Test : Divinity Original Sin 2 (PC)

Les Belges de Larian Studios avaient frappé très fort en 2014 avec Divinity Original Sin et voici qu’ils nous gratifient d’une suite annoncée comme encore plus généreuse. Partons donc en quête d’aventure…

Si on classe souvent le RPG en deux grandes catégories, l’une pour l’ouest (occidental) et l’autre pour l’est (généralement Japonais), la grande famille du JDR numérique propose des genres ou sous-genres bien plus nombreux que ce que le laisserait entendre ce premier classement. Des genres qui ont d’ailleurs parfois autant de rapport avec le jeu de rôle que Mario Kart en a avec la Formule 1. De ce fait, certains puristes ont tendance à considérer que la déclinaison virtuelle qui se rapproche le plus de l’expérience papier est à chercher du côté de titres en tour par tour dans lesquels narration et gestion sont aussi importants, voire plus, que l’action elle-même. Des RPG qui trouvent leurs origines dans les années 80, tirant directement leurs règles de format papier et allant jusqu’à proposer l’expérience « table », à l’image de Neverwinter Nights et son mode « Maître de jeu ».
Cette école du JDR numérique a engendré des titres incontournables, devenus depuis mètres étalons, des titres tels que Baldur’s Gate ou Vampire: The Mascarade – Bloodlines.
Divinity Original Sin premier du nom se revendiquait totalement de cette famille et en reproduisait tous les traits principaux sans en singer les écueils. C’est très certainement cette modernité enracinée dans une base classique qui a fait du jeu de Larian l’un de ces nouveaux piliers du genre, une réussite que le studio tente aujourd’hui de renforcer au travers de cette suite très attendue des fans.

  

Si l’histoire m’était contée

Sans trop nous répandre sur l’univers de Divinity (qui commence à être sacrément étoffé), il est bon de faire un petit état des lieux, notamment pour ceux qui souhaiteraient suivre la saga suivant sa chronologie propre et non les dates de sortie des différents titres.
Celle-ci se présente comme telle :

  • Divinity: Dragon Commander (2013)
  • Divinity: Original Sin (2014)
  • Divine Divinity (2002)
  • Beyond Divinity (2004)
  • Divinity: Original Sin 2 (2017)
  • Divinity 2: The Dragon Knight Saga (2009-2010)

Il semble nécessaire de replacer ainsi les choses dans l’ordre, car de par son titre, Divinity Original Sin 2 donne le sentiment de venir directement à la suite du premier, alors que l’histoire se situe après d’autres événements qui ont leur importance dans l’univers du jeu. Je vous rassure tout de suite, ceux qui n’ont joué qu’au premier Original Sin ou qui commenceront avec celui-ci n’auront pas de mal à suivre l’histoire, la plupart des références importantes étant toujours disséminées dans les dialogues, descriptions ou livres que le joueur trouvera sur sa route.
Maintenant, pour ceux, très certainement assez nombreux, qui ignoreraient tout de l’univers Divinity, en voici un petit pitch rapide :
Le monde de Rivellon a été longtemps secoué par les guerres de succession, mêlant dragons, magie et machines de guerre, jusqu’à ce qu’un chevalier Dragon ne vienne rétablir l’équilibre. À partir de ce moment, on peut plus ou moins classer les titres dans deux genres : ceux qui vont narrer l’histoire d’une figure célèbre de l’univers et d’autres qui vont s’intéresser à un déroulement d’événements. Les deux Original Sins vont ainsi s’intéresser à un contexte, plus qu’à une figure en particulier (justifiant de ce fait leur position de RPG old school). Comme je le précisais précédemment, les deux jeux, malgré leurs titres similaires, ne sont pas des suites directes au sens strict. Par contre, ils sont totalement liés au niveau de leur gameplay, mais également de leur histoire ; le premier s’intéressant aux chasseurs d’ensourceleurs (des mages pervertis par la source), alors que le second met le joueur dans la peau de ses derniers.
C’est ainsi que vous endosserez le rôle de l’un de ces ensourceleurs emprisonnés sur l’île de Fort Joy et devrez commencer par trouver un moyen de vous débarrasser d’un collier entravant vos pouvoirs, pour ensuite sortir de ce guêpier.

