Test : Dynasty Warriors 9 (PS4)

Toujours à la recherche de nouvelles idées pour relancer sa série des Warriors, Koei Tecmo tente la carte du monde ouvert. Pour les 20 ans du studio Omega Force, le genre musou a été entièrement repensé. De nombreux changements attendent les joueurs, pour le meilleur ou pour le pire ? Voyons donc cela tout de suite.

Replongeons dans l’histoire des Trois Royaumes

Dynasty Warriors 9 reprend une nouvelle fois l’histoire des Trois Royaumes qui raconte la construction de la Chine et les guerres incessantes qui se sont déroulées aux IIe et IIIe siècles. On repart donc depuis le début et la rébellion des Turbans Jaunes qui ont tenté de renverser la dynastie Han. Au fil du jeu, on incarnera divers grands noms de cette époque, qu’ils soient issus des clans Wu, Wei ou tout autre clan influent de l’époque. Une histoire mainte fois racontée, mais agrémentée de missions annexes et qui prend, dans cette nouvelle version, une tournure plus historique qu’avant. Dynasty Warriors 9 essaie de plus miser sur la reconstitution historique que les épisodes précédents, en plaçant le joueur au cœur d’un monde ouvert plutôt vivant.

Le mode histoire propose de revivre des grandes batailles en suivant la destinée de personnages connus. Au fil de la partie, on débloque de nouveaux personnages jouables, mais les fans des Warriors ont l’habitude de ça. Pourtant, cette fois, on ne peut pas changer de personnage en cours de chapitre ni même donner des ordres à ses alliés, la base même d’un Warriors. Et ce ne sont pas les seuls changements qui vont irriter les fans.

 

Une nouvelle formule qui dénature le genre

En repensant totalement la formule, les développeurs ont pris le risque de perdre totalement les fans en leur proposant un jeu qui ne respecte plus la base même du genre. S’il est agréable de parcourir, à pied ou à cheval, un vaste monde ouvert rempli de ressources à récolter et de missions annexes à découvrir, malheureusement on ne se sent plus du tout dans un musou. En apparence, la formule est la même : on cherche les bases ennemies pour les capturer, on affronte des grands groupes d’ennemis et on cherche le gros chef local. Mais, cette fois, le style bien bourrin qui déboule énormément fait cruellement défaut. Les groupes d’ennemis ne donnent plus l’impression d’être aussi énormes qu’avant et on perd la sensation d’être un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ce qui fait l’intérêt même d’un musou a été complètement balayé. Même le character design est dénaturé. Ce qu’on aime dans un musou, c’est contrôler un personnage avec une tenue magnifique, homme ou femme, et des armes uniques pour un style de combat propre et inimitable. Ici, les personnages sont fades, les couleurs ternes et les attaques pas spectaculaires pour autant. On est loin du délire visuel déchaîné par l’enchaînement d’attaques spéciales hallucinantes des épisodes précédents. Peut-être conscients de ce manque, les développeurs ont voulu implanter de nouvelles mécaniques de jeu.

Un gameplay plus diversifié, mais inutile

Afin de mieux percer les lignes ennemies et faire des ravages dans leurs rangs, on nous promet un gameplay façon Assassin’s Creed. On notera d’ailleurs, dans Dynasty Warriors 9, la présence de tours de guet élevées qui, une fois qu’on grimpe au sommet, débloque sur la carte les ressources, les villages et les bases des alentours. Cela rappelle furieusement le titre d’Ubisoft. Dans les forteresses, on peut profiter de la tombée de la nuit pour se faufiler derrière les gardes et les éliminer discrètement pour ne pas attirer l’attention. On cherchera à avancer en se cachant, puis on se rendra compte que c’est totalement inutile. En effet, notre héros possède un grappin qui détruit totalement l’expérience furtive. Pourquoi s’embêter à contourner les gardes et les bâtiments, alors qu’il suffit de se mettre au pied d’un mur et d’utiliser le grappin pour aller au sommet, ce qui facilite énormément la progression et raccourcit considérablement les distances ? Tout le jeu est ainsi : il y a des mécanismes inédits dans la série, mais qui s’avèrent inutiles, car on peut faire autrement, sans s’embêter.

La pêche fait son retour dans la série, cette fois accompagnée de la chasse à l’arc. Malheureusement, cette dernière s’avère très répétitive et vite ennuyeuse, même contre des bêtes réputées comme terrifiantes qu’on abat presque sans effort. S’il y a plusieurs dizaines de personnages jouables, on ne cherchera pas non plus à les incarner, en raison de la refonte du système de combat. Dans ce nouvel opus, chaque personnage peut acheter et équiper un nombre impressionnant d’armes. Des parchemins, qu’on peut gagner lors des nombreuses missions, permettent aussi de débloquer et de créer une foule d’armes et d’objets. On ne sait vraiment plus où donner de la tête. De nombreuses gemmes peuvent également équiper les armes afin de leur conférer des bonus spéciaux, comme des attaques élémentaires, des bonus d’expérience, un boost de stats et autres. Niveau équipement, notre avatar peut se doter de quatre objets afin de le personnaliser et lui accorder des bonus en tous genres. Le système de combat a été complètement refondu, comme nous allons le voir.

