Test : Total War Shogun 2 (PC)
SEGA offre aux joueurs PC un jeu de stratégie qui s’inspire de l’histoire du Japon : Total War Shogun 2. Il va falloir, en plein Japon féodal, user de tous les moyens à disposition pour se rendre maître de l’archipel et devenir ainsi le nouveau « shogun » (dictateur militaire). Ce nouvel opus de la série des Total War remplit-il son rôle pour autant ? Début de réponse dans notre « review »…
Plus qu’un jeu, une leçon
« Demander lorsque l’on sait déjà est preuve de politesse. Demander lorsqu’on ne sait pas est la règle. »
The Creative Assembly, responsable du jeu, a transformé un simple jeu de stratégie en véritable leçon d’histoire et de civilisation. La réalisation alterne cinématiques dignes d’un film de guerre, mettant en scène des milliers de soldats en armures très détaillées dans des combats d’anthologie et séquences à base d’estampes, dans la plus pure tradition nipponne. Lors des chargements, on peut même lire des citations de grands personnages japonais. De plus, le jeu reprend les principaux clans du 16e siècle, époque durant laquelle se déroule l’action. Une encyclopédie est par ailleurs incluse dans le jeu pour rappeler non seulement les règles et subtilités de la guerre mais aussi les quelques éléments d’histoire et de civilisation importants.
Qui a dit que jouer était une perte de temps ?
Des nouveautés satisfaisantes
Les néophytes doivent se ruer sur les différents didacticiels, très réussis, qui reprennent les mécanismes de base du jeu et expliquent progressivement comment s’en sortir car ce jeu alterne phases de gestion au tour par tour et batailles intenses en temps réel.
Les habitués pourront passer directement au mode campagne, aux batailles historiques (pour revivre les temps forts de l’histoire du Japon) ou au jeu en ligne.
Enfin, les curieux iront immédiatement consulter les didacticiels traitant uniquement des nouvelles possibilités offertes par Shogun 2 ! On n’en attendait pas moins pour un jeu de stratégie !
Shogun 2 propose donc des nouveautés très intéressantes qui renforcent le côté tactique des batailles :
– des points de capture du château : les cavaliers peuvent descendre de cheval pour capturer les bâtiments ennemis. Les moines combattants et les ninjas aussi. Capturer le donjon ennemi permet de finir immédiatement la bataille sans avoir à éliminer toutes les unités.
– des héros : des unités surpuissantes mais peu nombreuses
– des bâtiments clés : qui donnent des bonus divers aux unités environnantes
– des hauts fonds : le relief fait maintenant partie des batailles navales. Les étendues de terre, infranchissables pour les navires, peuvent servir à bloquer ou se protéger de l’ennemi. La météo est aussi de la partie : la pluie rend les projectiles moins efficaces.
– des mines : le navire grenadier peut poser plusieurs mines presque partout sur la carte, avant le combat.
– des navires à canon : équipés de canons européens, ils font de gros dégâts.
Mais Total War Shogun 2 fait bien mieux que proposer plusieurs modes de jeu et améliorations. Après avoir choisi son clan parmi 9 disponibles (clans qui ont réellement existé et qui disposent tous de bonus propres ; ex : plus de facilités dans le domaine de la diplomatie), on se lance à la conquête de l’archipel non sans y avoir réfléchit à deux fois !
En effet, au début, le clan est faible et replié dans une petite zone qu’il va falloir agrandir non pas uniquement à l’aide de sanglantes batailles mais aussi par la diplomatie. Tel un Civilisation, le joueur peut vérifier ses villes, ses routes, ses armées, entraîner des soldats, améliorer ses villes, rizières, ports (etc…) mais aussi s’occuper du bien-être de la population, gérer les impôts, les généraux, faire du commerce avec les autres clans ou envoyer des ninjas espionner, empoisonner et saboter tout ce qui fait obstacle à sa progression. Si nécessaire, il est même envisageable d’envoyer une grande armée mater les rebelles…efficace et jouissif !
Un jeu de stratégie complet et complexe
Lever une grande et puissante armée n’est pas chose facile : il faut choisir les bonnes unités à entraîner (lanciers, samouraïs, archers, cavaliers, etc…), user de stratégie (les lanciers sont efficaces contre les cavaliers mais pas contre les archers par exemple), ménager ses troupes en en évitant de les faire courir trop souvent, veiller à garder leur moral au plus haut pour éviter les désertions, etc… Une fois la bataille engagée, choix est laissé entre un déroulement automatique ou une prise en charge plus personnelle du combat. Les choses sérieuses commencent alors !