  

Porte, monstre, trésor

Comme je l’indiquais précédemment, DOS2 reprend les bases du premier titre, lui donnant ainsi cet aspect « suite » qui n’en n’est pas une. Pour en résumer le gameplay, le joueur dirige son personnage ou son groupe en temps réel et basculera en mode tour par tour lors des combats (à la manière d’un Baldur’s Gate ou d’un Fallout). À partir de là, le fonctionnement est relativement classique, basé sur des points d’action des skills avec cooldown. Rien de bien original si l’on devait s’arrêter là, mais le titre de Larian va heureusement bien plus loin dans ses mécaniques de jeu. En plus des capacités des personnages, le joueur pourra compter (ou devra se méfier) de l’environnement et de ses effets ; utiliser à bon escient une étendue d’eau ou un tonneau de poudre. Un des membres de l’équipe en train de brûler pourra ainsi tenter de profiter de l’eau afin de ne pas finir en merguez, mais également utiliser cet élément et le combiner à un autre (l’eau est un excellent conducteur d’électricité, par exemple). Ce sont ces combinaisons et la bonne utilisation du terrain qui permettront au joueur de venir à bout de combats parfois fort corsés.
La grande versatilité des actions n’est pas la seule caractéristique notable du jeu, elle vient s’ajouter à une gestion pointue de l’équipe. En début de partie, il vous faudra créer un personnage ou choisir l’un des profils pré-enregistrés possédant un background défini. Pour les races, vous aurez le choix entre les humains, les elfes, les nains, les lézards et les mort-vivants, un choix suffisamment étoffé pour se faire plaisir en termes de roleplay, d’autant que certaines d’entre elles auront une réelle influence sur votre façon de jouer (mention spéciale au mort-vivant). Là où les choses sérieuses commencent, c’est avec le choix de la classe. Au nombre de 14, elles sont toutes aussi intéressantes les unes que les autres ; de quoi occuper le joueur un bon bout de temps lors de la création de l’avatar :

  • Combattant
  • Inquisiteur
  • Chevalier
  • Métamorphe
  • Ranger
  • Gredin
  • Lame des ombres
  • Voyageur
  • Sorcier
  • Mage
  • Mage de combat
  • Ecclésiastique
  • Conjurateur
  • Enchanteur

Sans entrer dans le détail de chaque classe, rendant cette critique encore plus longue qu’elle ne l’est déjà, il est possible de les résumer en précisant que certaines possèdent des aptitudes centrées sur des caractéristiques très ciblées, alors que d’autres offrent un ensemble un peu plus panaché. L’idée étant de proposer aux joueurs une liberté totale dans la façon de créer leurs équipes, d’autant que les premiers équipiers rencontrés seront dotés d’un background mais pas d’un rôle établi, permettant ainsi de choisir un partenaire selon les affinités de chacun et non pas se sentir frustré d’avoir dû laisser de côté cet elfe dont la classe n’apportait rien au groupe. Il est également possible d’apprendre (par divers moyens) de nouvelles compétences, théoriquement destinées à d’autres classes de personnages, complétant la modularité déjà très importante des fonctions dans le groupe. Notons d’ailleurs que la création de l’avatar constitue une différence importante avec Divinity Original Sin qui nous imposait, pour des raisons scénaristiques, un duo dès le départ ; ici c’est avec un héros unique que l’aventure s’ouvrira.

