Test : La-Mulana I&II (PS4)

Amateur de jeux très difficiles, voila que débarque une compilation qui devrait vous ravir : La-Mulana 1&2. Ces jeux sont des portages des versions sorties en 2005 et 2018 et ce sont les studios Nigoro qui se sont occupés de ce portage pour notre grand plaisir. Pour rappel, au début La-Mulana était un jeu indépendant gratuit, puis suite à un succès mérité, il a bénéficié d’une version revue payante ainsi que d’une suite. Aujourd’hui, cette saga revient sur nos plate-formes actuelles grâce à l’éditeur NIS America pour mettre nos nerfs à rudes épreuves à travers des ruines truffées de pièges impitoyables et d’énigmes à réduire votre cerveau en bouillie. Pour les personnes qui connaissent ces jeux, la question est de savoir si ce portage justifie un réinvestissement ? pour les autres qui ne connaissaient pas, est-ce que cette compilation va vous séduire? Voici la réponse dans l’article ci-dessous qui a été créé dans la persévérance, dans la lutte et la douleur mais avec un bonheur immense.

Indiana Jones est de retour

Une entité extraterrestre est arrivée sur Terre bien avant les humains il y a bien bien longtemps. Elle se nomme Mother et demande à ses enfants, c’est à dire les nous, de l’aider à retourner chez elle. Vous jouez le rôle d’un archéologue aventurier du nom de Lemeza Kosugi qui est une copie d’Indiana Jones avec chapeau et fouet, qui décide de percer les secrets des ruines de La-Mulana d’où personne n’est jamais revenu. Heureusement, dans le village à proximité, un vieil ermite du nom de Xelpud va vous aider, au sens large, en vous communiquant grâce à un ordinateur portable (et oui, il faut vivre avec son temps) quelques astuces pour survivre dans cet endroit où la mort se trouve à chaque coin de ces immenses ruines.
Et voilà, c’est tout, le scénario de La-Mulana reste très énigmatique et le jeu ne s’encombre pas de scènes cinématiques d’explication. Le joueur est directement jeté dans l’aventure et va devoir découvrir et comprendre au fur des tableaux les tenants et aboutissants de l’histoire. Bon, il est clair que La-Mulana reste assez avare sur l’histoire qu’il faudra découvrir et deviner au fur et à mesure des stèles trouvés ou des personnages rencontrés.
L’histoire du 2e opus se passe bien des années plus tard. Xelpud a complètement changé et est devenu à une sorte de « Tortue Géniale » tout aussi dépravé que dans Dragon Ball. Les ruines sont maintenant une attraction touristique loin de toute archéologie dangereuse de La-Mulana. Mais, des monstres commencent à apparaître sortant des ruines. Xelpud écrit donc une lettre au professeur Kosugi pour lui de   mander d’aller éclaircir ce mystère car ce n’est pas bons pour le tourisme. Cette fois-ci, c’est la fille du professeur qui décide d’aller sur place pour se créer se propre légende et autant dire qu’elle va être servie. Et l’histoire se révèle au fur et à mesure des panneaux touristiques et peu à peu on apprend que la source de tous les problèmes est Egg-Lana.

  

 

Un jeu de plateforme-aventure plus profond qu’il en a l’air.

J’avoue qu’avant d’avoir commencé à jouer à La-Mulana, je ne connaissais pas le jeu original sorti sur PC. Je pensais donc vraiment que j’avais affaire à une sorte de jeu de plateforme avec des pièges et des monstres. Et bien non, à ma grande surprise et pour mon grand plaisir, La-Mulana est bien plus profond. On trouve en effet, un côté jeu de plate-forme où il faudra traverser des niveaux bourrés de monstres et de pièges, mais il y a également un aspect aventure où il faut discuter avec les PNJ, chercher des objets pour débloquer des fonctionnalités, chercher des armes pour des situations adaptées, résoudre des énigmes.

