Test : Metro Exodus (PC)
Après Metro 2033 et Metro Last Light, le studio ukrainien 4A Games revient avec le troisième volet des aventures d’Artyom. Si ce sont les polémiques autour de la sortie exclusive du titre sur l’Epic Games Store qui ont fait le plus parler, il est temps de s’intéresser au jeu lui-même.
Pour commencer, il me semble important de faire un point sur la série Metro, qui malgré son succès, est loin d’être la saga de FPS la plus connue au monde, souvent éclipsée par d’autres licences un peu plus grand public. Adapté du roman russe éponyme, Metro 2033 propose au joueur d’incarner Artyom, un jeune adulte né juste avant l’apocalypse nucléaire et n’ayant donc jamais réellement connu l’ancien monde. La particularité de l’univers du jeu (et du roman) est de placer son action dans les entrailles du métro moscovite, dernier refuge des survivants humains, la surface étant, quant à elle, irradiée et peuplée de mutants. tranchant radicalement avec les FPS militaires classiques, Metro 2033 se rapproche plus d’un jeu typé survival horror en plaçant le joueur face à des combats difficiles et un manque constant de ressources ou de munitions. Il faudra échanger, fabriquer et surtout se faire discret pour survivre à l’aventure. Sorti 3 ans plus tard, Metro Last Light reprend la formule du premier, mais n’adapte pas le second roman de Dmitri Gloukhovski qui, lui, s’intéresse à un autre personnage.
Metro Exodus, le jeu qui nous concerne aujourd’hui, continue sur cette lancée et nous propose d’incarner une nouvelle fois Artyom. Il sera question, ce coup-ci, de la recherche d’un nouvel Éden à bord de l’Aurora, un train lancé au beau milieu de l’hiver russe. Plus ouvert qu’auparavant, le titre de 4A Games met encore plus l’accent sur le scénario et la narration afin d’offrir une totale immersion dans cette folle course vers une vie meilleure.
Beau comme un truc qui brille
La première chose qui frappe lorsque l’on commence une partie de Metro Exodus, c’est son enrobage visuel. Depuis le premier jeu, la licence a toujours fait office de VRP de la vente informatique, poussant nos gros PC dans leurs derniers retranchements (un peu comme Crysis en son temps). Lors de sa sortie, Metro 2033 faisait déjà pleurer les portefeuilles des possesseurs de PC qui souhaitaient en profiter au maximum de ses possibilités. Ce troisième volet ne déroge pas à la règle, il est d’une beauté technique et esthétique complètement folle, enchaînant les panoramas marquants tout au long de l’aventure. Cependant, il est intéressant de noter que s’il vous faudra une machine solide pour profiter de toutes les options graphiques, un PC modeste permet d’obtenir un rendu vraiment bluffant, les développeurs ayant clairement amélioré leur niveau en optimisation. On évolue dans des décors apocalyptiques, poisseux, organiques, soumis aux intempéries d’une météo dynamique. Cette dernière offre d’ailleurs des sensations de jeu assez incroyables, ajoutant énormément de tension lors de certaines séquences, et le principe de traverser le pays au gré des saisons vient renforcer toujours un peu plus le sentiment de fuite en avant, l’exode donnant son titre au jeu.
Le travail sur les éclairages, nécessaire à l’infiltration, est impressionnant à tel point qu’il est souvent plus agréable de profiter de l’obscurité que sur d’autres jeux bien moins lisibles lors d’escapades nocturnes. La modélisation des personnages, sans être la plus folle jamais vue, est extrêmement convaincante et si les ennemis sont assez génériques, on sent que les PNJ ont, eux, bénéficié d’une attention toute particulière.
Les aventuriers du rail
Tout au long de l’aventure le principe est plus ou moins le même, l’Aurora vous mène dans une région associée à une saison (qui chapitrera le jeu) et une quête principale se met en place. Selon les lieux, il sera également possible d’accomplir des missions secondaires ou explorer des zones optionnelles. Ces dernières servent essentiellement à trouver du matériel rare pour améliorer son équipement et plus rarement à déclencher des interactions avec les PNJ. En dehors d’un ou deux objets réellement utiles, rien ne vous incitera à dévier de votre objectif et c’est un peu dommage, car une meilleure carotte aurait poussé à plus d’exploration. Metro Exodus a le bon goût de varier les plaisirs, ne jamais enfermer le joueur dans une routine, en alternant ces phases d’exploration de territoires avec des séquences bien plus linéaires et nerveuses. L’action est également entrecoupée de scènes à bord de l’Aurora, des petitesc tranches de vie qui apportent énormément à la narration, permettant au joueur de se sentir appartenir à une famille et ainsi s’impliquer émotionnellement dans l’histoire. Un levier qui rappelle ce que l’on a pu découvrir dans un Red Dead Redemption 2 lors des retours au camp. Certes, moins réussis que dans le titre de Rockstar, ces passages apportent cependant un vrai plus à l’aventure, le train devenant un personnage à part entière.
