Test : l’Attaque des Titans Wings of Freedom (PS4)

aot wings of freedom jaquette ps4L’attaque des Titans ou Attack on Titan (A.O.T), le manga apocalyptique d’Isayama Hajime, connaît depuis septembre 2009 un succès grandissant. Adapté en animé, puis en jeu vidéo dès fin 2013, la série continue de séduire le monde entier. Il est donc naturel de voir une première adaptation ambitieuse, A.O.T. Wings of Freedom, débarquer chez nous sur PC, PS4 et XBOX ONE. Ce jeu pourra-t-il contenter aussi bien les fans que les nouveaux venus ? Voyons cela immédiatement.

Une adaptation fidèle

A.O.T Wing of Freedom est un jeu d’action développé par Omega Force et publié par Koei Tecmo. Les développeurs ont choisi d’adapter la série jusqu’à l’apparition du titan bestial, ce qui couvre la première saison de l’animé, la deuxième saison étant toujours prévue pour 2017. On y retrouve le style graphique de la série, assez pictural et aux couleurs peu chatoyantes. Les graphismes sont propres et soignés, mais comme ils représentent bien la série, le tout est assez terne et presque austère, histoire de bien planter le décor et d’installer une ambiance un peu morbide et cruelle. Les musiques également sont fidèles à A.O.T., pour le plus grand plaisir des oreilles. Car le monde d’A.O.T. est plutôt sombre et guerrier : cloitrée derrière trois murs aussi épais qu’imposants, l’humanité presque exterminée par des géants cannibales survit comme elle peut. Après cent années sans avoir vu le moindre monstre, les murs qui protègent les derniers humains sont détruits par un titan colossal et un titan blindé, permettant aux autres monstres de s’infiltrer dans les villes et de massacrer la population. Cet incident marque le point de départ de la série qui raconte, à travers l’histoire d’Eren Jäger, l’un des rares survivants de cette attaque, comment les Hommes tentent de reprendre le contrôle de leurs territoires, face à ces monstres impressionnants. Comme dans l’animé et le manga, les morts sont nombreuses et le sang coule à flot. D’ailleurs, pour éviter de heurter les âmes sensibles, une option permet d’activer ou de désactiver le sang, même si cette dernière ne lui permet pas d’éviter la classification PEGI 18.

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Un jeu 100% action par le maître du genre

Confier un jeu d’action à Koei Tecmo, l’éditeur des plus célèbres séries, est déjà un gage de qualité. Quand on sait, qu’en plus, le producteur n’est autre que Koinuma Hisashi, inventeur du style musou, on se dit qu’on tient certainement un futur hit. Mais n’allez pas croire qu’A.O.T. Wings of Freedom n’est qu’une simple déclinaison d’un Samurai Warriors dans un univers différent. Comme pour Hyrule Warriors, Koinuma-san a su s’adapter à A.O.T. pour en tirer le meilleur.

Après une première mission d’entraînement pour se familiariser avec les commandes, le joueur est embarqué dans ses premiers combats contre les titans. À l’inverse des autres séries d’action de Koei Tecmo, il ne suffit pas de matraquer les boutons près des ennemis pour s’en sortir. Quand on approche d’un titan, une sorte de flèche orange pointe automatiquement le géant le plus proche. On peut alors passer en mode combat d’une simple pression sur R1. Ensuite, selon la taille du géant, on cible une zone du corps (jambe gauche ou droite, bras gauche ou droit et nuque). Enfin, on envoie le grappin dessus et on fonce vers la zone ciblée pour la lacérer avec nos énormes lames bien coupantes. On répète l’opération tant que le titan n’est pas soumis, autrement dit, tué. Pendant le combat, le titan ne va pas attendre bêtement qu’on vienne l’achever : il bouge, attaque et essaie d’attraper les soldats pour les manger. De même, les titans alentours ne restent pas passifs et viennent combattre également, pouvant attraper le joueur au vol. Si cela arrive, une QTE se déclenche pour permettre au joueur de s’échapper avant de finir dans l’estomac d’un titan. Mais le personnage se retrouve alors en état de mort imminente, avec des actions plus limitées et un temps qui s’écoule plus lentement, afin de pouvoir esquiver les attaques ennemies en attendant le bon moment pour se soigner. Comme les titans bougent beaucoup, il n’est pas rare de devoir changer rapidement de cible en plein combat pour éviter de manquer une attaque.

