Test : Wario Ware Gold (3DS)

Annoncé par surprise lors d’un Nintendo Direct en mars dernier, Wario Ware Gold est le (déjà) huitième épisode de la série de micro-jeux débutée en 2003 sur Game Boy Advance, et l’un des derniers jeux inédits à alimenter le catalogue de la vieillissante 3DS.
Derrière le sous-titre Gold (ou Gorgeous au Japon) se cache en réalité un best-of reprenant un peu plus de 300 des meilleurs jeux de la série, où il faudra appuyer sur les boutons, bouger la console, toucher l’écran tactile et souffler sur le micro.

Épisode ultime ou déclinaison opportuniste ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.

Il est l’or, mon seignor

Comme à chaque nouvel épisode, l’histoire n’est qu’un prétexte au déroulement d’épreuves toutes plus débiles les unes que les autres, et les intrigues propres à chaque personnage ne sont pas vraiment liées entre elles. Cette fois-ci, Wario se rendant compte que son frigo est vide, décide d’élaborer un stratagème pour alimenter grassement son compte en banque.
Il décide donc de créer un tournoi de jeux vidéo à Diamant Ville, dont l’inscription coûte 10 000 pièces d’or et où le grand gagnant en empochera 10 millions !
Après s’être acquitté des frais d’inscription, on accède à la Coupe Wario, découpée en différentes ligues : pousse-pousse, touche-touche et gyro-gyro, chacune correspondant à un style de jeu spécifique.

 

Auparavant, chaque nouvel épisode de Wario Ware correspondait à l’introduction d’une nouvelle mécanique de jeu. L’excellent Twisted (jamais sorti en Europe) permettait de jouer avec le gyroscope grâce à sa cartouche spéciale, Touched faisait un excellent usage de l’écran tactile de la DS, Smooth Moves faisait la part belle à la détection de mouvement et au pointage infrarouge de la Wiimote, Snapped utilisait la caméra de la DSi et Game & Wario tentait maladroitement de nous convaincre de l’intérêt du gameplay asymétrique du Gamepad de la Wii U.
Do it Yourself sur DS faisait exception à la règle et reprenait la structure de Touched et le gameplay de Touched, mais tout l’intérêt du titre reposait sur son mode création, permettant de concevoir soi-même ses propres micro-jeux, graphismes et bruitages inclus.

Le concept de base de Wario Ware est d’enchaîner une succession de micro-jeux durant moins de 5 secondes chacun. Durant ce laps de temps très court, il faut comprendre l’objectif à l’aide des indications sommaires apparaissant sur l’écran supérieur (découper, taper, relier, pousser, sauter, écraser, compter, tourner, séparer, etc.) si l’on ne veut pas perdre une de nos 4 vies.

La difficulté et la vitesse des micro-jeux augmentent progressivement, jusqu’au boss qui lui n’est en général pas chronométré, mais propose un gameplay un peu plus complexe. En le battant, on gagne une vie et on repart de plus belle pour enchaîner des micro-jeux toujours plus difficiles, jusqu’à ce que l’on ait perdu toutes ses vies.

Dans le mode histoire, chaque ligue de la coupe Wario reprend un style de jeu issu d’un ancien épisode.
La ligue pousse-pousse se joue uniquement à l’aide de la croix directionnelle et du bouton A, le gameplay classique des épisodes GBA et GameCube.
La ligue touche-touche utilise l’écran tactile, comme dans l’épisode Touched.
Pour la ligue gyro-gyro, il faut bouger la console (et parfois utiliser le bouton A), comme avec les épisodes Smooth Moves et Twisted, mais sans les vibrations.

Chaque ligue est découpée en chapitres, chaque chapitre narrant les pérégrinations d’un des habitants de Diamant Ville (Ashley, Dr Crygor, 9-Volt, etc.) et propose des jeux ayant un thème particulier (vie quotidienne, sport, etc).
Comme à l’accoutumée, les jeux de 9-volt, 5-volt et 18-volt rendent hommage de manière magistrale aux jeux et jouets de Nintendo de la fin du 19e siècle à aujourd’hui. De Mario à Pikmin, en passant par les cartes à jouer Hanafuda et R.O.B le robot.
Lisez L’Histoire de Nintendo par Florent Gorges si le sujet vous intéresse, vous ne le regretterez pas !

Après avoir battu les 3 ligues principales, on débloque les ligues Ultra, qui mélangent les 3 modes de jeu précédents (bouton, tactile et gyroscope) avec une indication du mode, juste avant le début du micro-jeu.
C’est assez mal fichu en pratique de devoir passer d’un mode de jeu gyroscope ou boutons au mode tactile en une poignée de secondes, car on doit alors jongler avec le stylet ou tout bonnement s’en passer et utiliser son doigt, ce qui nous fait perdre en précision.

