Test : Speedy Gun Savage (PC-VR) sur Oculus Quest/Rift

Si vous êtes nostalgique des salles d’arcade, et plus particulièrement des jeux de type rail shooter où vous étiez devant un écran géant avec un flingue à la main à tirer sur les vagues d’ennemis, alors rassurez-vous, grâce à Gamitronics, vous allez pouvoir raviver vos sensations. En effet, ce studio indien originellement orienté machine d’arcade, a décidé de se lancer dans le monde PC et console avec sa touche et son expérience pour notre plus grand bonheur de retrouver l’expérience pur arcade. Alors, est-ce que cette incursion de Gamitronics s’avère être une bonne chose ? Voici mes impressions sur PC avec un casque Oculus Quest relié via Oculus link.

En arcade, pas d’histoire

Pour les lecteurs qui me connaissent, je commence toujours mes articles en écrivant un petit synopsis pour vous allécher. Mais ici, autant dire que cette partie va être rapide. Dans Speedy Gun Savage, vous jouez le rôle de Wolf, un cowboy chasseur de prime qui traverse l’espace en quête de malfaiteurs à arrêter. Votre passion est manifestement l’alcool. C’est d’ailleurs affalé dans votre vaisseau, une bouteille de whisky vide à la main, que vous prenez le contrôle de votre personnage. Vous vous réveillez d’une grosse cuite, et vous faites connaissance avec votre seul compagnon, un robot s’appelant 3V4N qui vous réexplique la situation de vos souvenirs perdus dans l’alcool. Vous aurez ainsi l’occasion de jouer à une machine d’arcade en guise de tutoriel. Ce tuto, qui est très anecdotique, vous explique globalement le maniement du jeu en vous permettant de tirer sur quelques bouteilles dans un environnement en 3D fil de fer de type TRON.
Ensuite commence la première mission. Pas de briefing ni d’explication, on se retrouve directement dans un décor du Far West qui vous emmènera dans des mines infestées de squelettes pour vous retrouver devant un monstre qui semble adepte de satanisme. On se rend vite compte qu’on est en face d’un jeu qui aurait pu venir d’une borne d’arcade, car il n’y a vraiment pas une once de scenario. Le but est de ne pas se prendre la tête avec une histoire et de rentrer dans l’action pure et dure. Ne vous attendez pas à des rebondissements dans le scénario ni même une histoire qui évolue au cours du jeu. Ici, seul le contexte est brièvement explicité pour vous donner un semblant d’environnement. La signature d’un développeur de bornes d’arcade comme Gamitronics se reconnaît. Malheureusement, je pense que les joueurs sur console et encore plus sur PC ont une attente différente. En effet, à la maison, les joueurs ont plus de temps pour s’attacher aux héros, comprendre leur histoire. Du coup, Speedy Gun Savage peut décevoir sur le plan scénaristique. C’est dommage, d’autant plus que le concept d’un cowboy de l’espace chasseur de primes aurait pu avoir une intrigue assez sympa.

   

Du pur arcade

Du coup, à défaut d’histoire, on se rabat sur l’action. Avec Speedy Gun Savage, on a affaire à un rail shooter par scène fixe à la Virtua Cop. C’est-à-dire que la vue est à la première personne, le scrolling bouge automatiquement jusqu’à un certain endroit. De là, des vagues d’ennemis arrivent de tous côtés qu’il faut dégommer à l’aide de nos armes à une ou deux mains. C’est là que la première magie de la réalité virtuelle s’opère. Rien de plus naturel et grisant que de tendre les bras en direction des ennemis et de tirer à l’aide de la gâchette de vos manettes. Ou alors, de passer vos mains par-dessus un rocher pour tirer à l’aveugle. À vous d’avoir les réflexes suffisants pour dégommer ces vagues d’ennemis le plus rapidement possible avant qu’ils n’aient le temps de vous tirer dessus. Il faudra également viser les points faibles, car c’est là que les dégâts seront les plus importants et que les rascals succomberont rapidement. Néanmoins, si vos réflexes et votre précision ne sont pas suffisants, il est toujours possible d’éviter leurs tirs. Pour ce faire, on peut se baisser pour se cacher derrière un rocher ou une barrière, ce qui est assez classique pour un rail shooter. Et là, la 2e magie de la réalité virtuelle opère : on se baisse pour se cacher derrière un rocher et on jette rapidement un coup d’œil par-dessus ou sur le côté avec un mouvement rapide de la tête. Si on joue vraiment le jeu, cette partie est vraiment sympa. La nouveauté dans Speedy Gun Savage par rapport aux autres rail shooter, c’est qu’on peut également courir de droite à gauche grâce aux joysticks, ce qui a pour avantage de pouvoir continuer à tirer sur les ennemis. Mais cette idée, qui semble sympa au départ, détruit complètement le principe du jeu. En effet, très rapidement, on se rend compte que c’est la méthode la plus efficace, car les tirs ennemis étant très lents et pas très soutenus, il est clairement facile de les éviter en faisant des aller-retour droite-gauche. Alors que si vous vous baissez, vous n’êtes pas à l’abri de vous relever au moment où un tir arrive, ou qu’un ennemi trouve un angle vulnérable, sans parler du fait que c’est vraiment moins fatigant que de se baisser et se relever. Résultat, au fur et à mesure que les minutes passent, la 2e magie de la réalité virtuelle disparait, car on ne fait plus du tout l’effort de plier les jambes.

