Attendu depuis 10 ans par les fans, l’ex Final Fantasy Versus XIII vient tenter de redorer le blason d’une série en déclin depuis l’épisode VII. Hajime Tabata, directeur du jeu, a-t-il trouvé la solution pour plaire aussi bien aux fans qu’aux nouveaux venus ? Des éléments de réponse immédiatement.

Un Final Fantasy multimédia

Premier signe d’un changement important, la sortie de Final Fantasy XV s’accompagne de celle d’un film, Kingsglaive, et d’une mini-série, Brotherhood. Avant de se lancer dans l’aventure, il est fortement conseillé de voir le film, sorte de prologue du jeu, et qui permet de mieux comprendre le début ainsi que de mieux cerner les personnages. Disponible dans de nombreuses éditions, Kingsglaive se doit vraiment d’être vu si on veut bien tout comprendre de l’univers de Final Fantasy XV, qu’on soit fan ou non. Mais Square Enix ne s’arrête pas là : pour étendre encore un peu plus l’univers de Final Fantasy XV, certains petits chanceux ont pu mettre la main sur A King’s Tale, un beat’em up très old school qui replonge les anciens joueurs dans les années 80-90 et qui les éclaire sur la jeunesse du roi Regis et de Noctis. L’univers de Final Fantasy XV se voit décliné sur plusieurs supports, dans différents formats et genres, comme pour un exercice de style. Il est fortement conseillé de toucher à tout et cela annonce déjà la couleur : Final Fantasy XV est un projet d’envergure qui s’adresse à tout le monde.

 

Un jeu pour les fans et les nouveaux venus

Ce titre n’est pas de moi : c’est une sorte de slogan qu’on trouve quand on lance une partie. C’est un peu l’idée directrice de Final Fantasy XV. Il faut bien avouer que c’est l’impression qu’on a après quelques parties. Tout d’abord, je précise (et là je sens que je vais me faire des ennemis) que je fais partie de cette minorité de joueurs qui a connu Mystic Quest, considéré comme l’ancêtre de Final Fantasy, et Secret of Mana, une série parallèle. Pour moi, Final Fantasy VII n’est pas le meilleur jeu, mais l’épisode qui marque le déclin de la série : on oublie la guerre entre la magie et la technologie, on dit adieu à un monde d’heroic fantasy pour se plonger dans de la science fiction avec de la romance à l’eau de rose. Après 6 épisodes formatés heroic fantasy, le VII est une sorte de traumatisme. C’est pourquoi je suis bien content de ce Final Fantasy XV, car on a l’impression de revenir aux sources : enfin, l’opposition entre magie et technologie refait parler d’elle ! Ô joie, on repart sur de bons rails en remettant la magie du cristal au centre de l’intrigue et en reprenant le mythe des gardiens de la lumière, même si cela a été pas mal remanié. Mais ce n’est pas tout : pour combler les fans de la première heure, on reprend les quêtes de chasse, le bestiaire si charmant de Final Fantasy (gobelins, cœurls, pampas, flans, géants, chocobos, etc.) avec aussi le comportement spécifique à chaque monstre. Par exemple, l’adorable cactus Pampa est toujours aussi vif, capable d’une attaque surpuissante et rapporte énormément d’expérience quand on le bat. Les courses de chocobo sont de retour, tout comme les musiques et bruitages typiques de la série. Les fans apprécieront d’écouter les musiques des différents jeux dans la Regalia, la somptueuse voiture de Noctis, à condition d’avoir acheté les albums auprès des différents vendeurs du jeu. On apprécie également de voir les invocations revenir, même si leur retour s’avère assez timide. Parmi les personnages emblématiques, on note le retour de Cid, le célèbre bricoleur de la saga, qui propose de nombreuses quêtes pour améliorer les armes. Il est, cette fois, accompagné de sa charmante petite-fille qui, elle, propose des quêtes pour la Regalia, la superbe voiture de Noctis.

D’un autre côté, il faut aussi penser aux nouveaux venus et leur donner de bonnes raisons d’accrocher au jeu. Pour cela, on opte pour un action-RPG, genre que les joueurs d’aujourd’hui semblent préférer, et on place l’action dans un monde totalement ouvert, ce qui plait beaucoup. On donne aussi l’occasion à Noctis de jouer à un jeu vidéo dans certains magasins, histoire de montrer que c’est un jeune homme comme tous ceux de notre époque. On garde également un soupçon de science fiction et on conserve une légère romance pour ne pas briser radicalement avec les épisodes les plus récents. Enfin, le design des personnages est résolument moderne et ancré dans l’air du temps : coiffures, habits, armes… rien n’est laissé au hasard ! Même la Regalia bénéficie d’un look à la fois moderne et « stylé », comme on dit !

