Test : Strafe (PC)

Attendu depuis son annonce par les fans de FPS old school, Strafe débarque enfin sur nos machines préférées. Avec son aspect Doom like assumé, il ne pouvait clairement pas passer inaperçu. Voyons si le résultat est à la hauteur de la promesse.

 

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut que je vous parle d’un genre pictural que j’apprécie particulièrement, le trompe-l’œil. L’idée de base est de provoquer la confusion chez le spectateur en jouant sur sa perception. Donner, par exemple, une illusion de relief parfaite, alors que la création est en deux dimensions. Les meilleurs arrivent à dérouter le spectateur, au point que celui-ci sera incapable de voir la différence entre un dessin et la réalité qu’il a pour but de représenter.
Gardez bien ce principe en tête avant d’attaquer la suite de cet article, car Strafe est avant tout une histoire de trompe-l’œil.

Un air de déjà vu

Dès le début, Strafe nous ramène plus de 20 ans en arrière pour nous replonger dans l’ambiance Doom, Duke Nukem et autres Quake. Le projet était d’ailleurs initialement nommé Strafe 1996, histoire de bien nous remettre dans le contexte. On retrouve donc ces décors épurés, futuristes, dans une 3D d’écran de veille du plus bel effet. Le titre pousse le délire nostalgique jusqu’à introduire le tutoriel avec des vidéos typées série Z sur VHS.
Nous voici donc revenus aux origines du FPS, avec tout ce que cela implique de couloirs, de vitesse et de hordes de monstres. Ces derniers sont clairement inspirés par le bestiaire de Quake premier du nom. Les armes, quant à elles, sont moins inspirées par le célèbre jeu de ID Software, c’est plus un fourre-tout de ce que les FPS nous ont proposé depuis une vingtaine d’années.
L’aventure démarre dans ce qui ressemble à une station spatiale et vous propose de partir à l’assaut de zones peuplées de monstres divers et variés. Ne cherchez pas un scénario, nous sommes dans la plus pure tradition du gameplay immédiat.

 

On peut tromper 1000 fois une personne, mais…

Vous vous souvenez de mon histoire de trompe-l’œil (le contraire serait affreusement triste, vu que vous devez l’avoir lu il y a une minute grand maximum) ? Il est temps d’y revenir. Strafe, sous ses airs de Doom like, cache bien son jeu. Il ne s’agit pas comme on pourrait le penser d’un fast FPS à l’ancienne, mais plutôt d’un rogue-like qui emprunte des mécaniques rétro. Passé quelques minutes dans le jeu, le joueur se rendra compte que le titre ne mise pas tout sur la vitesse et le skill, mais plutôt sur l’observation et l’adaptation aux situations. En effet, entre chaque mort (qui seront fort nombreuses au début), la partie redémarre dans un environnement différent par son agencement. Le jeu vous propose de choisir une arme au départ, arme que vous garderez jusqu’à la fin (en l’améliorant au fil de la progression). Vous pourrez bien évidemment ramasser d’autres flingues, mais ces derniers seront bon à jeter (littéralement) dès que les munitions seront tombées à zéro.
Un système de téléporteur en kit vous permettra au bout d’un moment d’éviter les premiers niveaux pour avancer, une option vraiment salutaire, tant la difficulté peut se révéler aléatoire.

 

Mais pas tromper 1000 personnes…

Si l’idée de départ est excellente et l’effet gameplay « suprise » alléchant sur le papier, dans l’exécution c’est autrement plus compliqué. Le jeu souffre de trop nombreux défauts pour offrir une expérience addictive, une condition pourtant indispensable à la réussite d’un rogue-like. Le premier problème vient du manque d’informations et ce, malgré la présence d’un sympathique tutoriel. On comprend bien qu’il est possible d’acheter des upgrades, d’améliorer son matos, mais rien n’est jamais clair. On avance donc dans le brouillard en permanence et c’est un réel soucis pour la fluidité du jeu. Il en est de même pour l’amélioration de son arme, rien n’est clair. On ramasse des objets sans en connaitre la fonction, ni leur effet, alors que c’est le b-a ba du game design.
L’autre gros problème est lié à la difficulté en dent de scie, totalement aléatoire. Il est possible d’enchaîner trois zones assez facilement et de mourir en deux minutes à la partie suivante. Alors oui, je vous vois venir, c’est un peu le propre des rogue-like et vous avez en partie raison, sauf que votre mort n’intervient pas forcément sur une erreur de votre part, mais bien souvent sur des soucis de level design.
Par exemple, dans un Doom classique, tous les adversaires peuvent être repérés à l’avance ou, le cas échéant, sortiront d’un endroit qui vous laissera le temps d’agir. Dans Strafe, vous pouvez tout à fait ramasser un ennemi sur le coin de la gueule, sans aucun moyen de l’anticiper et ainsi voir votre quantité de HP fondre d’un coup. Ajoutez à cela un gros manque de sensation au niveau des armes, des hitboxes pas toujours très précises, un level design juste moyen et vous aurez un cocktail assez peu engageant.
Maintenant, Strafe n’est pas non plus une catastrophe, certains anciens joueurs pourront y retrouver quelques feelings d’antan et un challenge quasi inexistant aujourd’hui. Une fois le jeu bien en main, on se surprend à prendre plaisir à parcourir les niveaux en dégommant tout se qui se présente, à tenter un rocket jump et rechercher les quelques easter eggs bien planqués. Par contre, les moins acharnés ou ceux qui s’attendaient à un nouveau Duke Nukem abandonneront peut-être bien vite le jeu et s’en retourneront sur Doom 2016.
Malgré de bonnes intentions de départ, Strafe est un trompe-l’œil imparfait qui en fini plutôt par ressembler à un malentendu.

Ominae

Points forts :

  • Un vrai challenge
  • L’ambiance 90’s
  • La fluidité des mouvements
  • L’OST

Points faibles :

  • La difficulté bien trop aléatoire
  • Beaucoup trop cryptique
  • Direction artistique rétro lambda
  • Le level design peu inspiré

La Note : 14/20

Développeur : Pixel Titans
Éditeur : Devolver Digital
Genre : FPS, Rogue-like
Date de sortie : 9 mai 2017
Support : PC, Mac, PS4
Configuration machine de test : i7-4790K, GeForce GTX970, 16GB RAM

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