Test : Danganronpa V3 Killing Harmony (PS4)

Monokuma est de retour, pour jouer encore plus de mauvais tours. Le visual novel à succès, Danganronpa, revient pour un troisième jeu de massacre afin de plonger un peu plus le monde dans le désespoir. À nouveau jeu nouveau casting et quelques changements. Les fans du nounours psychopathe vont-ils se lasser de sa névrose ? Voyons cela ensemble.

C’est la rentrée ! Massacrons dans la joie !

Seize lycéens se réveillent tous dans un lieu étrange : un établissement qui semble à l’abandon, alors qu’il est encore en construction, totalement coupé du monde par un mur infranchissable. Ils découvrent qu’ils sont tous des lycéens ultimes (titre donné aux surdoués, pour les novices) et font rapidement la connaissance de Monokuma, la peluche psychopathe, accompagné cette fois de ses 5 enfants, les Monokumers. Tous ces robots névrosés et vulgaires vont tout faire pour obliger le groupe de jeunes à s’entretuer pour pouvoir sortir de cet établissement, appelé l’Académie des Prodiges Condamnés.

Un peu de manga dans un monde de brutes

Comme tous les autres jeux de la série, Danganronpa V3 Killing Harmony embarque une multitude de personnages très stéréotypés manga dans une aventure démentielle qui abuse d’une 2D de qualité. Les look et les personnalités sont déjantés à souhait et représentatifs du genre : de la sorcière au colosse élevé par des loups, en passant par le despote et la gouvernante, cela fait souvent presque cliché, mais c’est totalement assumé. Les environnements reprennent aussi les codes du manga, même si les décors en 3D ne sont techniquement pas au même niveau que les superbes images en 2D. Les salles et les couloirs de l’académie sont colorés et plus détaillés que dans les épisodes précédents, même si le bâtiment présente un aspect assez lugubre.

Les dialogues sont aussi représentatifs de la série. Le langage vulgaire et les allusions coquines pleuvent, tout comme les scènes de meurtres et les mises à mort aussi violentes qu’hallucinantes. Danganronpa V3 Killing Harmony n’est pas un jeu à mettre entre toutes les mains et se destine encore une fois à un public mature. Les développeurs l’ont rendu plus accessible en pensant à proposer, en plus des voix en japonaises ou anglaises, des sous-titres français très fidèles. Les joueurs n’ont donc plus aucune raison de ne pas tenter l’expérience.

Le meilleur du visual novel

Quand on pense visual novel, on pense à un jeu avec des dialogues interminables, une sorte de livre interactif vite soporifique. Si les dialogues sont nombreux, en revanche, ici tout est fait pour que le joueur soit happé par le scénario et que le jeu soit le plus vivant possible. L’aventure, découpée en 6 chapitres (avec en plus un prologue et un épilogue), alterne des phases de jeu distinctes : exploration et temps libre, enquête puis procès.

Pendant les phases d’exploration, le joueur arpente l’académie et essaie de se lier d’amitié avec les autres lycéens. Comme dans les mangas, l’amitié est une valeur forte et permet de débloquer des capacités spéciales qui se révèleront très utiles pendant les procès. Un cadeau fait toujours plaisir, donc il ne faut pas hésiter à acheter des objets pour les offrir aux autres. Ces phases d’exploration paraissent souvent un peu longues et parfois ennuyeuses, pourtant tout ce qui s’y passe s’avère important par la suite, même le détail le plus insignifiant. Une fois qu’on a compris cela, on suit avec intérêt la vie des lycéens captifs. Pour tromper l’ennui, Monokuma et ses enfants viennent souvent torturer psychologiquement et physiquement les jeunes prodiges afin de les faire craquer et de les manipuler plus facilement. Ces phases d’exploration sont aussi propices à des saynètes et des dialogues bourrés de références à d’autres jeux et séries célèbres, même si beaucoup de joueurs risquent de passer à côté. On notera, par exemple, une discussion concernant le jeu précédent Danganronpa Another Episode Ultra Despair Girls que les jeunes prodiges jugent « débile » en tombant dessus. Danganronpa V3 Killing Harmony n’épargne personne et donne même dans l’autodérision pour notre plus grand plaisir.

Quand un étudiant est assassiné, on commence alors une phase d’enquête. Là, plus possible d’aller où l’on veut : le jeu devient assez dirigiste et on ne peut pas changer de lieu tant qu’on n’a pas trouvé tous les indices et tous les témoignages de la zone dans laquelle on est. Le rythme commence à s’accélérer. Une fois tous les indices en notre possession, le procès commence. La tension va monter petit à petit et cela va se traduire en termes de gameplay par des phases de tir et des QTE de plus en plus rapides et intenses. À l’écran, cela peut même devenir assez vite confus, tant les élèves stressés vont s’enflammer et parler parfois tous en même temps. Le joueur a vraiment l’impression d’être au milieu d’eux et de devoir trouver rapidement comment faire éclater la vérité, car la vie de chacun est en jeu. Si, à la fin du procès, le coupable est désigné, il est alors éliminé définitivement. Si les survivants se trompent, le coupable est libéré et les survivants tous éliminés. Les procès sont donc très importants et la tension totalement dingue, avec une mise en scène qui plonge réellement le joueur dans une ambiance folle. Dommage cependant que les procès durent assez longtemps, car ils sont assez éprouvants. Heureusement, le jeu propose de sauvegarder régulièrement, ce qui permet de faire des pauses salutaires.

Un jeu de massacre plus accessible

Si Danganronpa V3 Killing Harmony est bien dans la continuité des jeux précédents avec des personnages déjantés forcés à s’entretuer et un Monokuma toujours aussi sadique et vulgaire, ce jeu tente de conquérir un plus large public grâce à des sous-titres français et de nombreux clins d’œil. Le style visual novel est bien plus digeste que d’habitude, grâce à de nombreux efforts faits pour rendre le genre plus dynamique. Si les phases de procès font penser à celles d’Ace Attorney, elles sont bien plus originales et intéressantes, par exemple.

Si Danganron V3 Killing Harmony est aussi captivant, c’est grâce au talent d’écriture de Kazutaka KODAKA, scénariste et créateur de la série. Il arrive à imaginer des situations improbables, des retournements imprévus et des événements marquants qui ne peuvent que provoquer des réactions de la part du joueur, le faire réfléchir et le surprendre. Comme d’habitude, il ne faut pas trop s’attacher aux personnages, même si certains sont assez charismatiques, pour ne pas être trop déçu lors de leur mort prématurée. Mais c’est parce que Danganronpa s’avère cruel et frustrant qu’on aime ce jeu. Malgré son rythme parfois un peu lent et son côté trash et vulgaire le réservant à un public averti, il serait dommage de ne pas profiter des excellents sous-titres français pour s’essayer à cette série qui va vite devenir culte.

Enguy

Points forts :

– Des personnages très manga hauts en couleur
– Voix japonaises ou anglaises et sous-titres français (pour la première fois dans la série)
– Des graphismes en 2D superbes et une 3D qui s’améliore
– Scénario en béton
– Des procès incroyables

Points faibles :

– Un rythme en dents de scie
– Une 3D digne d’une PS3
– Des procès un peu longs
– Une violence graphique et verbale à ne pas mettre entre toutes les mains

LA NOTE : 17/20

Développeur / Éditeur : Spike Chunsoft / NIS America
Genre : visual novel, aventure
Supports : PC, PS4, PS VITA
Date de sortie : 26 septembre 2017

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