Test : Cotton Fantasy (PS4)

Amis du retrogaming, bonjour, cela fait longtemps que nous n’avons pas eu une shoot ’em up à l’ancienne où seule la pure dextérité entre en jeu. Alors la fameuse sorcière Cotton créée en 1989 par le studio japonais Success a décidé de sortir de son Japon natal pour se refaire une cure de jouvence en Europe pour son 30e anniversaire avec Cotton Fantasy. On a affaire à une belle remise à neuf de la saga et ce jeu va être le premier épisode de la saga « nouvelle génération ». Alors, si la joie de slalomer entre les centaines de sprites vous a manqué, l’article ci-dessous va vous intéresser.

Miam, des Willows !

Il y a de l’agitation dans le monde merveilleux des sorcières. En effet, la reine a convoqué ses conseillers, car quelque chose d’étrange est en train d’arriver : les Willows, qui sont des sortes de bonbons vivants géants, disparaissent, et malheureusement, ce sont eux qui garantissent la prospérité du royaume. De plus, des monstres des ténèbres se multiplient dans tout le royaume, menaçant la vie paisible des sorcières. Soudain, la voyante a une vision et prédit qu’une héroïne en robe bleue sauverait le monde. Ouf ! À moins que… Il n’y a qu’une sorcière qui a une robe bleue dans ce royaume et elle est complètement déjantée : c’est la sorcière Nata de Cotton. Mais pas le choix, la situation est critique et il faut agir. La reine demande alors à une des ces plus fidèles fées, Silk, de retrouver Cotton et de la convaincre de mener l’enquête sur ces disparitions et résoudre cette affaire. Et c’est ainsi que Cotton, n’écoutant que son courage, euh… enfin plutôt son addiction aux bonbons Willows, enjambe son balai pour affronter les forces du mal et les retrouver ou… pour les déguster, bien sûr ! Et voilà pour le contexte, je m’arrête là pour ne pas vous spoiler, mais vous allez découvrir la cause de ces disparations et surtout qui se cache derrière ces événements.
Ne vous attendez pas à un scénario beaucoup plus développé, nous ne sommes pas dans un jeu d’aventure, mais le contexte est plutôt original. De plus, l’histoire est racontée via des petites scènes cinématiques en début et fin de niveaux, un peu à la mode d’anime japonais humoristiques. Ces passages sont bien marrants et reprennent les « déformations » de visages, exagérations d’expression et cris qui font le succès des dessins animés japonais. Les textes sont en français, mais les dialogues sont en japonais, ce qui permet de toucher les fans historiques.

   

Des sprites à foison

On retrouve, avec Cotton Fantasy, le shoot ’em up dans sa forme pure tel qu’il existait dans les années 1990. C’est-à-dire, un scrolling horizontal, des dizaines et des dizaines de monstres qui tirent des dizaines de munitions. Et on se retrouve seul face à sa dextérité. À vous de détruire tous les ennemis le plus tôt possible avant que l’écran soit saturé d’hostiles qui vous arroseront allègrement de leur tirs. Il faut alors slalomer entre toutes ces attaques tout en gardant une bonne vision d’ensemble pour ne pas se retrouver acculé dans un coin sans issue. Ne vous inquiétez pas, dans votre arsenal vous avez également tout ce qu’il faut pour nettoyer ces hordes de monstres. Tout d’abord, vous avez le tir standard. À chaque pression courte du bouton, vous enverrez une salve d’attaque. Par contre, si vous faites un appui long, vous pouvez vous concentrer pour lancer une grosse attaque qui va globalement détruire tous les ennemis devant vous. Si vous voulez aligner des salves de tirs en continu, pas d’inquiétude, vous ne serez pas obligé de marteler le bouton. Les développeurs ont prévu un autofire, donc vous pourrez allègrement arroser l’écran de vos tirs sans fatigue. Il existe également un 3e bouton pour une megabombe en nombre très limité qui nettoiera tout l’écran d’ennemis et de tirs. Il est également possible de changer de tir principal. En effet, certaines vagues d’ennemis, une fois détruite, libère un cristal de couleur. Suivant la couleur, les munitions seront différentes et les tirs pourront soit être plus puissants pour détruire plus rapidement les monstres, soit plus dispersés, ce qui permet de nettoyer plus facilement l’écran, soit être à tête chercheuse, ce qui permet d’atteindre les ennemis quelle que soit notre position, etc. Si la couleur du cristal ne vous convient pas, ne vous inquiétez pas, il suffit de tirer dessus pour lui changer sa nature. À vous de choisir la couleur qui convient le mieux à votre style. Bon, cette idée, certes classique, est plutôt difficile à gérer dans Cotton Fantasy, car naviguer entre les ennemis, leurs tirs et choisir en même temps la couleur du cristal devient un vrai enfer. Et très rapidement, on passera plus de temps à éviter les cristaux qu’à les choisir. Votre niveau d’expérience est également visible, plus il sera élevé, plus vos attaques seront puissantes. Cependant, attention, à chaque mort le niveau redescend.

