Test : Super Mario Odyssey (Switch)

Aperçu en catimini dans la vidéo d’annonce de la Switch il y a un an, puis officiellement dévoilé lors de la conférence dédiée à la Switch du 13 janvier, Super Mario Odyssey est le nouvel épisode canonique de la branche 3D des Super Mario, et avec Zelda Breath of the Wild, l’un des deux porte-étendards de la console cette année.

Après Super Mario Sunshine ayant introduit un Jetpack propulsant de l’eau, après les Galaxy ayant introduit le principe de mondes sphériques ayant leur propre gravité, et après les deux épisodes 3D Land et 3D World tentant de rendre plus accessibles les Mario en 3D au public habitué au défilement horizontal en 2D, cet épisode Odyssey tente de revenir aux racines de ce qui faisait le brio de Super Mario 64, à savoir l’exploration, l’expérimentation et la découverte, tout en conservant le gameplay et la physique des récents épisodes.
Réussit-il ce pari en étant aussi marquant que ses illustres prédécesseurs ? C’est ce que nous allons immédiatement voir.

 

J’ai demandé à la lune…

Comme bien souvent dans le Royaume Champignon, tout démarre d’une querelle avec Bowser, le Roi des Koopas, ayant cette-fois ci cédé aux sirènes de la sapologie et revêtant un costume blanc immaculé ainsi qu’un haut de forme du plus bel effet. Cette fois-ci, notre ennemi juré, mi-tortue mi-taureau, ne compte pas seulement kidnapper la princesse Peach, mais veut l’épouser (ce qui n’est pas vraiment une nouveauté pour les joueurs de Super Paper Mario sorti sur Wii en 2007).
Les parents du petit Bowser ne lui ayant manifestement jamais appris les règles les plus élémentaires sur le consentement d’autrui et la bienséance, c’est à notre fameux plombier moustachu qu’est dévolue la tâche de le rosser. Une fois n’est pas coutume, Mario perd l’affrontement et se fait expulser de l’aéronef, sa casquette étant détruite au passage. Une fois réveillé, il fait la connaissance de Cappy, un fantôme en forme de chapeau, désireux de retrouver sa sœur Tiara, capturée elle aussi par le vil Bowser. Pour aider Mario dans sa quête, notre nouvel allié fera étalage de ses capacités de métamorphe lui permettant de changer de forme. Concrètement, il suffit de le lancer sur des êtres vivants (ou mécaniques) afin que Mario puisse en prendre possession, laissant comme marques de son exorcisme sa casquette et sa moustache.
Cette fois ci, pas de Koopalings pour épauler Bowser, mais les Broodals, une horde de lapins chapeautés et sacrément culottés.

À bord de l’Odyssée, un vaisseau en forme de chapeau, Mario et Cappy feront le tour du monde afin de sauver Peach et Tiara des griffes de l’horrible Koopa King.

 

Mario contre les Lapins vraiment crétins

La nouveauté principale de cet épisode, autour de laquelle est axée tout le game design, est bien évidemment l’utilisation des pouvoirs de Cappy qui se nomme la Chapimorphose. Concrètement, il suffit de lancer sa casquette sur un ennemi ou sur certains objets du décor afin d’en prendre possession. On peut le faire, au choix, en pressant la touche Y ou en donnant un coup de Joycon avec ses mains.
Le jeu nous recommande dès le lancement de jouer plutôt en configuration « deux joycons détachés », comme lorsque l’on jouait avec une Wiimote et un Nunchuk sur Wii, car cela permet une palette d’actions beaucoup plus large qu’en jouant de manière traditionnelle. Mais attention, la Chapimorphose n’est possible que sur un ennemi qui n’est pas déjà vêtu d’un chapeau, ce qui permet d’éviter de tricher en prenant possession des Boss dont le couvre-chef est inamovible. Lancer sa casquette sur un ennemi chapeauté de base lui fera perdre son chapeau, et un second lancer permettra alors de prendre possession de son corps et ainsi de faire usage de ses aptitudes propres. Près d’une cinquantaine d’ennemis et objets peuvent être possédés tout au long du jeu.
En vrac, on pourra se chapimorphoser en Goomba, en Bill Balle, en Cheep cheep, en grenouille, en Tank, en Dinosaure, en Taxi, etc. chacun étant utile pour progresser dans l’aventure en conférant à Mario un power-up différent et autant de capacités nouvelles : respirer sous l’eau, voler dans les airs, marcher dans la lave, tirer des projectiles à distance ou même sauter à des hauteurs vertigineuses. À la trappe donc, les fleurs de feu et autres champignons rouges, signatures de la série. Seuls subsistent des cœurs qui nous redonnent un point de vie et des cœurs couronnés qui augmentent la barre de vie de 3 points à 6.
Les champignons verts « 1-Up » ont également disparu de l’aventure, les vies ayant disparu pour être remplacées par les pièces. Alors que d’habitude, dans un Mario, ramasser 100 pièces nous gratifiait d’une vie, désormais tomber dans un trou ou perdre tous ses points de vie nous fait perdre 10 pièces, empruntant ainsi la voie tracée par les nombreux plateformers ayant abandonné ce système poussiéreux de vies limitées, tels Super Meat Boy ou Rayman Origins.

