Blanc. Après la sortie de Gris, on reste dans une nuance de palette sans couleurs pour ces jeux indés hors normes, bien que les deux titres n’aient aucun rapport entre eux. Ils ne sont en effet pas réalisés par le même studio, Blanc étant produit par Casus Ludi, à Nantes, ce qui mérite doublement notre attention.

Au début, on montre patte blanche

Blanc porte bien son nom. Tout ici est recouvert de neige, ce qui donne un aspect très singulier à l’univers du jeu. Les environnements sont magnifiques et on s’arrêtera bien souvent pour admirer les décors, allant de la forêt, aux friches industrielles en passant par les corniches de montagnes ou encore les torrents glacés. Les éléments semblent griffonnés au charbon noir sur la blanche poudreuse et ce contraste fort du noir et du blanc n’est pas que visuel. En effet, ici on va jouer à la fois un faon immaculé et un louveteau au pelage noir comme la nuit. Ces deux compagnons de fortune, qui se rencontrent dans des circonstances assez tragiques, puisqu’ils ont tous les deux perdu leur famille suite à une violente tempête de neige, vont devoir collaborer afin de progresser dans cet environnement inconnu et hostile. Une bien étrange combinaison, aussi antinomique que complémentaire, tel le ying et le yang perdus en pleine nature.

À marquer d’une pierre blanche

Mon premier conseil sera, dans la mesure du possible, de jouer à deux. En effet, Blanc est conçu pour deux joueurs simultanés et, même s’il est possible de jouer seul en dirigeant les deux personnages, ce que j’ai fait, ce n’est pas évident. Se déplacer en même temps sans qu’ils ne fassent n’importe quoi, relève du défi, à moins d’être parfaitement ambidextre et surtout de savoir partitionner son cerveau afin d’effectuer deux actions différentes en même temps. De quoi devenir rapidement un peu schizophrène. Heureusement, ici on peut prendre son temps et effectuer une action après l’autre car le jeu est facile à prendre en main et les interactions sont simples, surtout qu’elles sont assez limitées en début de partie. En effet, la comptabilité de nos deux héros se fait au fur et à mesure. Une vraie amitié qui, comme dans la vraie vie, se construit étape par étape, la confiance n’étant pas innée, surtout entre ces deux espèces animales que tout oppose en temps normal.
Cela paraît une évidence, mais le jeu ne comporte pas de dialogues, et vous pouvez afficher à l’écran plus ou moins d’aides de jeu, à votre convenance. Cela nous immerge d’autant plus dans le feu de l’action. On peut cependant appeler son partenaire en poussant des petits cris de bébé animal, une option plutôt utile pour le multijoueur en ligne, le titre pouvant se jouer à deux en local ou en ligne.

Si au début il suffira de se déplacer, éviter quelques obstacles et sauter, par la suite vous pourrez bouger des objets, effectuer de nouvelles actions et surtout vous entraider. Car il faut également prendre en compte la morphologie de chacun : le bambi étant plus grand et élancé, il pourra sauter plus haut, tandis que notre petit loup pourra se faufiler dans les terriers ou les endroits étroits et il faudra souvent se prêter pattes fortes.

Notons tout de même que parfois les énigmes ne sont pas évidentes au premier abord ou qu’on ne comprend pas tout de suite comment les appréhender, la lecture n’étant pas toujours simple. La caméra, elle non plus, n’est pas toujours coopérative, car elle essaye de suivre nos deux héros plus ou moins en même temps, mais entre parfois en collision avec un bâtiment ou un autre obstacle, ce qui rend le tout illisible. Quelques imperfections, donc, qui viennent un peu ternir le tableau, mais rien de rédhibitoire non plus, surtout qu’il s’agit là d’une première production plutôt réussie dans son ensemble.

Est-ce cousu de fil blanc ?

L’aventure se découpe en dix chapitres, et la mécanique de jeu change et évolue de l’un à l’autre. Si au début les énigmes sont simples et évidentes, elles se corsent évidemment petit à petit, notamment car on finit par ne plus être simplement un duo. En effet, il va falloir venir en aide à de nouveaux venus, tels que des canetons qui ont bien du mal à suivre leur maman. Ici on essaye de s’en sortir tout en aidant les autres à travers cette nature hostile, une belle leçon de vie.
On traverse également des passages plus grisants en mode glissade qui rappellent la luge ou le snowboard entre deux panneaux, ce qui à pour effet de détendre le joueur entre deux salves d’énigmes bien différentes. Une harmonie tout de même assez travaillée sur la longueur.

Tout au long de cette aventure, certes courte, mais le concept ne permet pas non plus de dépasser les quatre heures de jeu (maximum), vous allez devoir suivre les traces de votre meute ou famille respective, laissées dans la neige. Ici, l’environnement sonore ainsi que les soucis du détails contribuent à vous immerger dans cette histoire poignante. Les sons vont en effet bien vous aider pour vous diriger ou pour savoir quoi faire et les musiques se déclenchent pendant certaines scènes afin d’accentuer les émotions. Les traces que vous laissez dans la neige, le bruit simple de la poudreuse ou du vent, participent à vous plonger dans ce glacial hiver. Certes, Blanc ne vous fera pas vivre le grand frisson ou des évènements spectaculaires, cela reste du classique et du simple, mais de temps en temps on a aussi besoin de ce genre d’expérience qui peut se partager en famille avec les plus jeunes, en couple ou entre amis (ou seul en dernière option), tout simplement.

Blanc est une très jolie expérience en noir et blanc, simple et sensorielle, avec de quoi se creuser les méninges et s’entraider, car c’est une aventure qu’il vaux mieux vivre en duo. Nous ne pouvons que vous conseiller ce titre, aussi joli que rafraîchissant (c’est le cas de le dire).

Sironimo

Points forts :

• Univers soigné et unique
• Belle direction artistique
• Environnement sonore intéressant
• Interaction entre le deux protagonistes (bien en coopération)
• Histoire émouvante

Points faibles :

• Une construction assez classique
• Des soucis de camera souvent présents
• Une aventure courte et pas aussi prenante quelle pourrait l’être