Test : Astral Chain (Switch) n’est pas un GOTY

Le nouveau jeu d’action des studios Platinum est, en effet, plutôt un GOAG : Game of a Generation, la perfection incarnée ou presque.

Prendre le contrôle d’un policier pour résoudre moultes crimes avec ma chimère mangaesque ? Un pitch qui n’avait absolument pas attiré mon attention, n’apparaissant sur la périphérie (assez large) de mon radar qu’après les premiers retours de joueurs et de la presse. Autant dire que c’était avec zéro attente, voire une petite animosité « ACAB », que j’ai démarré Astral Chain. Surprise, voici un classique instantané ! Ce n’est même pas la peine de descendre jusqu’en bas de la page, je lui mets la note maximale ; le pourquoi devrait néanmoins vous motiver à lire ma prose… Ainsi que me faire plaisir, je me sens seule.

Neon Genesis Astral Chain

Autant parler de suite de l’éléphant au milieu de la pièce : le dernier-né de l’excellent studio PlatinumGames est une ode majestueuse à l’œuvre de Hideaki Anno et GAINAX Neon Genesis Evangelion. Passé sur les télévisions japonaises de 1995 à 1996 puis en France grâce à la ténacité de Dybex, la série de 26 épisodes et son film conclusif ont marqué les esprits pour des raisons variant en fonction du téléspectateur. Au centre de l’histoire, des créatures humanoïdes qu’on garde sous contrôle grâce à des plaques métalliques, des références bibliques « pour faire classe » et des protagonistes psychologiquement torturés. Tout autant de thématiques que l’on retrouve dans le jeu d’action.

Les inspirations, loin d’être cachées, sont exhibées dès la cinématique d’introduction. Une chimère hors-de-contrôle fait une pirouette, telle l’Eva-01, avant de matraquer de poings une glace à la manière de l’unité test 00. Les discussions sur la nature humaine à bord de l’Arche (de Noé, rappelant alors la préquelle spirituelle Nadia, le secret de l’eau bleue) sont entrecoupées d’un mystérieux antagoniste échangeant avec de géants monolithes. Cet hommage assumé est maîtrisé et utilisé avec grande intelligence au sein de l’univers d’Astral Chain, m’autorisant à crier comme une fan-girl à chaque plan culte, RER plein ou pas.

La station non balnéaire

Le soft fait la part belle à la science-fiction. Au-delà des créatures précitées, renommées Légions une fois sous notre contrôle en cette année 2078, les forces de l’ordre y sont montrées comme bienveillantes et réactives, ayant toujours en tête l’intérêt du peuple. Une fiction carrément capillotractée qui laisse finalement rêveur, une sensation agréable donnant envie de croire en les autorités, un monde utopique dans lequel on se complaît rapidement.

Nos officiers passent la moitié de l’aventure à enquêter sur le terrain, tout en aidant nous autres, citoyens en détresse. Les outils mis à notre disposition, comme l’ordinateur scanner IRIS ou les caméras de sécurité holographiques, ne servent qu’à des fins positives. La force ne peut être utilisée qu’en cas de légitime défense, et toujours dans des proportions mesurées. Astral Chain nous montre ce qu’est un véritable policier, quelqu’un auprès de qui on se sent en sécurité, comme dans l’un de ces vieux films en noir et blanc. Aussi, ils ramassent et jettent nos canettes vides sans rechigner.

Remonter la trace du mécréant principal du chapitre ne consiste, certes, qu’à parler à tous les PNJ du coin, mais les villes et environnements citadins proposés font partie des plus immersifs qu’il m’ait été donné de voir. Ils transpirent de vie humaine et animale, les feux de signalisation doivent être respectés pour traverser la route et les décors typiquement Blade Runner brillent de mille couleurs. Contrairement à Fire Emblem Three Houses et ses protagonistes raides comme des bâtons, on ressent un plaisir vrai à manipuler notre héroïne (ou héros, mais #menaretrash). Elle prend de l’élan avant de courir, manque de tomber en rentrant dans quelqu’un ou quelque chose et change le centre de gravité de son corps en tournant. Un délice numérique typique aux Mario, le symbole d’un travail passionné, la volonté de bien faire.

Agents are go!

Le cœur du jeu reste néanmoins son action qui, Platinum oblige, ne déçoit pas. Les chimères qui ont envahi le monde, invisibles à l’œil nu, se cachent dans le plan astral que l’on accède grâce à notre Légion. C’est dans cet univers composé de formes géométriques simples et abstraites que la majeure partie des combats se passent, probablement par limitations techniques. Bien que n’utilisant que deux boutons, un pour le personnage et un pour appeler votre « monstre de compagnie » à l’attaque, Astral Chain se révèle rapidement être plus complexe qu’il n’y paraît.

Chaque situation et ennemi nécessite l’utilisation spécifique d’une de vos cinq Légions et de ses capacités spéciales. La chaîne vous liant telle un cordon ombilical se montre elle aussi absolument vitale, servant de lasso ou encore de propulseur pour rejoindre votre acolyte alien. Récupérer de la matière rouge et ses codes génétiques vous permettent d’avancer dans son arbre de compétences, augmentant de manière conséquente ses capacités et possibilités de jeu. L’évasion, quand déclenchée au bon moment, vous accorde un ralenti et la possibilité de placer une attaque spéciale bonus, comme Bayonetta. Cette liste longue et non exhaustive vous est délivrée lentement, mais surtout de manière simple et limpide, faisant d’Astral Chain le jeu d’action parfait pour néophytes et professionnels.

Entre ses phases d’enquête, de courses-poursuites, ses énigmes et son action époustouflante, la variété est de mise. La mise en scène dynamique laisse pantois, surtout en mode portable. Les angles de caméra dramatiques se multiplient sur une bande-son inoubliable qu’on a vite fait d’écouter légalement sur les internets. Difficile de trouver quelque chose au jeu de Platinum qui fait tout pour être parfait dans ce qu’il souhaite faire.

Ceci soulève le problème qui était au centre de la coopération entre la société et Microsoft concernant Scalebound. Pendant que le géant américain avait commandé un Bayonetta en coopération classique, les Japonais réinventaient la roue en créant un open world RPG d’action. Une idée qui n’a pas plu à Microsoft, peu désireux de laisser libre cours aux têtes créatives, sonnant ainsi le glas du projet. Astral Chain est PlatinumGames qui se laisse aller, avec pour seul cahier des charges un jeu accessible à tous et, probablement, une présentation alléchante sublimée par le créateur de Video Girl Aï, I”s et Zetman, Masakazu Katsura.

Aussi, j’ai beaucoup apprécié qu’on m’y parle parfois comme dans la réalité !

À part quelques ralentissements, peu de critiques sont à faire sur Astral Chain. Son contenu riche rend d’office caduque la notion de DLC, sa physique n’a rien à envier à celle d’un jeu Nintendo pour une progression variée et enivrante. Une surprise totale me rappelant Mario et les Lapins Crétins, un classique instantané à se procurer si on aime un tant soit peu les jeux d’action.

Marine

Points forts :

– Magnifiquement beau
– Durée de vie conséquente si on le souhaite
– L’environnement immersif
– Varié
– Une bande-son incroyable
– Masakazu Katsura !
– Evangelion. Oui, bon, c’est personnel.

Points faibles :

– Rares ralentissements

La Note : 20/20

Développeur / Éditeur : PlatinumGames / Nintendo
Genre : Action, Aventure, Enquête, Evangelion lookalike
Support : Switch
Date de sortie : 30 août 2019

 


   	

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