Test : Bayonetta & Vanquish 10th Anniversary (Xbox One)
Quoi de mieux qu’un anniversaire double pour donner un petit coup de polish à deux jeux légendaires ?
Voilà dix ans déjà que sont sortis Bayonetta et Vanquish, deux titres phares (l’un plus que l’autre) de Platinum Games, une bonne occasion pour les ressortir adaptés aux consoles actuelles et offrir les sacro-saints 4K 60 FPS.
Pour être tout à fait honnête, cette sortie n’est qu’un demi-événement, car il s’agit finalement d’un portage console des versions sorties sur PC il y a quelques temps.
Tarte salée
Des deux jeux, c’est certainement Vanquish qui aura le moins remporté l’adhésion du public, la faute en grande partie à une mécompréhension de ses mécaniques et objectifs. Sorti en plein boom du TPS, Vanquish semblait être l’un de ses nombreux représentants, mais c’était sans compter sur Platinum qui s’évertue constamment à tordre les genres existants. Vanquish n’est donc pas le cover shooter qu’il semblait être à première vue et c’est ce qui a laissé pas mal de monde à quai à l’époque. Il faut voir le titre comme une jeu de scoring, un pur jeu d’arcade à l’ancienne dans lequel le style est beaucoup plus gratifiant que la sécurité. Difficile de reprocher cette confusion des genres tant le trompe l’œil est bien fait, que ce soit sur le level design ou dans les mécaniques purement TPS. Ainsi, on retrouve des niveaux découpés en arènes avec bon nombre de couvertures, des vagues d’ennemis et diverses armes à ramasser. Première grosse originalité, cependant, le système d’upgrade de ces armes qui fonctionne un peu comme dans un shoot’em up, leur puissance augmentant lorsqu’on les ramasse à plusieurs reprises, mais la faisant diminuer en cas de mort du joueur (une mort qui intervient fort souvent). L’autre grande particularité de Vanquish vient de l’accent qui est mis sur la vitesse et la mobilité, un principe quasi paradoxal pour un cover shooter. pour espérer s’en sortir, il faut bouger constamment, utiliser la glissade et le bullet time, autre mécanique indispensable à la survie. Fidèle aux principes de ses géniteurs, le jeu de Platinum se veut poseur, sacrifiant tout au style.
On s’était dit rendez-vous dans dix ans
Si, en 2010, le twist de gameplay devenait un véritable atout une fois intégré, La situation est bien différente aujourd’hui. Non pas que le principe du jeu vieillisse mal, mais les défauts que l’on pouvait pardonner à l’époque ont tendance à nous exploser au visage maintenant. Platinum Games s’est fait une réputation dans le soin porté aux mécaniques de ses jeux, offrant généralement une exceptionnelle fluidité du gameplay ; les titres du studio sont généralement facile à prendre en main et proposent une belle courbe d’apprentissage. Ici, le problème n’est pas tant la maîtrise des actions que les défauts de game design. Lorsqu’un jeu se veut punitif, il doit être irréprochable sur le plan technique afin d’éviter de frustrer le joueur, une qualité que Vanquish n’a malheureusement pas. Les collisions, souvent approximatives, posent problème avec le cover system, de même que la caméra souvent aux fraises et les hitboxes sont responsables de morts extrêmement irritantes. La durée de vie (entre 5 et 6 heures de jeu) peut également être un souci pour ceux qui ne souhaiteraient pas se lancer dans le scoring, car tout se base là-dessus une fois l’aventure terminée.
Malgré ses défauts, Vanquish reste un titre attachant avec des personnages volontairement caricaturaux et un scénario exagérément premier degré, on sent aisément une petite pique envoyée à Gears of War. Les plus à même d’apprécier l’expérience sont ceux qui l’ont aimé à l’époque, les néophytes risquant d’être beaucoup moins indulgents. Heureusement, il ne s’agit ici que de la moitié de ce duo d’anniversaire et le second s’avère autrement plus réjouissant.
Rêves de cuir
Pour de nombreux joueurs, dont moi, Bayonetta reste la master piece de Platinum Games, et la voir revenir dans cette version anniversaire n’est évidemment pas une mauvaise chose.
Pour les quelques béotiens qui ignoreraient tout du jeu, il est important de faire un petit rappel. Le genre beat’em all, star incontestée des années 80-90, a souffert de l’arrivée de la 3D pour finalement trouver un nouveau porte-drapeau avec Dante, héros de la série Devil May Cry ayant régné en maître de 2000 à 2010. La saga de Capcom a posé les fondations du BTA moderne avec les systèmes de combo, d’arène, d’esquive, d’achat de skills et d’armes ; principe efficace, mais qui tournait un peu en rond au bout de 4 épisodes. Et c’est là que fin 2009 (2010 dans le monde) débarque Bayonetta, tout de cheveux vêtue, bien décidée à dynamiter les codes d’un genre moribond.