En ce qui concerne votre arsenal, vous pouvez alterner entre 3 armes différentes. Tout d’abord, comme tout cowboy qui se respecte, l’arme de base est le revolver. Cette arme tire lentement, il faut recharger tous les 6 coups et fait peu de dégâts. Par contre, elle a l’avantage d’avoir une bonne portée, des munitions infinies, et on en a une dans chaque main, ce qui permet finalement d’avoir un cadence de tir pas si mauvaise. Ensuite, vient le fusil à pompe qui, lui, fait de gros dégâts à bout portant et en plus, il y en a un dans chaque main. Par contre, la portée est courte et les munitions sont limitées, même si elles sont nombreuses. Et finalement, on trouve une sorte de mitraillette à deux mains qui a une bonne portée, est précise et tire rapidement. Par contre, il y a des munitions limitées. Personnellement, j’ai trouvé que la variété des situations était plutôt uniforme et donc, le changement d’arme s’avérait rapidement accessoire. J’ai, la plupart du temps, utilisé le 6 coups de bases, car finalement, la bonne portée et le fait d’être armé des deux mains rend cette solution plutôt efficace. Je n’ai pas vraiment de situation où les autres armes s’avéraient incontournable, comme par exemple un énorme monstre plein de vie qui vous fonce dessus et que seul le fusil peut dégommer avant le choc. On regrette le manque de situations justifiant de jongler entre les armes.

   

Sur le plan de créativité des situations, Speedy Gun Savage permet de traverser 3 niveaux avec des thèmes complètement différents. Le premier niveau se passe dans un Far West extraterrestre rempli de cowboys et de mouches géantes et se prolonge dans des grottes remplies de squelettes pour se finir avec un monstre sorti de l’enfer qui lance des boules de feu. Le 2e niveau est un niveau spatial où les robots côtoient les tourelles pour se terminer avec un robot géant plein de missiles en guise de boss, et finalement, le 3e monde se trouve dans des cavernes tout droit sorties d’Alien. Cette diversité dans les mondes aurait pu se traduire par des stratégies et des approches différentes, malheureusement, non. Dans tous les niveaux, il suffit de courir de droite à gauche en essayant de tirer dans la tête des ennemis pour faire le plus de dégâts possible.

Avec les lunettes de réalité virtuelle, la gestion des informations est toujours un peu délicate. En effet, soit les informations sont affichées à l’écran, ce qui réduit drastiquement l’immersion en VR, soit elles ne sont pas présentes, ce qui rend leur maîtrise très approximative. Mais ici, Gamitronics a trouvé un bon compromis, car la vie et les munitions sont visibles au niveau des mains, ce qui est plutôt simple et efficace. Une deuxième source d’aide est la présence de notre compagnon sur le champ de bataille. En effet, 3V4N vole devant vous tout au long des niveaux en vous alertant quand votre santé est basse ou en vous indiquant où se trouve un ennemi un peu vicieux. Cette aide est en fait assez anecdotique et est plus là pour entretenir une ambiance qu’à réellement vous aider. Je pense que s’il n’était pas là, vous vous en sortiriez aussi bien. Et finalement, pour encore plus d’aide, on trouve dans le niveau plusieurs bonus qui permettent de recharger ses munitions ou de refaire le plein de vie. Mais vu la quantité de checkpoints, ces bonus sont vraiment accessoires.

