Test : The Witcher 3 – Blood and Wine (DLC)
Sans contestation possible, The Witcher 3 Wild Hunt s’est imposé comme l’un des meilleurs jeux de l’année 2015. Ce RPG signé du studio polonais, CD Projekt Red, a mis une bonne claque sur la nuque aux grosses productions occidentales concurrentes, telle que Fallout 4 de Bethesda, grâce à un univers riche, une quête épique, des personnages crédibles et forts en caractère et un souci du détail tout particulier.
L’on n’en attendait pas tant d’un développeur, dont c’était là seulement le 3e jeu, et la première incursion sur consoles de salon (si l’on omet le portage tardif de The Witcher 2 Enhanced Edition sur Xbox 360). En conséquence, l’on avait accueilli avec méfiance l’annonce de 2 extensions pour cet ultime volet de la trilogie du Sorceleur, Hearts of Stone et Blood and Wine, faisant suite à une politique axée sur la distribution de 16 DLC tous gratuits, et surtout des promesses initiales venant de membres du studio annonçant qu’il n’y aurait pas de contenu supplémentaire payant pour le jeu.
Et pourtant, qu’est-ce que l’on a eu tort d’être méfiants.
Alors que HoS proposait simplement de nouvelles quêtes dans la région déjà bien connue de Velen, en permettant de suivre le parcours d’un noble maudit et d’un génie bien malicieux, Blood and Wine se veut bien plus ambitieux en proposant au joueur d’explorer une nouvelle zone qu’est la région de Toussaint, au sud du pays, lorsque Geralt est mandaté par la Princesse Anna Henrietta de se débarrasser d’une bête assoiffée de sang sévissant dans la région.
C’est beau, mais c’est loin
Cette nouvelle région de Toussaint se veut aussi vaste que les différentes îles nordiques de Skellige, une des zones les plus grandes du jeu de base.
Cette contrée du sud, riche et prospère, s’est développée dans une paix relativement ininterrompue, et où l’on cultive le vin à l’abri des préoccupations des départements voisins, comme les épidémies et les attaques de monstres qui sévissent partout ailleurs dans le monde du Sorceleur. L’on aura ainsi droit à des panoramas extrêmement diversifiés et des couleurs étonnamment plus chaleureuses que dans Wild Hunt, faisant fi des précédents marécages, chemins escarpés, plaines infestées de monstres, brume et vents dantesques balayant le moindre feuillu ou conifère. Par moments, l’on pourrait même se croire dans des paysages méditerranéens propres au sud de la France et de l’Italie, tant l’ambiance, la topographie, la végétation et la palette de couleurs y font d’évidentes références.
Malgré tout, cette carte postale idyllique n’est que de durée passagère, et l’arrivée du Sorceleur sur ces terres est le signe d’un trouble majeur. Comme le laissait supposer le nom de l’extension, l’on ne fera pas que collectionner des grands crus glanés çà et là au cours de nos pérégrinations, et l’on comprend assez tôt que des créatures vampiriques sont la cause de tous les soucis du Royaume, ce pourquoi l’on est sommé d’y mettre fin au plus tôt.
Ce sont, en effet, d’anciens chevaliers de la Table ronde qui sont visés par ces attaques meurtrières, et avec eux, les 5 vertus chevaleresques qu’ils sont censés incarner et qu’ils ont trahi en ne se comportant pas suffisamment dignement.
Dans cette extension, les enjeux sont bien différents de ce à quoi l’on nous avait habitué. L’on n’est pas le sauveur du monde comme dans l’aventure principale, ou confronté au mal incarné, mais il nous est simplement demandé de rétablir la paix dans cette contrée en remplissant un « simple » contrat de sorceleur.
Au sud, beaucoup de nouveau !
Blood and Wine est la toute dernière occasion de contrôler Geralt de Riv le sorceleur en jeu vidéo. À ce titre, les développeurs ont tout fait pour que tout dans la progression ait un goût de récompense, et que cette aventure constitue un véritable épilogue à notre quête. Du début à la fin, l’on nous traite comme le noble sorceleur que l’on est, et non comme un paria. Tout le monde à Toussaint a entendu parler de nos exploits aux quatre coins du monde, notamment grâce aux ballades de Jaskier, et personne ne nous traitera avec mépris comme ont pu le faire les brigands et les villageois de Novigrad, Perchefreux ou de Velen. L’on n’a ici plus rien à prouver et l’on est traité en héros, ce qui est un changement significatif suite à des dizaines d’heures à être vu comme un mercenaire avide ne réglant les problèmes des gens qu’en échange de tout l’or en leur possession.