Les missions consistent généralement à exterminer du titan et se composent d’un objectif principal, ainsi que de plusieurs objectifs secondaires signalés en vert sur la carte. On a un temps limité pour accomplir les objectifs secondaires qui consistent à aider d’autres soldats, préparer des canons, escorter des citoyens, etc. Il arrive aussi que des objectifs secondaires, si on met trop de temps à les rejoindre, deviennent désespérés : signalés par un point violet, on ne dispose que de quelques secondes pour les accomplir, ce qui est vraiment difficile. Parfois, certains soldats lancent des SOS : quand un titan s’apprête à les avaler, on a plusieurs secondes pour le blesser et le faire ainsi lâcher sa proie. C’est peut être anecdotique, mais cela amène un peu de variété pendant les combats.

Afin de diversifier un peu le gameplay et de rester fidèle à l’œuvre originale, on peut recruter jusqu’à quatre coéquipiers et leur donner des ordres grâce à la croix directionnelle, même si cette option n’est pas grandement exploitée. Il est également possible d’attaquer les titans avec des canons, de les attirer vers des pièges ou d’utiliser des grenades aveuglantes, assourdissantes et incendiaires pour détourner leur attention.

 Un arsenal impressionnant

Comme dans l’animé, les soldats sont équipés d’un harnais conçu pour les manœuvres tridimensionnelles. Ces harnais permettent d’utiliser un grappin pour se déplacer plus vite ou s’attacher aux titans, de mettre les gaz pour accélérer afin de faire plus de dégâts et d’embarquer des lames de rechange. Pendant les combats, il faut veiller à la jauge de gaz et à la jauge de durabilité des lames. Si on manque de gaz, on ne pourra plus accélérer, même si ce n’est pas fondamentalement pénalisant. En revanche, si les lames sont usées, les attaques seront nettement moins efficaces. Le joueur doit donc recharger régulièrement, chercher les soldats permettant de se réapprovisionner sur le champ de bataille, voire courir après l’équipement laissé par les soldats morts. À force d’enchaîner les objectifs au cours d’une mission, on remplit une jauge qui permet, une fois pleine, de lancer un signal de bataille décisive : pendant une courte période, attaquer et accélérer ne consomme ni gaz ni n’use les lames.

Pour éviter de recharger trop souvent, on peut faire évoluer son équipement. Entre chaque mission, le camp de base permet de faire de nouveaux développements (créer un nouvel équipement), d’améliorer celui qu’on a ou de le fortifier. Améliorer l’équipement nécessite des ressources, prélevées soit sur les titans quand on les démembre (les parties du corps offrant des ressources quand on les découpe sont signalées par une gemme), soit obtenues en récompense de mission. Fortifier l’équipement nécessite de sacrifier l’équipement qu’on ne souhaite plus utiliser. Pas de panique, car on peut fabriquer toutes les pièces d’équipement que l’on souhaite quand on le désire.

Niveau équipement, d’ailleurs, le joueur à le choix parmi un nombre vraiment élevé de lames, fourreaux et harnais aux caractéristiques diverses et variées, dont les pièces les plus rares ont les caractéristiques les plus élevées. Préfère-t-on des lames très coupantes et résistantes, mais ayant peu de recharges ou un fourreau offrant une énorme quantité de gaz, mais une plus faible pression ? Le joueur peut se constituer l’équipement qu’il souhaite en privilégiant soit la résistance/durabilité, soit la puissance d’attaque. Il ne faut pas oublier non plus de choisir un cheval de guerre performant, bien utile pour les combats en plaine où le grappin est inutilisable pour se déplacer rapidement.