 

Gold in the air of summer

Pour la première fois dans la série, tous les personnages sont doublés, ce qui peut être assez surprenant de prime abord, mais on finit vite par s’y habituer. On retrouve des voix connues dans le doublage français, notamment Martial Le Minoux (Clank, Pey’j), Geneviève Doang (Ciri, Lunafreya) ou encore Donald Reignoux (Titeuf, Spider-Man).
La voix de Wario en français est malheureusement assez irritante et on est loin du panache de Charles Martinet l’ayant doublé jusqu’à présent dans les jeux Super Mario.

À la manière d’un Super Smash Bros, le jeu regorge de bonus en tout genre dans une section intitulée « Souvenirs » en prenant la forme d’un musée à la gloire de Nintendo.
À l’aide des pièces que l’on gagne en finissant des mini-jeux, on peut acheter pour 600 pièces d’or par unité des récompenses avec la machine à gashapons : musiques, cartes de personnages, consoles et jouets mythiques de l’histoire de Nintendo, agrémentés de descriptions ou encore des mini-jeux complets.
Il est même possible de doubler soi-même les cinématiques en remplaçant les voix des protagonistes par la sienne, ce qui est amusant sur le papier, mais anecdotique en pratique.

Les amiibo, quant à eux, peuvent être scannés et reproduits très grossièrement sous forme de tableaux par Wario, puis revendus contre des pièces.

  

Une fois terminé le très bref mode histoire, on peut bien évidemment reprendre chacun des chapitres pour tenter de faire le meilleur score, débloquer tous les mini-jeux et gagner des pièces sonnantes et trébuchantes.
L’onglet « missions », comparable à un système de trophées ou de succès, vous récompense en pièces pour avoir accompli l’un des 150 objectifs (dépasser 50 micro-jeux d’affilée, débloquer tous les micro-jeux d’un personnage, etc.).

Mais le vrai plat de résistance est le mode défi qui propose de s’adonner aux micro-jeux avec des twists particuliers, une fois que l’on a terminé le mode histoire. Au total, 9 modes de jeu additionnels sont présents dans ce mode défi.
Le challenge chronomètre, comme son nom l’indique, nous propose de jouer aux micro-jeux en tentant de les terminer le plus rapidement possible et non plus seulement de les réussir, la partie se termine lorsque le compteur de temps atteint zéro. Plus vite on finit un micro-jeu, plus le nombre de secondes ajouté au chrono sera important.
Gamer Furtif, mode de jeu repris de Game & Wario sur Wii U, nous permet de jouer dans la peau de 9-Volt qui joue à la console portable dans son lit, alors qu’il est l’heure de se coucher, et il faut presser simultanément L et R pour mettre les micro-jeux en pause, afin de faire semblant de dormir et éviter le courroux de sa mère. Attention toutefois à ne pas rester caché trop longtemps, car si la jauge de fatigue est remplie intégralement, 9-Volt s’endort et c’est la fin de la partie. Ce mode de jeu très amusant nous oblige à regarder constamment les deux écrans et à conserver une attention de tous les instants, la mère de 9-Volt aimant bien nous feinter.
Il existe également un mode où l’on ne dispose que d’une seule vie au lieu de 4, un mode où les jeux sont d’emblée en difficulté maximale et un autre où les micro-jeux ont leur vitesse au maximum.
Dans un autre challenge, on ne nous indique pas si le jeu est de la ligue pousse-pousse, gyro-gyro ou touche-touche, et il faudra donc le deviner lorsque l’épreuve apparaît. Il est donc recommandé de bien connaître par cœur les 300 micro-jeux avant de s’y frotter.
Dans un mode dédié, Wario peut tenter de vous mettre des bâtons dans les roues en inversant l’image à l’écran à 180° (vous obligeant à tourner la console), en salissant votre écran avec de la peinture, ou encore en le cachant avec plusieurs exemplaires de sa tête. Il faudra donc, alors même que vous accomplissez les objectifs des micro-jeux, frotter l’écran tactile pour enlever la peinture ou appuyer sur les flèches directionnelles affichées pour se débarrasser des têtes volantes de Wario. Une fois une certaine jauge remplie, on peut annuler instantanément un de ces malus.

