Test : Zanki Zero: Last Beginning (PS4)

Quand l’équipe du très populaire Danganronpa rencontre celle de la série Zero Escape (moins connue chez nous), cela donne un nouveau studio, Too Kyo Games, et 4 nouveaux projets. Le premier d’entre eux est un RPG de survie, Zanki Zero: Last Beginning, qui est une sorte de mix entre les 2 séries. Le cumul des idées géniales des deux scénaristes donne-t-il une nouvelle pépite du genre ? La réponse, un peu plus bas.

Un jeu post-apocalyptique

Un soir, un jeune homme se retrouve sur le toit d’un immeuble, dans une ville japonaise. Il est très déprimé et rumine des idées noires. Puis il bascule. Au moment de toucher le sol, il se retrouve dans l’eau et se réveille sur une île délabrée, Garage Island. En tout, 8 jeunes gens viennent de faire la même expérience que lui. Mais le plus étrange, c’est qu’un programme qui rappelle les émissions des années 1950-60 leur apprend qu’ils sont les derniers survivants de l’humanité et que leur mission est de sauver le monde. Cependant, la télévision n’est pas branchée. Comment peut-elle fonctionner ? Pourquoi ont-ils une marque étrange en forme de X à la place du nombril ? Qui sont-ils et pourquoi ont-ils été choisis ? Le monde a-t-il réellement été détruit ? Plein de questions se bousculent dans leurs têtes, mais ils sont conscients d’une chose : s’ils veulent des réponses, ils vont devoir survivre dans un monde en ruines.

Le groupe de survivants apprend très vite qu’ils sont également tous morts et que leurs corps sont juste des clones. Le X contient leur identité et leur permet d’être régénérés chaque fois qu’ils meurent, par le biais d’une étrange borne d’arcade nommée Extend Machine. Cependant, leurs corps sont faibles et n’ont qu’une espérance de vie de 13 jours, largement insuffisante pour procréer. Il leur faut donc réparer leur Extend Machine en allant chercher des pièces cachées dans des donjons et gardées par des monstres terrifiants. Une étrange aventure peut alors commencer.

Mourir ou survivre, il ne faut pas choisir

Zanki Zero: Last Beginning est un RPG de survie, mais aussi un dungeon crawler avec un côté visual novel assez développé. Le côté survie n’est pas trop contraignant, sauf à des niveaux de difficulté élevée. La difficulté est réglable à tout moment, donc on peut la modifier en cours de partie, ce qui est très pratique. Plus la difficulté est élevée et plus les récompenses sont bonnes, mais il faut trouver sans arrêt de la nourriture. Certaines récompenses ne peuvent d’ailleurs être obtenues qu’à des difficultés élevées.

Le jeu se passe à la première personne : on est loin d’un RPG de survie du type Metal Gear Survive ou Conan Exiles, car il n’y a pas de monde ouvert à explorer petit à petit et d’innombrables ressources à récolter pour créer des objets indispensables à la survie. Ici, on se contente de récolter de la nourriture et de l’eau. Quand on combat, cela consomme une jauge d’endurance et quand cette dernière est vide, le personnage a faim, ce qui fait diminuer progressivement ses points de vie. Il faut donc veiller à nourrir régulièrement son équipe. C’est un peu le seul aspect de survie du jeu. Le reste tient du action RPG classique.

On doit donc former une équipe de 4 personnages (les 4 restants étant là juste en renfort et servent de « mules » pour porter les ressources) qui sont les seuls à combattre. On peut charger ses coups avant de frapper, ce qui augmente leur efficacité mais donne faim plus rapidement. Bien entendu, chaque personnage peut porter un équipement et une arme pour renforcer ses caractéristiques. D’ailleurs, il y a pas mal d’armes et d’objets à créer grâce aux ressources glanées dans les donjons. Les armes sont réparties en différentes catégories (contondantes, tranchantes, etc.), ce qui laisse penser que Zanki Zaro: Last Beginning est un dungeon crawler comme les autres, mais les créateurs ont su renouveler le gameplay de façon morbide. En effet, comme les personnages sont juste des clones éphémères qu’on peut recréer à volonté, il ne faut pas forcément chercher à éviter les combats et tout faire pour s’en sortir. Parfois, mourir est la meilleure solution.

