Test : Valkyria Chronicles 4 (PS4)
Valkyria Chronicles est une série assez peu connue chez nous. Pourtant, ce sont des RPG tactiques de très bonne facture et assez populaires. SEGA nous offre donc Valkyria Chronicles 4, qui raconte la deuxième guerre d’Europa. Ce nouvel opus est-il à la hauteur des précédents ? Des éléments de réponse un peu plus bas.
On repart au front
Valkyria Chronicles 4 met en scène Claude, jeune chef de l’escadron E, engagé dans l’armée de la Fédération. Claude et ses hommes sont rapidement appelés pour prendre part à l’opération Croix du Nord, qui vise à stopper l’invasion des pays de la Fédération par l’Empire de l’Est en allant directement envahir la capitale ennemie. Une longue route attend l’unité de Claude, composée de certains de ses amis d’enfance. Les soldats, hommes ou femmes, ont tous des personnalités très différentes et n’acceptent pas toujours d’être commandés par un jeune homme peu expérimenté. À cela s’ajoutent la rigueur du climat et les mauvaises surprises d’un conflit qui fait des ravages. Niveau ambiance, SEGA fait très fort en proposant une relecture de la deuxième Guerre Mondiale.
Une deuxième Guerre Mondiale à la sauce manga
Les joueurs se rendront vite compte que le continent Europa ressemble beaucoup à notre vieille Europe. L’opération Croix du Nord fait penser au Front de l’Est et le conflit dans son ensemble rappelle la deuxième Guerre Mondiale, à ceci près que les soldats sont remplacés par des (jeunes) hommes et femmes répondant à tous les critères des manga. On contrôle donc des jeunes filles en mini-jupes qui partent pilonner les adversaires avec des mortiers plus grands qu’elles ou des unités affublées d’un équipement vieillot au premier abord, mais qui utilisent des armes assez modernes.
Les graphismes sont dignes des premiers épisodes : des tons pastels et un cel shading de qualité font oublier la faiblesse de certaines textures et un framerate un peu mou de 30 fps. Le jeu est néanmoins très fluide. Valkyria Chronicles 4 est malgré tout plutôt joli, même s’il ne repousse pas la PS4 dans ses retranchements. Niveau ambiance, on est plutôt dans l’esprit shōnen.
En effet, l’aventure est divisée en chapitres subdivisés en épisodes entrecoupés de batailles. Chaque épisode est une saynète permettant d’en apprendre plus sur les relations entre les personnages et leur vie pendant cette terrible offensive, mais toujours avec les stéréotypes manga. D’ailleurs, on retrouve tous les personnages typiques de l’animation japonaise et cela fait presque cliché. Les réactions et dialogues sont également stéréotypés, mais c’est certainement ce qui fait le charme du titre. Le character design contribue à rendre les personnages attachants. En dehors de l’histoire principale, de nombreux épisodes annexes rallongent une durée de vie déjà très bonne. En plus de son ambiance inégalable, Valkyria Chronicles 4 est un solide jeu de stratégie.
De la stratégie orientée action
Valkyria Chronicles 4 reprend le meilleur de la série. Avant chaque bataille, le joueur doit choisir et placer un certain nombre d’unités sur le champ de bataille, aux emplacements prévus à cet effet. Les conditions de victoire sont détaillées. Il suffit généralement d’atteindre un endroit précis ou de prendre un camp adverse. Le jeu se déroule au tour par tour. Pendant son tour, le joueur peut choisir une unité et la faire se déplacer, attaquer, soigner ou se soigner, réparer, etc. Il faut aussi utiliser le terrain à son avantage en se cachant derrière des ruines, des sacs de sables ou en rampant dans l’herbe. À la différence des autres jeux de stratégie, on ne déplace pas les unités sur une grille, mais bien librement sur le terrain, tant qu’on n’a pas épuisé leur jauge de déplacement. Choisir une unité coûte un point de commandement, mais on n’est pas obligé d’utiliser tous ses points pendant son tour si on veut en conserver pour le prochain. Enfin, une même unité peut être réutilisée plusieurs fois de suite, mais il faut veiller à ce que ses munitions ne s’épuisent pas et à ne pas trop la fatiguer, car à chaque nouvelle utilisation pendant un même tour elle pourra parcourir moins de distance. Les points de commandement peuvent aussi servir à donner des ordres aux unités, ce qui leur confèrent des bonus variés, comme une attaque améliorée pendant un tour. Chaque unité possède des compétences spécifiques qui sont ses forces et faiblesses. Par exemple, certains bénéficient d’un bonus de défense quand ils se trouvent seuls, alors que d’autres voient leur précision baisser quand ils sont proches d’un allié. Quand un soldat perd tous ses points de vie, on dispose de 3 tours pour aller le sauver avant de le voir définitivement retiré de la partie. Cela rappelle Fire Emblem et son célèbre perma death.
