Test : Nier : Automata (PS4)

Nier : Automata est la suite de Nier, sorti en 2010 sur PS3 et XBOX 360 et qui avait marqué les joueurs. Sorte de suite dérivée de Drakengard sur PS2, Nier propose aux joueurs un concentré d’action et de JRPG qui font mouche. Nier : Automata, plus axé sur un monde mécanique, va-t-il pouvoir conserver ce niveau d’action et de bizarrerie qui ont tant séduit les joueurs ? Notre verdict, sans attendre.

Un monde sans homme

Dans un futur très lointain, la Terre a été ravagée par des créatures extraterrestres et leurs armées de « machines », des robots à l’aspect assez rudimentaire, mais qui ont presque anéanti l’humanité. Les quelques survivants se sont réfugiés sur la Lune d’où, depuis plusieurs millénaires, ils essaient de reprendre le contrôle de la Terre grâce à des androïdes envoyés à la surface pour effectuer une tonne de missions utiles à l’humanité. Les meilleurs androïdes sont regroupés dans le YoRHa. C’est ainsi que commence Nier : Automata, en présentant au joueur les androïdes 2B et 9S, des modèles récents et puissants, envoyés sur Terre pour des missions diverses et qui se retrouvent ensemble, comme liés par le destin.

 

Un RPG classique mais efficace

Nier : Automata prend la forme d’un action RPG assez classique : le joueur contrôle 2B et son pod, petit robot volant multifonctions et très pratique. 9S et son pod viennent l’appuyer en tant qu’alliés et l’aide à massacrer les ennemis à l’aide d’attaques dévastatrices. En progressant dans le jeu, on peut équiper les androïdes de puces augmentant leurs compétences ou conférant un tas de bonus très utiles, trouver un nouveau corps, améliorer les pods et même équiper des pods supplémentaires, améliorer ses armes, etc. Tous les ingrédients d’un bon RPG sont présents : récolter des ressources, effectuer des quêtes annexes, améliorer son personnage et son équipement, même la pêche est de la partie ! Pourtant, cela ne paraît pas naturel de pêcher avec un pod, mais ça fonctionne bien.

Côté gameplay, Nier : Automata se révèle également assez classique, mais toujours efficace et maîtrisé : 2B et 9S massacrent les ennemis à l’aide d’attaques faibles ou fortes, peuvent esquiver et semblent effectuer une danse mortelle assez comparable aux combats très stylisés du regretté P.N.03 ou de Bayonetta. Le joueur peut choisir différents niveaux de difficulté, du très facile au très difficile où chaque blessure s’avère mortelle. Les pods peuvent également être réglés en automatique, mais attention : avec ces réglages, le jeu devient vraiment trop facile ! À voir, donc, selon le challenge que chacun recherche. Comme une sorte d’héritage de Drakengard, le joueur est parfois amené à effectuer quelques phases de shoot aérien, et même si ces dernières sont assez rares, elles restent maîtrisées.

En apparence classique mais solide, Nier : Automata est en réalité une œuvre unique de part sa narration.

Une ambiance accrocheuse et dérangeante à la fois

La Terre n’est plus qu’un immense champ de ruines, totalement dépourvu d’humains, avec quelques végétaux et animaux qui essaient de tout recouvrir. Les environnements sont d’une beauté glaciale assez déroutante, qui rappelle un peu P.N.03. Pourtant, ce qui surprend le plus, c’est le comportement des machines et des androïdes. Les androïdes semblent agir comme des humains, mais comme s’ils refoulaient leurs sentiments. Les machines, elles, sont dépourvues de cœur et ne sont pas censées avoir d’émotions, pourtant elles essaient de se conduire comme des hommes qu’elles tentent d’imiter du mieux possible. Mais à la manière des enfants de maternelle : de façon maladroite et grotesque, procurant au joueur une petite sensation de malaise. Les cinématiques accentuent cette impression en montrant des machines s’essayant aux gestes du quotidien, mais aussi aux gestes les plus intimes, comme les relations sexuelles, mais effectués de façon primaire. Une sorte de retour aux sources de la civilisation, comme si on contemplait la naissance d’une société, à la recherche de ses coutumes et de ses rites.

 

Tout comme 2B, le joueur va rapidement se poser de nombreuses questions : qui sont ces machines, où sont les hommes, pourquoi les extraterrestres n’ont-ils pas attaqué la Lune et bien plus encore. Habilement distillées, les informations tombent au compte goutte et ne font que soulever de nouvelles questions. On est ainsi, subtilement, amené à progresser dans l’histoire pour tenter de comprendre, et non seulement pour renforcer son équipe. Nier : Automata sait véritablement captiver le joueur, grâce à une histoire pleine d’émotions et de mystères, faisant oublier les défauts du jeu.