En effet, quand un personnage meurt, il perd tout son équipement qui reste alors sur le sol en attendant d’être ramassé. On peut même sortir du donjon et revenir plus tard : tout sera encore là ! Mourir ne pénalise donc pas énormément le joueur, contrairement aux jeux de survie habituels. Encore mieux : mourir renforce les personnages. Chaque façon d’être tué est sauvegardée et confère des bonus (appelés shigabane) au personnage. Ces bonus peuvent ensuite être activés quand on ressuscite le personnage, ce qui lui donne alors un avantage énorme, mais nécessite pas mal de points. Ainsi, quand un ennemi est trop fort ou qu’il y a des pièges, il faut parfois sacrifier son équipe pour revenir plus tard et ne presque plus rien craindre. On n’a pas l’habitude de jouer ainsi, mais c’est une étape presque obligée, à moins de vouloir rendre le jeu vraiment plus difficile !

Il ne faut donc pas avoir peur de mourir, même si cela demande de récolter un maximum de points quand on explore les donjons.

Un level design très satisfaisant

Les donjons se débloquent les uns à la suite des autres et sont tous centrés sur un des membres de l’équipe. À travers des cinématiques très inspirées, on découvre la vie des gens avant la catastrophe, et leur passé est tout sauf joyeux. On sent là la touche de l’équipe Danganronpa, avec un certain désespoir et des situations glauques en tous genres. La mise en scène est parfois cruelle et gore, ce qui renforce la comparaison avec la série imaginée par Kazutaka KODAKA et illustrée par Rui Komatsuzaki, également chara designer sur Zanki Zero. Les donjons sont des labyrinthes à la Etrian Odyssey : il faut révéler la carte carré par carré en fouinant partout. Les salles regorgent de petites énigmes, d’indices, de pièges et d’interrupteurs. Mais il ne faut pas forcément activer tout ce qu’on découvre : le joueur doit donc chercher et essayer pour avancer, quitte à faire des allers-retours réguliers. Combattre des ennemis, trouver des indices, en savoir plus sur les membres de l’équipe, activer des événements spéciaux rapporte des points. Pendant les combats, cibler des parties spécifiques des monstres et les sectionner rapporte des points bonus. Ces points peuvent ensuite être dépensés pour ranimer les morts, donc l’exploration est cruciale. On peut également tomber sur des portes Zanki qui nécessitent d’avoir les 8 personnages encore en vie pour s’ouvrir, ce qui n’est pas toujours évident.

En effet, les donjons s’étendent sur plusieurs étages. Quand on change d’étage, un jour passe, ce qui fait vieillir les clones et peut conduire à mourir de vieillesse. Pas linéaires pour un sou, les donjons renferment des surprises et nécessitent d’y revenir même une fois terminés pour découvrir de nouvelles salles ou récolter des ressources précieuses. De plus, il faut équiper les personnages de cliones spéciaux pour avancer. C’est une autre bonne surprise du gameplay.

Les cliones, armes à double tranchant

En combattant les monstres des labyrinthes, on peut parfois tomber sur des œufs étranges. Ces œufs renferment des cliones, parasites qui sont responsables de la destruction de l’humanité. Ces monstres transforment les gens en créatures sanguinaires puissantes. Heureusement, les corps des clones sont immunisés contre leurs effets ravageurs : on peut ainsi transplanter un ou plusieurs cliones dans les corps des personnages et activer des pouvoirs spéciaux pendant l’exploration. Chaque clione confère des pouvoirs différents : attaque renforcée, capacité de soin, possibilité de détruire les murs et plus encore. Il ne faut pas hésiter à s’en servir, mais en faisant attention. L’utilisation des cliones est limitée, donc il faut bien les gérer. De plus, quand le stress du personnage atteint un seuil critique, le clione peut prendre le dessus, ce qui n’est pas bon du tout. C’est là que l’aspect survie ressurgit, avec quelques contraintes pas si gênantes que ça malgré tout.

En plus de tout ça, il faut également développer la base et les capacités des personnages.

Un peu de gestion pour finir

Un jeu de survie n’en serait pas un sans base à développer. Zanki Zero: Last Beginning ne fait pas exception à la règle et c’est là que les ressources rapportées des donjons vont se révéler utiles. On peut ainsi développer la base et créer un entrepôt où stocker les ressources, car l’inventaire va vite déborder, une cuisine pour préparer des bons petits plats afin de ne pas trop mourir de faim, un atelier pour créer et améliorer l’équipement, des toilettes pour faire ses besoins (oui, cela fait également partie de la survie et des paramètres à gérer pour éviter de se faire dessus dans les donjons et ainsi attirer les monstres grâce à des odeurs bizarres), des chambres pour se reposer et activer des bonus si on ne dort pas tout seul (on se croirait dans une émission de télé-réalité :D), etc. Quand les personnages gagnent des niveaux, ils acquièrent des points de compétences à dépenser ensuite pour débloquer et renforcer des capacités spéciales. On peut alors se mettre à chasser dans des endroits spécifiques, récolter de la nourriture et bien plus encore. Les joies du vieillissement sont aussi à prendre en considération.

Vieillir n’est pas forcément une fatalité

Posséder un corps éphémère n’est pas très pratique quand on explore des donjons. Cependant, on peut mettre à profit les effets du temps pour optimiser son équipe. Les clones commencent en étant enfants, donc relativement faibles au combat et ne pouvant pas porter beaucoup d’objets. L’âge adulte est mieux, mais il existe également deux autres stades : l’âge mûr et la vieillesse. Chaque stade du développement possède ses points forts et ses points faibles. On peut aussi acheter des capacités spéciales qui ne s’activent qu’à un certain stade. Il faut donc bien gérer son inventaire, ses ressources et ses points de compétences pour progresser dans l’histoire, ce qui rend Zanki Zero vraiment passionnant.

Le scénario et la mise en scène sont également l’un des points forts du jeu.

Un scénario en béton

Je ne suis pas spécialiste de la série Zero Escape, mais j’aime bien Danganronpa. La collaboration entre Kotaro Uchikoshi et Kazutaka Kodaka donne un scénario palpitant, digne des meilleurs polars. Les fans des deux séries y trouveront leur compte : l’histoire se dévoile petit à petit, laissant planer le doute. Il y a de nombreuses surprises et une ambiance sombre avec un peu d’humour, mais pas comme dans Danganronpa. On n’alterne pas scènes absurdes et séquences gores. Ici, les personnages sont plongés dans une histoire horrible et doivent découvrir s’ils sont manipulés ou non, si le monde a bien été détruit ou pas. Pourquoi un seul d’entre eux ne vieillit jamais ? Quel est le lien entre eux ? Peuvent-ils vraiment se faire confiance ? L’aspect visual novel est très présent, avec de nombreux dialogues qu’on peut zapper, mais ces derniers sont assez agréables à suivre. Parfois, il y a des cinématiques plus ou moins brutales mais marquantes. Le tout est très bien équilibré et entretient le suspens. La musique contribue grandement à l’ambiance en devenant étrange, angoissante ou stressante quand un événement traumatisant va survenir. De même, dans les donjons, on peut entendre les monstres au loin quand ils se déplacent, même si on ne les voit pas dans la pénombre. On sait ainsi qu’un danger est proche, mais on ne sait pas d’où il va venir exactement. Un délice qui n’est néanmoins pas parfait.

Un nouveau jeu excellent, mais perfectible

Zanki Zero: Last Beginning marque les débuts prometteurs de Too Kyo Games et on n’est pas déçu. Mélange de survie, visual novel, action RPG et dungeon crawler, il a de quoi séduire un large public. On apprécie énormément son ambiance sombre et mature mais sans excès. On apprécie en revanche moins l’absence de version française. L’émission Extend TV est une sorte d’hommage aux émissions des années 1950-1960 et donne un côté rétro au jeu, assez comparable à ce qui se fait dans Fallout. Les graphismes rétro de l‘Extend Machine et des ressources contribuent également au charme du jeu, mais sont en décalage avec le reste du jeu. Les écrans fixes sont de toute beauté et le chara design des personnages très bon, tout comme les musiques et bruitages. Le gameplay est original et prenant. Cependant, l’inventaire pose problème, car il déborde très vite. On ne sait pas trop non plus comment dépenser les points de compétences gagnés et le système « Cross-Gene » est assez nébuleux. On est également réticent à utiliser les cliones. Le jeu possède une très bonne durée de vie : 2 h rien que pour le prologue, et les 4 premiers donjons occupent bien une dizaine d’heures au moins. Les fans seront ravis de dénicher des clins d’œil à leurs séries préférées pendant l’exploration. Loin d’être un jeu de survie classique, Zanki Zero: Last Beginning est une merveille de fiction plus ou moins fantastique et sombre qui allie le côté polar de Zero Escape au désespoir de Danganronpa. On ne peut que le conseiller, à condition d’être plutôt à l’aise en anglais.

Points forts :

– Le meilleur de Zero Escape et de Danganronpa
– Très bon mélange de survie, visual novel et dungeon crawler
– On peut accélérer les dialogues
– Difficulté modifiable à tout moment
– Mourir n’est pas une fatalité !
– Ambiance mature et sombre

Points faibles :

– Toujours pas de version française
– Inventaire trop limité
– La nourriture pose problème quand on augmente la difficulté
– Certains aspects du gameplay sont un peu nébuleux
– Il faut aimer le mélange old school et visual novel

La note : 17/20

Éditeur / développeur : Spike Chunsoft
Genre : RPG, visual novel, survie, dungeon crawler
Plateforme : PS4, PC
Date de sortie : 9 avril 2019

 

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