Crazy Jaxi

Comme dans tout bon plateformer qui se respecte, Mario conserve sa palette de coups habituels : saut court, saut long, charge au sol, triple saut, roulade, saut tourbillon, saut arrière et saut mural. À cela s’ajoute le lancer de casquette permettant de toucher les ennemis sans avoir à les écraser par en haut. Il est à noter que maintenir la touche Y enfoncée permettra à la casquette de continuer à tournoyer pendant quelques secondes.
On peut également jeter sa casquette verticalement en secouant ses joycons de bas en haut ou tracer une spirale en escargot avec Cappy en inclinant simultanément ses 2 joycons sur le côté. Une fois en l’air, appuyer sur ZL pour la charge au sol puis immédiatement appuyer sur Y permet de se jeter en avant, permettant de se projeter encore plus loin pour atteindre certaines plates-formes.
Lorsque Mario jette sa casquette et la maintient en l’air, il peut sauter dessus, ce qui cumulé à la précédente technique permet d’aller encore et toujours plus loin.

Super Mario Odyssey est découpé en une quinzaine de mondes, allant des traditionnels niveaux de la forêt, du désert ou de la neige à des tableaux bien plus exotiques, tels que l’île empoisonnée, la ville de New Donk City (réimagination de New York) ou encore, le monde de la cuisine.
Les Étoiles et les Soleils des précédents Mario en 3D laissent ici leur place à des Lunes. Dans chaque monde, il faudra collecter un certain nombre de Lunes de Puissance afin d’alimenter son vaisseau, permettant d’aller encore plus loin et de débloquer de nouveaux mondes.
Contrairement à ce qui se faisait dans Super Mario 64, Sunshine ou Galaxy, gagner une Lune ne vous fera pas quitter le niveau pour revenir à l’écran de sélection de stage.
Désormais, la progression n’est plus segmentée au sein d’un même monde, tout va beaucoup plus vite, et on pourra récolter plusieurs Lunes d’affilée en quelques minutes. Celles-ci sont planquées un peu partout, les habitants de chaque monde nous offrent des Lunes lorsqu’on fait ce qu’ils nous demandent, attraper un Lapichou ultra rapide nous récompensera d’une Lune, répondre aux énigmes du Sphinx nous gratifiera d’une Lune, battre un certain score à la corde à sauter aussi, tout comme faire une charge au sol sur une motte de terre qui vibre. Il est même possible d’en acheter auprès des marchands contre des pièces dorées.
Cependant, la plupart des Lunes que l’on trouvera sont simplement cachées derrière divers éléments du décor, quand ces dernières ne sont pas tout simplement placées sur notre route, placées bien en évidence, mais bloquées par une énigme ou offertes par grappes de 3 dans des multilunes lorsque l’on bat un Boss.

Bon courage pour toutes les récupérer, car contrairement à Super Mario 64, Sunshine ou Galaxy, ce n’est pas 120, ni 242, mais bien plus de 850 Lunes à collecter au cours de l’aventure, soit pratiquement autant que de Korogus dans Zelda Breath of the Wild.
Mais rassurez-vous (c’est vite dit), un Toad pourra, contre 50 pièces, vous vendre un indice permettant de localiser la zone où se trouve une Lune, mais sans vous en dire plus (si vous possédez des amiibo, un robot vous offrira la même possibilité, mais gratuitement, en scannant jusqu’à 3 figurines à chaque fois, mais avec un temps d’attente de 5 minutes). Un perroquet parlant, quant à lui, pourra vous donner le nom de certaines des Lunes que vous n’avez pas encore trouvées, mais sans vous dire où elles se situent, le nom en lui-même étant souvent un bon indice.
Les amiibo permettent en outre de débloquer différents costumes (le costume de mariée de Peach porté par Mario est incroyablement génial), vous octroient des pièces ou même des cœurs. Fait suffisamment rare pour être signalé, tous les costumes déblocables par les amiibo peuvent s’obtenir in-game sans avoir à débourser le moindre euro, les amiibo permettant juste de se les procurer plus vite. Vous pourrez donc habiller votre Mario avec les habits de Diddy Kong ou Waluigi sans vous ruiner !
Une boutique en post-game permet même d’acheter des Lunes afin de faire grimper ce total à 999. Une belle folie !

