Test : Yakuza Zero The Place of Oath (PS4)

Alors que les fans ont déjà les yeux tournés vers Yakuza 6, qui ne sortira pas avant la fin 2018 chez nous, attardons-nous sur Yakuza Zero The Place of Oath, qui vient raconter en exclusivité sur PS4 la jeunesse de deux monstres sacrés de la série : Kiryu et Goro Majima. Leurs premières aventures sont-elles à la hauteur du reste de la série ? Notre verdict, sans plus attendre.

Yakuza Zero, le début de la fin

Ce n’est pas la suite de Yakuza 5, mais bien le tout début de la série Yakuza qu’on vient nous raconter dans ce nouvel épisode qui se passe en 1988. Alors que Kazuma Kiryu n’a que 20 ans, il vient d’intégrer les yakuza et la famille Dojima. En faisant son « travail de collecteur de dette », il est accusé du meurtre de la personne qu’il vient de convaincre de payer de façon un peu musclée. Ce meurtre met les yakuza dans l’embarras, et Kiryu n’a pas d’autre choix que de devoir se faire exclure de la famille pour prouver son innocence. En parallèle, on incarne également Goro Majima, jeune directeur de cabaret de 24 ans et qui veut tout faire pour retrouver sa place au sein des yakuza, quel que soit le prix à payer pour cela. Un scénario toujours aussi dramatique qui devient vite complexe, tant les personnages complotent pour des histoires d’argent et de pouvoir.

 

Retour vers le passé

Jouer à Yakuza, c’est se plonger dans le Japon contemporain. Avec l’épisode Zero, on remonte le temps et on retrouve l’archipel nippon des années 80 avec ses rues pleines de néons, ses punks, ses voitures de luxe de l’époque, ses cabines téléphoniques, ses petites voitures à personnaliser, etc. Bref, tout ce que les joueurs les plus âgés ont connu dans leur enfance. C’est avec un brin de nostalgie qu’on se replonge dans cet univers rétro, mais à la sauce japonaise. Par exemple, je ne me souviens pas avoir entendu parler des « téléphones d’épaule » à l’époque, alors que dans le jeu c’est un accessoire high-tech. On retrouve donc avec plaisir le Japon de cette époque, modélisé avec soin : le célèbre quartier Kamurocho (Tokyo) n’est donc pas vraiment le même que celui des épisodes précédents, mais on y trouve toujours les salles d’arcade SEGA.

Une aventure pleine d’action

Kiryu et Majima ont fort à faire pour réaliser leurs rêves. Au cours des différents chapitres, de nombreux adversaires viennent leur barrer la route, et les deux héros ne peuvent compter que sur leurs aptitudes au combat pour s’en sortir, surtout contre les boss. Le jeu propose toujours un système de combos avec une jauge de « Heat » qui se remplit quand on frappe les adversaires et qui se vide quand on prend des coups. Cette jauge permet de déclencher des actions spéciales pour faire un maximum de dégâts, le tout dans une débauche de violence. Car Yakuza, ce n’est pas une série pour les petits, loin de là. Le jeu est d’une violence assumée : en combat, le sang gicle, les têtes sont fracassées contre le sol et il faut savoir profiter du moindre moment de faiblesse pour infliger de gros dégâts. Chaque personnage dispose de plusieurs styles de combat, permettant de se battre à mains nues ou avec une arme, d’esquiver ou non et d’accéder à un éventail important de coups.

Comme dans les RPG, les personnages peuvent évoluer à travers leurs styles de combat. Chacun d’eux dispose d’une sorte de roue d’aptitudes avec plein de capacités à déverrouiller contre de fortes sommes d’argent. Il est également possible d’équiper Kiryu et Majima avec 1 tenue, 1 arme et 2 objets pour les renforcer et leurs donner des résistances. En avançant dans l’histoire, on croise même plusieurs maîtres qui vont leur permettre d’obtenir des capacités uniques. Les fans reconnaîtront peut-être un ou deux maîtres des épisodes précédents, avec quelques années de moins.

 

De la violence, de l’argent et du sexe

Si Yakuza est souvent considéré comme le GTA japonais, ce n’est pas sans raison. Á la violence des combats, s’ajoute le langage vulgaire et grossier, parfois violent également. Comme le jeu est en japonais sous-titré anglais, peu de joueurs vont s’en apercevoir, mais je vous confirme que les sous-titres anglais sont assez crus. J’ose à peine imaginer ce que cela donne en japonais ! Á cela s’ajoute les jolies filles, souvent traitées comme de simples prostituées et qui ne sont là que pour mettre en valeur les personnages masculins.

Mais il ne faut pas s’arrêter à cette apparence volontairement racoleuse. Si on aime Yakuza, c’est parce qu’on y retrouve l’esprit traditionnel japonais. Le jeu est violent, certes, mais pas gratuitement : uniquement pour répondre à la violence des ennemis et pour protéger les innocents. Tuer n’est ni amusant ni cool, et les morts sont peu nombreuses et uniquement si le scénario l’exige. S’il est beaucoup question de jolies filles, il faut savoir les traiter avec respect, et se montrer galant, même si elle fait des vidéos de charme. L’honneur est important dans la série, et nos héros ont un grand sens moral, même s’ils sont liés aux mafieux japonais.

