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Test : The Procession to Calvary (PC)

Quoi de mieux pour explorer l’art avec un grand A que de l’habiller d’humour absurde ? C’est exactement ce que propose la dernière folie de Joe Richardson.

Si l’inspiration Monty Pythonesque est évidente, The Procession to Calvary est bien plus que ça, une réelle ré-appropriation des œuvres de la renaissance pour créer un point & click à l’ambiance unique et à l’humour dévastateur. Le jeu reprend exactement les mécaniques que le titre précédent, Four Last Things et pourrait presque être vu comme une variation sur le même thème.

D’art Devil

Vous voilà aux commandes de la Bellone de Rembrandt qui se voit confier la mission d’aller exécuter le Roi Peter, dit le Céleste, pour le compte de Jean l’immortel. Une mission somme toute facile pour la guerrière sociopathe que vous êtes, si ce n’est qu’il y a une seule et unique condition à respecter durant le périple : ne tuer personne. Si pour la plupart des individus normaux la tâche parait aisée, cela va s’avérer extrêmement compliqué pour notre ersatz de déesse de la guerre qui prend plaisir à égorger toute personne croisant son chemin. Son objectif va donc être de refréner ses pulsions (ainsi que celles du joueur) et trouver un moyen pacifique d’aller rendre la justice.

D’art D’art !

Dans la droite lignée de Four Last Things, le titre reprend le principe des tableaux de la renaissance comme espace ludique. Tirant son nom du célèbre tableau de Brueghel, Le portement de croix (Procession to Calvary en anglais), le jeu de Richardson s’amuse à mélanger personnages et toiles plus ou moins connues afin de créer un tout visuellement cohérent. C’est à la fois grotesque et fascinant, une vision qui permet de plonger immédiatement dans l’univers absurde de l’auteur. On y croisera beaucoup d’œuvres issues de la renaissance flamande, dont certaines célèbres à l’image de La jeune fille à la perle de Vermeer. Pour peu que vous soyez amateur de peinture classique, vous passerez du temps à scruter chaque écran, retrouver de quelle toile est tiré cet élément ou ce personnage ; un jeu dans le jeu, d’une certaine façon.

Paint & Click

The Procession to Calvary est un jeu d’aventure dans la directe lignée des Monkey Island et autres licences LucasArts de la grande époque. On y retrouve le même genre d’humour absurde, même si plus noir, ainsi qu’un fonctionnement classique d’association d’objets/personnages/décors. La principale différence est qu’ici les interactions sont réduites à l’essentiel, loin de la foison de commandes du système SCUMM. Le joueur devra parcourir divers écrans à la recherche d’objets, dialogues ou mécaniques permettant de faire avancer l’histoire. Ce qui le rapproche le plus des titres LucasArts est certainement le décalage de certaines énigmes qui vous rappelleront les heures les plus sombres des poulets poulies et risquent de faire s’arracher les cheveux aux joueurs non rompus à ce type d’exercice mental. Sans être aussi tordu qu’un Monkey Island, il faudra néanmoins sacrément se creuser les méninges pour espérer voir la vraie fin du jeu.

Le cirque volant

Il m’aura fallu environ quatre heures pour en finir avec la tyrannie de Peter le Céleste, quatre heures parsemées de fous rires et de triturage de cerveau. L’écriture est absolument géniale et chaque blague fait mouche, un vrai délice. Ce qui est assez fou, c’est que le développeur arrive à créer une vraie galerie de personnages en partant de simples morceaux de tableaux (mention spéciale pour la femme au chariot). The Procession to Calvary est intégralement rédigé en anglais, mais pas d’affolement, nous sommes loin d’un Disco Elysium et l’ensemble est parfaitement compréhensible. Néanmoins, il est évident que la langue peut représenter un frein pour une partie des joueurs, alors il est important de le noter.
Quoi qu’il en soit, vu la qualité du titre et son tout petit prix, difficile de ne pas vous exhorter à filer l’acheter, vous ne serez pas déçus du voyage.

Ominae

Points forts :

  • L’excellence de l’écriture
  • Aussi beau qu’un Van Eyck
  • À se pisser dessus de rire par moments
  • La musique diégétique (au sens propre)

Points faibles :

  • Quelques énigmes vraiment tendues
  • Prévoir un second pantalon
  • Uniquement en anglais

La note : 18/20

Développeur : Joe Richardson
Éditeur :
Superhot & Co
Genre :
point & click
Support :
PC
Date de sortie :
9 avril 2020

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