Donc, vous pouvez constater que pour l’instant, le gameplay est extrêmement classique pour un shoot ’em up. Mais ce qui fait la force de Cotton Fantasy, c’est la réalisation impeccable. Les sprites sont gros et bien animés, les ennemis et tirs sont nombreux, mais toute l’action reste très lisible. Les décors sont magnifiques, les effets de lumière et de profondeur visuelle sont vraiment réussis. La magie de Cotton Fantasy prend et on tombe sous le charme du jeu. La précision du maniement combinée avec la clarté de ce qui se passe à l’écran donne l’impression d’être en mesure de contrôler l’action. Et si on meurt, c’est généralement parce que l’on s’est laissé déborder, pas du tout suite à un hasard malencontreux. D’ailleurs, la mort arrive à la moindre collision avec un ennemi ou un de ses tirs, donc il ne faut rien lâcher et garder une précision permanente. Et lorsque que toutes les vies sont épuisées, eh bien non, pas de « gameover ». Le jeu propose de continuer juste en réinitialisant le score exactement à l’endroit où on est mort. On sent que les développeurs ont privilégié le scoring en mettant en second plan l’achèvement d’un niveau. Personnellement, je ne suis pas trop fan de ce choix, car finalement, pour les gens comme moi qui cherchent à terminer les jeux, le challenge devient moins attractif avec des « continue » à l’infini sans retour à un checkpoint.

   

Au total, vous parcourrez 16 niveaux très variés, allant d’un village médiéval jusqu’à des grottes sombre peuplées de monstres en passant les cieux nuageux. Tous les niveaux ont leur propre identité avec leurs propres monstres, leurs pièges et leurs propres décors. La plupart du temps, le défilement sera horizontal, mais de temps en temps, vous aurez des passages avec un défilement vertical et même en 3D allant d’arrière en avant tel que Space Harrier. Cela montre la variété et le travail que les développeurs ont dû réaliser pour notre plaisir. 16 niveaux, c’est très au-dessus de la moyenne en termes de quantité dans ce genre de jeu, donc bravo aux développeurs. Les niveaux sont tous magnifiques, avec des effets de rotation ou de zoom 3D impressionnants pour un jeu qui se joue en 2D. Cette combinaison est visuellement splendide avec l’impression que des objets viennent du fond. Le premier niveau est imposé, mais ensuite il est possible de choisir à l’aide d’une carte quel niveau on veut explorer. Le choix de l’ordre ne change absolument rien, ni à l’histoire ni au déblocage des armes. En fait, cela permet surtout d’optimiser son score en choisissant le niveau à terminer. Et bien sûr, à la fin de chaque tableau, on tombe sur un boss. Là encore, Cotton Fantasy est une réussite. Les monstres sont énormes, avec de multiples articulations et des transformations. Par exemple, vous aurez affaire à une araignée géante, un aigle traversant l’écran ou un vaisseau mère gigantesque venant du fond de l’écran. Dans les shoot ’em up horizontaux, seuls les plus grandes références du genre peuvent se vanter d’avoir ce type de boss.

