Test : Yakuza 4 (PS3)

En ce début d’année fiscale 2011, la PS3 a droit à une exclusivité de la part de SEGA : Yakuza 4. La série débarque en France fin 2006 sur PS2 et semble avoir trouvé des fans assez nombreux pour que SEGA justifie sa sortie encore une fois chez nous. Mais après 3 épisodes assez semblables, la série va-t-elle trouver un second souffle ?

Yakuza puissance 4

Dès l’installation (un peu longue) du jeu, on s’aperçoit qu’il y a 4 personnages jouables dans Yakuza 4, comme un clin d’œil au titre du jeu. La J-Pop en fond sonore permet de patienter agréablement pendant que des courtes descriptions de Kazuma Kiriju (déjà présent dans les volets précédents), Shun Akiyama, Taiga Saejima et Masayoshi Tanimura s’enchaînent. Cependant, de nombreux personnages secondaires vont venir entremêler leurs destins à ceux des 4 personnages principaux dans une histoire habilement ficelée et pleine de rebondissements. La narration est d’ailleurs assez proche des polars asiatiques ou des films d’action avec, parfois, des scènes humoristiques qui font penser aux plus grandes séries animées comme le voleur de sous-vêtements (souvenez-vous d’Happosai/Maître Hernestin dans Ranma ½).

Une mise en scène efficace associée à un excellent doublage japonais et des sous-titres en anglais : malheureusement, SEGA ne souhaite toujours pas investir dans une meilleure localisation de la série et les joueurs peu à l’aise avec la langue de Shakespeare seront contraints de se passer de ce jeu. Dommage que SEGA se prive d’emblée de ventes plus importantes, surtout que Yakuza 4 est estampillé d’un logo 18+ qui risque d’effrayer nombre de parents.

                

Un jeu pour les adultes

Outre l’absence de sous-titres français, Yakuza 4 se voit réservé aux joueurs majeurs. En effet, le sujet est délicat : comment parler des Yakuza, les mafieux japonais, sans déraper ? Sujet brûlant mais très bien traité : Yakuza 4 ne fait pas l’apologie de la mafia, le jeu ne fait que brosser le portrait des personnes impliquées dedans. C’est parfois assez crû mais cela renforce le réalisme du jeu. Cependant les plus jeunes y seront totalement insensibles, risquant même de passer à côté du message lancé par le jeu. A l’inverse de ce que présente un GTA, la mafia n’est pas « cool », elle est cruelle et n’apporte pas le bonheur.

La violence est présente partout : dans les dialogues (avec de nombreuses expressions grossières), dans les relations entre les personnages (qui n’hésitent pas à s’entretuer pour conserver leurs territoires), dans les combats (avec du sang qui gicle de tous côtés).

Mais ce ne sont pas les seuls points qui font de Yakuza 4 un jeu réservé aux adultes : différents thèmes sont traités et notamment une certaine allusion à la prostitution. En effet, de nombreuses jeunes filles déambulent dans les rues de Tokyo et il va falloir, en tant que propriétaire d’un club, recruter les plus belles et les entraîner afin d’en faire des hôtesses de premier choix et gagner ainsi beaucoup d’argent.

On comprend donc que ce jeu ne puisse être laissé entre toutes les mains mais il demeure fort appréciable qu’un tel soft propose un contenu adulte abordé avec pudeur et intelligence. C’est d’ailleurs certainement ce qui fait le charme du jeu.

                

Un réalisme augmenté

L’essentiel de l’aventure se passe dans le quartier de Kamurocho, véritable reproduction d’un quartier de Tokyo avec les enseignes, boutiques, restaurants et échoppes du vrai Tokyo. Aussi y retrouve-t-on des clubs avec des jeunes filles, des salles de jeux (notamment celles de SEGA), des restaurants, des boutiques de luxe avec des consonances françaises (Le Marche, Elise…). Une véritable visite de Tokyo depuis son salon. Mais ce réalisme détaillé à un prix ! Car si le quartier est assez vaste et riche en explorations multiples (les toits des immeubles, les souterrains, etc…), cela implique des graphismes un peu dépassés. Néanmoins, le résultat  reste agréable et suffisamment bon pour ne pas repousser le joueur.

On notera aussi le très bon travail de modélisation des personnages avec un soin particulier apporté aux visages, dignes du rendu d’un photo réalisme poussé. Cela permet une immersion plus grande dans le jeu. L’ambiance d’une ville vivante est aussi parfaitement retranscrite avec des rues qui fourmillent de passants que l’on bouscule sans ménagement et dont on entend tous les propos en les effleurant. Les bruitages sont, pour leur part, très soignés, si l’on fait abstraction des sous-titres aux sonorités rappelant le bruit des vieilles machines à écrire…un peu agaçant à la longue !

