Test : Randal’s Monday (PC)

randals-monday- 1La nostalgie a du bon, c’est indéniable. Qu’il est doux de se souvenir de ses premiers pas dans un univers en trois dimensions, de l’ambiance fofolle des jeux d’aventure des années 90 ou de ces parties endiablées de Counter Strike lors d’une LAN qui sentait bon la sueur et les Curly. Mais elle peut aussi se révéler être un sacré miroir aux alouettes, surtout quand un studio décide de ressusciter des éléments qui auraient mieux fait de rester enterrés six pieds sous terre. Et ce Randal’s Monday en est la parfaite incarnation.

Nostalgie 2.0

 Randal’s Monday est un jeu nostalgique, débordant d’amour pour cette époque révolue qu’on appelle désormais « l’Âge d’Or du Point ‘n’ Click« , soit le moment où LucasArts créait encore des jeux qui n’étaient pas de mauvais produits dérivés de l’univers Star Wars. Monkey Island, Full Throttle, Day of the Tentacle… Si l’évocation de ces quelques titres suffit à vous plonger dans une extase que la décence m’interdit de qualifier, alors ce Randal’s Monday s’adresse à vous. Si cela ne réveille en vous que des crises de nerfs sur des énigmes à la logique imbitable et des fracas de claviers innocents, vous feriez mieux de passer la manette.

Le jeu de Nexus est un point ‘n’ click tout ce qu’il y a de plus classique : écrans fixes, 2D cartoon (pensez American Dad mais en moche), dialogues interminables et énigmes à base de combinaison d’objets. Et si je ne suis pas contre un petit trip rétro de temps en temps, force de constater qu’effectuer un tel bond en arrière me paraît un tantinet suicidaire aujourd’hui. A l’heure des productions TellTale qui mettent le paquet sur la narration et l’implication émotionnelle du joueur, des jeux mobiles comme The Room qui proposent des énigmes malines et passionnantes à résoudre par leur gameplay tactile, Randal’s Monday est un jeu rigide, sclérosé de mécaniques qui n’ont plus cours en 2014 et ce, pour une bonne raison : les énigmes à la logique farfelue sont les cancers du jeu d’aventure rétro.

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Oldschool, too oldschool

Si, à l’époque des jeux LucasArts et autres Westwood, cet élément était aussi rafraîchissant que nécessaire (moins de sorties, jeux plus courts), il n’y a plus aucune raison que cela existe aujourd’hui. D’ailleurs, le développeur l’a bien compris puisque le jeu propose une solution intégrée, afin de dissuader le joueur bloqué d’abandonner trop vite ou d’aller fureter sur les Internets à la recherche d’un walkthrough. Première contradiction.

Ensuite, il faut savoir que je ne suis pas un grand fan de ces énigmes absurdes où, seul échappatoire possible en cas de blocage, vous devez essayer tous les objets de l’inventaire sur tous les éléments disponibles dans l’espoir de tomber juste. Ici, le-dit inventaire est rempli à ras bord d’objets dont certains – vous l’apprendrez via des tips lors des temps de chargements – sont parfaitement inutiles ! Vous allez donc régulièrement vous retrouver dans des situations où vous aurez plus d’une quinzaine d’objets en poche et autant de zones interactives possibles, sans avoir la moindre idée de quoi utiliser et encore moins où.

De plus, une fois avancé dans le jeu, vous aurez accès à un paquet de lieux différents en même temps, sans savoir lequel visiter pour faire avancer l’histoire. Attention, je ne dis pas que cela arrive tout au long du jeu (la plupart du temps vous saurez où aller), mais il y aura plusieurs moments où vous aurez résolu une situation sans qu’un évènement ne vous indique où aller, vous obligeant à réinspecter chaque lieu individuellement. Deuxième mécanique récemment abolie et inutilement ressucitée ici : les allers-retours incessants.