Speedy Gun Savage se présentait donc comme un rail shooter survitaminé, digne des salles d’arcade. Mais hélas, les ennemis sont mous et peu agressifs. Leurs tirs sont lents et assez approximatifs. Le jeu manque sensiblement de nervosité. Le principal challenge n’est pas d’arriver au bout de l’aventure, car les checkpoints par niveau arrivent tout les 5 minutes, mais plutôt de faire le meilleur score en maximisant le nombre de headshots. Je m’attendais à vraiment devoir me baisser, tirer à l’aveugle, devoir jeter un coup d’œil rapide pour repérer les ennemis, me rebaisser, et brièvement me relever pour leur tirer dessus et tout de suite me cacher. Mais dans la réalité, vous resterez la plupart du temps debout à tirer, tout en jouant du joystick pour aller de droite à gauche.

On trouve également une option spéciale dans le jeu. Il est en effet possible de jouer comme si on était bourré. Dans la pratique, l’image est distordue, ce qui rend la visée beaucoup plus difficile. Je n’ai pas vraiment trouvé l’intérêt de ce mode, que personnellement je n’ai pas trouvé amusant, car on passe son temps à tirer à côté de la cible. Et pire, avec des lunettes VR, la nausée est assurée !

   

Technique

Sur le plan graphique, Speedy Gun Savage est assez irrégulier. Le vaisseau du héros est plutôt joli, avec plein de détails et d’animations. Comme c’est lié à l’introduction du jeu, la première impression est excellente. Ensuite, le monde du Far West se lance, et là notre impression semble se confirmer, car le monde est aussi joli avec de belles textures détaillées. Puis, peu à peu, on remarque que les ennemis sont tous identiques, et en revanche, eux ont des textures très approximatives. Ne parlons pas des mouches géantes qui sont tout simplement immondes. Finalement, Tout le jeu est du même acabit, c’est-à-dire que les décors sont plutôt réussis et détaillés avec de belles textures, mais les ennemis sont tous identiques par niveau et ont des textures très discutables. On aurait aimé un peu de variété dans les vagues d’attaquants.
En ce qui concerne l’ambiance sonore, elle reste très anecdotique. En effet, il n’y a pas de musique, et le son de nos flingues ressemble plus à des claquements de jouets qu’à de réelles armes à feu. Les bruitages des ennemis et de l’environnement sont également presque inexistants.
l’IA du jeu, ou plutôt les scripts de comportement des ennemis, sont assez simples. Ils n’essaient pas de vous surprendre ou de vous faire sursauter. Ils n’essaient même pas de vous piéger. Non, les ennemis se contentent d’avancer vers vous sans vraiment chercher à se cacher derrière le décor. On se retrouve vraiment derrière un jeu qui envoie des vagues d’ennemis sans intelligence. De même pour les boss. Ils ont des routines prédéfinies et relativement simples. Du coup, dès que vous les aurez retenues, vous n’aurez aucune difficulté à les achever.
La durée de vie du jeu est assez courte et vous arriverez au bout en 3 petites heures. Par contre, la rejouabilité est plutôt acceptable si vous souhaitez vous défouler un peu, comme sur une borne d’arcade.
Une autre déception également, et qui a pourtant fait le succès de Virtua Cop ou de House of the Dead, est le manque de jeu en coopération. Il aurait été vraiment bienvenu de pouvoir partager l’aventure en réseau avec un partenaire. Mais hélas, ici pas de possibilité.

Conclusion : un rail shooter sans originalité

Speedy Gun Savage est donc un rail shooter tout droit sorti des salles d’arcade, qui privilégie l’action à l’aventure. Mais hélas, son manque de nervosité et d’originalité le rendent sans saveur. C’est dommage, d’autant plus que la réalisation est très honnête, le maniement des armes est très intuitif, et dans les premières minutes du jeu, on s’éclate à jouer le jeu de se cacher et de se relever pour tirer. Mais la monotonie du gameplay fait que l’ennui s’installe. On est loin d’un Blood & Truth, malheureusement. Gamitronics montre clairement sa maîtrise technique en réalité virtuelle, mais doit s’améliorer sur son Game design, donc son potentiel est énorme. Néanmoins, le jeu étant en early access sur Steam, il y a encore peut-être un espoir pour que les développeurs accentuent la nervosité du jeu.

   

Acerico

Points forts

  • Une mécanique très intuitive
  • Des graphismes très réussis
  • une entrée en action très rapide

Points faibles

  • Pas de scénario
  • Manque sévère de nervosité
  • Manque d’originalité

La Note early access : 11/20

Éditeur : Gamitronics
Développeur : Gamitronics
Genre : Rail Shooter
Plateforme : PC Steam – existe sur PSVR
Date de sortie : early access / sortie prévue durant l’été 2021

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