En ce qui concerne les modes de jeu, Cotton Fantasy fait le strict minimum. En effet, on trouve le mode histoire qui permet de jouer le scénario, et le mode entrainement qui permet de rejouer un niveau que l’on aurait déjà débloqué en mode histoire dans le but d’optimiser son jeu et, bien sûr, de maximiser son score. Personnellement, je n’aurais pas dit non à un mode multijoueur.

   

Dans Cotton Fantasy, l’héroïne est bien Nata de Cotton, mais le jeu nous permet de choisir d’autres personnages. On trouve donc au total 6 autres héros, comme Taccoot, Ria, etc, que les fans de la saga reconnaitront peut-être. Par contre, pour les autres, on ne sait pas vraiment qui sont ces sorcières. De plus, le choix d’une autre personnage n’influe en aucun cas sur l’histoire dont Cotton reste l’héroïne. Alors pourquoi d’autres héros, me direz-vous ? Eh bien, la gestion de leurs attaques sont complètement différentes. Autant Cotton dispose de 4 types de tirs qui peuvent être choisis en fonction des cristaux ramassés, autant d’autres personnages, comme par exemple Luffee, n’a qu’un seul type de tir laser qui est très puissant mais unidirectionnel, ce qui permet difficilement de détruire tous les ennemis à l’écran. À l’opposé, son tir concentré permet beaucoup plus facilement de transformer les ennemis en clochette multiplicateurs de bonus. En fait, on se rend compte très vite que les différents personnages ne vont pas vraiment influer sur notre capacité à réussir un niveau sans mourir, mais plutôt sur notre efficacité à faire des points. En effet, on peut dire que Cotton est la sorcière qui a la plus grande diversité d’attaques, donc elle est clairement la mieux placée pour adapter ses tirs en fonction des ennemis pour les détruire. En revanche, du point de vue des bonus multiplicateurs, elle pêche un peu, contrairement à d’autres. Donc, toute l’astuce du choix de personnage réside dans le compromis entre la survie et les bonus multiplicateurs. C’est pourquoi, ici, le choix du héros est uniquement dans le but d’optimiser les points remportés.

Comme vu au-dessus, on sent très clairement que Cotton Fantasy est orienté scoring. Et pour le mettre en avant, il y a un tableau des scores avec un ranking pour chaque niveau terminé. Ainsi vous pourrez en permanence comparer vos performance avec celles des autres joueurs dans le monde entier. Et c’est là qu’il faudra bien manier les différents tirs à votre disposition. En effet, si les tirs classiques détruisent les ennemis, ils ne vous rapportent pas tant de points que ca. Cependant, suite au tir concentré pour megabombe, les ennemis se transformeront en petites clochettes à récupérer qui sont des multiplicateurs de points, alors à vous de bien jongler entre ces différentes options de tirs pour optimiser le nombre d’ennemis transformés et ainsi obtenir le score le plus haut. Essayez et vous verrez tout de suite que ce jonglage vaut le détour. Le score n’aura tout simplement plus rien à voir.

Il existe 3 niveaux de difficulté. Ne faites pas le malin tout de suite, je vous conseille de commencer en niveau normal, histoire de vous familiariser avec les différents tableaux avant de passer directement au niveau extra où clairement vous devez avoir une vision d’ensemble en permanence pour ne pas crouler sous les centaines de tirs à l’écran.

