Test : Kunitsu-Gami: Path of the Goddess (PS5)

Capcom nous raconte un nouveau conte des Kami dans Kunitsu-Gami: Path of the Goddess. Ce nouveau jeu mélange action et réflexion, mais saura-t-il charmer les joueurs ? La réponse, sans tarder.

Une montagne gangrénée par la corruption

Yoshiro est une jeune prêtresse douée de pouvoirs mystiques qui vit au mont Kafuku. Sa montagne autrefois si paisible est devenue corrompue : les villages et les terres sont dévastés et les habitants prisonniers dans des cocons. Chaque nuit, des Ikoku sortent des Torii corrompus et attaquent tout ce qui bouge. Aidée de Soh, un guerrier qui maîtrise une danse martiale impitoyable envers les démons, Yoshiro compte bien descendre la montagne pour annihiler la source de cette corruption, tout en purifiant tout sur son chemin.

Kunitsu-Gami: Path of the Goddess reprend les codes des histoires de démons japonais. Le mont Kafuku est splendide, plutôt réaliste. On se retrouve plongé en plein XIXe siècle dans un coin du Japon plutôt isolé mais tellement traditionnel ! On pense souvent à Demon Slayer quand on joue, tant les deux jeux reprennent les mêmes codes. On retrouve les Torii, ces portes traditionnelles rouges à l’entrée des temples shintoïstes, les tenues typiques, les musiques, les danses et un bestiaire de démons plutôt bien fourni ! Purifier la montagne ne sera pas chose aisée !

Soh s’active de jour comme de nuit

Les Ikoku ne sortent que la nuit. Le jour, Soh en profite pour se préparer : purifier les lieux corrompus, libérer les villageois, réparer les infrastructures, chercher des trésors, purifier les animaux… Il y a de quoi faire, surtout que le temps passe plutôt vite ! De jour, on inspecte la carte afin de trouver le meilleur chemin pour Yoshiro, on planifie ses déplacements et ses défenses tout en lui traçant une voie spirituelle vers le torii à purifier. Mais Yoshiro doit pratiquer une danse cérémonielle kagura pour purifier les lieux, ce qui l’oblige à se déplacer lentement. Le joueur doit en tenir compte et trouver où arrêter Yoshiro avant la tombée de la nuit pour la défendre efficacement. En effet, la voie spirituelle est trop longue pour être parcourue en une journée, obligeant le joueur à réfléchir avant d’agir.

Quand la nuit tombe, les Ikoku sortent des torii corrompus et Yoshiro reste statique. Il peut y avoir plusieurs torii dans un même niveau et les démons ne suivent pas forcément tous le même chemin, même s’ils sortent du même portail. Mais ils veulent tous s’en prendre à Yoshiro. Si ses points de vie tombent à 0, la partie est finie ! Alors que si les points de vie de Soh tombent à 0, il devient un fantôme pendant quelques instants puis revient en jeu, ce qui est moins punitif. Il faut donc assigner des métiers aux villageois qu’on a sauvés pour qu’ils viennent protéger la prêtresse. Il y en a pour tous les goûts : bûcheron, archer, voleur, sumo, shamane, ascète… Chaque métier a ses avantages et ses inconvénients : l’archer est efficace à distance ou contre les créatures volantes, le bûcheron est efficace au corps-à-corps uniquement, le sumo est un spécialiste du combat rapproché mais coûte très cher, l’ascète utilise ses pouvoirs mystiques pour immobiliser les démons, la shaman soigne les villageois proches d’elle, etc. Chaque métier dispose également d’un petit arbre de compétences pour devenir plus performant au fil de la partie. Mais améliorer un métier nécessite des musubi, qu’on trouve cachés dans les niveaux ou qu’on obtient en récompense de missions. Éliminer des démons et purifier la corruption ou les animaux permet de récupérer des cristaux qu’on peut ensuite dépenser en assignant des métiers ou en traçant la voie spirituelle. On peut changer de métier autant de fois qu’on veut, tant qu’on a des cristaux.

