Test : Dreams (PS4)

Dreams propose aux joueurs de créer tout à partir de rien. Je dis bien tout : jeu vidéo, animation, musique… Il n’y a pas de limite ! Mais le rêve peut-il se transformer en cauchemar ? La réponse immédiatement !

Un outil de création illimité

Dreams est un logiciel de création du même type que LittleBigPlanet ou Super Mario Maker, mais bien plus complet. Les développeurs de Media Molecule ont pensé à proposer une jouabilité à la manette ou PS Move : chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients, mais, dans les deux cas, il faudra passer du temps à s’habituer aux commandes. Il se démarque des autres logiciels de création par ses possibilités infinies : on dispose d’un tas d’outils et de gadgets pour créer des mini-jeux, des films, des animations, de la musique. On peut soit envisager des œuvres contemplatives, soit des œuvres interactives en utilisant la base de données de Dreams ou en créant tout de rien, ce qui est un énorme avantage. Cependant, donner accès à des fonctions avancées au commun des mortels n’est pas évident !

La logique c’est fantastique… mais surtout ça prend le chou !

Les scripts qui permettent des actions comme faire sauter un personnage ou des interactions comme les interrupteurs sont représentés par des boîtes qu’il faut relier entre-elles par des câbles. Il n’est cependant pas évident de faire des associations : le joueur devra donc passer un temps conséquent à créer des liens qui fonctionnent ET font ce qu’on voulait. L’utilisation de logiciels plus professionnels, et donc de la programmation pure et dure, règlerait bien vite ce problème, encore faut-il y avoir accès et savoir programmer. Ainsi, le défaut de Dreams, c’est de vouloir transformer des choses complexes en outils simples mais difficiles à lier les uns aux autres.

Ainsi, tout est incroyablement difficile d’accès dans Dreams : qu’on veuille créer un jeu ou un film, il existe un tas d’outils et de gadgets performants au potentiel énorme, mais il faudra passer un temps énorme à chercher des informations sur leur utilisation. On demandera donc de l’aide sur les forums et autre pour arriver à faire ce qu’on désir, dans la douleur. On prendra de nombreuses notes pour ne pas oublier et refaire les mêmes erreurs. Au final, on aura passer une bonne centaine d’heures à faire quelque chose qui tient la route, pour un résultat souvent mitigé. Bien entendu, une fois les outils maîtrisés, on arrive à réaliser des prouesses, mais aura-t-on assez de patience ?

Jouer ou créer, telle sera ta punition !

Bon, le titre pourra être mal compris, j’avoue. Dans Dreams, il faudra d’abord passer par quelques tutoriels expliquant les commandes de base avant de pouvoir se lancer dans la création de son espace personnel, lui-même ouvrant la voie à la création ou au jeu. La direction artistique est à l’image du titre du logiciel : colorée, étrange, onirique. On la pense même issue d’un mauvais trip d’une bande de hippies ! Une direction artistique qui n’est pas sans rappeler Frantics, et qui ne sera pas du goût de tous !

On commencera donc par le mode solo, qui donne un bon aperçu des possibilités, mais qui s’avère assez restreint.

Il y a deux types de joueurs : ceux qui voudront créer et ceux qui voudront uniquement jouer. Les premiers pourront s’éclater, s’ils ont pas mal de temps libre, à faire tout un tas de choses issues de leur imagination pour ensuite en faire profiter les autres. Oui, mais, c’est un peu le point noir du jeu : n’ayant pas de niveaux pré-établis, à part quelques exemples, il faut compter sur les créations des autres joueurs pour s’amuser. Or, ces dernières s’avèrent souvent sans inspiration et un copié/collé de grands jeux déjà existants, mais sans possibilité autre que de se promener dans des décors déjà vus sur d’autres consoles, cette fois sur PS4. Beaucoup en auront vite assez !

Un outil puissant mais trop complexe

Dreams est un logiciel de création destiné au grand public puissant, complexe, et qui ne pourra que s’enrichir avec le temps. Par exemple, on nous promet de pouvoir développer pour le PS VR prochainement. Cependant, il est très difficile de comprendre comment fonctionnent les gadgets et de les utiliser correctement. Pour cela, il faut passer de nombreuses heures à faire des recherches sur internet et faire de nombreuses tentatives jusqu’à ce qu’on arrive à un résultat correct. Correct, mais pas forcément celui attendu. C’est donc un bon compromis entre logiciel de création tout public et logiciel professionnel, mais ceux qui veulent se spécialiser ont plutôt intérêt à opter pour une autre solution.

Pour la musique, on se demande pourquoi il n’est pas possible d’importer des MP3 venant d’autres logiciels de création, comme Track Lab, plutôt qu’utiliser un micro ou les banques sonores de Dreams. Peut-être en raison de problèmes de droits d’auteurs ? Il y a des choses à améliorer, et cela changera certainement au fil des mises à jour, comme la protection des créations : les auteurs peuvent empêcher les autres de voir comment les niveaux/films/animations ont été réalisés, ce qui freine l’apprentissage.

Les possibilités sont nombreuses, presque illimitées, mais trop chronophages. Certes, on peut partir de rien, tout créer soi-même à l’aide d’outils performants, mais le côté ludique en prend un sacré coup ! Ce n’est pas amusant, mais fastidieux au possible ! Ceux qui veulent uniquement jouer ne trouvent que des créations peu originales et sans grand intérêt, sans doute à cause de la complexité de la tâche. En plus, il faut adhérer au style graphique et aux commandes peu intuitives. Bref, pour ceux qui veulent uniquement se détendre rapidement, Dreams se transforme vite en cauchemar. Pour les autres, c’est le meilleur outil actuellement disponible.

Dreams est une œuvre difficile à juger : soit on est mordu de création et on est prêt à passer énormément de temps à maîtriser la bête, dans ce cas Dreams est incontournable au potentiel énorme, mais réservé à une sorte d’élite qui n’y connait rien en programmation, soit on veut juste passer un peu de temps à jouer et créer pour se détendre, dans ce cas Dreams n’est pas du tout adapté.

Enguy

Points forts :

– Nombreux tutoriels
– Jeux vidéo, films, musique : tout est possible
– Nombreux gadgets et effets
– Contrôle à la manette classique ou au PS Move

Points faibles :

– Direction artistique peu attrayante
– Créations difficiles à comprendre et maîtriser
– Puissant mais chronophage
– Les niveaux de la communauté sont sans inspiration

La note Gamingway : 12/20

 

Développeurs / Éditeur : Media Molecule / Sony
Genre :
sandbox, création
Supports : PS4
Date de sortie : 14 février 2020

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