On peut ainsi déployer ses troupes selon différentes formations qui pourront défendre le général plus ou moins efficacement. Les généraux peuvent octroyer des bonus aux unités adjacentes, aussi faut-il bien choisir et protéger ses unités importantes! La carte dévoile les unités ennemies sur le terrain, la caméra peut être placée assez librement pour offrir la meilleure vue possible, car le champ de bataille est vaste et détaillé : rivières, forêts, collines, villages représentent des lieux plus ou moins stratégiques pouvant entraver ou faciliter la progression. Il va donc falloir réagir vite et bien d’autant que les unités ennemies se déplacent en temps réel pour anéantir vos troupes ! Les combats se font aussi bien à terre que sur l’eau et font s’affronter des milliers d’hommes dans un vacarme d’armures et d’armes qui s’entrechoquent. Les batailles sont animées, dynamiques, vivantes et réalistes. A la fin du combat, un écran récapitule les performances du joueur et les unités encore en vie peuvent gagner de l’expérience.
Mais l’art de la guerre n’est pas le seul à mener à la victoire. Après avoir conquis de nouveaux territoires, le joueur devra faire des choix importants : faut-il occuper pacifiquement ou terroriser la population ? Comment gérer les relations avec les autres clans, même ceux qui semblent amicaux ? La gestion des ressources est aussi un point important : une grande armée, cela coûte cher, demande des locaux appropriés pour former les unités et beaucoup de nourriture. Il a falloir remédier à tous ces problèmes sans écraser le peuple d’impôts, en améliorant les sources de nourriture et de matière première et en développant les relations commerciales avec les autres clans. Mais il faut aussi développer les arts, qui changent en fonction des saisons et qui octroient des bonus.
Enfin, n’oubliez pas que le clan repose sur la famille ! Soyez gentil avec vos frères et confiez-leur des postes importants tout en veillant bien à ce qu’ils ne se retournent pas contre vous. Vos sœurs, mariez-les donc à des clans voisins pour resserrer les liens et vous assurer leur soutien : tout est possible pour prospérer et grandir.
Ainsi, Total War Shogun 2 mélange habillement gestion et stratégie. Il va falloir du temps aux néophytes pour en saisir les subtilités mais ce jeu est très bien conçu et permet de prendre le temps de réfléchir à toutes les actions, d’annuler celles qui paraissent mauvaises, avant de finir son tour.
La nouvelle référence en matière de stratégie/gestion ?
Si Sid Meier a fait la joie des joueurs PC grâce à sa série Civilisation, la série des Total War commence à lui faire de l’ombre et ce Shogun 2 frappe très fort : on est totalement happé par sa réalisation convaincante, mélange de film d’action et de cours d’histoire à la sauce nippone traditionnelle. Les modes de jeu occupent pendant des heures, notamment les différentes campagnes qui sont assez longues. Le jeu se veut très réaliste et se révèle complet, complexe et profond mais surtout passionnant de par sa dimension épique et ses graphismes fins et détaillés. Cependant, cette réalisation grandiose a un prix et nécessite une configuration assez élevée. Les configurations moyennes auront donc un peu de mal à le faire tourner !
Si Shogun 2 est assez similaire aux autres titres de la série du point de vue stratégie/gestion, c’est surtout son atmosphère unique qui fait sa force. Le seul aussi à reposer uniquement sur la notion de « développement familial » à travers le clan, proposant au passage des possibilités jusque-là inédites et qui font la différence. D’ailleurs, un poème du jeu le résume bien : « Couvert de fleurs ; je m’enroule dans le rêve ; duvet de la nature »
Les mordus de stratégie n’hésiteront pas un instant pour un soft qui rivalise avec les plus grands du genre. Peut-être même la nouvelle référence dans le domaine… Quant aux autres joueurs, le charme des cerisiers pourrait bien réveiller le shogun qui est en eux !
Enguy
Points forts :
– des batailles épiques à terre ou en mer
– une plongée intéressante dans l’histoire du Japon
– des tonnes de paramètres à gérer
– une ambiance très prenante et des graphismes magnifiques
Points faibles :
– nécessite une configuration assez puissante
– un jeu riche et complexe qui demande un temps d’adaptation pour bien apprivoiser les combats
La Note Le Mag Jeux Vidéo : 17/20
Editeur: SEGA
Genre : Stratégie/Gestion
Support: PC
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