Test : Heaven’s Vault (PC)

Sorti il y a maintenant deux ans, le titre d’Inkle revient avec un portage sur Switch. L’occasion pour Gamingway de s’essayer à cette aventure archéologique originale.

Heaven’s Vault place sa trame dans un monde futuriste où s’affrontent différents courants de pensée, entre philosophie, religion, science et histoire. Aliya, notre protagoniste, archéologue de son état, est chargée par sa mère de retrouver la trace de Janniqi Renba qui n’a plus montré signe de vie alors qu’il semblait avoir fait d’importantes découvertes historiques. Aliya sera accompagnée d’un assistant robotique nommé Six qui servira d’interlocuteur (mais pas que) tout le long de l’aventure.

Enchainements nébulaires

l’aventure va consister à explorer la nébuleuse, berceau de l’ancien Empire et rassembler les pièces du puzzle en se lançant dans la traduction de textes ou bouts de textes disséminés un peu partout. Tout le gameplay de Heaven’s Vault repose sur une mécanique originale de traduction d’écrits antiques ; véritable tour de force d’Inkle Studio qui a créé une langue cohérente (règles de grammaire comprises) dont il va falloir percer les mystères afin d’aller au bout de l’aventure. Loin des jeux d’enquête simplistes, le titre demande une bonne dose d’esprit de déduction, car la langue, très orientale dans sa forme, ne présente pas de balises particulières ou de ponctuation occidentale comme indice. Il faudra identifier des mots disposés sur ou proches d’objets simples avant de les replacer dans une phrase pour séparer les groupes et ainsi tenter de trouver un sens. Le périple d’Aliya va ainsi s’articuler sur la collecte d’indices, d’échanges avec les divers autochtones de la nébuleuse et un bonne part de réflexion. Heureusement, si au début on nage en plein flou, tentant de se raccrocher au contexte pour traduire certaines phrases, les lieux et objets permettront de comprendre un peu plus facilement le fonctionnement de ce langage inconnu. L’interface elle-même nous aide afin de ne pas avoir à tenir à jour un carnet de 80 pages à côté du clavier, le personnage principal finissant par orienter nos choix afin de nous aider à y voir plus clair.

Je dessine à l’encre vide un désert

Si le cœur de Heaven’s Vault est cette quête archéologique, une forte emphase est également mise sur le voyage et la découverte. Un périple à la fois concret, consistant à explorer les différents mondes de la nébuleuse, mais aussi temporel au travers des différents artefacts ou écrits qui nous renvoient à des périodes historiques symbolisées sur une frise chronologique qui nous accompagnera tout le long de l’aventure. Vous passerez une bonne partie de votre temps de jeu à naviguer sur votre embarcation céleste entre les différentes destinations, à la recherche des points d’intérêt, clairement pas la meilleure idée du titre, malgré une certaine originalité. Vous dirigez votre vaisseau-bateau sur des courants spatiaux en prenant garde de ne pas rater les divers embranchements, scrutant la possible destination tout en dialoguant avec votre compagnon synthétique. Un peu rébarbatif à la longue, mais surtout beaucoup trop punitif, une direction ratée nous renvoyant au début de la séquence. Néanmoins, bien que maladroite, cette mécanique permet d’apporter un peu plus de « jeu » classique dans une expérience essentiellement narrative.

Beauté intérieure

Au travers de sa narration originale et maitrisée, Heaven’s Vault se révèle être une expérience que l’on oublie pas. Écrit de façon absolument magistrale, le titre d’Inkle donne une leçon à la plupart de ces jeux qui se veulent axés sur l’histoire et ne racontent bien souvent pas grand-chose. Une aventure inoubliable qui, malheureusement, peut se trouver plombée par sa technique d’un autre temps. Ainsi, si la direction artistique est assez inégale, tout ce qui concerne l’animation risque d’effrayer plus d’un joueur. Il aurait peut-être été plus pertinent d’adopter un style visual novel plutôt que de partir sur ce mélange de 3D datée et d’animations ridiculement rigides. C’est d’autant plus dommage que ces phases de balade n’apportent rien au gameplay et, de la même façon que les séquences de navigation, semblent être uniquement là pour donner des airs de « jeu vidéo ». Maintenant, si vous arrivez à passer au-delà des apparences, vous découvrirez une histoire aussi profonde que passionnante, le tout accompagné d’une sublime OST. Il faut également ajouter que le titre est uniquement disponible en anglais et sans être aussi complexe qu’un Disco Elysium, celui-ci demande un minimum de maitrise de la langue pour être apprécié à 100%.
Loin d’être parfait, certes, Heaven’s Vault ouvre néanmoins une voie nouvelle dans le genre du jeu d’aventure et cela est fort excitant quand on pense aux futurs travaux du studio.

Ominae

Points forts :

  • L’originalité du concept
  • Le gameplay linguistique
  • L’OST
  • L’excellence de la narration
  • Le doublage

Points faibles :

  • Techniquement daté
  • Les phases de voyage pas passionnantes et pénibles à la longue
  • Uniquement en anglais

La note : 17/20

Développeur : Inkle
Éditeur :
Inkle
Genre :
Aventure narrative, point and click
Support :
PC, Nintendo Switch, PS4
Date de sortie :
16 avril 2019 (janvier 2021 sur Switch)

Si le test a été réalisé sur la version Steam, les screens choisis proviennent de la version Switch.

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