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Le jour de la marmotte

Concernant l’histoire, on a affaire à un scénario à la Un jour sans fin : après avoir vendu une bague maudite, le Randal du titre se voit bloqué dans une boucle temporelle qui lui fait revivre inlassablement le même lundi. Randal est un loser magnifique qui aurait pu sortir d’un film de Kevin Smith (transition de dingue : Randal est d’ailleurs doublé par un de ses acteurs fétiches, Jeff Anderson, et les célèbres Jay & Silent Bob de Clerks font une apparition) : menteur, cleptomane, avec un culot qui frise l’insolence… sauf que cette fois, Randal est immédiatement puni pour sa mauvaise action. Car la bague appartient à son meilleur ami, Matt, qui comptait l’offrir à sa tendre moitié pour leurs fiançailles. Et donc, chaque lundi, Matt se suicide d’une façon débile suite à la perte de la bague et Randal essaie par tous les moyens de récupérer le bijou.

Toutefois, et contrairement au film cultissime d’Harold Ramis (ainsi que toutes les autres oeuvres sur le même thème), chaque fois que Randal va altérer un événement du lundi en cours, ce changement perdurera le lundi d’après. C’est ainsi que la bague va régulièrement changer de main, apportant ainsi la variation nécessaire à la bonne tenue de l’histoire. Le problème est que cette histoire n’est pas spécialement passionnante et peine à décoller lors des premiers jours (6 en tout), la faute à des dialogues interminables et des personnages agaçants.

Aussi, les développeurs ont cru bon ajouter une surcouche de références à la pop-culture toute entière, présente dans chaque écran, chaque dialogue et chaque événement du jeu, venant briser le quatrième mur à grands renforts de Rangers dans la tronche du joueur. Ce qui est peu ou prou l’équivalent vidéoludique du pote relou qui te met un coup de coude dans les côtes à chacune de ses blagues, comme pour te dire « Hé t’as vu, * clin d’oeil *, je suis rigolol, hein, hein, HEIN ». On sourit au début, presque par pitié, puis ça devient carrément gonflant.

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I got you, baby…

Alors, oui, j’ai l’air de lui tailler un costard, à ce pauvre Randal’s Monday qui ne demandait rien tant que rappeler mes souvenirs émus des jeux PC de la grande époque, et il le fait plutôt bien en réalité : le véritable problème est que je ne suis justement pas nostalgique de cette époque, concernant le jeu d’aventure. Les avancées modernes (les systèmes d’indices à la Layton, les thématiques adultes abordées dans les titres Wadjet Eye ou TellTale…) ont façonné le genre dans ce que je considère être la bonne direction : dans les point ‘n’ click modernes, on vit une véritable aventure, sans que des difficultés absurdement insurmontables viennent entraver la progression ou vous sortir brutalement du jeu. Dans cet ordre d’idée, le jeu d’aventure tel qu’il est aujourd’hui a atteint sa forme finale et Randal’s Monday vient en totale contradiction de tout ce qui a été accompli : un argument totalement en faveur du titre, pour tous les fans hardocre de jeu d’aventure à la LucasArts, notez.

Pour résumer, on pourrait dire que Randal’s Monday est l’ado boutonneux et un poil lourdingue d’un genre qui aurait atteint l’âge adulte. Cela n’en fait pas un mauvais jeu, mais un titre anachronique réservé à un public en manque d’expériences oldschool. Vraiment oldschool. Z’êtes prévenus.

Go-Ichi

Points forts :

– Doublage anglais d’excellente qualité (sous-titres en français)
– Si vous aimez le côté oldschool : énigmes farfelues, dialogues nombreux
– Solution intégrée

Points faibles :

– Plutôt moche
– Si vous n’aimez pas le côté oldschool : énigmes imbitables, dialogues interminables
– Allers-retours incessants
– Histoire pas passionnante
– Humour pachydermique

La Note Gamingway : 11/20

Développeur : Nexus
Editeur : Daedalic Entertainment
Genre : Point’n’click à l’ancienne (mais vraiment à l’ancienne, hein)
Support : PC (Windows, Mac)
Date de sortie : 11 Novembre 2014

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