Test : Space Channel 5 VR Kinda Funky News Flash ! (PS4)

Je déclare ça en tant que fan aveugle de la série : Madame, je n’écrirai rien sur ce jeu, c’est une merde !

J’ai beaucoup trop de sentiments partagés à l’égard de Space Channel 5 VR Kinda Funky News Flash !, mais la chance veut que je peux dire ce que je veux sans filtre pour une fois. J’ai dépensé 40 € (!!!) moi-même, j’ai le droit de me défouler.

J’aime SEGA. J’aime la Dreamcast. J’ai nommé ma propre fille « Naomi » à cause de sa version arcade, la SEGA NAOMI, qui a donné naissance à des hits indémodables comme Samba de Amigo, Ikaruga ou Dead or Alive 2.

Space Channel 5 est l’un de mes jeux préférés de la machine, et indéniablement l’un des softs fondateurs de mon imaginaire. Ce n’est qu’en 2001 que je l’ai découvert grâce à la dégringolade des prix de la Dreamcast après l’annonce de son arrêt. À 20 € la machine et 5 € le jeu, plusieurs modèles « au cas où » ont trouvé domicile chez moi très rapidement. Ma sœur et moi avons saigné l’original jusqu’à user le GD-Rom désormais quasiment inutilisable ; on répétait les mouvements dans le bus, on se lançait le mythique Up Down Up Down Chu Chu Chu aléatoirement, on pouvait presque finir l’aventure les yeux fermés, sans le son. Space Channel 5 était très loin d’être parfait : les vidéos pré-calculées n’étaient pas du plus bel effet, les contrôles réagissaient avec un peu de retard et l’absence de variété des situations lassait. Néanmoins, les deux parcours alternatifs d’une heure chacun sont gravés dans ma mémoire encore aujourd’hui, vingt ans plus tard.

Sa suite, Space Channel 5 Part 2, a été une obsession au point d’en voir les danses dans mon sommeil. C’est sur la Mule que je l’ai découverte, gravé sur un beau CD-R en plein milieu de la nuit. La version Dreamcast n’est jamais sortie chez nous, et c’est sur PS2 que j’ai pu enfin dépenser mes sioux. La claque avait été totale : Part 2 est un bijou exceptionnel gommant tous les défauts de son prédécesseur. Les danses étaient plus variées, les univers intégralement en 3D. Certaines scènes sont chantées, d’autres nous font jouer de la guitare, et notre propre réussite change radicalement les chorégraphies de ce que son créateur avait imaginé comme un « show télévisé ». L’histoire est plus longue, plus développée, avec de nombreux costumes à débloquer, un mode deux joueurs… un indispensable de l’histoire du jeu vidéo.

Nous voici en 2020 et Space Channel 5 VR n’a et n’est strictement rien de tout ça.

Pourquoi un tel désastre ? Comment a-t-on pu tomber aussi bas ? Ses développeurs, Grounding Inc., sont majoritairement d’anciens de SEGA et des créateurs de l’original. Alors qu’ils cherchaient une « mascotte » pour mettre leur nouvelle entreprise en avant, la star virtuelle Ulala leur est naturellement venue à l’esprit. Il faut dire que leur précédent gros titre Crimson Dragon n’a pas forcément été très bien accueilli par la critique et le public… Passons.

Soyons directs : les mécaniques de Space Channel 5 VR sont excellentes. Les bases de la duologie sont transmises à la perfection en réalité virtuelle : des ennemis effectuent une série de mouvements latéraux et des coups nommés Chu que l’on doit répéter en rythme avec les PS Move (obligatoires). Vient s’ajouter à ça quelques poses pas très compliquées et très amusantes.

L’histoire ne reprend absolument pas là où elle s’était arrêtée. Le premier épisode se concentrait sur l’invasion des Morolians, des extraterrestres aux intentions belliqueusement groovy qui se révélaient *SPOILER ALERT* être en fait contrôlées par un grand-méchant-pas-beau. La suite Part 2 introduisait les Rhythm Rogues et leur armée de robots, une invasion de la station de télévision Space Channel 5 et *SPOILER SPOILER* sa destruction. Tout le monde finit néanmoins heureux, chante, danse, youhou c’est la fête.

Space Channel 5 VR déclare un bon « on s’en fiche » et reprend tout à zéro : les Morolians nous mènent la vie dure pour une raison inconnue, aucun commentaire n’est fait sur l’état de Space Channel 5… Il est judicieux d’imaginer cet épisode comme un hors-série plus que le troisième opus d’une trilogie tant attendue.

Le jeu dure 32 minutes. Trente-deux. Plus un tutoriel de deux minutes si on veut pinailler. On ne trouvera pas de chemin alternatif. On ne trouvera pas de modes de difficulté. Les rythmes ne changeront pas non plus en fonction de nos réussites. Il s’agit d’un album de TRENTE-DEUX MINUTES très facile, et c’est tout. Un petit mode bonus nous propose un combat de cent danses d’affilée plié en vingt minutes supplémentaires grand maximum. Le jeu propose trois costumes différents pour Ulala, plus précisément la couleur orange du premier, blanche du deuxième et verte de VR pour son haut et sa mini-jupe. Pas de pantalons, de robes… il ne faut pas pousser mémère dans les orties non plus.

Cette demi-heure est composée d’exactement six endroits fixes différents. On ne se promène pas, on reste debout dans une pièce jusqu’à la fin du niveau. Ces espaces confinés étouffants incluent entre autres une salle d’entraînement, le hall d’aéroport du premier épisode ou un vide spatial avec les crédits jouant devant vous. Vu le peu de surprises qui vous attendent, on gardera les trois autres secrets.

Ceci est l’intégralité de Space Channel 5 VR. Trente-deux minutes de jeu, un mode arcade très court (où est d’ailleurs caché de nouvelles poses), trois tenues, six endroits. Et, malgré tout, j’ai beaucoup pleuré de joie, car le jeu fonctionne. Le gameplay est sain. Il est même parfait. Voir Ulala en réalité virtuelle, la voir danser, quel plaisir incroyable. J’ai tapé dans sa main ! J’ai presque fait un câlin ! J’ai crié comme une fangirl du début à la fin, j’étais en larmes, j’ai fini le jeu 6 fois en deux semaines. C’est beau. C’est magnifique. Je compte me le refaire en boucle comme ses prédécesseurs.

Space Channel 5 VR est une démo technique qui a mis quatre ans à arriver sur nos PlayStation 4. Une démo technique très réussie, très statique hélas, avec une bande-son exceptionnelle, mais une preuve de concept de bout en bout. Ce jeu est à la fois un bijou incroyable et un étron de première catégorie. On reste subjugué par une telle prouesse !

Marine

Points forts :

  • Space Channel 5
  • Une VR maîtrisée
  • La bande-son absolument exceptionnelle

Points faibles :

  • Le reste
  • Vraiment
  • Tout
  • Le
  • Reste
  • TRENTE-DEUX MINUTES
  • TROIS COSTUMES
  • VINGT ANS D’ATTENTE POUR ÇA

La Note : 06/20

Développeur / Éditeur : Grounding Inc. / SEGA
Genre : Danse
Support : PlayStation 4 (testé)
Date de sortie : 25 février 2020

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *