Test : Hitman (Xbox One)

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Créée en 2000, la série Hitman vous plonge dans la peau du mystérieux mais charismatique Agent 47, froid tueur à gage qui exécute ses contrats avec précision. Après un épisode Hitman : Absolution moyennement reçu par les fans à cause de choix de gameplay qui rompait avec les origines du jeu, les développeurs tentent de s’acheter une nouvelle jeunesse avec ce nouvel épisode sobrement intitulé Hitman.

Hitman

C’était il y a une quinzaine d’années, et je me souviens encore de mes premiers pas dans le premier jeu Hitman. À l’époque, l’attente était grande, car le jeu faisait la promesse d’environnements ouverts gigantesques, offrant une liberté encore jamais vue pour mettre au point son plan et arriver sans encombre à remplir son objectif final : tuer sa cible le plus discrètement possible. Assez vite, toutefois, les limites de ce premier opus se faisaient sentir. Trop scripté, trop rigide, répétitif, Hitman était certes une première tentative prometteuse, mais n’arrivait à aucun moment à déchainer ma passion.

Les années passant, 4 nouveaux jeux (en mettant de côté les jeux mobiles comme Hitman Go) sont sortis, apportant chacun quelques améliorations ou modifications. Mais force est de constater que jamais la licence n’a réussi à se créer une place de choix dans le cœur des joueurs, même après un deuxième épisode qui semblait prendre le bon chemin. La faute à des attentes trop grandes et un résultat souvent frustrant, car juste « moyen ». Difficile, par exemple, de se souvenir d’un moment vraiment marquant après avoir joué à toute la série, là où d’autres sagas, malgré des passages à vide, surfent toujours sur des épisodes légendaires qui, au moins auprès de leur fan base, assoient leur légitimité.

Hitman est donc un licence que l’on voudrait aimer, mais qui échoue systématiquement à entrer dans le cercle des très grands jeux, de ceux qui marquent l’Histoire. Alors que ce nouvel épisode avait pour objectif, a minima, de redresser la barre après cette longue stagnation de la série, les développeurs ont, selon moi, (presque) tout faux. Je m’explique.

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Scriptman

Si j’ai pris quelques lignes pour décrire mon expérience passée sur le premier épisode, c’est parce que celle-ci pourrait être reprise mot pour mot pour décrire mon état après avoir joué à ce nouvel opus : frustrante.

Après une cinématique réussie qui installe un voile de mystère sur notre personnage (les connaisseurs n’en avaient pas forcément besoin, mais cela montre sûrement l’ambition des scénaristes de s’ouvrir à un plus grand public et de reprendre la psychologie de leur personnage à zéro), et qui, il faut le reconnaitre, est techniquement très belle, le joueur est tout de suite plongé dans deux courtes missions faisant office de tutoriel. Bien réalisés, ils permettent de se familiariser facilement avec les différentes commandes du jeu, sans devoir passer trop de temps à étudier la notice. Un très bon point. Suite à ça, commence la véritable première mission du jeu se situant à Paris, et donc ma déconstruction du jeu !

Plongé, cette fois-ci, dans un décor plus grand que les précédents, il faudra alors faire preuve de patience pour éliminer deux cibles pendant un défilé de mode. Personnellement, après quelques minutes à me balader, mon premier réflexe a d’abord été de fouiller dans les options du jeu pour désactiver quasiment toutes les aides. Si elles sont probablement utiles pour les joueurs ne souhaitant pas du tout se prendre la tête, elles gâchent, à mon avis, complètement l’expérience pour les autres, car donnant absolument toutes les informations nécessaires pour arriver à nos fins sans recherche. Sachez que, piètre joueur que je suis (et je l’ai suffisamment démontré, parfois en public), il m’a fallu dans ces conditions (sans aucune aide de jeu) environ 1 heure pour terminer la mission. Et je vous assure, j’en ai fait des allers-retours inutiles avant de trouver une solution satisfaisante !

Le premier objectif est d’abord de repérer les cibles dans la foule. Cela n’est pas très compliqué, puisqu’il s’agit des personnes les plus en vue et qu’elles sont annoncées par des cutscenes. Il est ensuite possible d’explorer les décors (certaines parties étant accessibles uniquement en se déguisant) pour trouver une opportunité. Écouter des conversations pourra vous donner des indications supplémentaires sur ce qu’il vous est possible de faire pour éliminer vos cibles. Au final, cela vous donne de nombreuses façons différentes pour exécuter vos contrats, certaines demandant plus ou moins de temps de préparation. Mais il est évident que toutes sont scénarisées et scriptées, ce qui les rendent complètement cousues de fil blanc. Par exemple, si vous observez l’une de vos cibles s’accouder une demi-dizaine de fois à un bar pour demander un cocktail, il n’est pas difficile de comprendre qu’un peu de poison bien placé pourrait être efficace. De la même manière, cette même cible aura la gentillesse de marquer de nombreuses pauses exactement sous de gros lustres dont les fixations sont accessibles. Quelle aubaine !