  

Comme à la maison

Ce nouvel épisode ne déroge pas à la règle imposée par son aîné du jeu coopératif. Si DOS proposait une aventure en duo, il est maintenant possible de chercher l’aventure à quatre joueurs, affirmant toujours plus cette volonté d’offrir une expérience authentique pour les fans de jeu de rôle. Une volonté que l’on retrouve d’ailleurs dans un mode de création de scénario, permettant à l’un de vos amis ou vous-même d’imaginer une nouvelle histoire de bout en bout. C’est très certainement de cette façon que le titre de Larian pourra dévoiler tout son potentiel et, peut-être, continuer à vivre des années durant, comme Neverwinter Nights avant lui.
Là où le jeu s’illustre également, renforçant toujours cette dimension JDR, c’est dans sa narration et son humour omniprésent. Si d’aucuns ont pas mal reproché le côté potache de Divinity Original Sin, il sera difficile d’en faire la même critique, tant l’écriture y est plus maîtrisée. Noirceur et légèreté se côtoient régulièrement sans en faire trop et à de très rares exceptions près, l’ensemble est d’une grande cohérence. L’humour est maintenant essentiellement là pour faire écho aux parties sur table qui connaissent ce besoin de décompression et ainsi éviter de tomber dans les travers ridicules de certains rôlistes « trop sérieux ». La présence d’un narrateur (magnifiquement incarné par Brian Bowles) pose définitivement cette ambiance des parties du samedi soir entre amis. Il est d’ailleurs à noter que tous les doublages participent également à cette immersion en jonglant continuellement entre la grande justesse de ton et le surjeu, comme un rappel à la virtualité de l’aventure. Précisons tout de même que si les voix sont en anglais, les textes sont disponibles en français ; tous les studios proposant ce type de jeu n’ayant pas toujours les moyens d’offrir une localisation, il s’agit d’un élément fort appréciable.

  

Harder, faster, bigger, stronger

Divinity Original Sin 2 reste fidèle à son prédécesseur, mais s’avère plus généreux en tous points. Le scénario et l’ambiance sont beaucoup plus immersifs, le level design plus maîtrisé et l’ensemble est une réelle invitation au voyage. Si les quatre principales zones ne sont pas toutes aussi grandes les unes que les autres, il vous faudra facilement compter entre 100 et 150 heures avant de voir le bout de l’aventure.
Alors bien entendu, le jeu a quelques défauts, malheureusement pour la plupart hérités de l’épisode précédent. On notera par exemple les trous dans le journal des quêtes, l’inventaire assez pénible à parcourir et quelques problèmes de lisibilité lors des combats déjà suffisamment difficiles par moments ; des défauts qui pourraient être corrigés dans une version « enhanced » dont le studio a l’habitude. On pourra aussi douter de l’intérêt du mode PVP, amusant 5 minutes, mais qui ressemble plus à un contenu bonus qu’à un vrai ajout de gameplay.
Certes, Divinity Original Sin 2 risque de rebuter le joueur généralement versé dans des titres moins techniques, plus simples à appréhender, mais avec sa composition visuelle qui flatte la rétine, son OST très accrocheuse (cependant moins brillante que celle de Kirill Pokrovsky décédé il y a deux ans) et cette liberté dans ses mécaniques, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit très certainement du plus grand RPG de ces dix dernières années. Pour peu que la communauté s’empare des outils de création, le titre de Larian devrait faire parler de lui pendant encore longtemps.

Ominae

Points forts :

  • La direction artistique magnifique
  • Le contenu dantesque
  • L’écriture et la narration
  • Les combats
  • Le level design et ses reliefs
  • Le doublage
  • Le mode création
  • Le multijoueur en ligne, mais aussi en local

Point faibles :

  • Quelques soucis d’interface
  • Un manque d’équilibre toujours présent depuis DOS
  • Le PVP rigolo, mais superflu

La note : 20/20

Développeur : Larian Studios
Éditeur :
Larian Studios
Genre : 
RPG
Support :
 PC
Date de sortie :
 14 septembre 2017

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