Test : Alice : Retour au pays de la Folie (Xbox 360)
Dans le petit monde des esprits tourmentés, Lewis Carroll se place en première position, et son œuvre majeure, Alice au Pays de Merveilles, nous immerge dans un univers loufoque où le bizarre côtoie sans gêne le merveilleux.Pourtant, il ne s’agit en aucun cas de ce que l’on peut voir de plus dérangé dans le petit monde bien particulier du jeu vidéo. En effet, il y a bien plus en marge quand les gars du studio Spicy Horse s’approprient à leur manière le titre du romancier britannique. Cela donne American McGee’s Alice, un jeu où le Pays d’Alice n’est plus tout aussi merveilleux et cette dernière un tantinet hystérique … Le pari de reprendre un tel monument de la littérature sans le dénaturer tout en y ajoutant sa touche personnelle est donc osé et a été réussi il y a 10 ans. Qu’en est-il de ce second volet de la saga American McGee ?
Un gameplay pas très original mais efficace
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures ! Ca, les gars de Spicy Horse ne l’ont pas oublié. Et c’est notamment grâce à cela qu’ils proposent, à travers Alice, un titre qui ne surprendra personne par son gameplay mais qui a au moins le mérite d’être diablement efficace.
Le level-design est d’ailleurs taillé pour la plate-forme. De chemins escarpés en éléments de décors métronomiques flottant dans le néant, tout est prévu pour utiliser les spécialités de notre héroïne. Appuyez sur la touche de saut et elle s’exécute sans sourciller. Appuyez deux fois sur cette même touche et Alice Liddell effectuera un double saut. Maintenez la pression après votre premier saut puis vous planerez gracieusement sur le monde des Merveilles. Rien d’extraordinaire là-dedans, mais il n’en faut pas plus pour s’amuser et profiter des niveaux qui s’offrent à vous. Sans comptez que la jeune Liddell se dirige de façon fluide et dynamique.
De même, les affrontements avec les ennemis ne présentent aucune originalité mais restent eux aussi très efficaces. Le gameplay du soft, dans les phases de combat, s’approcherait d’ailleurs plus de celui d’un beat’em all que de celui d’un jeu d’action. On presse frénétiquement, sans se poser de question, sur le bouton qui permet de frapper tout ce qui bouge à l’aide d’un grand coutelas (ou d’un cheval en bois…). Une autre touche permet d’esquiver de la plus belle des manières (Alice s’évapore en un nuage de papillons pour réapparaitre un peu plus loin échappant ainsi à l’attaque de son agresseur), une autre permet de parer des tirs à l’aide d’une ombrelle et une autre donne la possibilité de tirer avec un moulin à poivre sur des adversaires hors de portée. Non, bien que plaisante, ce n’est pas dans la jouabilité, bien commune voire quelconque pour ne pas dire redondante à certains moments, qu’il faut chercher l’originalité d’Alice : Retour au Pays de la Folie. Notons toutefois qu’il est possible de rétrécir et qu’un fois de petite taille, on peut emprunter des passages secrets et dévoiler des éléments de décors utiles pour avancer. Cette particularité ajoute un petit plus à la jouabilité.
Et même d’un point de vue graphique, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de techniquement très marquant. Le titre d’Electronic Arts est même plutôt dépassé. A certains moments même, les textures ne sont pas très jolies à voir et divers défauts (ralentissements et clipping par exemple) sont présents tout au long de l’aventure. Dans le détail donc, les graphismes ne sont pas non plus un des points forts du jeu.
Un univers unique
Mais le cachet donné au soft, avec ses couleurs oscillant entre le sépia typique du XIXème, les teintes éclatantes du Pays des Merveilles et les tons sombres associés à la folie et au chaos, offre une dimension unique. On ne voit même plus les défauts mentionnés plus haut tant l’aspect général du jeu est séduisant. La direction artistique est vraiment forte et on est littéralement transporté au Pays d’Alice et de sa folie. Les décors sont véritablement splendides et offrent à voir tantôt une forêt merveilleuse aux mille couleurs tantôt un monde chaotique déchiré par de nombreux gouffres.