Un Final Fantasy à explorer librement

L’univers de Final Fantasy XV est plutôt vaste, toujours aussi agréable à regarder (un FF, c’est toujours beau !) et cette fois on a la chance de pouvoir explorer les vallées, villes, déserts, montagnes, plages, etc. totalement librement. Comme dans Skyrim, le joueur peut sortir des sentiers battus pour explorer les alentours et faire des découvertes intéressantes. L’exploration est grandement récompensée : les paysages regorgent de ressources et de trésors à ramasser, de nouveaux villages sont découverts (avec de nouvelles quêtes), des donjons bien cachés n’attendent qu’à dévoiler leurs secrets et des quêtes spéciales attendent les joueurs les plus aventureux. Il y a énormément de choses à découvrir pour peu qu’on fouille partout. En plus, on a le choix : à pied, à dos de chocobo (le plus amusant, selon moi) ou au volant de la Regalia (pour les BO des anciens FF !!!), on ne peut que trouver son bonheur. Attention cependant à ne pas tomber sur des ennemis trop coriaces qui nécessitent un niveau élevé.

Le monde de Final Fantasy XV est plutôt réaliste et vivant. Cette impression est accentuée par l’alternance du jour et de la nuit et par les nombreux changements météorologiques, qui font parfois râler les membres de l’équipe. La nuit, les daemons sont plus nombreux et puissants et rendent l’exploration plus délicate. Noctis et ses amis sont également constamment chassés par les soldats mécaniques d’une nation ennemie : en parcourant la carte, on tombe régulièrement sur des vaisseaux de transport de troupes qui viennent larguer de nombreux robots près de nos héros. C’est parfois pénible, mais en même temps, c’est le scénario qui l’exige : Noctis est activement recherché, car on craint le grand pouvoir qu’il détient.

 

L’expérience vient en dormant

À chaque Final Fantasy son gameplay. Final Fantasy XV propose donc ses propres règles, et la plus importante est celle consistant à dormir pour assimiler toute l’expérience durement gagnée en combat. En effet, quand on tue un ennemi, on engrange de l’expérience. C’est classique dans un RPG. Cependant, cette expérience n’est définitivement acquise que lorsqu’on va se coucher. Cela signifie donc que, pour monter en niveau, il faut dormir régulièrement. Cet aspect du gameplay pourrait paraître fastidieux, mais il permet au contraire de varier les plaisirs. Car pour dormir, on a le choix entre passer la nuit dans un hôtel ou une caravane afin de bénéficier d’un bonus d’expérience plus ou moins conséquent, ou passer la nuit dans un campement, ce qui ne coûte rien et permet de goûter à des plats donnant des bonus variés pour les prochains combats. Allez-vous privilégier le gain d’expérience ou les bonus pour les combats ? Le choix est parfois difficile. Avant de dormir, Noctis et ses amis admirent les photos prises pendant le jeu et le joueur peut sauvegarder les clichés qu’il préfère. C’est le genre de petit plus qui fait une grosse différence.

Des combats techniques

Autre grosse nouveauté, le système de combat repose sur les combos entre Noctis et ses trois amis. Noctis peut équiper jusqu’à 4 armes et sorts à la fois. Certaines armes permettent de faire des assauts éclipse (en se téléportant), mais l’essentiel est surtout, quand on attaque, d’appuyer sur une direction pour placer un coup bien précis. Selon qu’on attaque de dos, sur le flanc ou de face, l’attaque choisie sera plus ou moins efficace et peut conduire un de nos amis à faire un enchaînement. Il faut aussi veiller aux attaques spéciales de nos partenaires, qui peuvent vraiment changer l’issue d’un combat, tout en gardant un œil sur les PV de toute l’équipe. Dans cet épisode, quand les PV tombent à 0, le personnage est en danger : ses mouvements ralentissent et ses PV max diminuent jusqu’à ce qu’il sorte de cet état. Il faut donc veiller à ce que les barres de PV des différents membres de l’équipe restent à un niveau élevé. Esquiver les attaques ennemies est donc important et les esquives automatiques sont salutaires, mais elles consomment des PM, donc attention à ne pas en abuser. Il faut ainsi trouver constamment le bon équilibre entre attaque et défense et réagir vite. Si la caméra a été nettement améliorée par rapport à la démo, quelques petits problèmes subsistent encore et les affrontements peuvent s’avérer encore un peu brouillons, même si dans l’ensemble, le système de combat est tout à fait correct et intéressant.

Concernant la magie, cette fois c’est au joueur de créer des sorts à partir des éléments récoltés dans le jeu. On choisit la quantité, on peut rajouter un objet pour donner un effet supplémentaire comme la possibilité d’enchaîner les sorts ou de soigner le lanceur, puis il n’y a qu’à équiper un personnage pour l’utiliser. Cependant, une fois lancé, le sort doit être rechargé, ce qui prend du temps. Chaque sort est également limité à 3 utilisations. Après, il faut en créer un autre. Mais leur puissance est telle qu’il vaut mieux en avoir toujours sur soi. Il faut également faire attention à la zone d’effet du sort, car l’attaque ravage aussi bien les ennemis que les alliés.