Les Ikoku déferlent par vagues successives, chaque vague devenant plus dangereuse que les précédentes. Il y a des démons volants, des démons qui tirent à distance, des démons qui maudissent Soh, ce qui l’empêche de soigner ou de donner des ordres, des démons qui explosent, d’autres qui sont très résistants ou forts… Il faut constamment se déplacer pour éliminer la menace la plus terrible avant qu’elle n’atteigne Yoshiro. Il faut aussi donner des ordres aux villageois, comme attaquer tous le même ennemi ou se regrouper autour de Yoshiro. On peut également les replacer à volonté, afin de tirer parti des avantages du terrain : on peut placer les archers sur des plateformes pour améliorer leur efficacité ou mettre les bûcherons dans des zones qui augmentent leur force. Il y a une bonne dose de stratégie dans ce jeu et il faut bien connaître les niveaux pour les terminer car ils nous réservent parfois quelques surprises.

Des bases à réparer, des boss à exterminer

En plus de purifier les niveaux, Soh et son équipe doivent aussi réparer des bases. Ce sont les villages qu’on a pu sauver qu’il faut reconstruire afin de gagner des musubi ou de débloquer des bonus. Pour réparer une structure, il faut assigner un certain nombre de villageois à la reconstruction pour finir le nombre de niveaux requis pour achever les travaux. Cela augmente la rejouabilité du jeu, même si pour accélérer les choses on va plutôt se concentrer sur le premier boss, qui n’est vraiment pas long à battre ! On peut également refaire les niveaux à volonté, surtout pour réussir les missions annexes qui deviennent de plus en plus difficiles. Si la difficulté du jeu est unique, c’est un moyen de contenter tout le monde en proposant du contenu plus difficile sans frustrer ceux qui veulent juste suivre l’histoire.

Si le jeu sauvegarde automatiquement, on peut également faire des sauvegardes manuelles dans les bases, sous la tente de Yoshiro. C’est également là qu’on peut modifier l’équipement, débloquer les compétences des métiers et contempler les bonus qu’on a débloqués. On a aussi l’occasion de regarder Yoshiro manger les desserts qu’on a trouvés ! Bon là, j’avoue, j’ignore l’idée derrière cette fonctionnalité à part qu’elle me fait un peu penser à la cérémonie du thé.

Régulièrement, on doit affronter des démons plus terrifiants dans une arène unique. Ces combats nécessitent une bonne préparation et oblige le joueur à débloquer régulièrement les améliorations des métiers. Heureusement, on peut revenir à tout moment sur ces choix pour tester d’autres possibilités ! Chaque boss laisse tomber un masque après sa défaite, ce qui débloque de nouveaux métiers, étoffant la palette de compétences des villageois. En revanche, l’évolution de Soh est plus limitée.

Un Soh qui bride son évolution

Le guerrier Soh dispose de combos variés et assez faciles à réaliser, en n’utilisant que les touches croix et triangle. Pour esquiver, il faut utiliser la touche L3, ce qui n’est pas très intuitif, mais on finit par s’y habituer. À la manière d’un Monster Hunter, Soh ne pourra évoluer que grâce à son équipement : en avançant dans le jeu, on peut équiper jusqu’à 5 talismans différents pour Soh et 3 gardes pour son arme. On découvre une multitude d’équipements dans le jeu, avec des effets très différents : augmenter la vie de Soh, augmenter son attaque, rendre les villageois plus puissants mais diminuer celle de Soh, faciliter la purification des animaux, etc. Certaines pièces ne semblent destinées qu’à réussir certaines quêtes annexes, tandis que d’autres plus puissantes confèrent aussi des malus qu’il faut tenter de neutraliser avec d’autres pièces, si on peut !

Plus tard dans le jeu, on peut débloquer de nouvelles compétences pour Soh en dépensant des musubi. Ces compétences renfoncent essentiellement la danse martiale de Soh en ajoutant des effets supplémentaires aux combos. On peut ainsi adapter les attaques à son style de jeu, mais cela coûte cher si on souhaite tout débloquer ! Il faut aussi choisir entre débloquer les compétences de Soh et celles des villageois.

