Test : STASIS (PC)

stasis-0Vous connaissez le slogan : « Dans l’espace, personne ne vous entend crier ». Et grâce à STASIS, on peut maintenant ajouter : « …ni vous faire étriper, écrabouiller, mitrailler, asphyxier, désintégrer, immoler, dissoudre, hacher menu ou encore catapulter dans le vide intersidéral ».

Ouaip, STASIS a beau être un point’n’click à l’ancienne, la Mort vous cueillera très souvent et dans un déluge de gore pas vraiment recommandé à tous les estomacs.

Space Calamity

John Maracheck croyait embarquer pour un voyage sans encombre vers Titan, l’un des satellites de Saturne, avec sa femme et sa fille. Il se réveille soudainement de sa cryostase dans un vaisseau qu’il ne reconnait pas – le Groomlake – visiblement sous le coup d’une avarie aux proportions bibliques. Des cadavres jonchent les coursives, des hurlements résonnent un peu partout et des présences menaçantes rôdent dans le noir… Surtout, Maracheck se réveille seul, mal en point et sans la moindre foutue idée de pourquoi il se trouve à bord de ce vaisseau fantôme. Commence alors sa quête pour retrouver sa petite famille ; une quête sacrément glauque qui l’amènera à explorer les entrailles pas super friendly du Groomlake.

En dire plus sur le scénario serait criminel, tant la narration nous happe dès les premiers instants et déroule une descente aux Enfers des plus dérangeantes, comme on en voit rarement dans le genre – mention spéciale à l’épilogue, d’un désespoir déchirant et d’une noirceur abyssale (quoi, vous ne pensiez pas sérieusement que le titre se terminerait bien ?).

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Mara ? Check !

Côté gameplay, on a affaire à un point’n’click en vue isométrique, dans la droite lignée d’un Sanitarium (sorti en 1998, précurseur et unique représentant du genre à l’époque !) : les décors sont truffés d’éléments (interactifs ou non) augmentés d’une rapide description, servant à poser une ambiance sombre et adulte, ainsi qu’à donner plus d’informations sur la vie à bord du Groomlake. Un petit plus narratif pas désagréable, qui apporte de la vie à un vaisseau totalement dépourvu de PNJ en maraude…

On n’échappe évidemment pas aux sempiternelles énigmes, même si, dans ce cas précis, elles se trouvent être cohérentes avec la narration et dont les résolutions sont généralement logiques : en analysant bien les indices (souvent planqués dans des logs à lire – j’y reviens plus loin), la solution coule de source et permet d’avancer à un rythme agréable, rarement frustrant. À deux exceptions près, toutefois : en effet, le jeu recèle deux énigmes hardcore dont les solutions sont soit tarabiscotées soit incompréhensibles – même avec la solution sous les yeux (oui, je le reconnais, j’ai utilisé un walkthrough pour venir à bout de ces deux passages). Un petit défaut dans cette suite de puzzles sinon très bien pensée, oscillant avec justesse entre logique pure et difficulté doucement exponentielle.

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The Log Lady People

Comme mentionné précédemment, le jeu comporte donc un nombre conséquent de logs, en fait les journaux personnels des différents membres d’équipage du Groomlake, répartis un peu partout dans les environnements : cela permet d’en apprendre un peu plus sur les événements qui se sont déroulés avant de le réveil de Maracheck, mais certains indices y sont aussi (bien) planqués, parfois indispensables pour la résolution des énigmes. Certains ont reproché cette omniprésence de textes à lire, mais ils sont une part essentielle du charme du titre et sont généralement mieux écrits que les dialogues entre les quelques personnages encore en vie. Se priver de ce foisonnement de récits serait passer à côté d’une bonne partie de l’intérêt du titre, même s’il est évident que ce point précis risque de rebuter fortement certains joueurs…

Ainsi, on découvre, par fragments, la vie sur le Groomlake, les rivalités professionnelles et amoureuses du personnel, la folie de certains membres d’équipage adeptes d’expériences humaines borderline, voire des confessions de meurtres… Bref, les personnes se trouvant à bord sont loin d’être enfants de chœur et plonger dans cette intimité littéraire est parfois tout aussi dérangeant que la vision des horreurs se déroulant sous les yeux de Maracheck.

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Sound & Vision

Le jeu de The Brotherhood (deux frères, donc, Christopher et Nicolas Bischoff) est, en plus d’être très bien écrit, visuellement somptueux. Les screenshots de cette critique ne rendent malheureusement pas justice à l’éclairage (faussement) dynamique ni à la myriade de petits détails animés qui donnent vie à ces tableaux horrifiques. On prend un véritable plaisir à observer ces écrans minutieusement conçus, d’autant que par son rythme relativement posé, le jeu ne nous presse jamais de quitter un environnement. STASIS a aussi le bon goût de varier drastiquement les types de décors (une morgue, un nightclub, des cuves, un laboratoire…), tout en maintenant une cohérence entre eux : l’impression de s’aventurer toujours plus profondément dans un vaisseau spatial dont les décors forment un tout logique est bien là, un jeu d’équilibriste pas toujours réussi dans les autres point’n’click… Le jeu comporte également des cinématiques en 3D classieuses, qui viennent ponctuer l’aventure à des moments-clés et agissent comme des respirations dans un récit sinon terriblement anxiogène.

Côté son, le jeu n’est pas en reste non plus : entre un sound-design glauquissime (jouez-y au casque !) qui instille un malaise permanent via les craquements plaintifs du vaisseau, les cris plus tellement humains des créatures qui le hantent et les bruits spongieux peu ragoûtants des passages les plus gores ; et la superbe B.O. composée par Mark Morgan (les deux premiers FalloutPlanescape TormentFallout New Vegas… rien que ça !), nos oreilles sont gâtées (pourries) !

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Rarement un point’n’click moderne ne m’aura autant emballé ! Entre sa partie graphique et sonore au top, sa pléthore de textes formidablement écrits et son histoire sombre et adulte, STASIS se pose peperlito comme l’un des meilleurs jeux de 2015. On regrettera un VF pas toujours très soignée (préférez la version originale si vous le pouvez) et un modèle 3D du personnage jouable étrange, jurant un peu avec la précision des décors et donnant surtout l’impression d’être nu comme un ver ! Bref, si vous aimez la lecture, la hard-SF façon Alien/Event Horizon et le jeu-vidéo de qualité, STASIS n’attend que vous !

Go-Ichi

Points forts :

  • Ses décors fabuleux
  • Son histoire déprimante mais passionnante
  • Ses énigmes logiques (qui n’oublient pas la difficulté)
  • Mark Morgan à la musique, bon sang !

Points faibles :

  • Deux énigmes mal pensées
  • Personnage principal mal modélisé

La Note Gamingway : 18/20

Développeur/Éditeur : The Brotherhood (et un peu Daedalic, aussi)
Genre : Point’n’Glauque
Support : PC (Windows, Mac)
Date de sortie : 31 août 2015

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