Test : Shadow tactics : Blades of the Shogun (PC)
Tactique, Japon, réflexes et exécutions, le cocktail explosif qui avait fait ses preuves avec Commandos il y a de cela presque 20 ans est adapté à la sauce miso dans Shadow Tactics Blades of the Shogun…
Tapi dans l’ombre, à l’affût de la brindille qui craque dans la maladresse de la ronde adverse, Hayato, ninja en herbe, s’approche des portes du dernier bastion encore aux mains de l’ennemi. Il est accompagné de Mugen-sama, samourai aguerri prêt à dégainer ses deux sabres à la moindre goutte de sake renversée par un garde un peu trop négligent. Nos deux experts sont sur le point de retrouver l’ancien sniper caché sur le plus au point, afin de faire exploser la grande porte principale qui permettra enfin de libérer le peuple du joug de l’empire. Empreint d’une ambiance japonaise féodale qui saisit dès les premières secondes, Shadow Tactics a une saveur que l’on sent, que l’on entend, une saveur qui va envoûter le joueur pour de nombreuses heures.
Nos cinq personnages vont devoir user de leurs plus grands atouts et de leur matière grise afin d’infiltrer toutes les armées ennemies et mener à bien leur mission : découvrir ce que cache comme mystère le règne du Shôgun et ce Japon en instabilité permanente.
Tu seras mon instrument
Shadow Tactics réveillera donc le fin tacticien qui sommeille en vous. En vue de dessus, il faudra identifier les rondes des gardes, les buissons où se cacher ou encore les civils qui pourraient potentiellement vous balancer à la garde, avant d’établir un plan d’attaque selon les personnages engagés dans la mission. Ces derniers sont imposés, mais souvent bien choisis, et il y a toujours plusieurs moyens d’arriver à ses fins.
En terme d’outils, vous avez 5 personnages avec chacun leur spécialité. Hayato pourra par exemple se servir de son shuriken pour tuer ses ennemis à distance et pourra soulever les corps pour les cacher, tandis que Yuki posera un piège puis sifflera pour attirer le garde bien trop naïf pour sentir le coup venir, puis devra traîner le corps jusqu’au buisson le plus proche, non sans difficulté. Il y a aussi Mugen, le grand samourai, qui à l’aide de ses deux épées, pourra exécuter tout un groupe de soldats s’ils sont suffisamment proches et sera le seul à pouvoir faire face aux terribles samourai adverses sans l’aide d’un autre coéquipier. La belle Aiko usera quant à elle de subterfuges et de costumes pour passer inaperçue, ainsi que de ses formes pour distraire le jeune engagé, le temps pour ses amis de traverser une route où faire disparaître un autre garde dans son champ de vision. Et enfin, le vieux briscard Takuma muni de sa jambe de bois, fera du bruit en se déplaçant, mais son sniper sera un grand atout dont il sera difficile de se passer, tant il est pratique pour éliminer les cibles en hauteur.
Les ennemis sont tout aussi variés, du simple soldat en ronde qui sera facilement distrait par une bouteille de sake malencontreusement tombée au sol, à l’inébranlable samourai capable de déceler Aiko sous son costume et que seul Mugen ou bien une balle de pistolet pourra faire vaciller, si bien que l’on se doit de jouer avec tous les outils à notre disposition pour se libérer de certains passages. Chaque unité a un cône de vision divisé en deux parties, verte claire et verte foncée. Le principe est que lorsqu’une unité vous repère, le cône se remplit de jaune et lorsqu’il atteint votre personnage, le soupçon n’est plus permis et les tirs brisent le silence des montagnes japonaises. La nuance étant que si l’on avance accroupi, l’ennemi ne nous voit pas dans la zone verte foncée.
En plus de cette faiblesse ennemie, votre « sixième personnage » est l’environnement. Beaucoup d’éléments vont vous faciliter la tâche en vous donnant une couverture ou un accès aux hauteurs et pourra aussi vous desservir lorsqu’il pleut (alors que tous vos pas font un bruit très important) ou bien lorsqu’il neige (auquel cas, vous laisserez des traces de pas visibles tant que la neige ne les aura pas recouverts). Le décor peut aussi servir d’arme en poussant un gros rocher sur la ronde des soldats en contrebas, ou encore des poutres d’un bâtiment en construction. De quoi laisser libre cours à votre imagination.
Une cible après l’autre
Le level design est très finement pensé pour vous emmener là où vous devez aller, sans pour autant vous obliger à utiliser une voie plutôt qu’une autre. Certaines missions vous proposeront d’ailleurs de choisir et il faudra alors les refaire si vous voulez débloquer tous les objectifs secondaires existants, dont certains relèvent du masochisme du genre « ne pas marcher sur une flaque » alors qu’il pleut des trombes, « ne pas tirer avec le sniper » alors que des dizaines de miradors ont l’œil sur vous.
Du coup, chaque niveau peut être terminé en se servant de la vision des ennemis, en tuant chacun d’eux un par un, ou bien tel un fantôme impossible à déceler sans déclencher la moindre alerte. Le jeu propose aussi un « mode ombre » activable à tout moment qui permet de planifier une action pour chaque personnage, afin de synchroniser une attaque ou un déplacement. Véritable plaisir inquantifiable que d’avoir préparé minutieusement le positionnement, les actions et le timing de votre équipe et de décimer une troupe de soldat sur LE moment voulu.
Visuellement, la direction artistique est tout à fait savoureuse. Le cell shading et son contour noir irrégulier n’est pas sans rappeler les estampes japonaises et le côté très coloré permet d’avoir un terrain de jeu clair et agréable, accompagné par une musique qui s’affole lorsque les soupçons sont levés et que les soldats sont à votre recherche. On regrettera le manque de variété de la bande son, malgré tout, qui a vite tendance à boucler.
Chaque niveau est véritablement unique, aussi bien dans le level design que dans les objectifs qui nous sont donnés. Tout est fluide et la rejouabilité est presque sans fin. À mon sens, le seul gros point noir du titre est le chargement des niveaux qui peut prendre jusqu’à plusieurs minutes au premier chargement, incompréhensible, d’autant plus qu’un message est affiché pendant ce chargement pour vous prévenir. Le jeu ne semble pourtant pas si gourmand…
Quoi qu’il en soit, il ne faut pas passer à côté de Shadow Tactics, surtout s’il on a aimé les Commandos, la stratégie et le japon. La durée de vie est très bonne, comptez déjà une bonne vingtaine d’heures pour venir à bout simplement de l’histoire et je ne sais combien encore pour obtenir tous les objectifs ! Les difficultés sont variées, l’expérience est unique, bref, un concentré de gameplay et d’ambiance japonaise dont on ne se lasse pas.
Biglova
Points forts :
– L’ambiance
– Un bijou de game-design
– La durée de vie
– Le doublage japonais
Points faibles :
– Le chargement du niveau la première fois O_o
– Le nombre de musiques
– Le scénario prévisible
La Note 19/20
La Note 19/20
Développeur : Mimimi Productions
Éditeur : Daedalic Entertainment
Genre : Stratégie / Action / Infiltration
Supports : PC / PS4 / XboxOne
Date de sortie : 6 décembre 2016