Aperçu : Valorant
Après une beta fermée couronnée de succès, le dernier né de Riot Games s’ouvre à tous les joueurs. Petit tour du propriétaire.
Le jeu étant officiellement sorti, pourquoi en faire un aperçu plus qu’un test classique, me direz-vous ? La réponse est simple, cette grande vague de jeux service et compétitifs ne rentre pas vraiment dans les cases du bon candidat à critique. Donner une note maintenant serait saisir un simple instantané d’un jeu qui pourrait être radicalement différent dans trois mois, six mois ou un an. Je préfère donc vous donner une idée de ce que vous allez y trouver ainsi qu’un ressenti à l’instant T.
Counterwatch
À moins d’avoir été confiné au fin fond de l’océan, vous n’avez pas pu échapper au rouleau compresseur marketing de Valorant. Riot Games maîtrisant son sujet en termes de communication a su s’appuyer sur un réseau massif d’influenceurs pour installer son titre avant même la sortie.
Valorant est donc un shooter compétitif en équipe à la première personne, un savant mélange de différentes recettes déjà éprouvées ailleurs.
Afin de développer un FPS taillé pour l’esport, le studio californien a choisi de prendre les deux plus gros titres du genre et d’en extraire la substantive moelle. Coucou Counter Strike Go, viens par là Overwatch, petit coup de polish Riot et bienvenue à Valorant.
Si la paternité de ces deux licences est évidente, c’est surtout de la première que le jeu s’inspire, dans son gameplay ainsi que le feeling général.
Les enfants de l’an 2000
Il est assez incroyable de constater à quel point Riot Games a su plagier reprendre les mécaniques et la physique de Counter Strike. Si vous êtes un habitué du célèbre titre de Valve, vous rentrerez dans Valorant comme dans une vieille paire de charentaises, tant le gamefeel est identique ; que ce soit dans la vitesse de déplacement, la rigidité des sauts, la balistique et même l’arsenal. Basé sur des affrontements en 5vs5 ayant pour but d’aller poser une bombe (ou empêcher l’équipe adverse de le faire), avec achat d’équipement en début de partie ; tous les éléments sont là. Il est d’ailleurs assez intéressant de constater que malgré un système de pouvoirs et de héros piochés chez Blizzard, il est tout à fait possible de ne quasiment jamais s’appuyer dessus pour dominer une partie.
Zézette épouse X
Là où Overwatch introduisait intelligemment ses personnages avec de petits courts métrages façon Pixar, laissant imaginer un lore profond, Valorant se contente d’aligner des Jean-Michel Random et des Micheline Lambda copiant au pif les designs de Blizzard. Ces 12 agents peuvent être classés en catégories classiques entre attaquants, soutiens ou contrôleurs de zone. Ce sont leurs capacités qui servent d’objets utilitaires. Il est par exemple impossible d’acheter une grenade flash comme dans Counter Strike, mais plusieurs héros ont des capacités d’aveuglement. Dans la boutique en début de round vous pouvez acheter vos armes ainsi qu’une armure sans limitations liées au personnage choisi, mais les capacités, achetables elles aussi, sont spécifiques à chacun des 12.
Y’a pas Dust 2 ?
Pour le moment, seules 4 maps sont disponibles, mais cela a permis à Riot de les peaufiner à fond. Niveau level design, elles sont plutôt bien pensées. Quelques espaces ouverts pour le snipe et énormément de recoins dédiés aux embuscades et escarmouches rapides. Deux d’entre elles proposent des alternatives originales avec une troisième zone de bombe ou des téléporteurs. On sent toute l’expérience du studio en ce qui concerne le contrôle du terrain, obligeant les joueurs (surtout en défense) à s’organiser correctement pour ne pas se faire déborder. Certaines zones offrent aussi une verticalité bien venue quoiqu’un peu timide. Niveau armement, on retrouve donc la panoplie classique du bon clone de Counter Strike avec un peu moins d’une vingtaine de pièces (boucliers compris). Noms et formes différents, mais ce sont les répliques exactes des flingues du titre de Valve. D’ailleurs, les design de ces derniers sont suffisamment proches des originaux pour que l’habitué choisisse sans se tromper dès la première partie. Un choix à la fois évident et très malin afin de permettre une entrée immédiate dans le jeu.
Moins cher que gratuit
Fidèle à sa réputation, le studio propose un modèle économique propre et sans ambiguïté. Valorant est gratuit et ne cache aucune micro-transaction douteuse. Tous les personnages peuvent être débloqués en jouant et la boutique n’est là que pour le cosmétique. Cette façon de faire, saluée à de nombreuses reprises par la presse et les joueurs sur League of Legends, reste donc une priorité des équipes de Riot, une très bonne chose, surtout en ces temps où des gros jeux payants se permettent d’empoisonner l’expérience avec des boutiques intrusives à tout bout de champ.
Reste à voir si le titre aura suffisamment de succès pour s’auto-alimenter, car passée la hype, il n’est pas forcément évident qu’il trouve un public nombreux et régulier. Le principe du tout gratuit ne peut fonctionner qu’avec une large communauté de joueurs prête à acheter régulièrement des pistolets roses ou des skins Peppa Pig™.
Clone Wars
Alors, au final, que penser de ce Valorant ? Techniquement, c’est un quasi sans faute, Riot Games connait son métier et nous délivre un jeu bien fini, extrêmement bien pensé dans son level design et la plupart de ses mécaniques. On pourra lui reprocher quelques soucis de spatialisation du son qui manquent encore de finesse et sont régulièrement cause de mort stupide, cependant le reste est solide. Il y a évidemment encore un long chemin à parcourir en termes d’équilibrage et certains pouvoirs vont devoir subir un sacré coup de rabot pour ne pas casser les parties, mais c’est aussi le principe même de ce genre de jeu, en constante évolution.
Maintenant, on ne va pas se mentir, s’il n’y avait pas Riot derrière, Valorant serait resté une curiosité, un clone parmi tant d’autres. La communication agressive du studio basée sur une utilisation intelligente des hommes/femmes sandwich du Twitch game permet au jeu d’être assis confortablement dans le train de la hype. Est-ce que ça va durer ? Difficile de le dire. Valorant est réussi, mais il n’apporte absolument rien de neuf et si le plaisir y est immédiat, rien ne garantit qu’il s’imposera comme un concurrent à CS GO et Overwatch sur le long terme.
Attention, il est très important d’ajouter que Riot Games impose son système anti-cheat, Vanguard lors de l’installation du jeu. Ce dernier accède directement au kernel de Windows, ce qui pourrait ne pas plaire à tout le monde (Doom Eternal ayant fait les frais de la grogne des joueurs à ce propos). Le studio assure qu’il n’a accès à aucune donnée privée des utilisateurs, mais il reste important d’en avoir conscience lorsque l’on télécharge Valorant. Il semblerait également que le logiciel ne soit pas supprimé automatiquement en cas de désinstallation du jeu, les informations restant un peu contradictoires à ce niveau là.
Ominae
Développeur : Riot Games
Éditeur : Riot Games
Genre : FPS compétitif
Support : PC
Date de sortie : 2 juin 2020