Quatre saisons en enfer
L’une des autres grandes particularités de la série Metro est de proposer des FPS relativement lents et lourds ; pas de double saut, de glissade ou de zigzag entre les adversaires. Artyom porte un équipement anti-radiation fort conséquent et ça se ressent à chaque instant. Cette lourdeur, associée au manque constant de ressources, vous oblige à aborder les combats avec prudence, privilégiant si possible l’approche furtive qui reste la meilleure façon de finir une mission en un seul morceau. Il ne faut pas bien longtemps pour comprendre que l’économie de munitions est primordiale pour être suffisamment armé lors des affrontements inévitables. Si les sensations provoquées par les armes sont excellentes et sont source d’un réel plaisir en combat, difficile d’être aussi positif avec les adversaires. L’IA est vraiment à la ramasse, entre les soldats qui partent n’importe où sans se soucier du joueur et ceux qui se plantent tout simplement au milieu du chemin. Un problème moins choquant lorsqu’il s’agit de mutants, vu qu’ils ont tendance à foncer directement sur le personnage, sans se poser de questions.
Au niveau de l’équipement, Metro Exodus est un vrai festival pour les membres de la NRA, avec son énorme système de customisation d’armes. Vous pouvez totalement transformer votre façon d’aborder les combats en les modifiant à l’atelier, mais également sur le champ de bataille, grâce à votre sac à dos. Transformer son fusil mitrailleur en fusil de sniper entre deux affrontements, choisir son style de jeu à l’envie, une grande force du titre. L’idée est excellente, car elle permet de rester longtemps sur le terrain et de s’adapter aux changements de météo ou au cycle jour/nuit.
Fallout 3, mais en bien
Metro Exodus appartient à la famille des FPS narratifs, héritiers de Half-Life, des jeux qui s’apprécient à la fois par leur gameplay, mais aussi par leur ambiance, et de ce point de vue, il s’agit d’une franche réussite. Par contre, à l’instar d’un Gordon Freeman, Artyom restera muet en jeu, un choix de game design absolument incompréhensible, alors qu’il conte lui-même l’histoire durant les phases de chargement. En dehors de ce défaut, tout en jeu est fait pour impliquer le joueur, lui faire sentir la rudesse du monde qui l’entoure, de l’essoufflement du personnage, ses étourdissements dus aux radiations, recharger sa batterie manuellement ou même le simple fait de devoir essuyer régulièrement la visière de son masque à gaz. le travail sur la cohérence de l’univers est vraiment énorme, que ce soit au travers des environnements, de ses éclairages dynamiques ou du sound design. Les zones extérieures ne sont pas immenses, mais permettent de les aborder de différentes manières, changeant radicalement l’expérience d’un joueur à l’autre, donnant ainsi une bonne replay value au titre (assez peu courant pour ce type de FPS). Au final, on pourra juste lui reprocher un acting un peu forcé, très artificiel, surtout lors des premières heures de jeu, la faute à un doublage français imparfait.
Hormis quelques bugs de collision et les soucis d’IA précédemment évoqués, Metro Exodus fonctionne réellement bien, remplit ses promesses et s’offre même le luxe d’être régulièrement émouvant. Difficile pour moi de ne pas vous recommander chaudement le titre de 4A Games, un studio qui nous rappelle qu’il existe de grands développeurs entre l’Asie et l’Europe.
Ominae
Points forts :
- Visuellement sublime
- L’immersion totale
- La customisation des armes
- Les environnements
- La météo dynamique
- Une histoire simple mais prenante
- L’Aurora
Point faibles :
- L’IA à la rue
- Le doublage français inégal
- Quelques bugs mineurs
La note : 18/20
La note : 18/20
Développeur : 4A Games Studio
Éditeur : Deep Silver, Koch Média
Genre : FPS
Support : PC, Xbox One, PlayStation 4
Date de sortie : 15 janvier 2019
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