                

Un gameplay approfondi

Si l’essentiel du gameplay de la série est conservé (ainsi que le découpage du jeu en parties subdivisées en chapitres), la possibilité d’incarner 4 personnages très différents évite de se lasser. En effet, chaque personnage dispose de son propre style de combat et ne se contrôle donc pas de la même façon que les autres. Les coups et attaques sont variés et un système de points d’expérience permet de débloquer des attaques toujours plus dévastatrices. On dispose d’un éventail de mouvements large (attaque, défense, coups de pied, de poing, etc…) ainsi que de coups spéciaux pour terrasser les ennemis. Le résultat est spectaculaire, d’une violence inouïe (on prend par exemple appui sur la tête de l’adversaire pour lui défoncer le visage avec les genoux !) mais très jouissif. Sans compter les éléments du décor et autres armes à récupérer, histoire de s’en servir pour démolir les ennemis.

Alternativement, il est possible de prendre part à des entrainements auprès d’un personnage un peu spécial, ce afin d’améliorer ses statistiques. Chaque niveau permet aussi de gagner plus de points de vie et d’encaisser donc plus de coups. Enfin, une jauge de furie est disponible et permet de déchaîner sa violence contre les adversaires une fois celle-ci remplie. Yakuza 4 a tout d’un bon beat’em up !

Mais le jeu ne se contente pas de ça : s’il y a une histoire principale, déambuler dans la ville permet aussi de rencontrer des gens qui ont des problèmes qu’on aimerait bien régler. Ces « sous histoires » empêchent la monotonie de s’ installer en divertissant agréablement. Ces mini-quêtes sont, de surcroit, plutôt variées. Récupérer les clés de tous les casiers du jeu (disséminées vraiment n’importe où, le radar s’avère extrêmement utile), photographier des événements étranges (lorsqu’une scène louche et décalée semble se produire, il faut sortir son portable et photographier la scène : 3 photos prises au bon moment peuvent faire gagner des attaques spéciales), manger dans tous les restaurants pour récolter des informations sur les menus, aider un jeune homme à plaire aux filles, etc… Evidemment, on peut toujours passer du temps dans les salles de jeux à jouer sur les bornes d’arcade pour faire un gros score affiché ensuite en ligne (on apprécie grandement de pouvoir tenter sa chance au Pachinko, ces sortes de bandit manchot japonais auxquels on ne comprend rien mais tellement addictifs !), gagner des objets ou entraîner la meilleure hôtesse. Cette quête est d’ailleurs très complète : on peut personnaliser entièrement la jeune fille (coupe de cheveux, couleur des cheveux, robe, bijoux, accessoires, maquillage, lentille) et l’entraîner pour gonfler (ndlr : j’ai eu peur !) ses statistiques en faisant attention à ne pas trop la fatiguer et en veillant à ce qu’elle corresponde aux goûts très changeants des clients.

Enfin, la ville fourmille d’objets à accumuler et à utiliser plus tard. Parcourir la ville de long en large permet aussi de tomber sur de nombreuses bandes (punk, yakuza ou autres voyous) cherchant à en découdre, prétexte tout trouvé pour gagner de l’expérience et de l’argent.  Il va aussi falloir échapper à la police ou courir après des malfrats dans des phases de jeu totalement différentes et recentrées sur l’action rapide.

                

Bien plus qu’un jeu…

Yakuza 4 permet donc une plongée dans l’univers de la mafia japonaise à travers une réalisation digne des meilleurs films ou romans policiers nippons. Cette narration est parfois un peu lourde (on enchaîne les longues cinématiques sans pouvoir les passer) et le jeu se montre un peu dirigiste par moment, mais l’atmosphère mature est unique et explore tout ce qu’il y a de plus abjecte chez l’homme : violence, trahison, vengeance, meurtres, argent sale, filles…

Pourtant, cet univers est abordé avec douceur, intelligence et profondeur, dans une œuvre attachante et portée par des personnages très différents mais tous charismatiques. La sensation de réalisme et de liberté est énorme et très plaisante. On pardonne donc facilement à SEGA les graphismes un peu légers et l’absence de sous-titres français car Yakuza 4 est bien plus qu’un jeu pour adultes : c’est une œuvre intelligente qu’on aurait aimé accessible à tous ! Si l’anglais ne vous pose pas trop de problème (ou si vous parlez couramment japonais), tentez donc cette aventure qui vous occupera une bonne vingtaine d’heures au moins !

Enguy

 

Points forts :

– un véritable quartier de Tokyo fidèlement recréé

– liberté totale d’exploration

– 4 personnages aux styles de combat très différents

– un scénario complexe et subtil qui se suit avec délice

– une mise en scène emprunte de culture nippone qui transforme le jeu en film ou roman

– les salles de jeux SEGA et le Pachinko !

Points faibles :

– des graphismes un peu légers

– pas de sous-titres français

– cinématiques parfois trop longues ou nombreuses

 

La Note Le Mag Jeux Vidéo : 16,5/20

Editeur: SEGA

Genre : Aventure/Action

Support: PS3

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