Pour SEGA, l’amour, c’est plus fort que toi !

Constructeur, développeur et éditeur phare des années 90, concurrent de poids face à Nintendo, SEGA avait su imposer son genre.
Sa mascotte Sonic était un symbole fort, et même si, ces dernières années, l’entreprise a connu des difficultés, elle cherche toujours à montrer la voie.

En 2006, la crise était profonde. Yuji Naka, l’un des créateurs de Sonic, quittait la compagnie, alors qu’on était en train de développer une nouvelle aventure pour redonner du punch à la série et relancer des ventes en bernes. On était loin de l’euphorie des premiers jeux : Sonic était un héros sur le point de disparaître, tout comme l’entreprise. D’ailleurs, SEGA avait été rachetée par Sammy en 2004, en raison de sérieuses difficultés financières.

Il fallait absolument trouver une idée forte pour déclencher une réaction chez les joueurs. Les développeurs ont donc eu l’idée d’une idylle entre Sonic et une jeune humaine. Non, vous ne rêvez pas : le hérisson ultra bizarre, véritable monstre au sex appeal d’un mouchoir usagé allait faire chavirer une ravissante humaine qui devait compter ses amoureux par centaines… Dans Sonic The Hedgehog, sorti sur PS3 et XBOX 360 en 2006, Sonic échange donc un tendre baiser avec la belle Elise :

 

Cette scène a véritablement choqué les joueurs et les fans. À cette époque, on ne militait pas énormément pour l’acceptation des différences et peut-être que la société n’était pas encore prête. Et puis, il faut reconnaître que cela allait certainement beaucoup trop loin : Sonic n’est pas un être humain, pas vraiment une personne non plus. Un véritable traumatisme pour les fans qui aurait pu faire basculer Sonic dans l’oubli. Avec un peu de recul, on s’aperçoit que la scène tient beaucoup de Blanche Neige, avec des rôles inversés : c’est la pauvre princesse qui vient redonner la vie à son prince charmant par un ardent baiser. De quoi montrer que les femmes ne sont pas de simples potiches tout juste bonnes à se faire enlever !

Heureusement, le hérisson bleu a su rebondir et revient à la mode, comme en témoignent les jeux Mario & Sonic, son arrivée dans Lego Dimensions ou le succès de la réédition de la Megadrive, qui semble répondre à la Nes Classic Mini. La guerre virulente qui sévissait il y a plus de 20 ans entre Nintendo et SEGA semble repartir, mais en apparence uniquement, car SEGA n’est plus un constructeur.

Si la libido de Sonic semble s’être bien calmée, en revanche l’éditeur n’en a pas fini de parler des amours impossibles dans ses jeux vidéo. En effet, dans 7th Dragon III Code : VFD, le héros est supervisé par le docteur Julietta, un individu ouvertement gay qui n’arrête pas de faire du rentre-dedans au héros. Mais les développeurs ne s’arrêtent pas là : pendant le chapitre 3.6, une quête annexe nommée « Secret ISDF Mission » permet au joueur d’aider un pauvre agent (de sexe masculin, même si son design peut amener le doute) de l’ISDF à déclarer sa flamme à Julietta, qui ressemble à son défunt petit-ami. On a même la possibilité de proposer au membre de l’ISDF de sortir avec notre héros, plutôt qu’avec Julietta. Le jeu permet également de devenir intime avec n’importe quel personnage, homme ou femme, et contient des dialogues parfois assez explicites. Bien sûr, tout cela intervient lors de quêtes annexes et non pendant la quête principale, si bien qu’on peut passer totalement à côté de cet aspect du jeu.

Tout comme Nintendo le fait régulièrement dans ses jeux, SEGA intègre les revendications des mouvements gays et lesbiens, pour inclure toutes sortes de romances dans ses œuvres. Ce n’est pas le seul éditeur/développeur à le faire, mais cela reste un sujet encore un peu tabou et considéré comme du racolage ou de la provocation.

Quand vous jouez, ouvrez l’œil, car les références culturelles et sociales abondent dans les jeux vidéo.

Même en amour, SEGA, c’est plus fort que toi !

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