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Un casting de choix

A.O.T.Wings of Freedom permet d’incarner, tour à tour, dix des personnages les plus emblématiques de la série : Eren Jäger, Mikasa Ackerman, Armin Arlelt, Jean Kirschtein, Conny Springen, Sacha Braus, Christa Lenz, Livaï, Hansi Zoe et Erwin Smith sont non seulement tous jouables, mais présentent des aptitudes très différentes de l’un à l’autre. Chaque personnage est doté d’une force, dextérité, concentration, endurance, santé et d’un leadership propre, influant sur les dégâts qu’il inflige, ses points de vie, sa vitesse, etc. À cela s’ajoute sept capacités spéciales, comme des combos plus longs, des attaques plus puissantes, la possibilité d’accélérer deux fois de suite, la transformation en titan, etc. Mais pour débloquer toutes les capacités, il va falloir monter le niveau du personnage au maximum.

Après chaque mission, on gagne de l’expérience selon nos performances : une note S permet d’engranger les récompenses en matériaux et en expérience les plus élevées. On fait ainsi monter le niveau de régiment (qui permet d’acheter plus de matériaux différents et de développer plus d’équipement) et celui du personnage, qui évolue beaucoup plus lentement, car le maximum est de 7. C’est peu, mais cela ne se fait pas en quelques minutes. On apprécie beaucoup, en revanche, les différences entre les personnages qui se ressentent réellement pendant les combats, surtout quand on passe d’Armin, plutôt faible, à Livaï, tellement impressionnant qu’on découpe les titans presque les yeux fermés. Enfin, la possibilité de se transformer en titan pour combattre les autres est également un réel plaisir, souligné par des missions spéciales pensées uniquement pour cela. Quel délice de voir deux monstres géants s’affronter dans les villes, éclatant les bâtiments au passage !

Un contenu déséquilibré

En ce qui concerne les modes de jeu, on a le choix entre « Attaque » (le mode histoire) et « Expédition » (missions libres). Si le mode histoire est très bien fait, retraçant les faits marquants de la série dans l’ordre chronologique avec des cinématique de qualité, il est relativement court : deux chapitres et un épilogue (qui correspond aux chapitres 3 et 4 du jeu). Les missions ne durant que 10-15 minutes environ, ce mode se termine assez rapidement. Heureusement, le mode expédition permet de jouer, seul ou à plusieurs en ligne, à un tas de missions de reconnaissance supplémentaires. On peut également rejouer à tout moment les missions déjà effectuées, quel que soit le mode, afin de viser la note parfaite partout. Pour rallonger les missions, d’ailleurs, en plus des objectifs principaux et secondaires, il y a, vers la fin du jeu, des missions spéciales qui nécessitent de tout accomplir pour voir apparaître un titan spécial à soumettre.

Le joueur se demande quand même pourquoi, arrivé presque à la fin du jeu, il n’a effectué que 23 missions dans le mode « attaque » alors qu’il a accès à 46 missions dans le mode « expédition », sans les avoir toutes débloquées. Il y a un certain déséquilibre entre les deux modes. Heureusement, la rejouabilité est grande, aussi bien seul qu’à plusieurs. D’ailleurs, le jeu en ligne correspond tout à fait aux attentes : les parties se trouvent rapidement et il n’y a pas de problèmes particuliers. Aucun ralentissement notable pendant les affrontements, même sur les cartes impliquant de nombreux titans.

La durée de vie du jeu est également rallongée par des requêtes, c’est-à-dire des missions annexes proposées par les personnages dans le camp et qui permettent d’en savoir plus sur les relations entre les personnages, à travers des cinématiques plus personnelles et intimistes, humoristiques ou non.

