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Test : Observer System Redux (Xbox Series X)

Sorti en 2017, Observer est ressorti en 2020 dans une version nommée System Redux et vient d’atterrir en version boite sur les consoles de nouvelle génération. Une bonne occasion de tester un titre à côté duquel nous étions passés à l’époque.

La Bloober Team a pris du galon en un peu plus de dix ans d’existence, et surtout depuis leur premier gros succès, Layers of Fear. C’est ce virage vers l’horreur psychologique qui a mis le studio sous le feu des projecteurs jusqu’à leur offrir la possibilité de travailler avec Konami dans un avenir proche.
Si le récent The Medium leur a donné la possibilité d’explorer un style très Silent Hill, c’est surtout les titres en vue FPS qui ont fait la marque de l’équipe polonaise et Observer représente certainement le sommet de leur art.

L’antre de la folie

La Pologne de la fin du XXIe siècle, l’épidémie de nanophage a permis au gouvernement dominé par les méga corporations d’instaurer un état policier. Nous voici dans la peau de Daniel Lazarski, neuro-enquêteur, autorisé à percer l’esprit de ses contemporains, embarqué dans une affaire de crimes en série impliquant son fils. Une enquête qui va mener notre personnage à réévaluer sa loyauté envers Chiron, la corpo qui l’emploie et contre laquelle semble lutter certaines des personnes touchées par ces crimes. Toute l’aventure va se passer dans une résidence ainsi que l’esprit de ses occupants ; un lieu fourmillant de vie et pourtant inspirant un sentiment de solitude extrême. Chaque alcôve du bâtiment, chaque porte, chaque cave a une histoire à raconter, que ce soit verbalement ou juste au travers de la narration environnementale. On se prend à explorer ces couloirs poisseux comme s’ils existaient vraiment, prêtant l’oreille à tous les bruits environnants. L’histoire est simple, un classique du roman noir d’anticipation, mais magnifiquement racontée ; c’est un plaisir d’assembler les bouts du puzzle.

Le festin nu

Observer reprend la recette de Layers of Fear mais pousse vers l’enquête plus que l’aspect horreur. Ici c’est une ambiance malaisante qui prédomine et si certaines scènes nous font jouer à cache-cache avec le tueur, c’est surtout l’exploration de la résidence ou de la psyché des habitants qui va occuper la majorité du gameplay. Plus qu’un simple walking simulator, c’est à un point & click en vue à la première personne auquel nous avons affaire (ce qui va d’ailleurs malheureusement être cause du plus gros défaut du jeu dans sa version console). En dehors des déplacements et de l’inspection des divers objets du décor, il sera possible d’utiliser deux interfaces d’analyse, cybernétique et organique, afin de pousser plus loin les investigations. Autour du fil conducteur se nouent divers arcs scénaristiques qui apportent un complément concernant l’univers du jeu ou la quête principale. Ce sont d’ailleurs ces side quests qui offrent généralement l’écriture la plus intéressante, même si le déroulé de l’aventure reste parmi les modèles du genre. On se prend rapidement à chercher chaque nouveau développement, vérifiant si tel ou tel élément de lore ne serait pas déclencheur de quelque histoire secrète. Observer se déguste avant tout comme un bon roman, un de ceux que l’on est pas pressé de terminer.

L’échelle de Jacob

Ces divers arcs ne seraient pas ce qu’ils sont sans ce soin apporté aux interventions des PNJ, à l’image du concierge pour lequel on développera des sentiments variés allant du dégout à la compassion. les divers entretiens que l’on peut avoir au travers d’interphones ou dans les souvenirs sont autant de pièces qui apportent à l’ambiance, nous maintenant dans une espèce de rêve éveillé. Difficile de savoir ce qui relève du concret ou des délires paranoïaques de Daniel Lazarski, notre personnage subliment campé par feu Rutger Hauer. Notons la beauté des hasards de la vie qui offrent avec ce rôle une magnifique porte de sortie au comédien qui dut sa consécration au film Blade Runner. Contrairement à ce que laisse penser le titre du jeu, nous ne sommes pas simple spectateur des événements, mais également acteur de par nos intrusions dans l’esprit des victimes ou les interactions que nous pouvons avoir avec la population locale. Cette appellation d’observateur est bien plus métaphorique, nous imposant un destin qu’il semble bien difficile de déjouer. Si le jeu lorgne du côté de l’horreur psychologique, c’est probablement celui qui s’éloigne le plus de la formule Amnesia-like qui fait la spécificité du studio depuis quelques années ; on oublie assez rapidement le côté horrifique pour s’intéresser aux thèmes, classiques mais fort bien portés, du cyberpunk.

Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?

Cette sortie de Observer sur les consoles de nouvelle génération nous permet de profiter à 100% d’un jeu qui mérite vraiment que l’on s’attarde dessus. Le titre déjà beau à la sortie se trouve réellement magnifié par ce portage 4K et l’ajout du ray tracing. System Redux apporte une nouvelle finesse aux lumières et aux textures faisant ressortir l’aspect déjà très organique de l’aventure d’origine, visuellement c’est absolument somptueux. Quelques quêtes ont également été ajoutées, apportant une plus grande épaisseur à l’univers, renforçant ainsi l’immersion. Seul gros point noir du tableau, la maniabilité à la manette qui pose vraiment problème, on sent que le jeu a été uniquement pensé pour être joué avec le combo clavier/souris. Il est malheureusement très courant de rater un bouton important, simplement parce que nous sommes mal positionné et que l’option n’apparait pas, quand ce n’est pas la frustration qui l’emporte devant cet objet autour duquel on tourne 3 minutes avant de réussir à caler le réticule au bon endroit. C’est dommage, car c’est le genre de détail qui vient casser l’immersion, principale qualité du titre. Bien entendu, il est possible de brancher d’autres périphériques sur la console et jouer comme sur PC, mais il reste gênant de ne pas avoir testé convenablement le gameplay manette.
En dehors de ce léger accroc, l’expérience est vraiment parfaite, bien plus aboutie que celle offerte par un Blair Witch pourtant plus récent.
Je ne peux que vous encourager à vous lancer dans les rues sombres de cette Cracovie dystopique en vous laissant bercer par le timbre inoubliable de Rutger Hauer.

Ominae

Points forts :

  • Visuellement sublime
  • Une ambiance inégalable
  • La narration environnementale
  • Les quêtes secondaires
  • Une durée de vie très correcte

Points faibles :

  • Quelques soucis de maniabilité
  • Les séquences de furtivité un peu anecdotiques

La note : 19/20

Développeur : Bloober Team
Éditeur :
Bloober team
Genre :
Aventure, horreur psychologique
Support :
Nintendo Switch, PC, PSA4, PS5, Xbox One, Xbox Series
Date de sortie :
23 juillet 2021

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