Test : Nier Replicant ver 1.22474487139 (PC)

Sorti il y a plus de dix ans, le premier Nier s’offre aujourd’hui une version remasterisée permettant à ceux qui ont découvert la licence avec Automata de s’essayer aux origines de l’histoire.

Même si le jeu prend réellement ses racines dans la série Drakengard, le lien reste plus fort entre Nier Replicant et Nier Automata, d’où la volonté de Square de permettre à un plus grand nombre de joueurs la découverte d’un titre aussi culte que méconnu. Il est également probable qu’un travail de restauration sur des jeux aussi « cassés » que les précédents épisodes de la saga soit bien trop colossal pour un bénéfice minimum. Toujours est-il que le succès de Nier Automata (plus de 5 millions de copies vendues) nous permet enfin de découvrir son prédécesseur dans une version plus accessible que l’originale.

Nomura en bien

Difficile d’aborder le scénario de Nier Replicant sans divulgâcher l’histoire qui est certainement l’un des éléments les plus importants du titre.
Dans un futur proche, post-apocalyptique, un jeune homme protège Yonah, sa sœur malade, et affronte une horde de créatures humanoïdes, les ombres. Après cette introduction servant de tutoriel, nous retrouvons ces personnages un millénaire plus tard dans un monde où la nature semble avoir repris ses droits. Bien décidé à guérir sa sœur de la nécrose runique, le jeune Nier partira en quête d’un remède. En suivant les conseils de Dévola et Popola, les jumelles qui dirigent le village, Nier devra explorer le (pas si) vaste monde et remplir de nombreuses tâches afin de trouver de quoi éradiquer la maladie. Heureusement, il ne sera pas seul, il sera accompagné dans sa quête par Weiss le grimoire, Kaine et Emil, tous trois au cœur de l’intrigue ; des personnages secondaires qui ponctueront toute l’aventure de leurs interventions, simples conversations ou états d’âme. Comme dans les autres titres signés Yoko Taro, l’histoire à première vue simple, voire simpliste, finira par laisser place à une intrigue autrement plus complexe et une fin qui ne laissera personne indiffèrent. Il faut bien garder en tête que les jeux de Yoko Taro ont toujours cette ambition de nous emmener là où on ne les attend pas forcément, sacrifiant parfois une partie du gameplay au profit d’un discours qui dépasse le simple cadre ludique.
Le principal avantage de ce remaster est qu’il permet aux joueurs de profiter de cette narration sans avoir à trop souffrir d’un game design cassé comme le Nier original en son temps ou les Drakengard avant lui.
Élément important qui a déjà été largement évoqué mais qu’il est bon de rappeler, Nier Replicant ver 1.22474487139 est le remaster de la version japonaise et non pas la version européenne connue sous le nom de Gestalt. Les deux jeux étant quasiment identiques, à la différence près que le personnage principal n’est non pas le grand frère de Yonah mais son père. Un choix de version que certains fans pourraient regretter, tant le fait de jouer un éphèbe androgyne est un cliché du jeu vidéo japonais.

Faire du jeune vieux avec du vieux jeune

Nier Replicant ver 1.22474487139 est un cas d’école. Si on peut y voir dans un premier temps un simple ravalement de façade, avec des textures un peu plus fines et une palette de couleurs retravaillée, le gameplay a profité de l’expérience PlatinumGames sur Automata. Nier n’est plus aussi lourdaud et imprécis que dans le titre d’origine, les mouvements sont rapides, les combos fluides et les nombreux allers-retours moins contraignants, du fait de la course héritée de 2B. Par contre, tout le reste baigne dans le jus d’époque, les quêtes FedEx, le backtracking, les murs invisibles, le level design insipide ; nombre d’éléments qui avaient valu de sévères critiques il y a 11 ans. Il est courant qu’un remaster ne propose qu’un simple polish sans toucher aux mécaniques, mais l’entre-deux est nettement plus rare.
Si la palette de mouvements est classique, nous nous situons plutôt dans le haut du panier niveau combats. Combos à base de coups faibles/forts, blocages, contres, dash, attaques magiques nerveuses, tout est d’une fluidité folle. Les plus réticents au beat ’em up 3D pourront toujours regretter quelques soucis de lisibilité inhérents au genre, mais une fois le personnage maitrisé il est largement possible de ne plus être pris en défaut. Cette souplesse du gameplay est d’ailleurs primordiale, tant le studio aime jouer avec les codes du danmaku et balancer des nuées de projectiles au joueur durant les affrontements.
L’ajout d’une certaine diversité d’armes plus tard dans l’aventure et le fait de pouvoir jongler entre elles pendant les combats est également un vrai plaisir, en plus d’être très utile pour survivre face à des adversaires parfois particulièrement retors.
Cette sensation de jouer à un titre hybride un peu bizarre s’estompe cependant au fil du temps lorsque l’on commence à s’impliquer dans le scénario, oubliant le contenant au profit du contenu.