Une excellente adaptation toutefois perfectible

On pourrait parler longuement du jeu, mais cela n’est pas forcément nécessaire. On soulignera juste que le jeu a le même nom que le deuxième film issu de la série, datant de 2015, et qui récapitule les épisodes 14 à 25 de la première saison de l’animé. Pour une première adaptation consoles et PC, A.O.T. Wings of Freedom met la barre très haut : le style graphique fidèle à la série est néanmoins un choix à double tranchant, car cela signifie également des environnements peu bluffants visuellement, l’Attaque des Titans étant plutôt sobre à ce niveau. De même, la violence ouverte avec les membres qui volent, le sang qui gicle au point de recouvrir entièrement le personnage et les cinématiques dévoilant la cruauté du monde dans lequel Eren baigne depuis sa naissance en font un jeu réservé à un public mature. Mais l’ambiance est excellente, rehaussée par une bande-son de toute beauté, guerrière et rythmée à souhait, aussi parfois tristes. Des musiques dignes de l’animé ou des films.

On apprécie grandement le système de combat, très différent des productions habituelles de Koei Tecmo, mais facile à prendre en main et accessible à tous. Si le jeu propose trois niveaux de difficulté (facile, normal et difficile), il ne propose néanmoins pas un challenge élevé, risquant de déplaire aux puristes. À ces derniers, on peut leur proposer de ne pas améliorer son équipement pour corser le tout. Techniquement agréable, on constate néanmoins quelques bogues d’affichage qui peuvent parfois gêner pendant les combats. Rien de bien méchant malgré tout.

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En revanche, on pardonne moins la version française. Pour faire plaisir aux fans, A.O.T. Wings of Freedom est en japonais sous-titré français. Les voix originales sont très bien. Mais les sous-titres français sont parfois approximatifs : que penser d’un « mission cleared » traduit en « mission effacée » au lieu de « mission terminée » ? Que dire des nombreuses fautes de français : entre les personnages féminins qui parlent d’elles au masculin, maladresse laissant planer un certain doute sur leur véritable sexe, ou les verbes au pluriel quand le sujet est au singulier, sans parler des autres fautes grossières, cela donne l’impression d’un jeu traduit hâtivement et à moitié fini. Impression qui semble se traduire dans le contenu. Le jeu regorge de matériaux, de pièces d’équipement, d’informations sur l’univers d’A.O.T. Même les nombreux modèles de titans, qui dépassent largement la centaine, sont présents. En revanche, on a un mode histoire d’une vingtaine de missions, contre plus du double en expédition. Ces quelques erreurs empêchent A.O.T. Wings of Freedom d’accéder au rang de jeu culte, ce qui est dommage, car les efforts pour en faire une adaptation digne de ce nom méritent d’être soulignés.

A.O.T. Wings of Freedom est donc un titre d’action plutôt grand public, qui plaira aussi bien aux fans qu’aux autres, mais qui manque un petit peu de challenge et de contenu pour être grandiose. Néanmoins, la première partie des aventures d’Eren Jäger se suit avec plaisir : il est jouissif de découper ces monstrueux titans sanguinaires et les affrontements sont parfois démesurés. On croise les doigts pour voir une suite, certainement inspirée de la deuxième saison de l’animé, débarquer prochainement en gommant les quelques défauts du premier.

Enguy

Points forts :

– Très fidèle à la série originale et donc sanglant
– 10 personnages emblématiques très différents
– Système de combat original et accessible à tous
– Voix originales de qualité
– Grande rejouabilité

Points faibles :

– Peut-être trop sanglant pour certains
– Version française approximative
– Mode histoire très court
– Manque de challenge

LA NOTE : 15/20

Développeur / Éditeur : Omega Force / Koei Tecmo
Genre : action, aventure
Supports : PC, PS4, XBOX ONE
Date de sortie : 26 août 2016

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