Un scénario en béton, mais une technique à la traine

Si la direction artistique est admirable, les développeurs ayant pu recréer un monde post apocalyptique à la beauté glacée réellement envoûtante, on reste néanmoins surpris de nager constamment dans une sorte de brume ou de flou artistique. Certes, cela cache certains détails grossiers, comme des cascades d’eau ou de sable pas toujours réussies ou des textures un peu pauvres. Le chara design, qui abuse de monstres robotiques à l’apparence rudimentaire, souvent à base de têtes énormes, héritées des monstres du premier Nier, n’est pas toujours du meilleur goût, mais donne son âme au jeu. Dans l’ensemble, Nier : Automata n’affiche pas des graphismes à la hauteur de la PS4, même si ce n’est pas vraiment gênant, car les androïdes sont sublimes et très bien animés, tout comme les machines.

Concernant les déplacements, on aurait bien aimé pouvoir se téléporter rapidement vers les zones déjà visitées, sans avoir à refaire le chemin à pied. La carte, au début, s’avère un peu déroutante, car elle ne montre pas forcément tous les chemins qu’on peut emprunter, du coup on perd un peu de temps à chercher sa route. Dernier point un peu négatif du jeu, c’est la gestion de la mort : quand 2B est détruite, sa conscience est transférée dans un nouveau corps, mais les puces installées dans son ancien corps ne sont pas transférées. Il faut donc aller les rechercher sur l’ancien corps sans mourir à nouveau entre-temps, sinon elles sont définitivement perdues. Une contrainte qui peut s’avérer vraiment pénible selon le niveau de difficulté choisi, surtout que le jeu ne sauvegarde pas tout seul. Il faut donc penser à sauvegarder régulièrement.

 

Un RPG philosophique

Si Nier : Automata est la suite de Nier, il n’est pas utile d’avoir joué à ce dernier pour comprendre ce nouveau jeu. Nier : Automata est construit autour de la relation entre les androïdes 2B et 9S, qui se cherchent et voient leurs sentiments s’épanouir tout au long du jeu, tout en gardant un esprit critique sur les événements et le comportement des machines. 2B se pose constamment des questions plus ou moins philosophiques et cherche à comprendre, à donner du sens à son existence. Le jeu est donc une sorte de quête initiatique moderne, dans un univers en ruines à la beauté glacée qui happe le joueur dans un tourbillon d’émotions et de questionnement. Cette narration étrange est servie par des musiques magnifiques, parfois plutôt douces et mélancoliques, parfois plutôt tribales. Ces compositions renforcent le côté un peu bizarre et unique du jeu, même si certaines sont légèrement répétitives. Côté gameplay, le jeu se renouvelle régulièrement, passant du shoot’em up à l’action RPG, puis au jeu de plateforme, pour le plus grand plaisir du joueur. Si les personnages sont superbes, en revanche le monde dans lesquels ils évoluent n’est pas vraiment à la hauteur d’une PS4. On apprécie les combats dynamiques et rythmés, surtout contre les boss robotiques, même si les ennemis ne se renouvellent pas énormément. On pourra, en revanche, trouver certaines scènes un peu étranges ou déplacées, mais dans l’ensemble Nier : Automata est un RPG de science fiction aussi marquant que Xenoblade Chronicles, aux thèmes souvent proches. On apprécie également le choix entre les doublages japonais et anglais, tous deux de qualité, avec des sous-titres français bien utiles.

Enguy

Points forts :

– Monde ouvert en ruines, mais captivant
– Mélange d’action RPG, shoot’em up et plateforme
– Combats très dynamiques
– Voix japonaises ou anglaises excellentes et sous-titres français
– Difficulté réglable comme on le souhaite
– Bande son incroyable
– Narration envoutante

Points faibles :

– Décors vides et monde assez terne
– Absence de sauvegarde automatique
– Quelques scènes surprenantes, voire déplacées
– Un poil trop philosophique
– Devoir récupérer les puces sur son corps après chaque mort
– Pas de voix française

LA NOTE : 17/20

Éditeur / Développeur : Square Enix / Platinum Games
Genre : action RPG
Supports : PC, PS4
Date de sortie : 10 mars 2017 (PS4), 17 mars 2017 (PC)

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