Test : Ride 4 (PC)

Dernier né de la série de Milestones, Ride 4 espère s’imposer dans le petit monde de la simulation moto et ce n’est pas une mince affaire.

En préambule, je me vois dans l’obligation de vous faire une confidence, la simulation mécanique est un vrai plaisir masochiste pour moi. Je suis un excellent conducteur dans la vraie vie (et motard de surcroit), j’éprouve une réelle fascination pour tous les titres du genre, et pourtant j’y suis définitivement, désespérément mauvais. Cet aveu semble un peu idiot, surtout avant de me lancer dans la critique d’une simulation, à priori, assez pointue mais vous verrez qu’il a son importance.

C’est comme le vélo

Profitant de l’expérience des trois jeux précédents, ainsi que des retours de joueurs, Milestone a revu sa copie. La série a toujours eu le cul entre deux chaises, entre l’arcade et la simulation, lorgnant plutôt du côté de cette dernière sans jamais pousser les potards à fond, et c’est un peu le reproche qui lui était fait. Le premier grand changement, certainement le plus visible, vient de l’ajout de la météo dynamique, indispensable pour toute simulation qui se respecte. Autre amélioration d’importance pour l’immersion, la prise en compte de l’usure des pneumatiques qui vient drastiquement influencer la conduite. La consommation d’essence a, elle aussi, été implémentée mais son impact est bien moindre, il est ici plus question de réalisme qu’autre chose. Cela étant, ces ajouts permettent d’introduire la course d’endurance qui fera grand plaisir aux fans du genre.
Venons-en maintenant à la source de tous les maux, l’évolution que réclamaient nombre de joueurs des épisodes précédents : l’intelligence artificielle des adversaires. Fort de son expérience sur MotoGP 2020, Milestone fait bénéficier son dernier bébé de l’IA sobrement nommée ANNA qui offrait des réactions pertinentes de la part des concurrents sur le titre précédemment cité. Cela se traduit par des courses nettement plus disputées, avec des concurrents qui tentent des manœuvres cohérentes et non plus les errements ridicules que l’on pouvait trouver dans Ride 3. Il reste quelques bizarreries dans les collisions (un peu nombreuses chez moi, il faut l’avouer), mais globalement on est face à ce qui se fait de mieux dans la simulation mécanique actuellement.
Pour le reste, on retrouve plus ou moins les mêmes sensations que dans le troisième épisode de la série, que ce soit au niveau des sensations de vitesse ou d’adhérence dans les courbes.

I need your clothes, your boots and…

Si Ride 4 n’a pas à rougir niveau contenu, le nombre de motos a drastiquement baissé depuis le titre précédent, de 230 nous voici passés à 176 machines. D’autres viendront évidemment grossir la liste avec les DLC à venir, mais il n’en demeure pas moins que cette chute du nombre de modèles risque d’en faire grogner plus d’un·e. Le studio semble avoir rogné du côté des plus petites cylindrées, certainement moins cohérentes avec l’univers de la licence. Moins de motos mais plus de marques ; ainsi, Harley Davidson fait maintenant son entrée parmi les constructeurs (uniquement sur ses quelques sportives, évidemment). Vous pourrez faire vrombir votre grosse cylindrée sur une trentaine de circuits si vous êtes en mesure de les débloquer, mais nous y reviendrons (vous sentez le fil rouge ?).
On retrouve toujours le mode carrière qui propose une approche très classique du genre, des menus simples, pas de fioritures. L’habituel garage dans lequel vous pourrez entreposer les différents modèles de motos achetés avec l’argent glané lors des compétitions. La personnalisation s’avère assez poussée, surtout en ce qui concerne votre pilote (un petit plus pour l’immersion). À l’instar des véhicules, il sera possible d’agrémenter la combinaison et le casque de votre avatar avec stickers et motifs divers.

Born to be wild (mais pas trop)

La conduite parait plus fine que celle de Ride 3, et s’il est toujours aussi délicat de maitriser les courbes à l’aide d’un pad classique, on sent néanmoins une certaine souplesse dans le stick. Il demeure quelques imprécisions et quelques effets d’inertie étranges selon les surfaces, mais rien de réellement gênant. Tout est fait pour vous permettre d’éviter les sorties de route malencontreuses, et c’est tant mieux, car le moindre carré de pelouse peut vous priver de la majorité du jeu. Lorsque vous créez un profil il vous faut choisir l’une des trois ligues régionales (Europe, Amérique, Asie) avant de pouvoir intégrer la ligue mondiale, et c’est là que les ennuis commencent. Votre progression dans chacune de ces instances est conditionnée à la capacité que vous aurez à réussir les défis préparatoires. Un système qui rappelle un peu les permis d’un Gran Turismo, mais s’avère autrement plus punitif, ici la moindre erreur est synonyme d’élimination. Gratter l’herbe du bout d’un pneu vous renverra au stand, sans plus de cérémonie, une contrainte de gameplay extrêmement frustrante pour un joueur moyen (et c’est ici que vous commencez à raccrocher avec mon introduction). Là où le joueur expérimenté devrait passer les défis assez rapidement et avancer dans le jeu, celui qui ne maitrise pas parfaitement la conduite risque de s’énerver assez rapidement, bloqué aux portes du contenu. Ce choix du sans faute, en plus d’être frustrant, est assez peu pertinent, étant donné que les défis sont également soumis au chronomètre. Alors, à force d’acharnement (et parce qu’il faut bien avancer pour écrire une critique convenable) on finit par passer ces épreuves plus pénibles qu’autre chose pour enfin participer à la compétition tant attendue.
Il sera d’ailleurs impossible de changer de ligue afin de varier les défis, à moins de changer de profil de pilote, autant dire que l’on se sent assez vite coincé dans une combinaison trop petite.

Raide 4

Un quatrième épisode qui souffle le chaud et le froid, avec son contenu conséquent, sa météo dynamique, sa maniabilité améliorée et une interface plus claire qu’auparavant, mais avec en parallèle ces grosses contraintes de gameplay qui viennent un peu gâcher la fête. Conditionner l’ouverture du jeu à la réussite de défis est une idée intéressante, car elle pousse le joueur à la progression, mais en les rendant aussi ardus, elle donne l’impression que le titre ne se destine qu’à une poignée de passionnés.
Visuellement, Ride 4 flatte la rétine, profitant pleinement de l’Unreal Engine, proposant des modèles de motos extrêmement détaillés et des circuits très réussis. La gestion des chutes est également un modèle du genre, les rendant moins ridicules que dans une bonne partie des simulations de deux roues.
À l’image du récent MotoGP du même studio, Ride 4 est un bon cru, mais peut-être un peu trop exigeant dans sa proposition pour plaire au plus grand nombre.

Ominae

Points forts :

  • La modélisation des motos et des circuits
  • La conduite fluide et précise
  • La météo dynamique
  • L’IA réaliste
  • Le contenu relativement important

Points faibles :

  • La mécanique des défis trop contraignante
  • Quelques bugs sonores
  • Un mode carrière pas vraiment passionnant

La note : 16/20

Développeur : Milestone
Éditeur :
Milestone
Genre :
Simulation course, moto
Support :
PC, PS4, PS5, Xbox One, Series X
Date de sortie :
5 octobre 2020

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