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Test : Concrete Jungle (PC)

concrete-jungle-3Je n’aime pas beaucoup les city-builders. Ou plutôt, ce sont les city-builders qui ne m’aiment pas beaucoup. Certes, au premier rendez-vous ils sont plein de bonne volonté, généreux en tutoriaux et en explications détaillées. Ils me promettent de rester simples, de ne pas m’abandonner au premier signe de difficulté. Quel imbécile je fais.

Car dès le deuxième rencard, voilà qu’ils me demandent de gérer un réseau routier efficace, une infrastructure électrique qui tienne le coup sous le poids de l’industrie et surtout, un bonheur au top pour tous mes habitants.

Tout ça pour me balancer un écran de game-over quelques minutes plus tard, au prétexte que mes foutus administrés sont persuadés qu’ils peuvent faire un meilleur job que moi. Tu sais quoi, city-builder*clique sur « désinstallation du programme »*

TetrisCity

Heureusement, Concrete Jungle n’est pas un véritable city-builder. Il se contrefiche d’une construction viable des agglomérations, des variations du taux de chômage ou des bouchons aux heures de pointes. Rien à carrer de tout ça : ce qu’il aime, lui, ce sont les points, point. Tu as atteint le quota nécessaire ? Hop, le quartier s’évanouit, laissant la place à une nouvelle ligne en haut de l’écran pour construire de nouveaux bâtiments et engranger des points. Pensez Tetris rencontre SimCity.

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Devant vous et en vue isométrique, un terrain vierge découpé en petites cases carrées et organisées en colonnes (ou lignes, on va pas chipoter). Sur votre gauche, des cartes de bâtiments : maisons, écoles, usines, décharges et plus tard, école de ballet, cinéma d’art et essai… Chaque carte que vous posez vient modifier les cases du terrain : les maisons collectent les points, une école ajoute un point aux quatre cases adjacentes, les usines font baisser d’un point ces mêmes cases, etc. À vous d’organiser le terrain, afin que chaque colonne atteigne le nombre de points requis pour disparaître (3 points au départ) et vous permette de continuer la partie en débloquant de nouvelles colonnes vides. Attention : il faut impérativement faire disparaître la première colonne pour pouvoir avancer, sans quoi, une fois toutes les cases du terrain remplies, c’est le game-over.

Si vous faites partie des joueurs de MegaCity (le titre précédent du développeur), vous aurez sûrement trouvé que ce résumé lui ressemblait énormément, voire parfaitement. Et si Concrete Jungle se limitait à une simple mise-à-jour cosmétique de MegaCity, j’aurai un peu de mal à vous conseiller son achat (d’autant que MC est gratuit sur PC). En réalité, Cole Jefferies, le développeur, a rajouté une quantité considérable de mécaniques qui font de Concrete Jungle un titre à part entière, dont la parenté avec MC est finalement plus de l’ordre de la suite spirituelle, plutôt que du second épisode. Et c’est là que les choses se compliquent. Mais genre, beaucoup.

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Welcome to the (Concrete) Jungle

En effet, sous des atours chatoyants (il faut voir ces effets météo et de tilt-shift sacrément réussis), se cache un puzzle-game à la complexité inouïe. En premier lieu, le jeu comporte une forte dose de deck-building. Pour les personnes qui ne sont pas familières des jeux de cartes type Magic – The Gathering, le deck-building est l’étape incontournable de construction du paquet avant toute partie : on sélectionne un nombre limité de cartes pour composer son paquet de départ, en mettant en place des synergies (des combinaisons de cartes) qui permettent de marquer des points.

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L’énorme différence avec un jeu de cartes classique, c’est que ce paquet de départ évoluera en cours de partie. Des cartes pourront être ajoutées, dupliquées ou supprimées, selon les compétences de chaque personnage (on y revient plus loin). Chaque carte jouée, outre ses effets sur le terrain, peut en plus faire augmenter deux jauges : l’économie et l’industrie. Une fois celle d’économie remplie, elle permet d’ajouter une carte à son deck ou de débloquer une compétence liée au personnage joué (en général, une carte plus puissante que celles proposées en ajout). Toutefois, ces compétences sont organisées en niveaux, des paliers qui ne se débloquent que lorsque vous choisissez d’ajouter une carte à votre deck plutôt qu’une compétence. Il faut donc constamment peser le pour et le contre entre ajouter une carte en prévision de pouvoir acheter plus tard une compétence puissante, ou acheter une compétence déjà disponible.