Sick Sad World

S’il est une chose que la licence Nier exécute de façon magistrale, c’est l’écriture de ses personnages, une écriture qui contraste grandement avec l’apparente vacuité des tâches que ces derniers nous confient la plupart du temps. Il est possible de trouver quantité d’histoires déchirantes derrière des quêtes FedEx barbantes que n’envierait même pas un MMO coréen générique. Des p’tits boulots, que Weiss le grimoire s’empressera de critiquer, de façon parfois très méta, rappelant indirectement au joueur qu’il a peut-être des choses plus importantes à faire. Et pourtant, c’est au travers de ces rencontres que l’on s’immerge dans l’univers de Nier, une manière d’impliquer le joueur, lui donner envie de se battre pour ce monde et ses habitants. Dans cette optique « d’imposer » des tâches rébarbatives au joueur pour le lier aux PNJ, il est d’ailleurs intéressant de noter que certaines de ces quêtes se révèlent également vaines, car elles ne rapporteront rien d’autre que du lore. Très surprenant la première fois que ce type de déconvenue intervient, arrive un moment où l’on se met à apprécier de plus en plus ce genre de surprise et où la perspective d’empocher quelques dizaines de milliers de crédits n’est rien face à la conclusion d’une histoire bien souvent déchirante. Car oui, Nier Replicant n’est pas un jeu particulièrement gai, et si Automata nous entrainait petit à petit vers la tragédie, ici elle est présente partout, derrière chaque histoire semblant anodine. Jamais tire-larmes mais toujours émotionnellement forte, la narration se permet même quelques excentricités fort bienvenues, comme cette séquence uniquement textuelle qui coupe totalement avec le rythme général. Autre grande différence avec le jeu de PlatinumGames, ici ce n’est pas la solitude qui pèse sur le joueur, mais plutôt la sensation d’affronter un inexorable et funeste destin. La nostalgie ambiante d’Automata est remplacée par un sentiment d’impuissance face aux événements en cours.

La pêche hors ligne

Nier Replicant rappelle par sa structure certains MMO du début des années 2000. Si le principe des quêtes a déjà été évoqué plus tôt, d’autres éléments concomitant du genre se retrouvent en jeu, tels que le craft ou la récolte de matériaux. La plupart des matières premières se trouve disséminée un peu partout, les plus rares se récoltant généralement sur les ennemis. Le craft n’est d’ailleurs pas beaucoup plus pointu que la récolte, il se limite généralement à l’amélioration des armes et non la fabrication de quelque équipement supplémentaire. Là où le jeu se distingue, c’est du côté de l’agriculture et de la pêche. Cette dernière offre un challenge nettement plus intéressant que dans Nier Automata, et c’est tant mieux car l’activité est, en plus, fort rémunératrice. L’entretien du potager qui, lui, n’existe pas dans la suite est également un bon moyen de gagner de l’argent en plus d’être utile à l’accomplissement de plusieurs quêtes. Sans être aussi développée que dans un Stardew Valley, cette feature apporte vraiment un plus dans le gameplay et permet de motiver certains allers-retours pénibles.
La très grande majorité de ces activités est liée à l’augmentation de capitaux qui sont plus que jamais le vrai nerf de la guerre.
Une importance de l’argent qui risque malheureusement de décourager une partie des joueurs qui souhaitent uniquement dérouler la quête principale.

Passé pas si simple

Nier Replicant ver 1.22474487139, c’est ce titre culte difficile à recommander. Vous savez, ce jeu que vous adorez, mais que vous savez pertinemment trop inaccessible de par sa structure à la majorité des joueurs. Expliquer qu’il faut passer les 10 premières heures laborieuses avant d’entrer dans le vif du sujet n’est jamais une bonne façon de vendre un jeu. Ce remaster s’adresse en premier lieu à ceux qui ont joué et aimé Automata ou, mais ça tombe sous le sens, aux amoureux du jeu original. Lorsque l’on me demande s’il vaut le coup, je réponds sans hésiter qu’il s’agit d’un diamant brut, mais j’ajoute également qu’il faut commencer par sa suite, la meilleure façon de supporter l’aspect old school des mécaniques étant d’entrer dans la franchise par son représentant le plus flamboyant. Maintenant, si vous correspondez au profil, Nier Replicant ver 1.22474487139 est une vraie merveille avec une narration et une écriture de personnages de haute volée, un gameplay efficace et, de la même façon que son héritier, l’une des meilleures bandes-sons de l’histoire du jeu vidéo. Les thèmes de Keiichi Okabe subliment l’ensemble et rendent épique n’importe quel affrontement, du simple scorpion du désert au boss le plus gigantesque.
Petite mise en garde pour les joueurs PC : les portages de Square Enix étant ce qu’ils sont, le jeu souffre parfois de légers problèmes de framerate durant les cinématiques et, malgré son aspect technique dépassé, demande une configuration correcte pour tourner de façon optimale. Il est possible que tout soit réglé à l’heure où parait ce test, mais il est toujours bon de le savoir avant de se lancer dans l’aventure. Les versions consoles, quant à elles, ne semblent souffrir d’aucun souci.

Ominae

Points forts :

  • La narration et l’écriture générale
  • Un voyage inoubliable
  • Le système de combat
  • L’OST indétrônable

Points faibles :

  • Le lifting visuel pas très poussé
  • Le backtracking et les quêtes FedEx
  • Long à démarrer

La note : 18/20

Développeur : Toylogic
Éditeur :
Square Enix
Genre :
Action-RPG
Support :
PC, Xbox One, PS4
Date de sortie :
23 avril 2021

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