Test : Blacksad: Under the Skin

Après des années à travailler sur des licences maison, Pendulo Studios se lance dans l’adaptation d’un monument de la BD espagnole, Blacksad.

Les développeurs, surtout connus pour leur excellente trilogie de point & click Runaway, s’attaquent donc à l’œuvre de Canales et Guarnido afin d’en faire un jeu d’aventure. Blacksad est une série de bandes dessinées démarrée en 2000, invitant le lecteur à suivre les aventures du détective éponyme ; une œuvre anthropomorphe dans une ambiance roman noir des années 50. Blacksad, c’est un peu la rencontre entre Canardo et John Chatterton, un peu moins sombre que le premier et beaucoup moins enfantin que le second.

Un sport dangereux

Vous voici donc dans la peau poilue de John Blacksad enquêtant sur l’apparent suicide de Joe Dunn, manager d’un boxer en fuite. Une enquête qui va le mener sur les traces, entre autres, de la pègre irlandaise et le balader dans une histoire un peu plus compliquée qu’il n’y parait au premier abord.
L’intérêt de Blacksad réside avant tout dans son univers riche qui, même si évidemment moins creusé que dans la bande dessinée, immerge le joueur dans son ambiance de roman noir très 50’s. On y retrouvera les thèmes habituels du genre tels que le racisme, l’adultère, les paris truqués, etc.
Une intrigue somme toute classique dans la série noire, mais finalement assez peu utilisée dans le jeu vidéo. On pense évidemment à des titres comme L.A. Noire ou Grim Fandango, sans pour autant les singer.

Cliquer sans pointer

Au-delà de l’ambiance, là où la filiation avec Grim Fandango semble évidente, c’est dans les contrôles du jeu. À l’instar du titre mythique de LucasArts, Blacksad: Under the Skin ne se joue pas à la souris, mais propose un déplacement de personnage au pad (ou au clavier) et demande de se mouvoir jusqu’à chaque point d’intérêt pour l’examiner. Un choix pour le moins audacieux lorsque l’on sait que cette mécanique de jeu n’a jamais été encensée, que ce soit par la presse ou les joueurs. Mais le jeu ne s’arrête pas à ce simple gameplay et mélange également d’autres systèmes tels que le focus sur un personnage (un peu comme dans un Batman Arkham) et des QTE destinés à dynamiser l’ensemble. Autre mécanique désormais classique dans ce genre de titre : le timer durant certains dialogues forçant le joueur à prendre une décision rapide, un élément tout à fait adapté au jeu, car très cohérent avec le principe d’enquête. John peut aussi faire appel à son esprit de déduction en associant certains indices découverts afin d’ouvrir de nouvelles options de dialogues, des actions ou des lieux.

Chi va piano va sano

Blacksad: Under the Skin est définitivement un jeu d’ambiance, un titre dans lequel l’enquête est plus un prétexte destiné à nous immerger dans le monde de la bande dessinée. L’ensemble est assez linéaire et ne propose pas de réel challenge ; il est d’ailleurs assez facile de deviner les ficelles de l’intrigue bien avant que l’histoire ne les confirme. Un possible défaut pour certains qui ne le sera pas pour tous, l’intérêt du jeu résidant plutôt dans sa capacité à nous faire vivre une histoire. Bien qu’ayant pioché dans les titres cités auparavant, il serait bien peu pertinent d’oublier la formule qui a clairement participé à inspirer bon nombre des mécaniques du jeu, à savoir la recette Telltale. Comment ne pas repenser à Walking Dead en passant d’une phase d’action en QTE à une séquence de dialogues à choix multiples, influant légèrement sur le déroulé de l’aventure ? Un principe qui semble, du coup, très attaché à l’adaptation de bande dessinée.

Chacun cherche son chat

Sans être un point & click révolutionnaire dans son exécution et ses mécaniques, Blacksad: Under the Skin propose une très sympathique expérience. Les fans des aventures du chat détective seront très certainement bien plus happés par l’univers que les autres, cependant le jeu reste une excellente porte d’entrée pour qui ne connaîtrait pas l’oeuvre originale. Quelques défauts peuvent néanmoins rebuter l’amateur de point & click, car le titre reprend également la grande linéarité des licences Telltale Games et peut donc s’avérer frustrant du fait du manque d’ouverture du monde. L’autre élément assez pénible vient des contrôles qui donnent un peu l’impression de manœuvrer un camion dans un parking sous-terrain ; potentiellement irritant, alors qu’il faut aller fouiller chaque recoin du décor pour trouver des indices (ou des cartes à collectionner). Certainement pas le hit de l’année, mais le jeu de Pendulo peut se positionner comme une aventure détente entre deux grosses sorties.

Ominae

Points forts :

  • Très fidèle à la BD
  • L’ambiance 50’s
  • L’OST qui ajoute à l’immersion
  • Les doublages français réussis
  • Une aventure convenue mais prenante

Points faibles :

  • Un peu trop linéaire
  • On aimerait pouvoir accélérer le pas
  • La lourdeur des contrôles

La note : 16/20

Développeur : Pendulo Studios
Éditeur :
Microïds
Genre :
point & click, aventure narrative
Support :
PC, Xbox One, PlayStation 4, Switch
Date de sortie :
14 novembre 2019 (28 novembre 2019 sur Switch)

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