Un grand sens de l’autodérision

Si l’histoire principale est sombre, il faut prendre le temps d’arpenter les rues pour dénicher toutes les missions secondaires, les « sub stories ». Ces dernières sont de toute nature : protéger un innocent, aider des enfants, se faire passer pour le fiancé d’une jeune fille, jouer au réalisateur, se lier d’amitié avec des gens, donner des conseils à une dominatrice, inventer de nouveaux impôts et bien plus. De nombreux sujets sont abordés (l’amour, la violence, la sexualité, les relations, le harcèlement, etc.), ce qui permet des situations plus ou moins coquasses mettant parfois nos héros dans l’embarras. Comment réagir quand une gamine de 8 ans veut devenir votre petite amie ? Comment retrouver la jeune fille dont un jeune homme est tombé amoureux en regardant sa vidéo coquine ? Rien n’est épargné à nos héros, qui se retrouvent dans des situations du quotidien parfois absurdes, parfois dramatiques, mais toujours traitées avec intelligence. Un régal pour le joueur. Mention spéciale à la première mission avec les parodies de Steven Spielberg (Stephen Spining) et Michael Jackson (Miracle Johnson) : on voit que les développeurs de chez SEGA se sont particulièrement amusés à recréer des personnages à la fois ridicules et fidèles, mais ont également glissé de subtiles références dans les dialogues et épreuves (E.T, Indiana Jones, Bad, Thriller, Black or White, etc.). Les clins d’œil ne s’arrêtent pas là.

 

Un fan service assumé

Les fans de la série vont retrouver avec bonheur plusieurs personnages des épisodes précédents, malgré un look différent. On est toujours autant sous le charme de Kiryu, qui ne change pas d’un épisode à l’autre. En revanche, pour Majima, la surprise est de taille : alors qu’on garde de lui l’image d’un Yakuza violent et totalement allumé, il apparaît ici très calme et d’une lucidité absolue. Un être qui force le respect. Le joueur va donc vouloir comprendre comment il a pu autant changer.

Pour en revenir au fan service, au-delà des nombreuses références aux différents épisodes de la série, on retrouve bien entendu ce qui fait le charme de cette dernière, à savoir les salles d’arcades SEGA avec des jeux vidéo de l’époque (Out Run et Space Harrier), les salles de mahjong, le billard, le bowling, le base-ball, les bars à hôtesses et aussi les épreuves de charme. Cette fois, il faut débloquer des vidéos plus ou moins coquines (avec de véritables jeunes filles, pas des modèles 3D) ou faire du téléphone rose. Mais toujours de façon rigolote et légère. On adore !

Un épisode solide

Alors qu’on pouvait craindre un essoufflement de la série, Yakuza Zero : The Place of Oath rassure. Ce jeu est incroyable : scénario accrocheur, nombreuses missions secondaires d’une grande variété, beaucoup d’humour et d’émotion. Yakuza Zero se révèle aussi violent et coquin que les autres jeux de la série, sans choquer ou être vulgaire. On apprécie les valeurs morales véhiculées par ce titre en apparence proche d’un GTA. Les mini-jeux sont nombreux et demandent souvent un investissement important, comme les courses de voiture qui nécessitent d’acheter des pièces régulièrement pour les améliorer. Il y en a vraiment pour tous les goûts : pêche, danse, karaoké, billard, casinos, fléchettes, colisée… Ces jeux peuvent même se jouer à deux ou en ligne en retournant au menu principal. Ce dernier permet aussi de faire des combats climax pour ceux qui veulent mettre l’aventure principale en pause. La richesse de cet épisode fait oublier que ce monde n’est toujours pas ouvert, mais semi-ouvert uniquement.

 

On se demande en revanche pourquoi ce jeu a mis autant de temps à débarquer chez nous : sorti en 2015 au Japon, c’est deux ans plus tard qu’on le voit en Europe, sans localisation française. Cela prive de nombreux joueurs d’un titre vraiment exceptionnel aux dialogues très bien écrits. Ces derniers sont toujours aussi nombreux. On constate cependant une différence nette entre l’aventure principale, aux répliques profondes, et les quêtes secondaires, souvent bien plus trash. On aurait également aimé un moteur graphique un peu plus performant : si les personnages sont modélisés avec soin, le reste du jeu fait un peu vieillot. Il y a toujours une multitude de choses à faire : envoyer des agents trouver de l’équipement, gérer ses affaires, jouer, chanter, danser, parier, se battre, draguer… L’ambiance sonore est un vrai régal : des thèmes plus électro ou pop/rock en rapport avec les années 80 alternent avec des musiques parfois plus romantiques, selon les circonstances. Si le japonais ou l’anglais ne vous rebutent pas, il faut absolument découvrir cette véritable pépite pleine d’humour et de culture japonaise.

Enguy

 

Points forts :

– Le Japon des années 1980
– Dialogues très bien écrits
– 2 héros charismatiques
– Un tas de mini jeux
– Nombreuses missions secondaires de qualité

Points faibles :

– Dialogues toujours aussi nombreux
– Dialogues des quêtes annexes pas aussi soignés que ceux de l’aventure principale
– Monde semi-ouvert et non totalement ouvert
– Moteur graphique un peu dépassé
– Toujours pas de voix ou sous-titres français

 

LA NOTE : 17/20

Éditeur/ Développeur : SEGA
Genre : aventure, action, beat’em all
Support : PS4
Date de sortie : 24 janvier 2017

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