Test : Wasteland 3 (PC)

Malgré des périodes de creux, le genre du CRPG n’a jamais rendu les armes et voilà quelques années qu’il a repris la lumière des projecteurs. InXile vient tenter d’enfoncer le clou avec son dernier bébé.

Lorsqu’un grand jeu sort, on dit souvent qu’il y a un avant et un après, c’est ce qui caractérise les licences mythiques. Wasteland aurait pu être de ces titres, mais le jeu d’origine de 1988 restera comme un rendez-vous manqué avec l’histoire du jeu vidéo. Bien que fort remarqué à l’époque, loué pour son univers et son écriture, il sera totalement éclipsé par un certain Fallout sorti en 1997. Les deux licences ayant été créées par la même personne, Brian Fargo, on pourrait se dire que ce n’est pas bien grave, sauf qu’entre temps Fallout est devenue la propriété d’un certain Bethesda. À la tête de son nouveau studio, InXile, Brian Fargo avait un boulevard pour revenir aux affaires en ressuscitant sa franchise, chose faite en 2014 avec le très chouette Wasteland 2. Maintenant que les jeux Fallout s’enfoncent inexorablement dans un torrent de boue (radioactive), InXile espère bien prendre rendez-vous avec l’histoire et reprendre la main en sortant le troisième épisode de sa série phare. Une tâche peut-être plus difficile qu’il n’y parait.

Rangers du risque

Comme il est de coutume depuis le titre des années 80, il vous sera proposé d’incarner un membre des Rangers, enfin plutôt deux, en l’occurrence. Popularisé par Divinity Original Sin, le principe du duo de héros est repris ici avec une sélection de personnages pré-tirés plutôt intéressants. sans être d’une originalité folle, ces archétypes ne sombrent pas non plus dans les vieux clichés auxquels on a bien trop souvent droit dans le monde du RPG PC et consoles.
Ainsi, vous pourrez incarner au choix :

  • Un couple de jeunes Rangers (certainement le duo le plus efficace en début de partie)
  • Le couple de punks (pas les plus passionnants du lot)
  • Le père et la fille (les mieux écrits, selon moi)
  • Le maître et l’élève (Très polyvalents, intéressant pour les joueurs qui hésitent entre plusieurs duos)
  • Les technophiles (orienté « pacifisme » ils ne collent pas tellement au gameplay général)

Il est bien entendu possible de passer directement à la création de personnage, mais il est plus intéressant de garder ça pour un second run. Toujours est-il que l’outil de création est très complet, nous sommes dans du CRPG pur jus avec les attributs, les compétences de combat, d’exploration ou encore sociales.
Une fois cette étape passée, il est temps de rentrer dans le vif de l’histoire.
Un peu comme dans les épisodes précédents ainsi que les deux premiers Fallout, l’aventure débute sur un objectif assez sommaire qui va finir par déboucher sur une épopée bien plus importante. Partis de leur base d’Arizona, les Rangers se rendent dans le Colorado afin d’obtenir vivres et soutien de la part de la milice locale. Ils vont évidemment se retrouver embarqués dans une lutte de pouvoir. Une introduction classique mais toujours efficace en termes de lancement d’histoire.

Pépère Rangers

Trahissant un peu sa dimension RPG, le jeu s’ouvre sur une succession de combats, faisant office de tutoriel. Une vraie paire de pantoufles pour quiconque aurait déjà joué à un XCOM like. On retrouve donc le classique combo de stratégie en tour par tour avec points d’actions et système de couverture. Le problème des pantoufles, c’est qu’elles sont confortables mais ne permettent pas d’aller bien loin, tout au plus aller chercher le pain au coin de la rue, et c’est exactement ça les limites des combats de Wasteland 3, le bout de la rue. En toute honnêteté, je n’ai rien contre un système basique, à partir du moment où il occupe l’espace autour de ce que le joueur de CRPG vient chercher avant tout, l’histoire. Mais dans le titre d’InXile c’est malheureusement l’inverse qui se passe, au point où, passées 15-20 heures, on redoute chaque affrontement tant l’ennui s’y fait ressentir. Vraiment dommage, car la partie narration se situe plutôt dans le haut du panier.

 

The Lore Ranger

S’il y a bien une chose que maîtrise parfaitement le studio, c’est l’écriture. Que ce soit au travers de sa série des Bard’s Tale ou le récent Tides of Numenéra, les auteurs d’InXile ont prouvé qu’ils connaissaient leur sujet. Ce n’est pas par le fil conducteur du jeu que Wasteland 3 se distingue, mais plutôt par ses rencontres, ses dialogues ciselés, ses choix aux conséquences visibles. Les situations abordées débouchent généralement sur un choix qui conditionnera les lieux explorés après ou les personnages rencontrés, de quoi pousser le amateurs du genre à reprendre une partie du début afin de voir cette zone fermée lors d’une décision hâtive ou ce dialogue manqué. On pourra toujours reprocher ce besoin de couvrir tous les genres d’humour conduisant parfois à des blagues de pets un peu douteuses, mais rien de pénible. La narration est également maîtrisée, car l’aventure est très cadrée, laissant peu de place à l’expérimentation. le titre n’a absolument pas l’ambition d’un Original Sin et n’essaie d’ailleurs pas de se faire passer pour plus gros qu’il n’est. Le studio s’amuse beaucoup de ces Rangers du désert qui se retrouvent paumés dans les neiges du Colorado, un sentiment de dépaysement plutôt bien porté.

Texas Rangé

Peut-être vous souvenez-vous de mon introduction et de mon histoire de grands jeux, d’avant et d’après, de ce rendez-vous manqué de Wasteland avec la légende ; nous y voilà à nouveau. Ce coup-ci, il ne s’agit pas d’un Fallout sorti quelques années plus tard, mais plutôt d’un Disco Elysium paru l’an dernier. Il est indéniable que l’équipe de Brian Fargo a du talent et délivre de vraies bonnes expériences, mais ils ne sont plus les rois de la montagne. Les Estoniens de ZA/UM ont placé la barre si haut qu’il est difficile de passer après, et niveau game system c’est Larian qui mène la danse avec sa franchise Divinity. Alors entendons-nous bien, Wasteland 3 est un RPG solide, bien écrit, mais peut-être un peu trop old school face à la production actuelle. Le fait de ne pas offrir de possibilité de furtivité et de ne proposer que peu de choix de résolutions renforce ce sentiment. À bien des égards, le titre d’InXile rappelle Outer World, avec ces problèmes dont la solution se trouve à un mètre, ne laissant jamais le joueur en quête d’une alternative un peu créative. Par contre, il y a un vrai plaisir dans les rencontres et l’avancée de l’histoire, il sera vraiment intéressant de voir ce que va proposer le studio, maintenant qu’ils ont le portefeuille de Microsoft derrière, de quoi imaginer une aventure beaucoup plus ambitieuse.

Ominae

Points forts :

  • L’écriture de haut niveau
  • Un excellent doublage (VA)
  • Enfin un vrai Fallout
  • Les choix aux conséquences visibles
  • La rejouabilité

Points faibles :

  • Le style visuel plutôt générique
  • Les combats pas bien passionnants 
  • Manque de variété dans les actions possibles

La note : 16/20

Développeur : InXile Entertainment
Éditeur :
InXile Entertainment
Genre :
CRPG, Tactical
Support :
PC, Playstation 4, Xbox One, Linux, MacOS
Date de sortie :
28 août 2020

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