Test : Resident Evil 3 Remake (PS4)

Le petit discret de la série est de retour ! Capcom nous offre le luxe de retourner à Raccoon City dans ce remake de toute beauté… pour la deuxième année d’affilée.

La question ne se pose pas, on peut avoir trop d’une bonne chose, surtout dans le domaine du jeu vidéo. Les sorties annuelles n’ont jamais aidé à la pérennité d’une série, surtout quand la cadence doit être assurée par des studios externes avec un temps et un budget particulièrement restreints. Resident Evil 3 Remake n’a pas été produit par les responsables de Resident Evil 2 Remake, et bien que les jeux restent semblables, la différence se ressent. Ce nouvel épisode est beau et palpitant, certes, mais ultimement vain. Un peu comme le titre original, qui lui, n’avait pas eu la chance d’être sauvé par un mode multijoueur de qualité.

Jamais deux sans trois

Il s’est passé quelque chose chez Capcom. Après avoir enchaîné des suites peu populaires et des spin-off rapidement oubliés, le studio a remonté ses manches pour nous offrir le majestueux Resident Evil 7. Cet épisode nous a prouvé que les développeurs savaient, au fond, ce que le public voulait. En se séparant de vingt années de drama que seuls les fans les plus aguerris ont suivi, et en se concentrant sur une bonne vieille maison d’horreur comme le premier épisode, Capcom avait touché gros. Si gros que, depuis, les épisodes « c’est comme avant » s’enchaînent, sous la forme de remakes.

Resident Evil 3 n’a jamais été le meilleur élève de la série. À vrai dire, à sa sortie en 1999, la compagnie le présentait un peu comme un palliatif à Code Veronica sur Dreamcast, la véritable suite du 2 d’après son créateur Shinji Mikami. Le troisième épisode, lui, était en réalité un spin-off.

Cette vérité m’avait véritablement marqué à l’époque. Bien qu’ayant apprécié et terminé la duologie originale dans tous les sens sur ordinateur, j’ai préféré éviter sa suite officielle, préférant me concentrer sur les nouvelles aventures de Claire sur SEGA. On connaît pourtant la suite de l’histoire : ce jeu échouera comme la console, au contraire du titre bonus offert à la PlayStation.

La saga Resident Evil a toujours été plus populaire sur PlayStation, au grand dam de Mikami, soucieux de s’associer à SEGA ou Nintendo. Mais malgré de multiples portages, une préquelle canonique, un remake formidable de l’original et un quatrième épisode révolutionnaire, rien n’y fait : n’est important que ce qui a fait les beaux jours de Sony, à commencer par ce Resident Evil 3.

Quelle drôle de bête que cet épisode… Les joueurs critiquaient déjà à l’époque sa réalisation en deçà de son prédécesseur et sa courte durée de vie. En contrepartie, les différentes fins aidaient à rallonger ce titre sans grand scénario : l’iconique héroïne Jill Valentine se fait attaquer dans son propre appartement, réalise que la ville de Raccoon City est en feu et qu’il serait judicieux de s’en échapper.

C’est en 1999, avec cet épisode, que commence le déroulement plus orienté action qui envahit la série jusqu’au sixième. Les zombies et les munitions étaient plus nombreuses, les énigmes moins compliquées, mais surtout, les cinématiques restaient rares. Ce remake, relativement fidèle à l’original, reste dans la même veine à une exception : le synopsis assez direct est désormais plus étoffé et relativement intéressant. Le remaniement n’est pas du même niveau que Resident Evil 2, mais reste suffisant pour rallonger considérablement l’aventure. En contrepartie, une seule fin est disponible… on fait avec ce qu’on a !

Le plat de Résistance

Une chose est sûre, l’aventure est magnifique et tourne de manière fluide sur une PS4 d’origine. Malheureusement, une fois qu’on a terminé le titre deux ou trois fois pour récolter les trophées ou par simple plaisir, l’ennui se fait sentir… Les passages, auparavant aléatoires, du terrible Nemesis sont souvent scriptés, et le level design assez linéaire n’aide pas la rejouabilité. Le titre n’arrive heureusement pas seul : il est accompagné de son petit mode multijoueur en ligne, Resident Evil Resistance, que je considère comme l’atout principal de ce remake.

Son gameplay asymétrique est original : un joueur contrôle un personnage omniscient, voué à éradiquer les quatre autres perdus dans un donjon. Pour ce faire, il dispose d’un large éventail de « cartes » contenant des ennemis à disperser sur le terrain, du petit zombie plus embêtant qu’autre chose à la meute de chiens féroces. En plus de pouvoir tous les contrôler, le jeu nous offre la possibilité d’envahir le terrain avec notre avatar hideux et surpuissant ! Un moment d’angoisse intense pour tout le monde.

Je l’avoue, je suis plutôt du côté tyran que rescapée. C’était déjà le cas dans le défunt Fable Legends, rien de neuf à ça. Pourtant, le quatro dont la lente mort douloureuse signe ma victoire reste amusante à jouer ! Les donjons se répètent évidemment ; quelques maps seulement sont disponibles au lancement, et bien que le maître des lieux puisse changer la disposition des énigmes, le parcours devient rapidement assez direct. Pourtant, la sensation de coopération reste enivrante, elle ne faiblit pas de partie en partie. Être coincés dans une petite pièce lentement envahie par plus de monstres qu’une joute de Doom a de quoi exciter. Capcom a déjà promis de nombreuses mises à jour gratuites dans les mois à venir, ce qui signifie que je serai sûrement sur les serveurs à éradiquer ces pauvres humains pour un bout de temps !

Resident Evil 3 est un remake qui fait son travail, sans chercher à remplacer l’original. Certes, tout est plus joli, plus fluide, plus viscéral aussi… mais trop a été perdu dans la transition, à commencer par les différents embranchements, pour qualifier cette version d’ultime. Resident Evil 2 remplace l’original, Resident Evil 3 offre une version alternative ni meilleure ni moins bonne. Le mode en ligne reste néanmoins un ajout plus que bienvenu, à condition d’avoir l’abonnement qui va avec. On conseille, juste pas forcément au prix complet !

 

Marine

Points forts :

  • Une merveille graphique
  • Jill, une héroïne forte et charismatique
  • Le Nemesis effrayant
  • Un mode multijoueur plus qu’agréable
  • Détruire ces humains en tant que terrible tyran

Points faibles :

  • Très court, faible rejouabilité
  • Absence de contenu de l’original
  • Deuxième remake en deux ans, la fatigue peut se faire sentir
  • Un excellent jeu, mais globalement inférieur à son prédécesseur

La Note : 15/20

Développeur / Éditeur : Capcom / Capcom
Genre : Horreur, Action
Support : PlayStation 4 (testé), Xbox One, PC
Date de sortie : 3 avril 2020

 

 

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