Plus concrètement, voici comment se passe une partie : le jeu se compose de plusieurs mondes divisés en tableau de la taille d’un seul écran. A chaque limite de tableau , l’écran scrolle pour montrer le tableau suivant comme dans les anciens jeux. Cette mécanique est assez rigide et peut créer plusieurs désagréments comme des aller-retours involontaires entre 2 écrans qui se soldent par la résurrection de tous les monstres déjà tués. Chaque tableau a son lot de monstres et pièges et il faut les déjouer pour poursuivre. Pour l’instant , rien d’exceptionnel. Mais la très grande force de La-Mulana est la superposition de ce jeu de plateforme avec une aventure. On ne passe pas les niveaux un par un pour avancer. Non, ici on est en quête d’un objet qu’on va devoir chercher; de coffre qu’il va falloir ouvrir, d’énigmes à résoudre. Au début, c’est facile, la simple manipulation d’un levier ouvrira la coffre se trouvant dans le même tableau. Mais , très vite les choses se compliqueront. Par exemple les coffres seront inaccessibles ou bloqués par une porte. Ils ne s’ouvriront plus à l’aide de levier mais grâce à la résolution d’une énigme. Et oui, rien n’est gratuit, les objets les plus puissants sont cachés derrière des énigmes bien salées  Celles-ci très simples au début, deviennent rapidement tarabiscotées et vous vous arracherez les cheveux pour  les comprendre. Elles peuvent être sur plusieurs tableaux, par exemple, le levier pour ouvrir le coffre se trouve dans un passage secret dont l’entrée se trouve plusieurs écrans avant . Ou alors, il faudra déchiffrer une stèle qui révélera une phrase énigmatique du style, « le bonheur se trouvera lorsque tous les volants seront à terre » et il faut comprendre que tous les monstres volants doivent être tués pour débloquer le coffre. En gros, ce sont des tonnes de coffre à ouvrir, avec des centaines d’énigmes à résoudre toute plus tordues que les autres. Oui, , le jeu est dur.

  

Pour accéder aux énigmes , il faudra lire des stèles trouvées ça et là. Pour les déchiffrer, pas de cryptage compliqué, il faut vivre avec son temps, votre ordinateur portable s’en chargera, mais encore faut-il avoir le programme adéquat. Et on se rend compte qu’il est possible d’acheter des programmes à installer sur l’ordinateur du héros pour accéder à de nouvelles fonctionnalités. Et là, on découvre que La-Mulana est bien plus profond qu’on aurait pu le penser au premier abord. C’est à l ‘installation de ce premier programme de déchiffrement des stèles que j’ai vraiment compris mon erreur. La-Mulana n’est pas un simple jeu de plateforme, c’est un vrai jeu d’aventure. La preuve en est que dès le lancement de votre première partie, si vous partez directement à droite pour en découdre vous serez bloquer en 5 min. Il faut au début partir à gauche ce qui est assez inhabituel pour parler avec les personnages du jeu et enclencher ses premiers objectifs.

  


Dans La-Mulana, comme dans tout jeu d’aventure, on commence avec peu d’objets, peu de capacités et peu de barre de vie. Mais, lors de la progression, de nouvelles armes pourront être accessibles, de nouvelles capacités sous formes de logiciels à installer sur le PC portable du professseur Lemeza ou sur la tablette de sa fille Lumisa, vous ouvriront de nouveaux horizons et surtout des orbes vous augmenteront votre barre de vie. Le jeu ne donne pas beaucoup d’indice sur la démarche à suivre. Il faut fouiller, chercher le moindre indice, essayer de comprendre les stèles énigmatiques que l’on déchiffre au fur et à mesure. Il vous arrivera souvent de ne pas avancer dans un niveau, mais cela n’est pas grave, car il est toujours possible d’en changer et d’essayer d’avancer une autre partie du jeu. Résultat, on est jamais vraiment bloqué, il faut explorer tous les recoins de chaque niveau, comprendre l’utilité de chaque bouton. Le jeu demande d’être un peu inventif pour comprendre l’utilité de chaque objet, par exemple un boomerang permet de tuer un monstre , mais également de récupérer des objets inaccessibles… Oui, il faudra chercher , essayer, et encore chercher pour avancer dans La-Mulana.

Bien entendu, chaque niveau se conclue par un énorme boss . Et ici, vous allez être servi, ils sont gigantesques. Et vous allez souffrir pendant un combat épique pour en venir à bout. Il faudra d’abord bien apprendre leur routine de mouvement et d’attaque pour pouvoir éviter de perdre trop de vie. Il faut ensuite identifier le point faible. On ne peut, en effet, pas taper n’importe où. Seule une zone précise et souvent trop petite est affectée par nos attaques. Il faut également choisir l’arme la plus adapté afin de prendre le moins de risque possible.
Et finalement, une fois qu’on a tout repéré… il faut exécuter son plan, et ce n’est pas du gâteau tant il faudra être précis et garder son sang-froid. Mais, il faut y croire, c’est grâce à votre ténacité et votre précision que vous arriverez à bout de tous ces boss.  Et si après une tripotée d’essais infructueux, vous êtes toujours bloqués, ne vous inquiétez pas, peut être faut il tout simplement aller chercher des objets plus puissant ou d’autres bonus cachés dans les différents mondes afin de se renforcer et revenir plus tard pour terrasser ce monstre récalcitrant.
Par contre, il faut vraiment souligner et applaudir les développeurs qui se sont occupés de la création des niveaux. La-Mulana brille par l’intelligence de son level-design n’a rien à envier aux jeux AAA du même style. Les énigmes sont simples à résoudre, mais difficile à comprendre. Les pièges sont bien pensés et nécessite un juste équilibre entre réflexion et précision .