L’aspect visuel n’est pas le seul point sur lequel le studio Spicy Horse se base pour offrir cet univers pandomique. Le son est également d’une importance capitale. Et ce, en proposant des musiques (au piano ou au violon) exquises tout droit issues du siècle de Carroll ainsi qu’en insérant à des moments des sons et autres bruitages évoquant la peur et l’hystérie. Le choix et l’exercice des doublages sont également de très bonnes factures et contribuent à garder intacte l’ambiance du jeu.
Le musée des horreurs
Et bien évidemment, le son et l’image ne font pas tout. Alice : Retour au Pays de la Folie se base également sur un script bien pensé. Le scénario nous amène à côtoyer la misère des quartiers londoniens de la fin de l’ère victorienne. Alice Liddell a du mal de se remettre de l’accident incendiaire qui a provoqué la perte des siens. D’autant qu’elle se sent en partie responsable de cet incident. Elle suit donc une thérapie afin d’oublier le passé. Cependant, ses diverses rencontres vont l’amener à se replonger dans les méandres de sa psyché.
Les personnages du jeu occupent eux aussi une place de choix dans la construction de cet univers horrifique, tous plus laids et loufoques les uns que les autres. Ils donnent le ton à la trame du jeu. C’est eux qui, de rencontre en rencontre, conduisent Alice dans son cheminement. Dans ce bestiaire improbable donc, vous retrouverez (pour les connaisseurs de Carroll) des visages connus mais qui, sous la houlette des jardiniers de Spicy Horse, ont pris un aspect bien plus glauque et décalé. Votre chemin vous amènera, par exemple, à croiser le chat du Cheshire, qui vous guide dans votre aventure, dispensant ses conseils sur un ton sarcastique, ou le Chapelier Fou, qui se trouve dans une posture plutôt inattendu puisqu’il est totalement démembré …
Là où la part de subjectivité exulte
Au final, en mettant de côté l’aspect technique (gameplay, graphismes, etc …), Alice : Retour au Pays de la Folie fait partie de ces jeux, au même titre qu’un Limbo, pour lesquels donner un avis de « spécialiste » ne compte plus. La part de subjectivité inhérente à l’univers particulier du soft est tellement forte que le titre d’Electronic Arts ne peut laisser indifférent. Soit on aime soit on déteste.
Il faut alors se demander ce que l’on recherche dans un jeu : prendre une gifle tant il est beau, se creuser la tête grâce à des énigmes tordues ou se laisser transporter dans un autre monde. Ici, c’est plutôt le troisième point dont il est question. Et le monde de ce deuxième volet de la saga American McGee est particulier. Il est donc important d’adhérer à ce genre d’univers pour apprécier ce type de jeu. Il faut en effet apprécier le trash, le bizarre pour aimer Alice. Attention toutefois car le jeu ne se résume pas simplement à cela. La trame complexe du scénario se dessine petit à petit et laisse, au gré des retours au Pays des Merveilles, miroir de la psyché tourmentée de Liddell, le joueur en connaître un peu plus sur le passé de la jeune héroïne.
Vous l’aurez donc compris, Alice : Retour au Pays de la Folie est ce que l’on peut appeler un OVNI vidéoludique. Avec son ambiance, suintant la folie par tous les pores, il n’est pas à mettre entre toutes les mains. Cependant, si le sang ne vous émoustille guère et que les univers totalement barrés vous parlent, alors le titre d’Electronic Arts est fait pour vous. Le jeu, bien que présentant des défauts techniques et ne possédant pas un gameplay révolutionnaire, quoiqu’efficace, vous proposera un voyage vers un Pays de la Folie merveilleusement mis en scène.
Yōkai
Les points forts
Un cachet visuel fort
Une ambiance sonore incroyable
Un pays où la Folie règne réellement
Un univers unique
Un gameplay efficace …
Les points faibles
… mais peut-être un peu basique et redondant
Cela aurait mérité d’être plus soigné graphiquement parlant
La Note Le Mag Jeux Video : 17/20
Editeur : Electronic Arts
Genre : Action/Plates-formes
Support : Xbox 360
Date de sortie : 16 Juin 2011
Moi j’aime bien ce genre d’univers… étrange!