Des combats à base de QTE

Ce qu’on aime dans un Warriors, c’est taper comme un fou sur les boutons d’attaques faibles et fortes pour remplir les jauges d’attaques spéciales et de musou en faisant des combos de folie. Ici, seule l’idée du système de combo a été reprise. On commence donc de façon classique par des attaques faibles et fortes, mais cette fois, il faut prolonger les combos en maintenant la gâchette L1 ou R1 pour déclencher une attaque réactive pouvant envoyer les ennemis dans les airs ou les étourdir. Il faut maintenant prêter attention aux icônes qui apparaissent sur les ennemis pendant les combats afin d’appuyer sur le bon bouton au bon moment. Malheureusement, le faible niveau technique du jeu gâche souvent l’expérience et on se retrouve la plupart du temps à matraquer tous les boutons n’importe comment dans l’espoir de réussir des QTE. Pour les habitués de la série, c’est nettement moins amusant ainsi. Les combats perdent leur dimension épique pour devenir plus stratégiques, à la façon d’un Nobunaga’s Ambition, mais sans atteindre le niveau de maîtrise des autres jeux, en raison d’un niveau technique éculé.

Une technique très faible

Le niveau technique d’un Warriors n’a jamais été très élevé, même si la série commençait à bien se redresser avec les épisodes les plus récents comme Warriors All-Stars. On le remarque tout de suite sur le chara design, mais force est de constater que l’ensemble du jeu est concerné. Le monde est vaste, la carte vraiment gigantesque, mais plutôt vide. Des problèmes d’affichage surviennent sans arrêt. Quand on chasse, par exemple, il est fréquent de voir les animaux qu’on vise disparaître subitement puis réapparaître quelques secondes après. Les problèmes surviennent encore plus nombreux quand on escalade des montagnes dont l’ascension peut s’avérer pénible. On est très loin d’un Breath of the Wild ! Les ennemis flottent souvent au-dessus du sol ou se retrouvent bloqués dans le décor. Les animations des personnages sont souvent grossières, surtout quand on monte à cheval ou qu’on nage dans les rivières. Les couleurs sont ternes et tristes, alors qu’on est habitué à un monde plutôt flashant. On ne reconnaît plus du tout la série qui nous a tant permis de nous défouler, à part à travers les défauts qu’on retrouve depuis longtemps. L’IA des ennemis et des alliés est toujours aussi mauvaise, rendant le jeu assez facile. La surabondance d’informations à l’écran oblige souvent à attendre que tous les scripts se terminent avant de pouvoir passer à la suite, conduisant parfois le jeu à afficher des informations contradictoires. Il faut même régulièrement relancer certaines quêtes pour que le jeu les valide comme terminées, même si on a déjà rempli tous les objectifs depuis longtemps. On a l’impression de jouer à une sorte de version alpha du jeu, à un stade assez peu avancé de son développement. Cette impression de produit mal fini persiste tout au long de la partie. C’est dommage, car ce Dynasty Warriors 9 avait du potentiel.

De bonnes idées bien gâchées

Si on connaît bien la série, on sera très sévère avec Dynasty Warriors 9 qui rompt de façon brutale avec les habitudes prises sur les épisodes précédents. Adieu les sublimes personnages « trop stylés » qui sortent des combos de folie et des attaques spéciales ahurissantes afin d’écraser le plus possible d’adversaires pour notre plus grand plaisir. Ici, on se contente de se balader sur une carte immense en croisant les doigts pour tomber sur des ennemis à tabasser. Les développeurs n’ont pas réussi à allier le style bourrin typique des musou aux plaisir de l’exploration libre. Pourtant, il est quand même agréable de parcourir le monde à la recherche de ses secrets. Mais les combats, en se voulant plus tactiques, perdent leur dimension épique. Le stress pendant les missions a également disparu. Dans un musou, on tombe régulièrement sur des missions nécessitant d’éliminer rapidement des adversaires dans un ordre précis. Là, en raison du gigantesque monde ouvert, cette contrainte n’est plus possible. On sait qu’on peut prendre son temps et le jeu devient assez mollasson. En revanche, les défauts récurrents de la série sont toujours là : le jeu est trop facile, à cause d’une IA à la ramasse et s’avère toujours aussi répétitif.

Ceux qui ne connaissent pas bien les Warriors seront peut-être plus tolérants, mais Dynasty Warriors n’arrive pas à rivaliser avec les autres productions. En voulant recycler quelques idées des jeux précédents et orienter la série vers un RPG plus classique en monde ouvert, les développeurs ont donné vie à une sorte d’hybride maladroit qui accuse un gros retard sur un Skyrim, Fallout ou autre Zelda. Le jeu avait pourtant quelques arguments, comme une durée de vie énorme, un casting à la hauteur et des sous-titres français, mais cet épisode ne restera pas dans les mémoires.

Enguy

Points forts :

– Sous-titres français
– Immense monde ouvert
– Alternance jour/nuit
– Plus de 90 personnages jouables
– Durée de vie énorme

Points faibles :

– Niveau technique dépassé
– De très nombreux bugs pour une impression de jeu bâclé
– On perd tout ce qui fait le charme de la série
– Répétitif à souhait
– Peut-on encore parler de musou ?

LA NOTE : 12/20

Éditeur / Développeur : Koei Tecmo / Omega Force
Genre : action, RPG, aventure, beat’em all
Supports : PC, PS4, Xbox One
Date de sortie : 13 février 2018

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *