Test : Tokyo Mirage Sessions #FE Encore (Switch), le jeu weeb ultime

Tsubasa Oribe, la meilleure waifu, est de retour dans Tokyo Mirage Sessions #FE Encore avec le reste de ses amis. Un voyage gratuitement payant au pays de la culture pop japonaise, ça ne se refuse pas !

Le hit de 2015 de la Wii U revient encore plus fort sur Nintendo Switch dans sa version « Encore », le mot que le public japonais hurle à la fin d’un concert pour rappeler les artistes. Tout passionné du monde otaku peut se jeter corps et âme sur ce portage amélioré sans réfléchir, si bien sûr leur intérêt repose sur les idols, la J-pop et les gros boobies qui rebondissent.

Je ne suis pas une weeb dattebayo

Le Wiktionnaire définit l’expression « weeb » comme une contraction de « weeaboo », un terme « péjoratif » qui décrit « un non-Japonais qui se comporte d’une manière stéréotypiquement japonaise ou cherche à paraître comme tel ». Les amateurs de culture pop japonaise ont presque toujours été au cœur des railleries du grand public, probablement par incompréhension, qu’importe leurs nationalités. Tokyo Mirage Sessions nous prouve point par point qu’aimer autant un univers n’est pas un mal, une ode à une passion partagée par plusieurs millions de personnes à travers le monde. Un RPG sans façon, pensé par des weeb pour des weeb.

L’histoire, simple comme tout, reste un hommage à un genre tout entier. Dans le Japon moderne, le jeune Itsuki se retrouve à soutenir son amie d’enfance Tsubasa à percer en tant que chanteuse J-pop. Une force obscure composée de mirages ne voient cependant pas cet univers d’un bon œil. Ni une ni deux, ces bons vieux antagonistes décident d’ensorceler des personnes qui y sont liées de manière apparemment aléatoire. C’est à notre bande de gais lurons prépubères, fantastiques ou les deux que revient la chance de combattre le crime grâce aux identités secrètes que leur gracient des artefacts spéciaux à la manière de magical girls.

Ce pitch n’arriverait pas à retenir l’attention même des weeb les plus aguerris si l’écriture n’étaient pas d’aussi bonne facture. Tenter de décrire sa qualité avec mes mots serait comme Hollywood qui tâcherait de faire sa propre version de Ghost in the Shell ou de Dragon Ball ! Une horreur qu’on préfère ne pas imaginer. Je peux néanmoins avancer que la force de l’histoire réside dans son mélange de narration typiquement anime et les échanges crédibles via smartphone. Le jeu donne l’impression d’enfiler de vieux chaussons confortables, mais en communauté, avec des amis autour du feu. De discuter des derniers mangas en date en sous-vêtements. La rencontre entre son repas préféré et son jardin secret.

Les auteurs (ou devrais-je dire traducteurs) n’hésitent pas à faire s’enchaîner les fautes de frappe, majuscules mal placées et révélations intimes. On sait que cette information vous tient à cœur : oui, il s’agit de la version « censurée » du titre qui met un costume à une adolescente en bikini, ce qu’on comprend, et supprime les ombres causées par l’ossature du bassin, ce qui par contre montre une vision sacrément malsaine de la femme. Certains messages en pâtissent au passage et, comme sur Wii U, ces héros masqués que sont les hackers sont d’ores et déjà au travail pour rétablir ce qui n’est plus. Sauf que pirater sa Switch est illégal, dangereux et stupide, il faudrait être idiot pour le faire ! La version japonaise a également subi le même sort, leurs pleurs ont été entendus, mais un vague vent de féminisme sur le monde des otaku est toujours le bienvenu, aussi maladroit soit-il !

Et puis, avec une traduction intégralement en français, aucune raison de bouder son plaisir ou sa souffrance !

Otaku no Video Game

La légende raconte que même les normies se transforment en otaku devant l’ambiance multicolore japonaise de Tokyo Mirage Sessions. Pourtant, il ne faut pas oublier que le soft d’Atlus était pensé à la base comme le mix entre les sagas sombres et sanglantes Shin Megami Tensei et Fire Emblem. Ils ne trompent personne, les images mêmes vous le prouvent : on doit chercher longtemps pour reconnaître les origines du projet. L’ex-PDG de Nintendo, Satoru Iwata, avait raconté comment il avait motivé l’équipe de développement à suivre leur kokoro au lieu de s’évertuer à réaliser un produit infaisable.

De SMT nous trouvons les sorts, quelques ennemis, le principe des donjons peut-être… Rien que Persona n’ait pas fait. Quant à la série de Nintendo, elle se trouve dans les entités dématérialisées qui nous accompagnent et le système de combat en triangle / pierre-feuille-ciseaux / jankenpon. Ne nous voilons pas la face, le soft ressemble avant tout à Etrian Odyssey version light, avec ses donjons labyrinthiques et l’accentuation mise sur les combats. Ce qui n’est pas déplaisant, loin de là !

Ce qui n’est pas agréable, et je m’attends à une horde de fans en colère dans les commentaires (absolument pas), c’est la direction artistique de tout ce qui est sonore. Ça ne m’avait pas frappée à ce point à l’époque, mais grand Dieu de Kami-sama, que c’est mou ! Tout me semble terriblement discret, comme si les développeurs avaient honte de mettre un peu d’ambiance dans un titre qui ne parle que de musique. Les pistes chantées ne sont pas en cause, elles sont même plutôt le seul point positif de ce capharnaüm silencieux. On a juste l’impression que les coups n’ont pas d’impact, pendant que la musique des combats est à peine audible avec des instruments tous plus doux les uns des autres. Et les joutes déjà lentes en pâtissent.

Tokyo Mirage Sessions semble vouloir renverser le système de combat des J-RPG classiques au tour par tour en les transformant en Persona qui ne serait pas du Persona. Comme dans cette série, chaque ennemi est plus faible face à certains éléments, sauf qu’ils sont en partie inspirés de Fire Emblem. Comme dans Persona, on peut réaliser des combos, sauf qu’ils s’activent quand on réussit à placer un coup spécial d’un élément que l’ennemi n’aime pas. Et, comme dans leur série populaire, les combats peuvent durer très longtemps, sauf qu’on ne peut pas les accélérer…

C’est tout nouveau, c’est tout beau

Voici qu’arrivent les nouveautés de cette version Encore ! Je pourrais me réjouir innocemment qu’on ait le droit à une petite dizaine d’heures d’aventure en plus, mais je préfère pointer du doigt leur logique machiavéliquement capitaliste : Nintendo ne croit pas en son jeu et espère bien que les acheteurs de l’original retremperont leur biscuit virtuel chez eux. Nous connaissons tous la meilleure façon d’amadouer le chaland : lui proposer du neuf ! La portabilité n’a apparemment pas semblé être une motivation suffisante.

Dans les petits détails qui améliorent nos vies, on retrouve la possibilité d’accélérer lesdits combos en coupant totalement les animations. Les combats normaux ne sont néanmoins pas affectés. Toute l’histoire se passe aussi sur un seul écran, ce qui, soyons honnêtes, se révèle bien pratique et surtout plus ergonomique. Tous les DLC de la version Wii U sont également disponibles, mais ne s’agissant que de petits donjons de grinds et quelques costumes, c’est la moindre des choses. En fait, les vraies nouveautés se trouvent sous la forme d’un costume de Persona 5 et de nouvelles histoires.

Vous avez aimé Tokyo Mirage Sessions ? Que diriez-vous de traverser une ribambelle de couloirs soporifiques saupoudrés d’un peu de scénario, un peu à la manière du scénario bonus de Persona 3 FES ? Ces donjons ne sont pas indispensables… mais on s’en délecte volontiers, je ne pourrai pas être cynique plus longtemps : j’ai vraiment pris mon pied dans ces nouveaux endroits. On y apprend plein de choses sur la meilleure waifu Tsubasa Oribe, ainsi que sur les autres personnages, et les dialogues y sont honnêtement rigolos comme tout. Vraiment, ça vaut le coup de repasser à la caisse.

Reprendrons-nous encore de Tokyo Mirage Sessions ? Oui ! Malgré ses animations un peu molles, sa direction artistique sonore plus qu’inégale (voire vraiment pas très weeb), le jeu d’Atlus reste un des meilleurs J-RPG jamais créé. Tout le monde est heureux, les couleurs fusent dans tous les sens, c’est un véritable concentré de bonne humeur qui se consomme tout seul. Quant aux réfractaires de la culture pop japonaise, retournez broyer du noir dans vos jeux de rôle occidentaux dattebayo.

Marine

Points forts :

– Les pistes chantées, entraînantes, joyeuses
– Un jeu véritablement coloré dans ce monde tristounet
– Tsubasa Oribe
– Des interactions crédibles entre les personnages
– Ni trop long, ni trop court. Ça passe tout seul !
– L’impression de jouer à un jeu Vita
– Les excellents donjons bonus
– Tsubasa Oribe

Points faibles :

– Le reste de la bande-son perdue entre l’inexistant et le déprimant
– Les animations bien molles en combat
– Tiki qui nous appelle onii-chan, ergh
– L’impression de jouer à un jeu Vita

La Note : 15/20

Développeur / Éditeur : Atlus / Nintendo
Genre : Jeu de rôles japonais
Support : Nintendo Switch
Date de sortie : 17 janvier 2020

 

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