes ! Oh là là ! Entre nous, il serait temps que Luigi arrête d’accepter ce genre de suggestions, personne n’obtient des manoirs ou des vacances gratuites sans avoir participé à un concours. Pire, le plombier décide d’y aller avec un grand nombre de ses amis. Comme si Mario, Peach et les Toad n’avaient pas eu assez de problèmes comme ça ! Ni une ni deux, tout le monde se retrouve enfermé à cause de lui, dans des tableaux qu’il nous faut évidemment retrouver. Classique, efficace, on aime.
Ce qu’on aime encore plus est l’endroit qu’on visite pendant la dizaine d’heures de cette expédition hilarante. Cet hôtel à l’agencement très proche des HLM de Créteil est amplement plus immersif que les salles à thèmes du premier épisode et des multiples endroits étriqués du second. L’agencement logique des pièces fait qu’on se repère très facilement dans cette gigantesque tour qui nous pousse constamment à l’exploration.
Bien que de nombreux murs « invisibles » nous empêchent d’aller où bon nous semble, il est vital d’avouer qu’ils ont toujours une logique pour leur existence, contrairement à un Resident Evil. Les portes sont ainsi bloquées, non pas par des joyaux magiques, mais par des piles de déchets ou du matériel de nettoyage que Luigi n’arrive pas à déplacer. Un moyen psychosomatique efficace pour ne pas frustrer le joueur qui se sent véritablement enfermé là-bas.
Nombre de pièces ne servent d’ailleurs qu’à installer la crédibilité de l’endroit en nous inondant de lore surprenant. On apprend notamment que Peach et Mario ne dorment pas ensemble, et que ce dernier profite de sa solitude pour s’empiffrer de pizzas et de soda. Un vrai joueur comme nous ! La seule console présente dans Luigi’s Mansion 3 reste néanmoins le Virtual Boy qui se retrouve être un élément central de l’aventure.
Réalité non-virtuelle
Nintendo adore raconter dans ses jeux, avec humour, que son casque 3D Virtual Boy a été un échec commercial. Mais ce clin d’œil sonne plus sérieux que d’habitude, comme un rappel qu’ils ont fait de la VR « avant les autres ». Il s’agit en vérité d’un ancêtre de la 3DS qui se pose sur une table, amovible devant l’éternel, qui ne brûle en rien les yeux, si ce n’est pour ses images rouges un peu cinglantes, et qui joue ici le rôle de menu principal.
Cette couleur, liée à jamais à la machine, inonde le titre pour un sentiment oscillant entre « Ce n’était pas le bon vieux temps » et « Pourquoi n’a-t-on eu aucun portage de ses hits sur 3DS ou Nintendo Labo ? ». La nostalgie, ça se construit ! Elle rend surtout la carte et les menus étonnamment lisibles, un résultat qui nous prend de court, comme la réalisation du titre.
En des décennies de portages de films en jeux vidéo, aucun n’a autant réussi à donner l’impression d’être dans un film d’animation que Luigi’s Mansion 3. Le jeu respire de vie, les répliques chocs ultra mignonnes s’enchaînent et rien ne se retrouve bloqué derrière une vidéo pré-calculée. La physique des décors interpelle beaucoup ; bien que n’atteignant pas le niveau d’un Red Faction, la quantité d’objets qui réagissent à nos mouvements et aspirateurs est impressionnante.
Alors que Nintendo prépare son entrée dans le monde du cinéma, les dernières aventures de Luigi prouvent qu’un long métrage semi-muet peut fonctionner pour les personnages de l’entreprise centenaire. Un des plaisirs est définitivement de voir le héros sursauter et se raidir quand un bruit le surprend, marcher sur la pointe des pieds, soupirer… Un plaisir sans fin pour les yeux qui se répercute directement sur les contrôles.
Luigi’s Mansion a toujours été une affaire assez simple où les aventures entières consistent à flasher ces rapides fantômes avant de les aspirer. « Plus jamais » semble nous dire le développeur Next Level. D’emblée, le soft nous demande de lancer les ennemis attrapés contre le décor en lieu et place des courses poursuites d’antan. Alors que j’ai démarré mon périple en ayant peur de la répétitivité des opus précédents, de nombreuses nouvelles fonctionnalités et gadgets se sont rapidement occupés de me débarrasser de mes à priori. C’est de la bonne et ça défoule !
Dieu que c’est beau, Dieu que c’est bon ! Ce n’est pas bon de jurer, mais Luigi’s Mansion 3 est un tel chef-d’œuvre que je n’ai pas pu m’en empêcher. Ni trop long ni trop court, original sans pour autant réinventer la roue, Nintendo nous offre pour la millième fois en quelques mois un classique instantané que tout possesseur de Switch se doit de se procurer. Votre porte-monnaie ne vous remercie pas, votre bien-être si.
Marine
Points forts :
– Un véritable dessin animé interactif
– Une réalisation irréprochable
– De nombreuses bonnes nouvelles idées
– N’essaye pas de (trop) rallonger artificiellement la durée de vie
– Adorable, mignon, drôle, craquant
Points faibles :
– Mode multijoueur oubliable (la preuve, on l’a oublié)
– Hmm… le fait que ce soit une suite ?
La Note : 19/20
La Note : 19/20
Développeur / Éditeur : Next Level Games / Nintendo
Genre : Action, aventure, réflexion, ménage
Support : Nintendo Switch
Date de sortie : 31 octobre 2019