Test : Daemon X Machina (Switch) ou le Gundam version Aldi

Annonce anticipée, retards multiples et une beta qui ne présageait rien de bon… Daemon X Machina montre finalement son museau robotique sur Switch pour un résultat sans surprise.

Habitués à la production de jeux un peu secs, mais connaissant leur public, les studios Marvelous ne déçoivent pas en reproduisant leur schéma habituel. Point de fan service à la Senran Kagura dans ce titre financé par Nintendo, beaucoup de mecha façon Monster Hunter pour surfer simultanément sur ces deux vagues qui n’en finissent pas d’inonder nos loisirs. N’en espérez pas plus, ce qui n’est pas un mal, dommage qu’on ait essayé de nous vendre autre chose.

Itano Circus

La démo « beta » que nous avait proposée Nintendo en février dernier, plus de six mois avant la sortie du jeu, avait répondu à nombre de questions qu’on se posait. Bien que semblant en apparence être une aventure aux proportions épiques, Daemon X Machina s’avérait être un véritable Monster Hunter-like intergalactique. Une surprise pas forcément décevante, mais gâchée par une ergonomie à la rue. Bien que Marvelous ait, depuis, réussi à transformer le tout en quelque chose d’intuitif, c’est au profit du réalisme qu’il semblait viser.

La personnalisation de votre mecha est incroyablement poussée. Bien qu’il était impossible de produire son propre clone du Gunbuster, les designs restent suffisamment inspirés, les possibilités variées et les caractéristiques des différents morceaux détaillées pour qu’on puisse affirmer que le jeu cherche à faire dans cette science-fiction dure qui a pris de court le Japon dans les années 70. Les aficionados de tableaux de statistiques et de RPG seront comblés, chaque pièce d’équipement a sa quarantaine de paramètres à prendre en compte.

 

Se déroulant constamment dans des arènes fermées terrestres, les joutes consistent à éliminer des vagues d’adversaires sous-puissants jusqu’à l’arrivée rapidement non surprenante d’une machine gigantesque ou d’un groupe de mecha dissidents. Contrairement à une inspiration de Monster Hunter où l’entraînement complète obligatoirement votre équipement, Daemon X Machina est un jeu beaucoup plus arcade, pour ne pas dire bourrin. À l’exception de ma première rencontre solo avec un Gigantis, je n’ai rencontré aucune difficulté à annihiler ces IA rebelles. Utiliser sans réfléchir mes quatre mitraillettes et différents missiles s’entrecroisant façon Itano Circus de Macross a suffit pour voir la fin en une vingtaine d’heures.

Je peux honnêtement avouer que je me suis tout autant amusée qu’ennuyée au sein de l’univers de Marvelous.

Le challenge se trouve caché dans les missions annexes à jouer seul, si on ne veut pas les voir terminées en quelques secondes seulement. C’est en fait dans un souci d’accessibilité que de nombreuses aides sont disponibles afin de ne pas rendre l’action chaotique. Au-delà d’une visée semi-automatique pas véritablement désactivable, les informations disponibles à l’écran enlèvent le suspense si cher aux jeux de chasse. Barres de vie, positions précises de tous les ennemis… Probablement le meilleur HUD pour un jeu de mecha, certes, mais au profit d’une immersion en dents de scie. Les munitions pleuvent sur le terrain vide d’obstacles, que l’on peut survoler pour bombarder gratuitement ses adversaires. Bien que proposant quelques environnements en intérieur et des ennemis versatiles, rien n’est fait pour vous enlever cette sensation de toute puissance potentiellement frustrante.

Arsenal-Nigoki, Hasshin!

Dur d’y aller par quatre chemins : malgré un choix artistique bien senti, Daemon X Machina est laid. La modélisation basique des environnements est entachée par des textures baveuses en basse résolution et aux couleurs limitées. Les mecha et leurs armements, aux designs très modernes, restent plus proches de jouets achetés à Carrefour qu’à ces Gundam qu’on fantasme de piloter. Le style cartoon très réussi y est définitivement pour quelque chose, mais il suffit de voir la portable de Nintendo enchaîner les ralentissements, malgré une profondeur de champ peu élevée, pour comprendre qu’il s’agit là plus d’une contrainte technique que d’un véritable choix.

Atteignant ainsi difficilement les 30 FPS, la simulation de robots se concentre sur une action lente pour ne pas devenir illisible et nous inonde de conversations absolument insipides pour occuper les potentiels temps morts. Puristes non-japanophones, songez à opter pour l’anglais, plutôt que le japonais, pour pouvoir suivre partiellement à l’oreille certains échanges clés. Ils parlent plus que feu ma grand-mère et son groupe de Scrabble, et au moins, ce qu’elles disaient était intéressant.

La galerie de personnages est probablement la pire partie du jeu. Clichés et sans saveur, ayant tendance à déblatérer sans fin des termes techniques que seuls les plus aguerris retiendront, le cast sera rapidement oublié au profit de l’action elle-même. Ils répondent vraiment tous à l’appel : le grand chauve agressif à peine lettré, les sœurs jumelles psychopathes, le jeune prince condescendant envers ses compères prolétaires, sans oublier celui qui est là uniquement pour l’argent. Marvelous avait un cahier des charges à remplir, celui de nous motiver à enchaîner les missions avec un scénario. Mission remplie et facilement supportable, grâce au bouton + magique nous autorisant à passer les vidéos.

Mais personne ne le fera, vu qu’on ne veut rien manquer, même ce qui est ennuyeux.

Ce qui l’est encore plus est l’absence de monde sur le mode en ligne. L’ambiance me rappelle beaucoup celle du tout aussi moyen, mais divertissant, Freedom Wars sur Vita. La communauté très petite reste soudée, focalisée sur la construction de mecha ultimes en échangeant via messages pré-enregistrés qu’on peut nous-même personnaliser. Le petit plus qu’on ne refusera pas : chaque mission en coopération peut, si on le souhaite, se terminer en duel entre partenaires. Un gros final dont ma première lutte et défaite s’est terminée par un teabag à l’ancienne. Les gamers toxiques (pléonasme) sont éternels !

Daemon X Machina fait donc la part belle à cette boucle de grind classique si addictive et, ici, si poussée qu’il est difficile de ne pas tomber dedans. Ses combats misant tout sur une puissance de feu démesurée restent suffisamment agréables pour qu’on y revienne. Dommage que le titre n’ait pas pu profiter de davantage de puissance pour une présentation et des performances accrues qui auraient résulté en une action plus rapide et excitante. Aussi, les personnages disent des trucs ennuyeux et j’ai entendu de la musique, mais honnêtement je ne suis pas sûre, tant elle est oubliable.

Marine

Points forts :

– Mecha. C’est toujours cool, les mecha
– Personnalisation très poussée
– Riche en contenu
– Contrôles complexes, mais accessibles
– Mode en ligne proche d’un MMO
– Boucle de progression assez addictive

Points faibles :

– Moche
– Vide
– Le scénario, les dialogues, le tout, ergh
– Maladroit dans l’ensemble
– L’OST, invisible au mieux, irritante souvent

La Note : 14/20

Développeur / Éditeur : Marvelous / Nintendo
Genre : Action, Jeu de Chasse, Gundam knockoff
Support : Switch
Date de sortie : 3 septembre 2019

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