  

Le plus gros défaut de cet épisode est qu’il n’est qu’un épisode best-of. Si le chiffre de 300 micro-jeux peut paraître important sur le papier, le fait est que comme on les termine en une poignée de secondes, on en fait très vite le tour et on termine le mode scénario en à peine deux heures.
Bien sûr, lorsque l’on lance un chapitre pour aller le plus loin possible, la vingtaine de micro-jeux qui revient en boucle possèdera à chaque fois de nombreuses variantes, à chaque fois plus difficiles, mais on en fait très vite le tour.
Wario Ware a toujours été une série adaptée à de petites sessions, qu’on picore sur des courts trajets ou entre amis, mais force est de constater que le contenu proposé est ici bien maigre, surtout pour une telle compilation. On aurait pu en espérer sans doute davantage, avec pourquoi pas, imaginer retrouver l’intégralité de tous les micro-jeux conçus jusqu’à présent.
Comme dit plus haut, jusqu’à présent, chaque nouvel épisode de Wario Ware ne se justifiait que s’il accompagnait une nouvelle façon de jouer. Le pot-pourri présenté ici ne propose que très peu de micro-jeux inédits, et sans l’aspect nouveautés, l’intérêt du titre prend un sacré choc.
C’est toujours très fun de se prêter à ces mécaniques simples dans des situations toutes plus débiles les unes que les autres, mais comme on connaît déjà quasiment tous les jeux depuis de nombreuses années, un certain sentiment de lassitude s’installe assez vite. Il n’y a plus d’effet whaou, comme c’était le cas lorsque l’on a découvert l’écran tactile de la DS ou la Wiimote (aka le bâton de style).

Il est en outre extrêmement dommage que cette version Gold ne propose pas de jouer à plusieurs avec une seule cartouche, alors que c’était une option absolument géniale sur énormément de jeux multi joueurs sur DS et 3DS. En outre, seul le mode défi est jouable à plusieurs.
Alors que la 3DS est en fin de vie, il est fortement improbable que vous tombiez par hasard sur un ami qui ait sur lui une 3DS plutôt qu’une Switch dans son sac à dos, ainsi qu’un exemplaire du jeu.

 

Wario de Janeiro

Wario Ware Gold est tout aussi barré et amusant que les anciens jeux de la série, mais c’est malgré tout un épisode assez décevant.
Il n’apporte aucune nouvelle façon de jouer, alors que c’était une tradition dans la série, la 3D stéréoscopique est aux abonnés absents, l’impossibilité de jouer à 2 avec une seule cartouche est difficilement compréhensible et le contenu est assez chiche.
On fait très vite le tour de cet épisode, et si vous avez déjà joué aux précédents Wario Ware, alors vous connaissez déjà quasiment la totalité des micro-jeux, le nombre d’épreuves inédites étant extrêmement réduit. Rhythm Paradise Megamix qui était lui aussi un épisode Best-Of était quant à lui bien mieux fini, mieux pensé et bien plus généreux. C’est très dommage de voir que cette mouture Gold n’offre que le strict minimum et laisse un amer goût de déjà-vu dans la bouche. Il fallait soit proposer bien plus que 300 micro-jeux, soit proposer plus d’inédits, soit renouveler la formule en profondeur.
Heureusement que le mode défi, les missions et la partie Souvenirs viennent booster un tant soit peu la durée de vie.

Espérons donc qu’une hypothétique future version Switch puisse de nouveau nous surprendre, avec des façons de jouer originales et des micro-jeux innovants. Les Joycons offrent d’innombrables possibilités grâce à l’emploi du HD Rumble, du partage d’une manette avec un ami (pourquoi pas des micro-jeux en coop ?) ou encore du capteur infrarouge pouvant détecter des formes simples.
Je ne suis pas non plus contre l’idée d’un épisode sur smartphones. L’écran tactile, le gyroscope et l’appareil photo étant présents sur tous les modèles de série, il ne manquerait plus que l’ingéniosité des développeurs pour en faire un grand épisode, jouable n’importe où avec ses amis. 

Falcon

Points forts

  • La folie et le fun de Wario Ware
  • Le meilleur des micro-jeux de la série
  • La variété des gameplay (boutons, tactile, gyro, souffle)
  • Les jeux rendant hommage à Nintendo
  • Le mode défi vraiment bien pensé
  • La section bonus bien fournie

Points faibles

  • Très peu de jeux inédits
  • Qualité des doublages assez inégale (Wario)
  • Histoire anecdotique (mais on s’en doutait)
  • Pas de 3D stéréoscopique
  • Pas de multi à une cartouche
  • Où est Waluigi ?

La note : 15/20

Développeur : Nintendo EPD / Intelligent Systems
Éditeur : Nintendo
Genre : Micro-jeux / party-game
Support : 3DS
Date de sortie : 27 juillet 2018

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