Pour augmenter l’aspect tactique des combats, Noctis peut utiliser les armes fantômes de ses ancêtres afin de déclencher des attaques dévastatrices, mais ces dernières drainent rapidement son énergie vitale. À utiliser alors avec modération. Enfin, cette fois, les points de compétence (PC) ne sont plus propres à un personnage, mais à toute l’équipe : le joueur peut donc choisir de renforcer les personnages qu’il souhaite comme bon lui semble, en dépensant les PC dans les différents arbres de compétence. Ces arbres offrent un grand choix d’amélioration pour tous les personnages et permettent de développer plusieurs styles de combat, histoire de personnaliser un peu sa partie.

 

Une quête initiatique

Côté scénario, Final Fantasy XV reste fidèle à la série : un événement dramatique majeur survient dans la vie tranquille du prince Noctis qui doit alors se lancer, avec ses amis, dans une périlleuse aventure pour sauver son monde. Un groupe d’adolescents qui use de la magie pour sauver le monde, c’est classique mais cela fonctionne, grâce à des personnages charismatiques avec chacun une personnalité propre et quelques petits clins d’œil que je vous laisse découvrir. La mise en scène est soignée, avec de magnifiques cinématiques qui ponctuent agréablement la partie. Final Fantasy XV raconte donc le parcours initiatique d’un adolescent gâté qui se voit subitement confronté à une réalité atroce et terrible et qui doit apprendre à réagir en homme ayant de lourdes responsabilités. Heureusement, il peut compter sur ses amis et leur confier ses angoisses et ses peines.

Le Final Fantasy de la renaissance

Comme souvent dans les RPG, ce sont les premières heures de jeu les plus pénibles. Il faut obligatoirement passer par les premières quêtes pour monter en niveau, car les monstres sont puissants. L’exploration est difficile, car on est faible. La Regalia n’est pas disponible à volonté dès le début. On commence donc à s’inquiéter, trouvant certaines choses un peu débiles. Puis vient le moment où le joueur est libéré et peut enfin faire ce qu’il veut quand il veut. Et là, c’est grandiose !

Après une trilogies douteuse (Final Fantasy XIII), j’avais un peu peur de me lancer dans ce nouvel épisode. Les deux démo gratuites avaient mis l’eau à la bouche tout en faisant craindre un système de combat désastreux. Cependant, après de nombreuses heures de jeu, on ne peut que constater que ce Final Fantasy XV est un projet ambitieux avec de réels efforts pour contenter un maximum de joueurs. Il y a des quêtes à foison, on peut chevaucher des Chocobos, pêcher un peu partout, cuisiner… Les combats sont dynamiques et tactiques, même s’ils sont parfois un peu brouillon. On apprécie le cycle jour/nuit, qui renforce le côté réaliste du titre. On apprécie moins les balades nocturnes, car on ne voit pas grand chose et les daemons sont légion et plus puissants que le jour. Le monde ouvert est vaste et magnifique, même si techniquement, il y a quelques petits problèmes. Le plus spectaculaire étant le bogue empêchant la mer de s’afficher : cela fait bizarre de voir les poissons voler au-dessus du sable ! Mais c’est plus pratique pour la pêche :) ! La liberté d’exploration est totale et bien récompensée, donc on prend réellement plaisir à fureter partout. Les fans ne sont pas oubliés, avec de nombreuses références aux épisodes précédents et des bonus pour ceux ayant faits la démo.

 

Ce qui m’a le plus séduit dans Final Fantasy XV, c’est une certaine volonté de revenir aux sources de la série, tout en essayant de concilier anciens joueurs et néophytes. Alors qu’on pourrait penser cela impossible, Final Fantasy XV arrive à proposer une aventure solide et passionnante qui peut plaire au plus grand nombre, avec des doublages français de qualité. Ce titre fait facilement oublier les deux trilogies précédentes et permet de redonner du rêve aux joueurs. On trouvera toujours des petites choses à améliorer dans ce jeu, mais dans l’ensemble, Final Fantasy XV est un excellent titre qui redonne ses lettres de noblesse à une série qui commençait à tomber bien bas. Un cadeau idéal à offrir en cette fin d’année, alors ne passez pas à côté de cet épisode !

Enguy

 

Points forts :

– Un vaste monde ouvert à explorer librement
– Combats dynamiques et tactiques
– Chocobo personnalisable
– Des quêtes à foison
– Musiques magnifiques
– B.O. des anciens FF à écouter dans la Regalia
– Les monstres et personnages emblématiques, les invocations
– Doublages français de qualité
– Une sorte de retour aux sources

Points faibles :

– Combats parfois brouillons
– Quelques petits problèmes techniques
– La nuit, c’est un peu l’horreur !
– Un début de jeu un peu fastidieux
– Sorts puissants, mais soumis à des contraintes énormes
– Les invocations sont très limitées, grr !

LA NOTE : 17/20

Éditeur / Développeur : Square Enix
Genre : action RPG
Support : PS4, XBOX ONE
Date de sortie : 29 novembre 2016

 

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