  

 

Un aspect qui peut surprendre dans ce type de jeu, c’est qu’il n’est pas du tout linéaire. Si vous êtes bloqué dans un niveau à cause d’un monstre trop puissant, par des pièges trop difficiles à éviter, des énigmes incompréhensibles … Pas de problèmes, téléportez-vous ( avec une capacité à débloquer ) dans un autre monde pour chercher d’autres bonus, armes qui vous aideront. Cet aspect permet au joueur de ne jamais mettre le jeu de côté d’un geste rageur suite à un blocage dans un niveau. Vous aurez toujours la possibilités de faire avancer une partie du jeu. Le jeu est difficile, ça a été dit et répété. Mais, ne vous découragez pas, car la non-linéarité permet toujours de progresser dans une autre direction. Contrairement à d’autres jeux, ne pas réussir à tuer un monstre de fin n’est pas bloquant pour progresser. Il suffit peut être d’aller chercher un bonus de vie dans un autre niveau, ou alors aller acheter une autre arme plus adaptée, ou même tout simplement gagner un peu ( beaucoup ) d’argent pour vous acheter des munitions de pistolet qui est très efficace. Par contre, les joueurs qui aiment être accompagnés et pouvoir un niveau avant de passer au suivant , vont être perdus. 

Paradoxalement, bien que La-Mulana ne vous guide pas beaucoup, vous trouverez une multitude d’indices pour progresser. Les tableaux sont truffés de stèles à déchiffrer, mais également de squelettes d’anciens aventuriers qui vous « expliqueront » comment ils morts et ce qui vous aidera à comprendre comment sortir de la situation ou de l’énigme qui vous bloque. Comme dans tout bon jeu rétro, il n’est pas possible de sauvegarder où bon nous semble, il faudra chercher des points de sauvegarde ce qui oblige à être en permanence attentif à la jauge de vie par rapport à la distance qui nous sépare de la sauvegarde. On regrettera d’ailleurs que les sauvegardes soient très éparses, et pas forcément à des endroits stratégiques ce qui obligera souvent à retraverser tout un monde pour accéder à un défi critique.

 

  

Il est également possible de regagner des points de vie en remplissant une jauge avec des petits boules vertes laissées par les monstres. Cette jauge une fois remplie rendra instantanément tout les points de vie. Autant dire que ça n’arrive jamais au bon moment et remplir la jauge est vraiment long. Je vous conseille plutôt de vous téléporter au village du début et d’aller remplir sa vie dans une source d’eau chaude à proximité pour se re-téléporter dans l’autre sens et continuer là où vous vous étiez arrêté.

Comme dit au dessus, La-Mulana est autant un jeu de résolution d’énigme qu’un jeu de plateforme. Et je vous garantie que vous allez vous vraiment vous triturer le cerveau pour comprendre les indices laissés ici et là. Mais , je ne parle pas d’énigmes barbantes faisant appel à des combinaisons de logique. Non, non, ici les énigmes sont amusantes, car ce n’est pas la résolution qui est difficile, c’est la compréhension de l’énigme elle-même qui est le challenge. Les textes sont clairs mais leur interprétation est la vraie difficulté. Par exemple, beaucoup d’énigmes sont basées sur le fait de mettre un poids sur un interrupteur. La difficulté sera de trouver cette interrupteur qui sera caché par un élément à retirer, invisible ou inaccessible. Et les indices vous indiqueront comment le localiser ou y accéder.

Le 2e opus de La-Mulana reprend les mêmes mécaniques que son prédécesseur avec peut être moins de rigidité, mais est globalement de la même trempe et c’est tant mieux tellement les bases étaient solides. 

Le jeu est malheureusement uniquement en Anglais. On regrette vraiment le manque de traduction en Français. L’anglais reste accessible pour comprendre l’histoire et les vannes de Xelpud pendant toute l’aventure, par contre, les textes sont truffés de sous-entendus ou de subtilités de langage pour résoudre les énigmes. Résultat, j’avoue avoir eu quelques difficultés pour comprendre les indices , et plusieurs fois dans le jeu, je me suis retrouvé devant un indice avec lequel je comprenais le sens de la phrase, mais je ne comprenais pas la subtilité qui me permettait de résoudre l’énigme, et c’est seulement après avoir réussi l’énigme par hasard que je comprenais le réel sens se l’indice.

