Mario Kart Tour en a après votre temps et argent, pas vos amitiés

Mario Kart Tour aura mis un an et demi après son annonce pour nous parvenir. Une longue attente, tout ça pour un gacha incontrôlable qui vous rappelle constamment à quel point vous vous amuseriez plus si vous daigniez dépenser quelques mesetas.

On attendait beaucoup de Nintendo quand ils ont annoncé en 2015 leur arrivée sur le marché mobile. À défaut de vous publier un énorme dossier sur les péripéties délirantes à ce niveau, on se concentrera aujourd’hui sur Mario Kart Tour qui représente à lui seul tout ce qui ne va pas avec le jeu smartphone et le géant en lui-même.

Étudier le titre revient à démêler des cheveux coincés dans le siphon de la douche : on ne sait ni par où commencer ni pourquoi on ferait ça, mais en plus, c’est répugnant. Oubliez de suite la complexité amicale si chère à la série, on nous sert ici une version moddée de Mario Kart 7 extrêmement simplifiée où votre niveau d’expérience décide de votre avancée. La progression se fait par coupes de quatre circuits, à l’exception du fait qu’elles sont « infinies ». On peut évidemment revenir sur les gagnées, mais rien ne nous motive à suivre cette voie, si ce n’est quelques messages d’alerte un peu paniqués.

On enchaîne donc les courses sans trop réfléchir, en espérant avoir le bon équipement pour obtenir le score nécessaire au déblocage de la suite. Les personnages, véhicules et deltaplanes ont chacun des parcours de prédilection qui, utilisés au bon moment et en fonction de leurs niveaux, vous rapportent des bonus facilitant grandement le jeu. Vous n’avez pas ce qu’il faut ? Ce n’est pas grave, Mario Kart Tour se fait un plaisir de savoir ce que vous manquez !

Les options de contrôle, à l’apparence initialement poussées, ne sont que poudre aux yeux. On peut activer le gyroscope, certes, mais sa faible sensibilité le rend inutile. Les dérapages manuels nous empêchent de juste tourner. Les bolides semblent glisser constamment, si bien que même désactiver l’aide à la conduite ne change rien à l’intelligence artificielle qui fait de son mieux pour que vous ne sortiez pas de la piste. Le jeu a beau ne pas être en auto-pilote, rien n’enlève cette sensation de voir le tout bouger seul avec une simple aide de notre part.

Pas moins de quatre « monnaies » différentes sont utilisées pour mieux flouter le vrai coût des choses. Soleils, pièces, rubis et euros en plus des barres d’expérience, nos têtes tournent rapidement. N’allez cependant pas croire que l’achat du Battle fucking Pass à 5 € 49 par mois vous aidera de quelconque manière, il ne donne droit qu’à plus d’objectifs journaliers, hebdomadaires et saisonniers à remplir pour, en échange, quelques-unes de ces « monnaies » et des badges. Deux semaines gratuites pour une déception instantanée, on est loin des DLC de Mario Kart 8 sur Wii U bien moins chers et amplement plus intéressants.

Après trois ou quatre heures de jeu, la recette est difficile à digérer. « C’est fini, revenez plus tard » nous annonce fièrement Mario Kart Tour, « cette coupe est en construction ». Ne reste alors qu’à repartir et gagner de l’expérience avec les courses précédentes avant de s’apercevoir qu’une limite journalière a été posée. Les objectifs étant énormément basés sur notre niveau, autant dire que ça fait un peu mal de potentiellement payer un abonnement qu’on ne peut utiliser efficacement. Il faut avancer, certes, mais pas trop vite non plus, sans compter qu’aucun mode multijoueur n’est actuellement disponible.

En comprenant tout au jeu mobile, Nintendo a oublié qui il était. Après l’expérimentation d’un réseau social positif et addictif Miitomo, la société est tombée dans le piège de l’argent à outrance, persuadée que ses personnages étaient assez forts pour faire la une des différents magasins virtuels.

Ce n’est pourtant pas le cas.

Jamais le créateur du plombier n’a été aussi peu raccord avec ses joueurs. Mario Kart Tour, au même titre que Super Mario Run ou Doctor Mario Truc n’est qu’un énième titre smartphone dont des équivalents incroyablement variés et de qualité sont téléchargeables depuis longtemps. La popularité de Fire Emblem et Dragalia Lost auraient pourtant dû leur mettre la puce à l’oreille. Ces expériences fraîches et originales, adaptées au format, sont ce que le public réclame. L’ère Iwata est bel et bien finie. La Switch ne possède pas un tiers des fonctionnalités de la 3DS et Wii U. Des titres techniquement non finis sortent à 60 €, comme Three Houses, Marvel Ultimate Alliance 3 ou Link’s Awakening HD. Un morceau de magie s’est perdu. 

Et à moi de payer quand même, conne que je suis.

  

Marine

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