Dans Super Mario Odyssey, on ne se contente plus de réaliser des objectifs définis, on se promène dans chaque niveau afin de les explorer de fond en comble et de tenter d’en percer chaque secret en expérimentant toutes ses techniques à chaque recoin de la map, en espérant qu’une Lune s’y trouve. Le jeu va constamment récompenser l’exploration et les prises de risque, ce qui fait un bien fou dans un genre aussi balisé et codifié.

L’éventail d’actions et les différentes transformations ne seront pas de trop pour arpenter les niveaux sur votre route, au level design encore une fois calibré avec une minutie rare, preuve du talent des designers de Nintendo pour concevoir des niveaux riches, malins et agréables à parcourir.
Plus d’une fois, on se surprendra à rire devant l’intelligence de certains passages surprenants pour le joueur et brisant de nombreuses conventions établies du jeu vidéo. Les développeurs ont même planqué des pièces d’or à des endroits normalement inatteignables, pensant aux fous furieux capables de glitcher dans tous les sens ou simplement faire preuve d’une grande maitrise des contrôles, au point d’explorer le level design grâce aux enchainements de sauts dans les airs et contre les murs.
Un grand soin a été apporté sur pratiquement chaque détail du jeu. Cela va des différents oiseaux qui se posent sur la tête du moustachu qui s’endort lorsque l’on ne touche pas à la manette, au sable et à la neige qui se collent aux habits de Mario après une charge au sol, aux épines de cactus se plantant dans son nez si l’on en cogne un sur sa route. Les développeurs ont poussé le vice au point que chaque objet sur lequel Mario saute fera un bruitage différent.
Quasiment toutes les nouvelles espèces d’autochtones sont géniales, que ce soit les squelettes du désert, rappelant ceux du festival des morts mexicain, les fantômes couvre-chef ou encore les phoques en doudoune. Seuls les humains de New Donk City font tache dans ce tableau et manquent d’un grain de folie et d’originalité.

Les pièces que l’on récolte, en plus de remplacer les traditionnelles vies, permettent d’acheter de nouveaux costumes à l’intérêt purement esthétique. Cela fait du bien de lâcher l’éternelle salopette bleue pour quelque chose de bien plus funky, tel qu’une panoplie de cowboy, une tenue de pirate, les habits de chantier de Mario Maker, des vêtements d’explorateur ou encore un costume de ville. Dans chaque niveau, en plus des Lunes, on peut également récolter des pièces violettes spécifiques à chaque monde servant à acheter des costumes, mais aussi des décorations pour son Odyssée, telles que des stickers pour décorer la carlingue métallique extérieure ou des souvenirs pour l’intérieur (figurine de dinosaure, tapis, plantes vertes, maquette miniature des endroits que l’on a explorés).

  

Chapeau bas

S’il ne bouleverse pas autant la formule des Mario 3D que Breath of the Wild l’a fait pour Zelda, on a néanmoins affaire à un très grand jeu que tout possesseur de Switch et amateur de jeu vidéo se doit d’acquérir.
Incroyable de générosité et d’ingéniosité, Super Mario Odyssey réussit quasiment tout ce qu’il entreprend, et les rares défauts qu’on pourrait lui trouver sont des mini-jeux parfois frustrants, des niveaux un peu trop étroits, de légers problèmes de caméra, ou encore le fait que trouver des Lunes à foison crée à la longue une sorte de routine.
La Switch étant au tout début de son cycle de vie, espérons que comme ce fut le cas pour Galaxy et 3D Land, une suite à Odyssey soit mise en chantier bientôt. Réalisant le meilleur lancement de la série pour un épisode 3D, on est confiants pour le succès de cet épisode.
En tout cas, l’avenir semble radieux pour la Switch, qui en même pas une année a déjà dégainé, avec Mario et Zelda, deux candidats potentiels au titre de jeu de l’année.

Falcon

Points forts :

  • Contrôler Mario est un plaisir en soi
  • La folie furieuse du level design
  • Les chapimorphoses toutes plus géniales les unes que les autres
  • Les musiques entêtantes (la fabuleuse chanson « Jump Up, Superstar!« )
  • La variété visuelle des différents mondes
  • Un jeu qui récompense l’expérimentation et l’exploration
  • Les différents costumes à débloquer
  • Le shiba (chien) qui lui aussi porte un chapeau

Points faibles :

  • Ça manque un peu de challenge de plate-forme pure
  • Quelques soucis de caméra
  • Certaines Lunes vraiment énervantes
  • Diluées et en grand nombre, les récompenses perdent de l’intérêt

La note : 19/20

Éditeur : Nintendo
Développeur : Nintendo EPD Kyōto
Genre : Action/Plates-formes
Support : Nintendo Switch
Date de sortie : 27 octobre 2017

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