Suite au décès inopiné de son propriétaire, le joueur se verra confier assez tôt, par la Princesse, un magnifique domaine viticole qui fera office de demeure pour notre héros, qu’il pourra alors rénover avec ses propres écus pour lui rendre sa splendeur d’antan. Cela n’a pas qu’un intérêt esthétique, permettant notamment d’entreposer ses nombreuses armes, armures et tableaux (qui ont désormais une autre utilité que d’être simplement revendus ou stockés dans un coffre), mais conférera également de nombreux bonus statistiques temporaires, notamment lorsque l’on pique un somme dans notre manoir remis à neuf. L’on pourra ainsi avoir accès à un jardin permettant de faire pousser de nouvelles plantes, et profiter d’un ancien laboratoire d’alchimiste permettant de synthétiser des potions aux effets agrémentés d’un bonus, et de décomposer ses mutagènes prélevés sur les monstres en mutagènes rouge, vert ou bleu, bien plus utiles pour la composition et les statistiques de notre personnage. La chambre d’ami, une fois rénovée, servira quant à elle à une quête spécifique, et améliorer l’étable de notre cheval Ablette lui permettra de bénéficier d’un boost considérable en vigueur. Bien que toutes les réparations du domaine se chiffrent en milliers de couronnes, il est plus que judicieux d’y prendre part au vu des récompenses qui en découlent.
Le bon et le mauvais chasseur
Les monstres de cette extension sont les plus puissants du jeu et sont également bien plus malins, faisant davantage usage d’altérations de statut, comme le poison. Alors que le niveau maximum du joueur et des monstres de Wild Hunt s’arrêtait à 35, l’on pourra ici atteindre le niveau 50 et affronter des adversaires au même stade.
L’on découvrira aussi de nouvelles espèces ennemies, notamment des sortes de mille-pattes géants surgissant du sol, des cyclopes ou encore d’immondes taupes à l’armure quasi indestructible et pour lesquels il faudra faire preuve de ruse afin d’en venir à bout. Pour compenser ce gain en puissance de nos adversaires, une quête spécifique permettra de prendre connaissance des travaux d’un ancien scientifique sur les mutations de sorceleur, et en l’achevant, l’on pourra améliorer celles de Geralt en procédant à des expériences sur ce dernier afin d’avoir accès à de nouveaux emplacements de compétences et de mutagènes, mais également à un nouvel arbre de compétences, permettant de faire usage de nos points de compétence inutilisés et de rendre notre héros toujours plus redoutable au combat.
Les teintures font également leur apparition dans cette extension, permettant de colorer à sa guise son équipement pour qu’il soit davantage à notre goût. L’on pourra également tenter de mettre la main sur les schémas de panoplie de Grand Maître (un nouveau stade pour son équipement après celui de Maître dans le jeu de base) des écoles de sorceleur du Loup, de l’Ours, du Chat ou encore de la Manticore, aux statistiques très élevées et conférant des bonus permanents considérables lorsque tous les éléments qui les composent sont réunis.
De très nombreuses quêtes secondaires viendront ponctuer la progression de notre héros, et il est agréable de souligner la grande diversité de ces dernières. Alors que, par le passé, il s’agissait le plus souvent d’accomplir les doléances de mandants peu aimables, en leur rapportant un objet précis ou en allant chercher signe de vie d’un proche, ici il faudra, par exemple, prendre part à un tournoi de chevaliers décomposé en plusieurs épreuves permettant de prouver sa valeur dans divers domaines, tels que son agilité au tir à l’arc, sa maîtrise de l’escrime et son aisance à cheval. Il est également possible de servir d’escorte à un noble marchand d’art qui cherche à effectuer un safari photo en recherchant des espèces rares afin de les exposer à sa fille malade, ce qui est assez déroutant, car pour une fois on ne nous demande pas de tuer des monstres, mais de simplement les observer dans leur milieu naturel.
Vampire que tout
Si l’on devait retenir une seule chose de cette extension, c’est qu’elle livre un contenu extrêmement généreux et à un niveau de qualité similaire à celui du jeu de base, alors qu’Hearts of Stone était par moments un peu en deçà. Proposant près de 90 nouvelles quêtes, de nouveaux équipements et une vingtaine de nouveaux monstres, il faudra au bas mot plus de 20 h de jeu si l’on compte vraiment tout faire.
Que ce soit sur consoles ou PC, Blood and Wine se paie même le luxe d’être plus beau et stable encore que le jeu de base, il propose des tas de situations nouvelles et prenantes, des nouveautés, en partie demandées par la communauté, qui sont les bienvenues, et des dialogues toujours aussi finement ciselés et amusants.
Si tous les DLC et extensions pouvaient se targuer d’être aussi riches en contenu et proposer ce niveau qualitatif, le monde se porterait bien mieux, c’est une évidence.
Malgré tous ces laudatifs, il faut toutefois se rendre à l’évidence, et au terme de cette extension il faudra dire adieu à Geralt de Riv et à ce monde qui nous ont ensorcelés, en attendant avec impatience le nouveau jeu des développeurs, Cyberpunk 2077, que l’on espère au même niveau d’excellence.
Falcon
Les points forts :
– Un terrain de jeu immense
– Une durée de vie conséquente
– Des nouveautés vraiment appréciables (Le domaine de Corvo Bianco !)
– Direction artistique de haute volée et technique encore améliorée
– Écriture des dialogues et des quêtes toujours aussi remarquable
Les points faibles :
– La toute dernière aventure de Geralt
– Encore quelques imperfections dans le système de combat
– Des bugs mineurs
La note: 18/20
La note: 18/20
Développeur : CD Project RED
Éditeur : Namco Bandai
Genre : Jeu de rôle/chasse aux monstres
Support : PS4/Xbox One/PC (DLC du jeu orignal The Witcher 3)
Date de sortie : 31 mai 2016
Prix : 19,99 €