Hitman, c’est comme voir un spectacle de marionnettes avec un marionnettiste qui ne se serait pas caché. Tout est complètement téléphoné et ne demande aucun effort de la part du joueur. L’intelligence artificielle est inexistante, puisque n’étant finalement qu’un enchevêtrement de scripts binaires réagissant à vos actions. Si cela peut parfois vous empêcher de faire complètement n’importe quoi, ça ne posera par exemple aucun problème à un garde de vous voir entrer dans les toilettes en même temps que votre cible et de sortir seul. Tout est normal. Quand à la routine des personnages, celle-ci consiste uniquement en une boucle infinie où les mêmes déplacements, les mêmes paroles, les mêmes gestes sont répétés jusqu’à ce que vous ayez la bonté d’y mettre un terme.

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Loadman

Parfois, un gameplay moyen ou trop rigide, peut être sauvé par une mise en scène et/ou un scénario digne de ce nom (le meilleur exemple pour moi étant Metal Gear Solid 2). L’Agent 47 s’est, dans ce domaine, tiré une balle dans le pied. Quel mépris pour le joueur que d’opter pour un système de jeu épisodique quand on voit le niveau de finition de ce premier épisode, qui se termine en cliffhanger forcé (qui est, en plus, a priori incohérent avec des détails observables en cours de jeu même s’il est difficile de juger avec seulement un petit bout de l’histoire), et qui respire le bâclage. Car en plus de toutes les réserves sur la réalisation, la technique ne suit pas non plus. En tout cas, sur console de salon (je n’ai pas testé la version PC qui promet d’être plus performante sur ce point). Les temps de chargement avant chaque mission sont en effet abominablement longs ! Quand on sait que ceux-ci se lancent à chaque fois que l’on meurt et que l’on souhaite recommencer une mission, c’est vraiment un enfer. De même, les menus en cours de jeu sont très lents, et on réfléchit à deux fois avant de les ouvrir… Compte tenu de tout ça, je ne peux qu’être suspicieux sur les véritables intentions dans le choix du modèle économique. Je n’ai rien contre les jeux épisodiques, mais cela nécessite de faire preuve de rigueur lorsqu’on fait ce choix, ce qui n’est clairement pas le cas ici.

Les créateurs pourront rétorquer que le mode principal du jeu n’est qu’une facette et que je n’ai pas abordé les autres façons de jouer à Hitman. Certes, il existe plusieurs modes de jeu déjà disponibles. Certains consistent à refaire la même mission en remplissant différents objectifs ou en commençant le niveau avec une position et un costume différent. D’autres, plus originaux, demandent de remplir des contrats secondaires dans le même environnement. Ces contrats peuvent d’ailleurs être créés par les joueurs eux-mêmes et être partagés auprès de la communauté (la seule condition étant que celui-ci soit réalisable, c’est à dire que le joueur l’ayant créé l’ait déjà réussi sur son jeu). Tout ça est fort sympathique (vraiment, c’est plutôt bien fichu !), mais les problèmes de gameplay pèsent alors de la même façon et, une fois de plus, jamais Hitman ne devient transcendant. Pire, le soufflet se dégonfle cette fois avant même la fin du premier épisode et le mois d’attente (ainsi que les 10 € nécessaires) entre chaque nouvelle mission lui sera probablement fatal.

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Sans être un mauvais jeu (il faut quand même le dire clairement), Hitman souffre des mêmes maux que ses prédécesseurs. Ceux-ci sont même amplifiés, car il subit désormais la comparaison avec des jeux modernes qui ont su mieux exploiter les aspects de liberté et d’environnements ouverts. Ajouté à cela, un modèle économique hors de propos dans ce cas et une réalisation bâclée, l’Agent 47 est bon pour retourner dans le ventre mou de l’Histoire des jeux vidéo.

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Points forts

  • L’idée de base d’Hitman est quand même cool
  • Plutôt joli

Points faibles

  • Intelligence artificielle ridicule
  • Beaucoup trop scripté
  • Temps de chargement interminables
  • Modèle épisodique pour des mauvaises raisons ?

La note : 13/20

Développeur : IO Interactive
Éditeur : Square Enix
Genre : Action – Infiltration
Supports : PC – XBox One – PS4
Date de sortie : 11 mars 2016

 

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