L’autre jauge, celle des dépenses, peut être considérée comme un malus, mais elle est intimement liée à l’économie : en effet, la plupart des cartes qui augmentent l’économie ont une dépense élevée, dont l’effet est de faire monter le score-cible – le nombre de points à atteindre dans chaque colonne pour les faire disparaître. Il est donc inévitable, voire conseillé, de faire grimper ce score-cible, puisque cela impacte directement votre score et les cartes que vous pourrez jouer. Un moyen malin et élégant de récompenser la prise de risque et de pousser au highscore.

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Ville-champignon, jungle de béton

Et Concrete Jungle ne s’arrête pas là ! Le titre est rempli de modes de jeu variés, dont une campagne solo (entièrement scénarisée et doublée, fait suffisamment rare dans un puzzle-game pour être remarqué) servant de tutorial hyper-complet, afin de se familiariser avec les cartes et les techniques de jeu. Il est également à noter que la difficulté de ce mode grimpe relativement vite et les joueurs les moins impliqués se heurteront à un mur qu’ils risquent de trouver infranchissable : les missions de ce mode sont libellées « Hard », voire « Very Hard » très tôt dans la campagne. La faute à un manque de didactisme des niveaux les plus complexes, qui demandent au joueur de véritablement penser ses coups en amont, à la manière d’un jeu d’échecs : en effet, il devient rapidement crucial de « préparer le terrain », soit les lignes du fond, de manière à réaliser des combos lorsque l’on fait disparaître la première ligne.

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Enfin, plusieurs personnages sont jouables, personnages que vous pourrez incarner après les avoir vaincus lors de la campagne : cela donne lieu à des missions en versus, où une partie du terrain est allouée à chacun des joueurs, rendant la construction impossible pour l’autre sur ces quelques cases. Le but de ces missions est d’engranger plus de points que son adversaire, au détail que si les deux joueurs ont des points dans une même colonne, c’est celui qui en a le plus qui raflera la somme des deux. Ce mode est une façon complètement différente d’appréhender les mécaniques, dans une dynamique nettement plus « arcade » et tendue. Ce mode Versus est bien évidemment jouable contre un joueur humain, en hot seat uniquement.

Chaque personnage a son propre arbre de compétences et se joue vraiment différemment : certains privilégient la construction de blocs (une technique complexe de construction), d’autres incitent à faire grimper l’économie… Il est intéressant de tester chacun de ces avatars, ne serait-ce que pour réaliser l’extraordinaire profondeur du gameplay et ses nuances invisibles de prime abord.

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Concrete Jungle s’impose clairement comme LE puzzle-game de cette fin d’année. Visuellement superbe et doté d’un sound-design aux petits oignons, le nouveau jeu de ColePowered Games reprend, approfondit et densifie le gameplay de MegaCity avec un brio indéniable. Il laissera sur le carreau ceux qui se laisseront déborder par la profusion de mécaniques à prendre en compte et ce, dès les premières missions de la campagne solo. Ceux qui réussiront à dépasser cette pente un peu raide trouveront de quoi s’occuper lors de longues soirées d’hiver. Une fois n’est pas coutume pour un puzzle-game, la campagne solo est très agréable à parcourir grâce à des personnages hauts en couleur (le maire complètement stupide, le péquenaud avec l’accent canadien…) et un doublage de grande qualité !

Go-Ichi

Points forts :

  • Gameplay d’une profondeur inouïe
  • Visuellement superbe
  • Sound-design et doublage excellents
  • Le mode solo scénarisé !
  • Les multiples personnages qui modifient le gameplay

Points faibles :

  • Un chouïa complexe de prime abord
  • Pas toujours très didactique

La Note Gamingway : 18/20

Éditeur/Développeur : ColePowered Games
Genre : Puzzle-game/City-builder
Support : PC (Windows)
Date de sortie : 23 septembre 2015

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