Telle une mariée increvable dans un Tarantino, la 3DS a été enterrée trop tôt. On la croyait morte, reposant en paix dans un tiroir poussiéreux auprès de ses grandes sœurs, mais en fait… elle était en veille, guettant une occasion de sortir de sa torpeur pour remettre le jeu vidéo sur double écran au goût du jour.

Cette occasion est arrivée ce mois-ci, avec l’arrivée de Kirby : Au fil de la grande aventure, une version portable de ce jeu de plateforme tout de laine vêtu, sorti sur Wii en 2010 et sur Wii U en 2015. Au programme de ce test : quelques nouveautés, beaucoup de sucre et un peu de sel.

Matériaux recyclables ?

Comme toute entreprise de jeux vidéo… *passe un coup de chiffon sur sa 3DS qui était très poussiéreuse*
… Comme toute entreprise de jeux vidéo, Nintendo a ses fans dévoués et ses détracteurs. Et dans le cercle des pessimistes, il se murmure depuis quelques décennies maintenant que « Nintendo, bah y font toujours la même chose, de toute façon ».
S’il est vrai que l’éditeur/développeur fait souvent montre de paresse en usant jusqu’à la corde certaines de ses licences (quoi, vous voulez un nom ? OK : New Super Mario Bros. Deluxe U), la série des Kirby ne doit pas être mise dans le même panier.
En effet, cette licence, créée par l’infatigable Masahiro Sakurai, a toujours joué la carte de la variété en proposant à chaque fois un gimmick différent : de la pâte à modeler dans Kirby et le pinceau arc-en-ciel, des méchas dans Kirby : Planet Robobot et des fils de laine dans le jeu dont il est question aujourd’hui.

Un effort qui permet à chaque épisode de proposer une expérience originale, on vous expliquait d’ailleurs dans le test de la version Wii U en quoi ces fameux fils liaient de manière harmonieuse direction artistique et gameplay.

Le dernier arrivé est fan de Fil Collins

Toujours aussi mignon, toujours aussi léger, Kirby : Au fil de la grande aventure reprend donc l’essentiel du contenu du jeu d’origine.
On retrouve sans grande surprise le même « scénario », les mêmes méchants et les mêmes mécaniques de jeu à base de plateformes et d’ennemis à ficeler et à déficeler pour progresser.

Mais à l’occasion de cette mise à jour, quelques menues nouveautés viennent s’ajouter à ce patchwork coloré.
Le mode Meta Knight Taillade, par exemple, se présente comme un genre de shoot’em up dans lequel il faut trancher des nuées d’ennemis tout en récupérant un maximum de perles.
Le mode DaDiDou déboule, quant à lui, est un runner dans lequel il faut se frayer un chemin vers une ligne d’arrivée tout en évitant une série d’obstacles. Il s’agit certainement du plus intéressant de ces deux courts spin-off axés sur le scoring.
La plus grande nouveauté de ce titre réside toutefois dans le mode de difficulté diabolique. Activable au début de chaque niveau de l’aventure principale, celui-ci fait apparaître un diablotin qui pourchasse sans relâche un Kirby disposant désormais d’une barre de vie.
Est-ce que cela gomme le problème de difficulté unanimement décrié sur Wii et Wii U ? Pas tout à fait, puisque Kirby version laine peut maintenant absorber des pouvoirs à la façon de Kirby version… chewing gum ?
Un changement qui vient bouleverser l’équilibre du jeu, qui, diablotins ou non, reste d’une facilité à en couper le souffle.

Réveille le diabète qui est en toi

Certes, Kirby : Au fil de la grande aventure s’adresse aux plus jeunes. Et certes, les plus jeunes n’ont ni l’expérience ni les compétences nécessaires pour venir à bout des jeux de plateforme les plus compliqués… mais il y a une différence entre un jeu simple et un jeu trop facile et ce Kirby fait malheureusement partie de la deuxième catégorie.
Si l’on devait oser une métaphore culinaire, on dirait qu’il est un joli gâteau… mais un gâteau plus agréable à admirer qu’à déguster. Ou alors, juste une part ou deux, parce que quelqu’un s’est planté dans la recette et a mis définitivement trop de sucre en pensant bien faire.
C’est dommage, d’autant que la série a la réputation d’être intergénérationnelle : on attend pas d’un Kirby d’être compliqué, mais d’être suffisamment bien conçu pour satisfaire un public très large, car facilité et fun peuvent cohabiter quand le level design est de qualité.

Ce n’est donc pas tout à fait le cas dans Au fil de la grande aventure et si une poignée de passages (notamment ceux où Kirby se transforme) viennent sauver la mise, l’ensemble est trop plat, trop peu dynamique pour être intéressant. Les quelques changements apportés par cette version 3DS étant trop faibles pour changer radicalement l’expérience.
Ajoutons à cela de fréquents problèmes de framerates, l’étonnante absence de fonction 3D et la disparition du mode coop et on obtient un jeu pas exactement indispensable… À moins d’être très jeune ou d’être très fan de la série.
Et encore, si vous êtes à la recherche d’un jeu à la fois mignon et simple, il existe une multitude d’autres titres plus intéressants sur cette console qui dispose, grâce à ses nombreuses années d’existence, d’un catalogue très bien fourni.

Miki Ramanak

 Points forts :

• Direction artistique toujours aussi charmante
• Quelques nouveautés par rapport à la version d’origine

Points faibles :

• D’une lenteur atroce
• Rame dans certains passages
• Clairement le Dark Souls des Kirby (non)

La note Gamingway : 13/20

Développeur : Good-Feel
Éditeur : Nintendo
Genre : Plateformes
Support : 3DS
Date de sortie : 08 mars 2019 sur 3DS, 2010 sur Wii et 2015 Wii U.