  

Et sur le plan technique?

Sur le plan de la réalisation , on a affaire ici à un portage pur d’un jeu rétro. C’est à dire, que vous ne devez pas vous attendre à des animations 3D en ray tracing etc… On se retrouve dans un jeu en pixel art, esprit console 16bit, y compris pour La-Mulana 2. Certes, ce rendu est volontaire, mais aucune adaptation qui aurait amélioré la lisibilité du jeu n’a été entrepris. Résultat, on meurt plusieurs fois en confondant un élément du décors avec un piège ou une plateforme. Néanmoins, ce rendu pixel art est plutôt bien réalisé comme dans le jeu original. La direction artistique a vraiment fait du bon travail car les décors sont détaillés, les monstres variés et les environnements plutôt fouillés. Le design des niveaux est très variés, car on est transporté sur une multitude de thèmes en commençant par une ambiance Inca, puis Atlantide en passant par l’Egypte antique. En gros, toutes les mythologies connues sont représentées dans La-Mulana ce qui vraiment appréciable et permet de ne pas tomber dans la lassitude. Les boss de fin de niveau sont pour la plupart immenses et vraiment impressionnants et malgré tout les animations restent très fluides. 
La bande son est digne des années 1990, c’est à dire qu’elle est assez omniprésente et entraînante . Résultat pour le joueur, si la musique du niveau plaît au joueur, il la chantonnera pendant toute sa session de jeu, et même plusieurs heures après. Par contre, si la musique du niveau ne plaît pas, il coupera très vite le son.
Dans La-Mulana, il faudra faire preuve de précision et de rapidité sous peine d’une mort rapide. Mais, cela est possible grâce à une maniabilité très maîtrisée par les développeurs. Les commandes répondent rapidement pour un jeu qui demande une grande réactivité et se calculent au millimètre pour une grande précision de manipulation , donc c’est un vrai plaisir naviguer entre les pièges où les attaques ennemis. On regrettera dans le premier épisode une trop grande rigidité ce qui par moment provoque une chute fatale ou au pire qui rallonge le chemin.
En terme de durée de vie du jeu, je dois avouer que je n’ai pas encore fini les jeux. J’en suis à plus de 50 heures de jeu pour le premier et 40 pour le deuxième. Mais je peux tout de suite vous garantir que vous en aurez pour votre argent. Les jeux sont longs, très longs. Et pour couronner le tout, ils sont difficiles, très difficiles et on a qu’une vie. A moins d’être un psychopathe du joypad, Il est presque infaisable de battre le boss sans les diverses armes et bonus que vous trouverez ou achèterez tout au long des niveaux. Vous serez obligé de chercher dans tous les coins et recoins pour dénicher ces aides. C’est pourquoi, je vous garantie des dizaines et dizaines d’heures d’aventure acharnées.
On regrette néanmoins que le portage n’apporte rien ni au niveau direction artistique , ni au niveau du gameplay ou des bonus.

    

 

Pour conclure

Pour les personnes qui ne connaissent pas La-Mulana dont je fais partie, je garantie une très bonne surprise. En effet, les vidéos trouvés sur le net, ne mettent en évidence que l’aspect plateforme du jeu qui est certes très bon, mais La-Mulana ne s’arrête pas là. Le jeu fait preuve d’une très grande profondeur par ces énigmes et ces bonus qui le hisse au niveau d’un jeu d’aventure-action passionnant. Avec une durée de vie qui se comptent en plusieurs dizaines d’heures par opus, cette compilation vous occupera lontemps, très longtemps, très très longtemps … Pour les personnes qui ont déjà acquis ces jeux auparavant, malheureusement, ils ne trouveront rien de plus dans ce pack à part la joie de recommencer les jeux qui sont quasi identiques à l’époque de leur première sortie.

Acerico

 

Points forts

  • Un vrai jeu d’aventure-action bien plus profond qu’il en a l’air
  • Une grande difficulté sans jamais être bloqué
  • Une durée de vie immense
  • Un Level Design impeccable

Points faibles

  • Des points de sauvegardes trop éparses
  • Difficile de ne pas se décourager
  • Un remaster très léger
  • pas de version FR indispensable pour comprendre la subtilité des énigmes.

La Note : 15/20

Éditeur : NIS America, Inc.
Développeur : Nigoro
Genre : Plateformes aventure
Plateforme : Switch, PS4, X-Box One
Date de sortie :20 mars 2020

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