Les gardes pour l’arme servent uniquement à modifier son attaque spéciale. Quand la jauge est remplie, on l’active avec R2. Les attaques spéciales sont puissantes mais se rechargent lentement et ont des effets très différents. Là encore, la stratégie intervient : quelle attaque spéciale équiper, quand l’utiliser, etc. Mais ces modifications ne vont pas aussi loin qu’on le souhaiterait et ne sont pas l’équivalent d’un set d’armure de Monster Hunter, ce qui est dommage !

Une direction artistique mémorable

Le charme de Kunitsu-Gami: Path of the Goddess vient de sa direction artistique, tout comme pour Okami. D’ailleurs, dès la sortie du jeu, une collaboration avec ce dernier a été proposée aux joueurs : on peut changer l’arme de Soh, sa tenue et celle de Yoshiro, ainsi que jouer la musique d’Okami dans les niveaux.

Graphiquement, le jeu est vraiment très beau et fluide. La palette de couleurs est colorée, chatoyante et aussi très réaliste. Les animaux (chiens, chats, serpents, cerfs, vaches, etc.) sont très bien modélisés et adorables. On peut même interagir avec eux et voir des petites animations parfois tendres. D’ailleurs, on remarque que ces animaux sont en lien avec le zodiac asiatique. Les villageois sont aussi impeccables, tout comme Soh et Yoshiro. Le tout est très correctement animé dans un univers assez bien détaillé. La corruption est magnifiquement représentée, comme on peut le voir dans les animés, et confère au jeu une ambiance un peu sombre à la Resident Evil qui disparaît dès qu’on purifie les zones. Mais c’est surtout l’ambiance sonore qui est excellente : les musiques collent bien au jeu et à la culture japonaise, Yoshiro et les villageois dansent impeccablement mais ne parlent pas. L’histoire est juste racontée en préambule de chaque niveau et les cinématiques montrent juste les environnements et les démons, mais sans dialogue. Yoshiro ne fait qu’appeler à l’aide de façon un peu sinistre quand des Ikoku s’approchent trop près la nuit et c’est tout. On n’est pas dans une narration à la Final Fantasy : l’histoire est racontée de façon minimaliste, comme les contes de notre enfance. Néanmoins, cela fait aussi le charme du jeu.

Capcom sait encore nous surprendre

Kunitsu-Gami: Path of the Goddess est un jeu enchanteur. Son concept qui mélange action et réflexion est intéressant et prenant. Les métiers sont bien trouvés et même si certains paraissent moins utiles que d’autres, cela dépend surtout de la façon dont on joue. On apprécie de pouvoir annuler à tout moment les compétences débloquées afin de pouvoir en débloquer d’autres ailleurs. Soh est facile à prendre en main, mais son évolution est plutôt limitée, ce qui est dommage. La rejouabilité est grande, surtout si on cherche à reconstruire toutes les bases et à réussir toutes les missions annexes. Il y a 17 niveaux et 10 boss bien mis en scène et très différents. D’ailleurs, Capcom a pensé à varier le gameplay : par exemple, il y a un niveau complet où Soh est un esprit en permanence, ce qui oblige à n’utiliser que les villageois pour réussir ! Dans un autre, des marais empoisonnés entravent la progression. En revanche, l’absence de narration pourrait déconcerter certains joueurs, tout comme la difficulté unique. Néanmoins, ce jeu fait vraiment du bien !

Kunitsu-Gami: Path of the Goddess est un jeu d’action/stratégie très agréable à jouer comme à regarder. Un véritable vent de fraîcheur qui s’inspire de la culture traditionnelle japonaise tout en respectant les codes des contes de notre enfance. Un mélange plaisant auquel on ne s’attendait pas, mais on en redemande !

Enguy

Points forts :

– Une direction artistique éblouissante
– Un mélange d’action et de stratégie bien pensé
– Des combos faciles à sortir
– Nombreux éléments à débloquer

Points faibles :

– Difficulté unique
– Peu de narration
– Évolution de Soh et des villageois un peu limitée

LA NOTE : 17/20

Éditeur / Développeur : Capcom
Genre : stratégie, action, RPG
Support : PC, PS4, PS5, XBOX Series S/X
Date de sortie : 5 juillet 2024

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