À l’instar de Vanquish, Bayonetta réutilise des éléments existants afin de les améliorer ou les transformer radicalement. Offrant au joueur une action immédiatement fluide, sans passer par les dizaines d’heures d’apprentissage de DMC, le titre de Platinum est satisfaisant dès les premières secondes de jeu, et ce, grâce à son système d’esquive/witch time. Au lieu de singer Capcom avec son lourd système d’esquive (ciblage+saut), une simple pression sur la gâchette permet d’effectuer un salto qui, exécuté au dernier moment, ralentit le temps et offre au joueur la possibilité de remplir copieusement ses adversaires. Les combos ont, eux aussi, été travaillés de façon à les rendre instantanément jouissifs, il est possible pour un novice de sortir des enchaînements visuellement fous en faisant absolument n’importe quoi. Malgré tout, cette facilité d’accès cache un vrai système de combos pointus qu’il est très valorisant de maîtriser, en alternant coups de pied et coups de poing, ainsi que sur les sets d’armes que l’on peut changer à la volée. La notation des affrontements, mise en place par DMC, est d’ailleurs ici basée essentiellement sur le temps et l’absence de dégâts reçus, plus que sur la longueur ou la variété des enchaînements.
En dehors de ces différences de gameplay notables, on retrouve les classiques du genre avec les diverses capacités et bonus à acheter dans la boutique, incitant le joueur à grinder tout en améliorant son skill. L’objectif suprême étant de terminer le jeu en mode climax, supprimant le witch time lors des esquives, petite cerise ajoutée à la difficulté évidemment largement amplifiée du mode.
Forever young
Le poids des années ne semble pas avoir de prise sur Bayonetta. Le jeu est toujours artistiquement magnifique, fluide et prenant. Contrairement à un Vanquish, ses plus gros défauts ne sont pas amplifiés par les années, mais sont simplement ceux qui étaient déjà largement soulevés à l’origine, les QTE punitifs et les séquences en véhicule aussi hors-sujet que ratées. Sans ces fautes de goût en matière de game design, Bayonetta aurait tout simplement atteint la perfection, mais reste encore aujourd’hui indétrônable, le meilleur beat’em all 3D de tous les temps (n’en déplaise aux fans de Dante). Dix heures de jeu en ligne droite en mode normal à un rythme de plus en plus soutenu, un scénario bateau mais à la narration mémorable, blindée de clichés volontaires et de clins d’œil appuyés, une musique inoubliable portée par une Héléna Noguerra plus suave que jamais et surtout une héroïne maîtresse (dominatrice) de son destin, bien plus contrastée que son aspect fantasme de geek laisse imaginer. Bayonetta était un feu d’artifice en 2010 et l’est tout autant en 2020, justifiant à lui seul cette compilation anniversaire sur les consoles actuelles.
Qu’importe le flacon…
Au final, que penser de cette édition 10th Anniversary ? Techniquement, que du bien. Les deux titres sont exemplaires et tiennent parfaitement leur promesse du 60 FPS constant en 4K. Sur grand écran, c’est absolument divin à ce niveau là.
Le vrai problème vient plus de « l’objet » lui-même. Si cette remasterisation est parfaite, elle n’en demeure pas moins qu’un simple portage des versions réalisées pour PC en 2017 et régulièrement soldées à moins de 5 euros chacune sur Steam. C’est d’autant plus regrettable que cette compilation sort sans le moindre ajout de contenu ni bonus particulier pour les fans, alors que c’est généralement la règle dans ce genre de bundle. Difficile, dans ces conditions, de faire passer la pilule des 40 euros, même pour des titres aussi exceptionnels et, surtout, quel dommage de ne pas avoir proposé de versions séparées des deux licences.
Malgré ce bilan un poil contrasté, il n’en demeure pas moins que Bayonetta & Vanquish 10th Anniversary Bundle reste le portage le plus abouti de ces deux titres et qu’il serait bien dommage de passer à côté si vous n’y avez jamais touché.
Ominae
Points forts :
- 4K et 60 FPS jamais pris en défaut
- Bayonetta, plus sublime que jamais
- Vanquish qui mérite d’être redécouvert
- Mikami Shinji & Kamiya Hideki réunis dans une même boite.
Points faibles :
- Portage Steam avec une moustache
- On aurait aimé du contenu bonus
- Pas de version solo des titres
La note : 18/20
La note : 18/20
Développeur : Platinum Games, Armature (portage)
Éditeur : Sega
Genre : BTA, TPS, Cover Shooter
Support : Xbox One, PS4
Date de sortie : 18 février 2020
Testé sur Xbox One X
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