Test : Okami HD (Xbox One)

Depuis quelques temps, il est devenu courant de voir ressortir les titres cultes en version HD afin de les faire découvrir à de nouveaux joueurs ou tout simplement les faire racheter aux fans. C’est au tour d’Okami de subir son petit lifting et de débarquer sur nos machines de dernière génération.

Critiquer le portage d’un ancien jeu sur les machines modernes est toujours un exercice délicat. Faut-il uniquement se laisser porter par la nostalgie, tenir compte des limitations de l’époque ou doit-on placer le titre face aux jeux actuels et le juger sur de nouvelles bases ? Okami HD illustre parfaitement cette problématique, un jeu culte sorti il y a maintenant dix ans, bénéficiant d’une cote de sympathie qui n’a jamais cessé de monter et qui ressort aujourd’hui sur les machines les plus récentes.
Pour les quelques joueurs qui ignorent encore de quoi il est question, une petite mise à jour s’impose.

Kamiyaligraphie

Okami, c’est avant tout l’histoire d’un projet expérimental qui semblait bien parti pour mourir étouffé dans l’œuf. Kamiya Hideki (Resident Evil, Devil May Cry, Bayonetta) avait imaginé une espèce d’ode à la nature habillée d’une esthétique calligraphique ; une idée extrêmement séduisante, mais restée plusieurs semaines sans vraie direction, jusqu’à ce que le producteur Inaba Atsushi reprenne les rênes du projet afin d’en sortir une oeuvre au gameplay original. Né des contes et légendes japonais, Okami nous narre l’histoire d’Amaterasu, déesse du soleil, réincarnée sous la forme d’un loup blanc afin de libérer le monde des ténèbres. Dans sa quête, elle devra récupérer les pouvoirs de quinze divinités, les techniques du pinceau céleste. Ces différents pouvoirs lui permettront de rendre vie aux choses, de libérer certains accès ou même de se battre contre les sbires de Yamata no orochi, le dragon à huit têtes.

 

Colore le monde

Dire que le gameplay de Okami est original est un euphémisme, riche pour certains et complètement foutraque pour d’autres, il faut reconnaître qu’il divise.
Les diverses mécaniques de jeu se mêlent de façon plus ou moins fluides, passant du beat them all à l’aventure à la Ocarina of Time. Une ressemblance avec le jeu de Nintendo qui le poursuit depuis sa sortie et a tendance à éclipser un peu son identité propre. C’est au travers de l’utilisation du pinceau céleste que le titre va vraiment se distinguer, une mécanique réellement intelligente offrant un bon nombre de possibilités. Le game system repose sur une base assez classique, on suit une quête qui va nous amener à rencontrer une divinité nous donnant un nouveau pouvoir qui servira à progresser plus avant, une espèce de long tutoriel nous permettant de maîtriser les différents pouvoirs (au nombre d’une vingtaine, sans compter leurs divers niveaux).
Si la façon de les réaliser ne nécessite pas une grande précision ni une bonne mémoire, il vous faudra néanmoins les assimiler afin de résoudre les petites énigmes parsemées au sein des divers environnements.
La partie beat them all, un peu plus classique, rappelle les Devil may cry ou autre Bayonetta avec des mini zones de combat créées lors de l’apparition d’adversaires. Les ennemis seront de plus en plus complexes à battre, mais le jeu lissera la difficulté pour que le joueur ait le temps d’assimiler les différents patterns. Okami est un magnifique exemple d’apprentissage progressif, un modèle qui n’a pas à rougir devant les meilleures productions de Nintendo.
L’exploration sera en grande partie influencée par l’utilisation des pouvoirs et des quêtes ; créer un pont ou un outil afin d’atteindre un lieu théoriquement inaccessible ou débloquer un dialogue. Les objets que l’on pourra trouver ou acheter chez le marchand permettront, quant à eux, d’améliorer les pouvoirs et capacités d’Amaterasu.

 

Peinture en haute définition

Tout ceci est évidemment très résumé, mais je sais que la grande majorité de ceux qui lisent ces lignes connaissent déjà le jeu sur le bout des doigts (ou du pinceau) et s’intéressent surtout aux apports de ce nouveau portage. Quand on y réfléchit, le jeu n’a « que » dix ans et beaucoup possèdent toujours les machines qui l’on vu fleurir (PS2 et Wii), sans compter que le titre est également ressorti sur PS3 en 2012. Le réel argument de vente justifiant cette itération est clairement l’ajout de la HD, les fps, eux, restant malheureusement bloqués à 30, quelle que soit la version (PC compris). Il est également possible de modifier le niveau de filtre des graphismes dans les menus, mais sans observer de changement majeur, le jeu étant déjà extrêmement lissé en 1080p. Par contre, la 4K ravira les possesseurs de PS4 Pro et Xbox One X.
Le style graphique reposant sur le cel-shading, le passage à la HD offre très certainement un rendu bien plus proche de ce que devait viser Kamiya, une vraie estampe animée. Le reproche que je pourrais faire au procédé est qu’il donne une espèce de rendu visuel pouvant se révéler désagréable à l’œil durant les premières minutes de la partie. Une fois habitué, tout se déroule bien, mais selon les personnes, l’adaptation peut se révéler plus longue. Maintenant, il ne s’agit en aucun cas d’un souci qu’un bon réglage de l’écran ne puisse atténuer.

 

Des histoires de vieux pots et de meilleures soupes

Alors au final, que vaut cet Okami HD ? Objectivement, il vaut ce qu’il valait à l’époque, comprendre que si vous l’aviez aimé, vous aimerez encore plus cette version qui est l’adaptation ultime (jusqu’à la prochaine, s’entend). On pourra toujours lui reprocher un manque d’ajouts majeurs ou l’absence des sacro-saints 60 fps, mais il n’en demeure pas moins que le titre tire largement bénéfice des améliorations de ce portage.
Maintenant, pour un joueur qui ne l’aurait pas connu à l’époque, la sensation risque d’être un poil plus contrastée, les légers défauts de 2007 paraissant bien plus pénibles en 2018. Ainsi, le long tutoriel, les nombreux dialogues impossibles à accélérer, les voix « yaourt » et le gameplay totalement haché risquent d’en dérouter plus d’un. Cette réédition semble surtout s’adresser aux fans heureux de posséder une version adaptée à leurs machines plus récentes et à ceux qui souhaitent découvrir un jeu considéré comme culte.
Si vous appartenez à l’une de ces catégories, foncez sans hésiter. Pour les autres, je dirais que c’est un beau voyage onirique qui mérite vraiment d’être vécu.

Ominae

Points forts :

  • Une direction artistique inoubliable
  • L’originalité du pinceau céleste
  • Les personnages
  • Le plaisir de la découverte

Point faibles :

  • Nécessite un temps d’adaptation visuelle
  • Les voix insupportables
  • Les dialogues impossibles à accélérer
  • Il manque 30 fps

La note : 18/20

Développeur : Capcom
Éditeur :
Capcom
Genre :
action, aventure, calligraphie
Support :
 PS4, Xbox One, PC 
Date de sortie :
 12 décembre 2017

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