Ces éléments offrent de nombreux choix tactiques. Les unités sont également très différentes les unes des autres : les soldats d’assaut sont polyvalents, les éclaireurs plus faibles mais peuvent parcourir de plus longues distances, les chars ont une grande puissance de feu, les grenadiers épuisent l’ennemi mais n’ont presque pas de défense, les snipers peuvent éliminer une unité de très loin, etc. Il faut donc bien avoir en tête les faiblesses et les points forts de chaque unité et veiller à déployer une équipe polyvalente pour remporter les batailles. En cas d’erreur, on peut toujours renvoyer une unité au camp pour en déployer une autre au tour d’après. Entre les combats, on peut gérer son escadron en sélectionnant nos unités favorites, les entraîner pour augmenter leur niveau, apprendre de nouveaux ordres ou compétences et même améliorer l’équipement. Un système d’amélioration et de personnalisation assez simple, mais pratique et intéressant. Néanmoins, tout n’est pas si rose en Europa.
Un grand jeu malgré quelques défauts
Si les voix sont en japonais ou en anglais, les sous-titres français vont permettre à tous les joueurs de profiter des joies de la stratégie. Cependant, les batailles sont très scriptées. Il arrive donc souvent qu’on pense à une stratégie et que, en cours de combat, on soit obligé de tout changer en fonction des éléments du scénario. Ces surprises peuvent être bienvenues, mais irritent également les passionnés de stratégie. Le jeu, en facile, est une promenade de santé, tandis qu’en normal, la difficulté augmente énormément. Il y en a donc pour tous les goûts et la personnalisation de l’escadron renforce cet aspect. Comme beaucoup de RPG japonais, on croule sous des dialogues pas toujours passionnants, qu’on peut toutefois zapper. En revanche, la carte a gagné en lisibilité : on distingue nettement nos unités et celles adverses, leur état et même des informations annexes, comme une unité en train de ramper dans l’herbe. On ouvre donc à nouveau avec plaisir le grand livre d’Histoire d’Europa, qui rappelle fortement la nôtre malgré ses clichés manga et on s’amuse énormément à vivre des batailles stratégiques pleines de rebondissements, même si les puristes auraient préféré des affrontements moins scriptés. Il faut également adhérer au style manga, mais les sous-titres français et le charisme des personnages devraient aider chaque joueur à trouver le combattant qui leur correspond.
Enguy
Points forts :
– Direction artistique qui renforce le charisme des personnages et l’ambiance « cosy » du jeu
– Une fiction qui rappelle fortement la réalité
– Doublages anglais et japonais, sous-titres français
– Personnalisation de l’escadron
– Nombreux personnages au style manga très prononcé
– Batailles scriptées pleines de rebondissements
– Très bonne durée de vie renforcée par de nombreuses missions annexes
Points faibles :
– Beaucoup de dialogues pas toujours passionnants
– Graphismes un peu moyens
– Combats scriptés qui nuisent au côté tactique
– IA des ennemis ridicule en facile
– Il faut être fan de manga
La note : 17/20
La note : 17/20
Éditeur / développeur : SEGA
Genre : J-RPG, stratégie, tactique, action
Plateforme : PC, PS4, Switch, XBOX ONE
Date de sortie : 25 septembre 2018