   

Une direction artistique impeccable

Sur le plan graphique, Cotton Fantasy est vraiment sublime. Les décors qui composent les différents tableaux sont variés et poétiques. Et surtout, ils sont gérés sur plusieurs plans, voire même en 3D, ce qui rend un effet de profondeur remarquable. Tout est très coloré et détaillé tout en restant très lisible, ce qui montre un design graphique complètement maîtrisé. Les monstres sont finement dessinés et différents selon les niveaux, c’est vraiment appréciable de ne pas voir tout le temps les mêmes vagues de monstres arriver. Même les tirs ont tous leur forme et leur design bien à eux. Bravo à l’énorme travail graphique réalisé. Évidemment, tous les sprites bougent de façon fluide sans un seul ralentissement. Et là, soyons clair, c’est vraiment là que les shoot ’em up se remarquent. Il arrive régulièrement, surtout en mode extra, de se retrouver avec plus d’une centaine de sprites à l’écran sans qu’un seul ralentissement ou saccade ne soit détecté. Quel bonheur, bravo ! De plus, la plupart des effets spéciaux qui ont révolutionnés les shoot ’em up dans le passé sont présents dans Cotton Fantasy. Ainsi, on peut voir des monstres arriver du fond de l’écran et foncer vers notre héros. Ou alors, on observe des effets de rotation du décor comme si la sorcière tournait autour de l’objet visible. On constate aussi de effets de zoom, par exemple, en début de niveau quand on voit au premier plan la tête de la sorcière qui recule vers le fond pour rejoindre l’aire de jeu. Les développeurs ont même mis en place diverses mécaniques de jeu en changeant la direction du scrolling. En effet, même si la plupart des niveaux se jouent de gauche vers la droite, il arrive d’avoir des niveaux allant du haut vers le bas ou de l’arrière vers l’avant. Donc, clairement, un grand bravo au design graphique.

Au sujet de la bande son, on retrouve des musiques entraînantes qui sont caractéristiques des shoot ’em up des années 90. Ce sont des versions remasterisées des musiques originales. Certes, cela ne va pas plaire à tout le monde, mais personnellement je les trouve très pêchues et restent bien dans la tête. Pour le bruitage des tirs et des explosions, même constat, les « bipbip » et les « boom boom » vont agacer les personnes en recherche de sons réalistes, mais ils sont vraiment dans l’esprit des sons de l’époque.

Côté Multijoueur, hélas, Cotton Fantasy ne permet pas de partager l’aventure, ni en local ni en réseau.

En termes de durée de vie, l’histoire se finit en deux petites heures, d’autant plus que les « continue » sont infinis et ne font pas revenir au dernier checkpoint. Donc, les personnes qui ont pour objectif de finir le scénario du jeu seront vite déçues. En revanche, si vous aimez vous comparer à l’élite mondiale, alors là, le système de leaderboard est remarquable et donne au jeu une durée de vie illimitée.

Pour les vrais fans collectionneurs, ININ, qui s’occupe de la distribution en Europe, sort deux éditions différentes à tirages limités. Tout d’abord, il y a une version simple physique comprenant uniquement la jaquette et le jeu, mais on trouvera également une édition collector avec du contenu exclusif.

  

Un shoot ’em up orienté scoring

Avec Cotton Fantasy, quel bonheur de retrouver un shoot ’em up dans l’esprit des années 90 qui intègre tout ce qui a fait leur succès, c’est-à-dire, une musique entraînante, des sprites par centaines, une fluidité parfaite, des effets visuels qui en mettent plein la vue et des personnages attachants. On retrouve de l’action pure où le jeu nous laisse seul avec notre dextérité. De plus, avec une gestion des scores par réseau plutôt évoluée, il est possible de se comparer aux meilleurs mondiaux. Je ne crois pas avoir retrouvé cette excitation dans une shoot ’em up depuis plus d’une dizaine d’années. Petit regret, il n’y a pas de mode multijoueur.

   

Acerico

Points forts

  • Reste fluide malgré les tonnes de sprites
  • Une direction artistique magnifique
  • Tout simplement addictif

Points faibles

  • Pas de multijoueur
  • Un peu trop orienté « scoring »
  • La gestion des cristaux un peu brouillonne

La Note : 13/20

Éditeur : United Games Entertainment GmbH
Développeur : Success
Genre : Shoot ’em up

Plateformes : PS4, Switch, PC
Date de sortie : 20 mai 2022

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